• Un article interessant extrait du site :http://www.nouvelordremondial.cc/cat/la-fed/

    Aux sources de l'escroquerie de la Réserve Fédérale - Le machiavélisme des hécatonchires de la finance internationale

    Chapitre XIV : Aux sources de l'escroquerie de la Réserve Fédérale -Le machiavélisme des hécatonchires* de la finance internationale

    * Du grec hekaton, cent et cheir, la main. Hécatonchire : qui a cent mains.

    pieuvre

    "Que peuvent les lois, là  où seul l'argent est roi ?"
    Pétrone

    "Si la population comprenait le système bancaire, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin."
    L'industriel Henry Ford

    On parle ici et là  de "finance de marché", d'"ingénierie financière de Wall Street" de "non-coïncidence de l'intérêt des parties", de "dysfonctionnements structurels de la finance dérégulée" du "rôle des monnaies", comme si les opérations financières étaient mues par un petit moteur intérieur, se déroulaient dans la stratosphère et n'étaient pas connectés à  la politique des Etats.

    J'ai voulu montrer que derrière le théâtre d'ombres du vocabulaire abscons de spécialistes , des mains bien réelles s'activent dans les coulisses, les mains avides des hécatonchires de la finance internationale. Derrière les chiffres, les graphiques et les abstractions, une poignée d'hommes en chair en os agissent. Leurs cerveaux échafaudent les plans par lesquels ils défendent avec ténacité, et de génération en génération, des intérêts privés au détriment des intérêts des nations.

    La crise financière actuelle n'est incompréhensible que pour ceux qui ne veulent pas savoir. C'est pourquoi j'ai essayé de remonter à  sa source et de montrer que si le meccano s'est déréglé une fois de plus, c'est qu'il est programmé de telle sorte que des crises périodiques sont inscrites dans le patrimoine génétique de son code de fonctionnement parce que ces crises sont hautement profitables à  ses concepteurs.

    Il se peut que l'exceptionnelle habileté des spéculateurs de la "finance déstructurée" à  jouer à  saute-mouton par-dessus les crises qu'ils ont régulièrement provoquées depuis plus d'un siècle, les ait à  ce point enhardis que leur voracité a, cette fois, détraqué la machinerie monétaire dont ils avaient si ingénieusement ajusté les rouages. Peut-être apprendrons-nous dans un très proche avenir qu'une nouvelle "conspiration des hécatonchires" est en gestation en quelque île des Caraïbes ou du Pacifique afin, diront-ils, d'oeuvrer pour le salut de l'humanité et de "sauver" le système monétaire.

    - La conspiration de l'île Jekyll

    Le 22 novembre de l'année 1910, le luxueux wagon privé du richissime sénateur Nelson Aldrich a été accroché au train qui reliait New-York au sud des Etats-Unis et quelques personnes s'embarquent en direction de la Georgie .

    Le voyage durera deux jours et deux nuits et les occupants de ce wagon affecteront, avec une ostentation puérile, de ne pas se connaître bien que leur long périple ait le même but : la chasse au canard sur une petite île située à  quelques encablures des côtes de Georgie , l'île de Jekyll .

    jekyll island

    - Voir: Aux sources de la puissance de l'empire : La conspiration de l'Ile Jekyll

    Notre groupe voyage sous des noms d'emprunts. Les participants avaient fait preuve de ruses de Sioux afin de ne pas se croiser avant l'ébranlement du convoi et s'étaient interdit de se nommer en s'adressant la parole - ou de n'utiliser que leurs prénoms - durant le temps que dura le voyage, tellement leur méfiance était grande et s'étendait au personnel de service . Un incognito total devait être préservé. L'un d'entre eux, qui n'avait jamais chassé de sa vie, portait même un grand fusil sur l'épaule afin de compléter le réalisme naïf du tableau.

    Ces personnages, qui se comportaient de manière aussi étrange, représentaient pourtant à  eux seuls le quart de la richesse planétaire de l'époque.

    La description de l'embarquement et du voyage figure dans les ouvrages des auteurs qui rapportent cette scène, notamment dans celui, très détaillé, d'Eustace Mullins, Secrets of the Federal Reserve, The London Connection, dont je parlerai plus loin (2). Comme les voyageurs occupaient un wagon privé - donc soustrait par définition aux regards du public - les précautions des participants semblent pour le moins excessives , à  moins que tel Monsieur Le Trouadec saisi par la débauche , nos sévères banquiers se soient livrés à  un moment de détente ludique, avant de se concentrer sur le beau coup financier qu'ils étaient sur le point de monter.

    2 - La liste des conspirateurs

    Etaient présents:

    - Le propriétaire du wagon qui roulait, tous rideaux baissés, vers son destin et vers le nôtre, le Sénateur Nelson Aldrich accompagné de son secrétaire privé, Shelton. Président de la National Monetary Commission (Commission Monétaire Nationale) créée en 1908 et entérinée par le le Président Théodore Roosevelt à  la suite de la panique monétaire de 1907 qui succédait à  plusieurs autres catastrophes boursières, il était l'aiguillon et l'organisateur de la réunion.

    nelson aldrich
    Sen. Nelson Aldrich

    Le Sénateur entretenait des relations commerciales étroites avec l'influent homme d'affaires et banquier, John Pierpont Morgan, beau-père de John D. Rockefeller et grand-père de Nelson Rockefeller, un ancien vice-président des États-Unis. Celui-ci n'était pas physiquement présent, mais triplement représenté, il marqua la réunion de son empreinte. Au Congrès, le Sénateur Aldrich passait pour être le porte-parole du banquier J.P.Morgan , lequel représentait également les intérêts des Rothschild d'Angleterre.

    jp morgan
    J.P. Morgan

    Les représentants directs de John Pierpont Morgan étaient:
    - Henry Davison, associé principal de la John Pierpont Morgan Company et considéré comme son émissaire personnel.

    davison et norton
    Henri Davison et Charles Norton

    - Charles Norton, président de la First National Bank de New York, dominée par J.P. Morgan Company.

    - Benjamin Strong, le directeur général de la J. P. Morgan's Bankers Trust Company, et connu pour être également un lieutenant de J.P. Morgan. Il devint d'ailleurs le P.D.G. de la banque, trois ans plus tard, à  la suite à  l'adoption de la Loi sur la Réserve fédérale. Ces deux banquiers représentaient , eux aussi, les intérêts des Rothschild.

    benjamin strong
    Benjamin Strong

    - Il semble qu'il y ait eu quelques autres "invités" dont les noms ne sont, pour l'instant , pas connus et peut-être ne le seront-ils jamais. Ainsi, lorsque George F. Baker, un des associés les plus proches de JP Morgan, mourut le 3 mai 1931, le New-York Times écrivit : "Le club de l'Ile Jekyll a perdu un de ses membres les plus distingués".

    Etait également présent, Frank Vanderlip, le président de la National Bank de New York, la plus grande et la plus puissante banque d'Amérique. Il représentait les intérêts financiers de William Rockefeller et de la société d'investissement internationale Kuhn, Loeb and Company.

    fred vanderlip
    Fred Vanderlip

    Contrairement à  ce laissent entendre ceux qui affirment qu'il se serait agi d'un "complot des seuls banquiers", le gouvernement n'était pas étranger à  cette réunion. Il était représenté par A. Piatt Andrew, Secrétaire adjoint du Trésor et Aide Spécial de la National Monetary Commission. Je reviendrai sur cette Commission que le Congrès avait officiellement chargée, en 1907, de préparer une réforme monétaire . D'ailleurs, les défenseurs du système de la FED se fondent sur son existence et sur la présence du représentant du gouvernement à  l'Ile Jekyll pour dénoncer comme "complotistes" les critiques de la réunion de l'île Jekyll en omettant sciemment de mentionner les conditions dans lesquelles fut conçue , votée puis annoncée la création de la Federal Reserve et que j'analyserai plus loin. La présence de ce membre du Gouvernement prouve pour le moins la complicité de ce dernier avec les banquiers dans le "coup d'Etat constitutionnel" que banquiers et Gouvernement préparaient de conserve contre le Congrès.

    Mais le personnage le plus important parmi les participants était Paul Warburg. C'était l'un des hommes les plus riches du monde . Son expérience du fonctionnement des banques européennes, sa forte personnalité et ses compétences en firent le meneur , la tête pensante du groupe et le véritable initiateur de la création de la FED. Il révèlera d'ailleurs des capacités de manoeuvrier exceptionnelles en 1913, au moment du vote de la loi au Congrès. (3)

    D'origine allemande , il se fit ensuite naturaliser citoyen américain. En plus d'être un partenaire de la Coon, Loeb and Company - il avait épousé en 1893 la fille du banquier Salomon Loeb, propriétaire de la banque Kuhn, Loeb & Co de New-York - il représentait sur place la dynastie bancaire des Rothschild d'Angleterre et de France. Associé avec son frère Felix, il entretenait également des liens étroits avec son autre frère Max Warburg, le directeur en chef du consortium bancaire Warburg d'Allemagne et des Pays-Bas.

    paul warburg
    Paul Warburg

    Cette fine brochette représentait donc les intérêts croisés des plus grands groupes bancaires mondiaux : les Morgan, les Rothschild, les Warburg et les Rockefeller. Les historiens du Nouveau Monde les appelleront les Barons voleurs.

    Une fois arrivés dans la luxueuse propriété de J.P. Morgan sur l'ilot Jekyll, nos banquiers millionnaires s'installèrent autour d'une table et neuf jours durant, dans le plus grand secret, ils mirent au point et rédigèrent minutieusement le règlement de ce qui allait devenir le Système de la Reserve Fédérale.

    sommarstalle
    Sommarstà¤lle Georgia / Jekyll Island

    - Voir: Voyage circummonétaire à  la recherche du Roi Dollar et découverte de la caverne d'Ali-Baba, 2ème escale

    3 - La préhistoire du système monétaire : de la déclaration d'indépendance en 1776 à  la crise de 1907

    L'action des "barons voleurs" et la décision de 1913 qui en sera le point d'orgue, n'est pas un acte isolé. C'est le dernier et le plus décisif des coups de boutoir des financiers dans la guerre féroce, tant en Europe qu'en Amérique, entre le pouvoir politique et le pouvoir des banquiers, et notamment celui des Warburg et des Rothschild d'Angleterre. Cette guerre durait depuis la Déclaration d'indépendance des colonies anglaises. Elle se termina par une victoire par KO de la finance internationale sur le pouvoir politique de l'Etat naissant et ouvrit la voie à  une domination exponentielle des financiers sur le monde entier.

    La bataille avait d'ailleurs commencé avant même la déclaration d'indépendance, en 1776, lorsque les banquiers de la City de Londres réussirent à  faire voter par le gouvernement anglais une loi qui interdisait aux treize colonies d'Amérique de créer une monnaie locale, le Colonial Script, et de n'utiliser, pour leurs échanges, que la monnaie or et argent des banquiers. Comme cette monnaie était obtenue moyennant un intérêt, elle devenait automatiquement une dette des colonies.

    colonial script
    Colonial Script

    Les monétaristes l'appellent une monnaie-dette et cette monnaie est un rackett permanent des banques sur l'Etat soumis à  ce régime.

    Au moment de la déclaration d'indépendance du nouvel Etat, méfiants, les Pères fondateurs inscrivirent dans la Constitution américaine signée à  Philadelphie en 1787, dans son article 1, section 8, § 5, que "c'est au Congrès qu'appartiendra le droit de frapper l'argent et d'en régler la valeur".

    Thomas Jefferson était si persuadé du rôle pervers des banquiers internationaux qu'il a pu écrire: "Je considère que les institutions bancaires sont plus dangereuses qu'une armée. Si jamais le peuple américain autorise les banques privées à  contrôler leur masse monétaire, les banques et les corporations qui se développeront autour d'elles vont dépouiller les gens de leurs biens jusqu'au jour où leurs enfants se réveilleront sans domicile sur le continent que leur Pères avaient conquis."

    Et voilà  comment Jefferson a prophétisé, il y a plus de deux siècles, la crise actuelle des "subprime", qui jette de plus en plus de citoyens américains à  la rue.

    Voir: La "main invisible du marché " Une histoire de " bulles ", de " subprimes " , de " monolines " et autres merveilles de la " finance structurée"

    Mais les banquiers ne s'avouèrent pas vaincus. Ils trouvèrent des soutiens auprès du nouveau gouvernement et notamment auprès du Secrétaire au Trésor, Alexander Hamilton et du Président George Washington lui-même. Ils obtinrent en 1791 le droit de créer une banque, abusivement appelée Banque des Etats-Unis de manière à  faire croire qu'il s'agissait d'une banque de l'Etat central alors que c'était une simple banque privé appartenant à  ses actionnaires.

    Cette banque privée obtint, pour vingt ans, le privilège d'émettre la monnaie-dette du nouvel Etat.

    Lorsqu'au bout de vingt ans, le Président Jackson voulut mettre fin à  ce droit exorbitant, sortir du cycle de la monnaie-dette et revenir au droit inscrit dans l'art. 1 de la Constitution , les banquiers anglais, menés par Nathan Rothschild, suscitèrent en 1812 , sous divers prétextes commerciaux - taxe sur le thé - et maritimes - contrôle des navires - une guerre de l'Angleterre contre ses anciennes colonies et ils mirent en action toute leur puissance financière afin de ramener le nouvel Etat au rang de colonie . "Vous êtes un repaire de voleurs, de vipères, leur avait crié le Président Jackson. J'ai l'intention de vous déloger, et par le Dieu Eternel, je le ferai!"

    nathan rothschild
    Nathan Rothschild

    Mais il échoua à  les déloger et les banquiers eurent le dernier mot .

    En 1816, les privilèges de la Banque des Etats-Unis étaient rétablis et les banquiers menés par la famille Rothschild avaient définitivement terrassé les hommes politiques qui, comme Jefferson et plus tard, Lincoln, tentèrent de s'opposer à  leur racket.

    C'est donc à  juste titre que James Madison (1751-1836) , le quatrième Président des Etats-Unis a pu écrire: "L'histoire révèle que les banquiers utilisent toutes les formes d'abus, d'intrigues, de supercheries et tous les moyens violents possibles afin de maintenir leur contrôle sur les gouvernements par le contrôle de l'émission de la monnaie."

    Car il s'agit bien d'un racket. La guerre que mena - et perdit - Abraham Lincoln contre les banquiers en est une nouvelle illustration éclatante.

    Durant la guerre de Sécession (1861-1865), la banque Rothschild de Londres finança les Fédérés du Nord, pendant que la banque Rothschild de Paris finançait les Confédérés du Sud en application d'un scénario mis au point en Europe durant les guerres napoléoniennes. Les deux groupes , profitant de la situation, exigeaient des intérêts usuraires de 25 à  36%.

    abraham lincoln
    Le Président Abraham Lincoln (1809-1865)

    Le président Lincoln , qui avait percé à  jour le jeu des Rothschild refusa de se soumettre au diktat des financiers européens et, en 1862 , il obtint le vote du Legal Tender Act par lequel le Congrès l'autorisait à  revenir à  l'art. 1 de la Constitution de 1787 et à  faire imprimer une monnaie libérée du paiement d'un intérêt à  des tiers - les dollars "Green Back" - ils étaient imprimés avec de l'encre verte. C'est ainsi qu'il a pu , sans augmenter la dette de l'Etat, payer les troupes de l'Union.

    dollar 1862 1

    dollar 1862 1 2
    Billet de 1$ de 1862, représentant le Secrétaire d'Etat au Trésor, Salmon Chase. Le Président Lincoln l'avait chargé, en 1861, de rédiger le Tender Act .

    dollar 1862 5

    dollar 1862 5 2
    Billet de 5$ de 1862, représentant la statue de la " Liberté " et Alexandre Hamilton, un des pères fondateurs des Etats-Unis, le premier Secrétaire d'Etat au Trésor

    "Le pouvoir des financiers tyrannise la nation en temps de paix - écrivait-il - et conspire contre elle dans les temps d'adversité. Il est plus despotique qu'une monarchie, plus insolent qu'une dictature , plus égoïste qu'une bureaucratie. Il dénonce, comme ennemis publics , tous ceux qui s'interrogent sur ses méthodes ou mettent ses crimes en lumière . J'ai deux grands ennemis : l'armée du sud en face et les banquiers en arrière. Et des deux, ce sont les banquiers qui sont mes pires ennemis. "

    Il aurait ajouté ces paroles prémonitoires : "Je vois dans un proche avenir se préparer une crise qui me fait trembler pour la sécurité de mon pays. [...] Le pouvoir de l'argent essaiera de prolonger son règne jusqu'à  ce que toute la richesse soit concentrée entre quelques mains." (Letter from Lincoln to Col. Wm. F. Elkins, Nov. 21, 1864).

    Lincoln voyait clairement combien il était néfaste pour une nation souveraine que des puissances autres que l'Etat central aient le pouvoir de créer la monnaie. Il a été tué à  Washington le 14 avril 1965 par John Wilkes Booth qui lui tira une balle dans la tête alors qu'il assistait à  une représentation théâtrale dans la loge du Ford's Theater.

    assassinat lincoln

    Les causes réelles de sa mort n'ont pas été élucidées, bien que la version officielle prétende toujours que son assassin vengeait la défaite des Sudistes . De nombreuses recherches, abondamment documentées, orientent la recherche de la vérité vers un complot beaucoup plus complexe et révèlent , notamment, que Booth reçut à  ce moment-là  des sommes d'argent très importantes de la part d'hommes d'affaires connus et qu'il bénéficia de nombreuses et efficaces complicités, tant pour accomplir son crime que pour quitter les lieux .

    Toujours est-il que le successeur de Lincoln, Andrew Johnson, semble, lui, n'avoir eu aucun doute quant à  la cause de la mort de son prédécesseur : il a immédiatement et sans donner d'explication, suspendu l'impression des greenbacks et les Etats-Unis sont revenus à  la monnaie-dette des banquiers.

    Le 12 avril 1866, le Congrès officialisait sa décision par le vote du Contraction Act qui stipulait que les billets greenbacks de Lincoln seraient progressivement retirés de la circulation monétaire.

    Il est une autre personnalité qui, elle non plus, n'avait aucun doute sur les commanditaires de l'assassinat perpétré par Booth, c'est Otto von Bismarck, Chancelier de Prusse depuis 1862, qui écrivait : "La mort de Lincoln fut un désastre pour la chrétienté. Il n'y avait pas dans tous les États-Unis d'homme qui méritât de seulement porter ses bottes. Je crains que les banquiers étrangers ne dominent entièrement l'abondante richesse de l'Amérique et ne l'utilisent systématiquement dans le but de corrompre la civilisation moderne. Il n'hésiteront pas à  précipiter les Etats chrétiens dans les guerres et le chaos, afin de devenir les héritiers de la terre entière."

    4 - John Fitzgerald Kennedy et la nouvelle tentative de réforme monétaire

    Il est impossible de ne pas évoquer, à  la suite de celle du Président Lincoln, la tentative du Président John Fitzgerald Kennedy de dépouiller la FED de sa puissance , tellement elle lui est parallèle. Elle eut lieu un siècle exactement après celle de Lincoln. Les coïncidences biographiques, politiques et même numérologiques qui rapprochent les destins de ces deux hommes politiques sont, il faut le reconnaître, tout à  fait extraordinaires et ont fait saliver de nombreux Sherlock Holmes amateurs. Leurs morts violentes semblent les avoir liés pour l'éternité dans un parcours historique en miroir.

    En effet, le 4 juin 1963 , le Président Kennedy signait l'Executive Order n° 11110 (4) par lequel le gouvernement retrouvait un pouvoir inscrit dans la Constitution, celui de créer sa monnaie sans passer par la Réserve Federale. Cette nouvelle monnaie, gagée sur les réserves d'or et d'argent du Trésor, rappelait les greenbacks et le coup de force du Président Lincoln.

    kennedy greenback
    Un dollar de 1963, "KENNEDY GREENBACK"

    Le Président Kennedy fit imprimer 4,3 milliards de billets de 1, 2, 5, 10, 20 et 100 dollars. En 1994 il restait l'équivalent de 284,125,895 dollars en circulation aux Etats-Unis , détenus, probablement par des collectionneurs (source: The 1995 World Almanac).

    Les conséquences de l'Executive Order n° 11110 étaient énormes. En effet, d'un trait de plume John Fitzgerald Kennedy était en passe de mettre hors jeu tout le pouvoir que les banques privées de la FED s'étaient arrogé depuis 1816 et qu'elles détenaient officiellement depuis 1913. Car si, dans un premier temps, les deux monnaies auraient circulé parallèlement, la monnaie d'Etat, gagée sur les réserves d'argent, aurait fini par terrasser la monnaie créée ex-nihilo par les banquiers. Cette nouvelle monnaie aurait considérablement diminué l'endettement de l'Etat, puisqu'elle éliminait le paiement des intérêts.

    Les 26 volumes du rapport Warren n'ont pas réussi à  apporter une explication crédible à  l'assassinat du Président Kennedy à  Dallas le 26 novembre 1963, cinq mois après sa réforme monétaire. Il n'est nul besoin d'être un " complotiste " primaire ou secondaire pour n'accorder qu'un crédit poli à  la thèse officielle, non pas seulement à  cause de l'analyse des conditions de l'exécution, mais parce que le fait que tous les témoins oculaires de l'événement soient morts dans les deux ans ; que la disparition ou l'élimination de 400 personnes en relations même lointaines avec cet événement - y compris le personnel médical de l'hôpital Parkow où Kennedy a été admis, du portier au personnel médical, ainsi que des proches du tireur accusé, Lee Harvey Oswald - que tous ces événements soient le fruit du hasard relève d'un pourcentage de probabilités si infinitésimal qu'il est proche du zéro absolu. Le calcul des probabilités devient un juge plus efficace que n'importe quelle vérité officielle.

    De puissants comploteurs ont donc sévi, y compris longtemps encore après le crime initial. Parmi les innombrables pistes avancées par les uns et par les autres, la piste monétaire était évidemment tentante . Elle fut relativement peu explorée au début de l'enquête. Cependant beaucoup la tiennent pour d'autant plus avérée qu'ils rapportent une phrase du père du Président, Joseph Kennedy, lorsqu'il apprit la décision de réforme monétaire de son fils : "Si tu le fais, ils te tueront".

    kennedy
    Le Président John Fitzgerald Kennedy

    Le message semble, une nouvelle fois avoir été reçu cinq sur cinq par le Vice-Président Lyndon B. Johnson, devenu Président par la grâce de cet assassinat. Comme son homonyme Andrew Johnson un siècle auparavant, et avec une célérité particulièrement remarquable, il suspendit la décision monétaire prise le 4 juin 1963 par le Président assassiné alors que le cadavre de ce dernier n'était pas encore froid.

    "L'ordre exécutif 11110 a été abrogé par le Président Lyndon Baines Johnson , trente-sixième président des Etats-Unis - de 1963 à  1969 - alors qu'il se trouvait dans l'avion présidentiel AirForce One, entre Dallas et Washington , le jour même de l'assassinat du Président Kennedy " écrivait un chroniqueur. Cette affirmation n'est pas exacte : le décret présidentiel n'a jamais été officiellement abrogé, mais son application fut suspendue . Fut abrogée l'autorisation d'imprimer de nouveaux billets et de frapper de nouvelles pièces, si bien que l'Executive Order n° 11110 demeure officiellement en vigueur ... dans la stratosphère.

    Cet assassinat était peut-être un avertissement aux futurs Présidents qui auraient voulu emboîter le pas à  Abraham Lincoln et à  Jahn Fitzgerald Kennedy et priver les banquiers de leur rente en éliminant le système de la monnaie-dette. Jahn Fitzgerald Kennedy aurait payé de sa vie cette provocation à  la puissance de la finance internationale. Mais nous sommes là  dans le domaine des innombrables coïncidences troublantes qui ont jalonné la vie de ce Président même si la célérité de la décision du Président Johnson donne du crédit à  cette supposition. Eustace Mullins rappelle que le Président Abraham Garfield avait lui aussi été assassiné le 2 juillet 1881 après avoir fait une déclaration sur les problèmes de la monnaie. (5) Que de coïncidences!

    Depuis le Président Kennedy, aucun successeur ne s'est avisé d'apporter la moindre réforme au fonctionnement de la FED.

    De plus, des Israéliens s'étant félicité de ce que l'élimination de J.F. Kennedy ait laissé le champ libre à  l'accession d'Israël au statut de puissance nucléaire, cette conséquence s'est métamorphosée en cause pour certains.

    En effet, le journal israélien Ha'aretz 5 février 1999 écrivait, dans sa critique de l'ouvrage d'Avner Cohen, "Israel et la bombe: "L'assassinat du Président américain John F. Kennedy mit un terme brutal à  la forte pression de l'administration des Etats-Unis sur le gouvernement d'Israël afin de l'amener à  interrompre son programme nucléaire... " L'auteur ajoute que " si Kennedy était resté vivant, il est douteux qu'Israël aurait aujourd'hui une défense nucléaire." Le Président Kennedy avait, en effet, fermement annoncé au Premier Ministre israélien David Ben Gourion qu'en aucun cas il n'accepterait qu'Israël devînt une puissance nucléaire.

    Peut-être faudra-t-il encore vingt-six autres volumes d'enquête pour éclaircir cette énigme.

    5 - Les crises monétaires successives : 1869 - 1873 - 1893 - 1901 - 1907

    - La première " Tempête sur Wall Street ", le premier " Vendredi noir ", date du 24 septembre 1869. Elle était liée à  la ruée vers l'or et aux manœuvres de deux escrocs , Jay Gould et Jim Fisk, qui soudoyèrent des fonctionnaires du Trésor afin d'accaparer tout le marché de l'or, dont les transactions s'opéraient encore en greenbacks.

    - Une nouvelle panique secoue Wall Street le 20 septembre 1873. La faillite d'une société de courtage qui assurait le financement du Northern Pacific Railway provoque une vente massive des titres de la compagnie.

    - Le 27 juin 1893 a eu lieu le premier krach boursier à  Wall Street. Faillites, incertitudes monétaires , diminution des réserves d'or ont provoqué une panique sur les titres et une classique ruée sur les achats d'or. Le sauveur sera , déjà , J. Pierpont Morgan, que nous retrouverons à  la manœuvre en 1910 et en 1913 . Après sa victoire sur Jay Gould et Jim Fisk dans la " bataille du rail " de 1873, Morgan se présente en sauveur du Trésor américain, après un marché conclu avec le Président Cleveland le 8 février 1895.

    - Nouvelle panique à  Wall Street le 9 mai 1901 à  propos d'une spéculation féroce sur la même Northern Pacific appartenant toujours au même J. Pierpont Morgan qui ruina d'un même élan les investisseurs honnêtes et les spéculateurs.

    - Le 13 mars 1907 voit une nouvelle chute vertigineuse des cours et comme par hasard, la même Northern Pacific se retrouve au cœur de la crise. En même temps, J. P. Morgan annonce la faillite de Knickerbocker Trust Co et de Trust Company of America qui mettent en péril tout le réseau bancaire - une petite répétition de la situation que nous connaissons aujourd'hui.

    C'est dans ces grands moments-là  qu'on reconnaît le prédateur de haut vol. Après avoir été le poison, notre banquier, John Pierpont Morgan, dont le nom se retrouve dans toutes les crises depuis 1869, se présente en remède et en sauveur de la nation. Un parfait pharmakon monétaire, en somme.

    jp morgan monde

    Ce n'est pas sans raison qu'il proclamait : "Un homme a toujours deux raisons de faire ce qu'il fait. La bonne et la vraie." Au cours d' une scène cocasse digne d'un scenario hollywoodien, ce personnage aussi truculent que redoutable a convoqué dans son bureau les présidents des sociétés financières, les a séquestrés toute la nuit et ne les a libérés que le lendemain matin à  5 h après les avoir contraints à  verser 25 millions de dollars afin de " sauver les banques " qu'il avait contribué à  mettre en péril .

    Du coup, qualifiés précédemment de "malfrats richissimes" par le Président Theodore Roosevelt - celui qui avait envoyé la "Grande flotte blanche " faire le tour du monde afin de démontrer la puissance des Etats-Unis - J.P. Morgan et ses acolytes se sont métamorphosés en un clin d'œil en "conservateurs solides qui agissent avec sagesse pour le bien public". Et c'est ainsi que la "bonne raison" de faire - celle qu'il est honorable d'afficher - est devenue la "vraie raison "d'agir, c'est-à -dire la raison officielle, la raison "ad usum delphini".

    la grande flotte blanche

    Comme John Pierpont Morgan est un des acteurs majeurs de la création de la machine de la FED, il n'est pas inutile de préciser que ce magnat des finances :

    - se trouvait à  la tête trois puissants groupes bancaires, J.P. Morgan & Co., First National, et National City Bank,

    - qu'il contrôlait aussi quatre des cinq plus importantes compagnies ferroviaires,

    - qu'il était propriétaire du méga trust de l'acier US Steel,

    - qu'il avait créé la General Electric en fusionnant les sociétés Edison et Thompson,

    - qu'il avait mis la main sur la flotte Leyland, ainsi que sur de nombreuses lignes qui assuraient la navigation sur le Mississipi,

    - qu'il avait créé une nouvelle ligne de bateaux, la White Star et que, parmi les paquebots construits dans les chantiers navals dont il était le propriétaire, figure ...le Titanic. On comprend peut-être mieux les raisons pour lesquels ce paquebot luxueux dans sa partie visible , mais fragile dans sa partie immergée en raison de l'absence de double coque, a sombré aussi rapidement .

    John Pierpont Morgan , le loup-cervier cynique qui n'hésitait pas à  proclamer : "Je n'ai nul besoin d'un avocat qui me dise ce que je n'ai pas le droit de faire. Je le paie pour me dire comment faire ce que je veux faire" avait pourtant lui aussi son jardin secret qu'il est juste de mentionner. Passionné d'horlogerie, il consacra une partie importante de sa fortune à  enrichir une magnifique collection d'horloges et de montres anciennes, que son fils Jack légua en 1916 au Métropolitan Museum, où une aile lui est consacrée . A la deuxième génération, les louveteaux héritiers deviennent philanthropes.

    6 - Les préparatifs du coup d'Etat constitutionnel

    A la suite des paniques bancaires de la fin du XIXe siècle et de la plus grave d'entre elles, celle de 1907, le Congrès décida qu'il fallait réformer tout le système bancaire et, avec la National Monetary Commission (Commission Monétaire Nationale), il créa deux sous-commissions, l'une chargée d'étudier en détails le système monétaire américain tel qu'il existait et la seconde , dont il confia la responsabilité au sénateur Aldrich, était chargée d'étudier le système bancaire "européen " , c'est-à -dire, évidemment dans son esprit, le système bancaire anglais .

    Or, la banque d'Angleterre se trouvait - et se trouve toujours - entre les mains de banquiers privés et notamment de la pléthorique famille Rothschild . Il était donc aisé de deviner l'issue de " l'étude " du Sénateur Aldrich dont la fille avait épousé le premier héritier milliardaire, John D. Rockefeller Jr, connu pour être le porte-parole de J. Pierpont Morgan au Congrès et dont les liens avec tous les riches banquiers étaient de notoriété publique.

    La réunion de l'Ile Jekyll fut donc décidée en grand secret et personne, hormis ses participants, n'en eut connaissance - ni la presse, ni le public, ni surtout le Congrès - avant l'adoption, le 23 décembre 1913 de la loi sur le fonctionnement de la Réserve fédérale, alors que la Commission monétaire avait prévu que les délibérations devaient se dérouler publiquement dans l'enceinte du Congrès.

    Il fallut d'ailleurs trois grandes années aux conspirateurs pour trouver le moment propice de faire adopter leur projet par le gouvernement et pour donner une caution politico-juridique au cartel international de banques d'affaires privées qu'ils avaient imaginé durant le séjour de l'Ile Jekyll. La bataille fut rude. Il s'agissait bien d'un cartel puisque ces banquiers, rivaux les uns des autres en Allemagne, en France, en Angleterre, se mirent secrètement d'accord aux Etats-Unis afin de créer ensemble une nouvelle entité bancaire privée, elle aussi, dans laquelle ils collaboreraient étroitement et qui donnerait naissance au Système monétaire du Nouveau Monde.

    fds

    La vanité du Sénateur Aldrich faillit faire capoter l'affaire : il tenait beaucoup à  donner son nom à  la loi qui fut présentée une première fois au Congrès en 1908 . Mais ses amitiés avec les banquiers internationaux était si bien connues que le Congrès, méfiant, retoqua le projet dans lequel il voyait la main mise d'un petit groupe de puissants banquiers sur l'économie américaine . Depuis la grande panique boursière de 1907, qui avait suivi les crises de 1873 et de 1893, que le public américain imputait aux manoeuvres des banquiers, toute initiative de leur part était frappée d'opprobre et aucun membre du Congrès n'aurait osé voter un projet qui aurait reçu le sceau de leur approbation.

    C'est pourquoi une rude bataille politico-médiatique fit rage au Congrès et dans la presse durant les années 1910, 1911 et 1912 afin d'assurer la promotion de projet Jekylll . Après avoir réussi à  faire élire , en 1912, le candidat qu'ils avaient choisi, le démocrate Woodrow Wilson, Gouverneur du New-Jersey et ancien président de Princeton - dont ils avaient financé la campagne et qui était leur homme - les conspirateurs eurent alors l'idée géniale de mettre dans leur jeu deux banquiers de moindre renom et démocrates, comme le Président, l'un de la Chambre des représentants, M. Carter Glass, et l'autre du Sénat, M. 0wen - donc appartenant, en principe, au parti des défenseurs des " intérêts du peuple " . Le nouveau Président et les deux banquiers passaient dans le pays pour des ennemis du "Wall Street MoneyTrust".

    C'est là  qu'il faut admirer la rouerie et la connaissance de la psychologie des foules de nos conspirateurs. Pendant que les deux lièvres candides vantaient dans la presse le projet élaboré à  Jekyll Island , devenu le Bill Owen-Glass en affirmant que ce n'était pas le projet des banquiers, les vrais rédacteurs du projet et notamment le puissant homme d'affaires et banquier , Frank Vanderlip et le sénateur Aldrich le critiquaient véhémentement dans les journaux. En même temps, ils finançaient en secret une campagne de promotion menée par des hommes de paille dans les Universités - notamment à  Princeton, à  Harvard et à  l'Université de Chicago, subventionnée, à  l'époque , par John D. Rockefeller à  hauteur de cinquante millions de dollars - ainsi que dans tous les centres d'influence économique auxquels ils avaient accès.

    Un des opposants les plus farouches au plan des banquiers - appelé Plan Aldrich, ou Plan pour la législation monétaire - fut Charles Lindbergh Senior, membre très actif du Congrès . Lucide, il déclarait le 15 décembre 1911:

    "Notre système financier est une escroquerie et sera un fardeau énorme pour le peuple ... J'affirme qu'il existe chez nous un Trust monétaire. Le plan Aldrich est une simple manipulation dans l'intérêt de ce Trust.[...] Le Plan Aldrich est le Plan de Wall Street. [...] En 1907 la nature avait répondu le plus aimablement possible et avait donné à  ce pays la récolte la plus abondante qu'il ait jamais eue. D'autres industries avaient parfaitement fonctionné et d'un point de vue naturel toutes les bonnes conditions étaient remplies pour que l' année fùt la plus prospère possible. Au lieu de cela, une panique a entraîné d'énormes pertes pour le pays. [...] Aujourd'hui, partout des intérêts considérables sont mobilisés afin de pousser l'adoption du Plan Aldrich. Il se dit qu'une somme d'argent importante a été levée à  cette fin. La spéculation de Wall Street apporta la Panique de 1907. Les fonds des déposants furent prêtés aux joueurs et à  tous ceux que le Trust Monétaire voulait favoriser. Puis quand les déposants voulurent récupérer leur argent, les banques ne l'avaient plus. Cela a créé la panique." (Charles A. Lindbergh, Sr., Banking, Currency and the Money Trust, 1913, p. 131)

    Rien n'y fit, le projet des banquiers s'est finalement imposé, ainsi que l'avaient programmé les habiles conspirateurs. Il fut présenté comme une mesure libérale et hostile à  la finance internationale.

    L'opération de vote au Congrès se déroula cependant d'une manière extra ordinaire dans ce genre d'enceinte. En effet, le Federal Reserve Act fut présenté en catimini et dans une discrétion absolue, le 23 décembre 1913, dans la nuit, entre 1h30 et 4h30, au moment où les membres du Congrès étaient soit endormis, soit en vacances pour les fêtes de Noël. Les députés démocrates présents, soutenus par le Président Wilson, affirmaient d'ailleurs, la main sur le coeur, qu'ils votaient contre le projet des banquiers et "en faveur de la réduction des privilèges" des banquiers.

    Dans la foulée, le projet passait le jour même et immédiatement au Sénat, si bien que le 23 Décembre 1913, à  6h02, toute l'affaire était bouclée et le projet était définitivement adopté.

    federal reserve act

    Le député républicain, Henry Cabot Lodge père, lucide, critiquait vertement ce vote. Il prévoyait qu'il engendrerait un "flux de papier-monnaie non échangeable" qui "noierait la monnaie d'or" et provoquerait une "inflation énorme de moyens de paiement". Sa prophétie s'est réalisée au-delà  de ce qu'il avait imaginé.

    course

    Source : http://www.michaeljournal.org/galerie.htm

    Mais le commentaire toujours aussi lucide et prophétique a été fait devant le Congrès, immédiatement après le vote, par Charles A. Lindbergh, le père du célèbre aviateur:

    "Cette loi établit le trust le plus gigantesque sur la Terre. Quand le Président signera ce projet de loi, un gouvernement invisible , le pouvoir invisible de la puissance financière sera légalisé. Les gens peuvent ne pas s'en apercevoir immédiatement, mais le jour des comptes n'est éloigné que de quelques années. Les trusts se rendront bientôt compte qu'ils sont allés trop loin, même pour leur propre bien. Les gens devront faire une déclaration d'indépendance afin de se délivrer du Pouvoir Monétaire. [...] . Le plus grand crime législatif de tous les temps a été commis par le Congrès pour avoir permis le vote de ce projet de loi bancaire. [...] La nouvelle loi provoquera de l'inflation tant que le cartel le souhaitera..."

    charles lindbergh

    En revanche, le New-York Times ne cachait pas son enthousiasme et dans son édition du 23 décembre 1913, il se félicitait de la "vitesse sans précédent" qui avait marqué l'adoption de la loi et ajoutait qu' "on voit la main excellente de Paul Warburg dans cette stratégie finale".

    L'éditorial de ce même journal contient un commentaire dithyrambique du projet : "Le projet de loi portant sur les Opérations de banque et de Monnaie s'améliorait et devenait plus sain chaque fois qu'il passait d'une extrémité du Capitole à  l'autre. Le Congrès a travaillé sous la surveillance publique dans la fabrication de ce projet de loi."

    Eustace Mullins, dans son excellent Secrets de la Réserve Fédérale, dont je parlerai plus loin, ajoute ce commentaire ironique : "Par surveillance publique, le Times apparemment voulait désigner Paul Warburg, qui pendant plusieurs jours avait gardé un petit bureau dans le bâtiment du Capitole, où il dirigeait la campagne couronnée de succès d'avant-Noël de passer le projet de loi et où les Sénateurs et des Membres du Congrès venaient toutes les heures à  sa demande pour conduire sa stratégie. [...] "

    Dans son ouvrage, The New Freedom (La Nouvelle Liberté), le Président Wilson semble avoir enfin compris, mais trop tard, combien il avait été manipulé : "Une grande nation industrielle se trouve dominée par son système de crédit. (...) La richesse de la nation et toutes nos activités sont entre les mains de quelques hommes . (...) Nous en sommes venus à  être une des nations les plus mal dirigées, un des gouvernements les plus totalement contrôlés et dominés du monde civilisé - non plus un gouvernement régi par des opinions librement exprimées, un gouvernement de la loi et du vote à  la majorité, mais un gouvernement placé sous la contrainte et la férule d'un petit groupe d'hommes." (Woodrow Wilson, The New Freedom : A Call for the Emancipation of the Generous Energies of a People)

    Ce n'est que six ans après fameuse réunion de l'Ile Jekyll, en 1916 , que Bertie Charles Forbes en révéla l'existence dans la revue qu'il venait de fonder, le Forbes Magazine. Le Federal Reserve Act était voté et les dés étaient jetés depuis trois ans . (6)

    Depuis lors, l'île Jekyll a été vendue à  l' Etat de Georgie et une maison porte une plaque sur laquelle est inscrite la phrase : "Le système de la Réserve fédérale fut créé dans cette maison".

    7 - Histoire de l'Histoire de la révélation au public du Système de la Réserve fédérale

    Les péripéties détaillées des préparatifs du singulier voyage des conspirateurs et du séjour qui s'ensuivit se trouvent consignées depuis lors dans divers ouvrages, dont le plus connu aujourd'hui est celui d'Edward Griffin. Cet ouvrage de vulgarisation a paru en anglais en 1995 - soit 85 ans après la réunion de l'île Jekyll - et il fut traduit en français sous le titre La créature de Jekyll Island. Il reprend, en le romançant , mais sans jamais le citer, certaines informations déjà  contenues dans le premier ouvrage de fond sur la question d' Eustace Mullins, Secrets of the Federal Reserve, The London Connection, qui lui est antérieur de près d'un demi siècle, puisqu'une première version , Mullins , The Federal Reserve ,a vu discrètement le jour en 1948.

    Deux autres ouvrages beaucoup plus tardifs ont été rédigés sur ce sujet : The Case Against the Fed by Murray Newton Rothbard, 1994 et Secrets of the Temple: How the Federal Reserve Runs the country by William Greider, 1989.

    Le manuscrit définitif de Mullins a ensuite été refusé par dix-huit éditeurs. Après deux ans de vaines recherches, le dix-neuvième éditeur écrivit à  l'auteur: "J'aime votre livre, mais nous ne pouvons pas le publier. Personne d'autre ne le peut à  New-York . Présentez-nous le synopsis d'une nouvelle et je pense que nous pourrons vous faire un à -valoir. Mais vous pouvez oublier l'espoir de voir publié l'ouvrage sur la Réserve Fédérale. Je doute qu'il soit jamais édité."

    Une version complétée a cependant paru en 1952 , à  compte d'auteur après deux ans de tribulations, grâce au soutien de deux disciples du poète Ezra Pound, Kasper et Norton. Les frais de l'édition avaient été partagés entre l'auteur et les deux éditeurs , lesquels reprirent modestement le premier titre de l'ouvrage Mullins, The Federal Reserve. Ce titre, en retrait par rapport à  celui refusé par les éditeurs, suggérait qu'il s'agissait simplement de l'opinion de M. Mullins sur la Réserve Fédérale .

    Mais en 1954 , une édition pirate, avec des coupures, voyait le jour dans le New-Jersey sous le titre : La Conspiration de la Réserve Fédérale.

    En 1955 , l'éditeur Guido Roeder acceptait la parution d'une édition en langue allemande. Cependant, la pression politique des Etats-Unis sur l'Allemagne était telle à  l'époque que la totalité des 10 000 exemplaires de la première édition fut saisie et condamnée à  la destruction par le feu.

    Le dernier autodafé d'un ouvrage en Occident, et le seul depuis la fin de la guerre, se déroula le 21 avril 1961 sous la direction du juge Israël Katz de la Cour suprême de Bavière et avec l'approbation du Haut Commissaire des Etats-Unis en Allemagne James B. Conant, qui avait pourtant exercé de 1933 à  1953 la fonction de Président de la prestigieuse Université d'Harvard. Konrad Adenaeur était alors Chancelier d'Allemagne.

    Le précédent autodafé européen remontait à  1933. C'est le grand autodafé du 10 mai 1933, à  Berlin au cours duquel les nazis avaient décrété que " le livre juif et communiste, doit être détruit ". Il avait été accompagné du rituel inspiré de l'Inquisition du Moyen-Age , avec parades, chants, torches et hérauts. La grandiose mise en scène ravissait toujours une population inculte et idéologiquement manipulée .

    En 1980, toujours en Allemagne, une édition identique à  celle qui avait subi l'infamie de la crémation sacrilège put enfin voir le jour sous son titre complet : Secrets of the Federal Reserve, The London Connection. Le Chancelier Helmut Kohl se trouvait à  la tête du gouvernement de Bohn et le pouvoir d'influence et même d'intervention directe des Etats-Unis dans les affaires allemandes, avait sensiblement décliné depuis Adenauer .

    Aucune édition française de cet important ouvrage n'a été programmée à  ce jour.

    L'ostracisme qui frappe l'excellent ouvrage de Mullins, pillé par ses successeurs, mais jamais cité, trouve sa cause dans le soutien de l'auteur au poète Ezra Pound et au qualificatif "ignominieux" d'antisémitisme qui les frappe tous les deux. L'étude minutieuse, scientifique et honnête de Mullins porte sur les circonstances qui ont accompagné la naissance de la Réserve Fédérale et l'action des banquiers, et nullement sur un quelconque complot national ou mondial de telle ou telle catégorie de citoyens. Il est dommage qu'elle fasse l'objet d'un procès d'intention, alors que personne ne songe à  rejeter les oeuvres de James Joyce, de Yeats ou d'Hemingway qui sont, eux aussi, restés fidèles toute leur vie à  leur ami Ezra Pound ; personne n'ose accoler à  ces prix Nobel de littérature l'étiquette infamante d' "antisémite" qui est la manière contemporaine de clouer un auteur au pilori et de censurer son oeuvre.

    A suivre.

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  • Tirer la sonnette d alarme ne suffit plus .Il faut denoncer cet abandon d un ouvrage d art monumental extraordinaire.Quitte a le classer dans le patrimoine mondial de l humanite.

    la mairie-APC-n aura jamais les moyens de s occuper de ce qui fut un des plus beaux fleurons de Bologhine -ex Saint eugene-et qui ne cesse de se degrader chaque jour.

    Cette degradation est due a des agents naturels tels que la mer,les tempetes et d autres aussi ne le sont pas comme ces nouveaux predateurs ou pilleurs de fonte-exportateurs de metaux ferreux et non ferreux-qui ont essaye de maquiller leurs forfaits par de faux accidents la ou il n y en a jamais eu.Ceci dit pour le garde-fou.

    Au niveau du sol ; le remplacement injustifie ,de dalles speciales qui ne retiennent pas la chaleur en ete ,anti glissantes pour les promeneurs ou estivants ,par des ceramiques de salle de bains innapropries .Ces dalles speciales ,couteuses ont ete enlevees sans que l on sache leur ultime destination.Au recyclage peut etre a defaut d etre mise sur le marche.

    Qui doit s occuper en Droit de cet ouvrage d art ? Le sait on ? Les gens ont besoin de savoir.

    Comme beaucoup de personnalites l empruntent les services de l APC peignent sur 9.2 km le garde fou a la vue de la route ,mais pas du cote marin .Des tonnes de peinture qui ont disparu comme ca dans la nature .C est completement debile!

    Pour le moment on se contentera dans cet article,d avoir une idee de -La CHOSE-!Un autre billet sera bientot publie.

    bvd rogne par la mer en profondeur

    Mohamed Aib.

     

    Virage extremement dangereux sans signalisation

    Le fameux virage de la mort ou beaucoup de vehicules (autobus,camion,autos) ont enjambe le garde fou pour se retrouver 25 metres plus bas.Un virage sans panneau de signalisation avertissant de sa particularite.Les pompiers en savent quelque chose la dessus!Surtout la nuit a cause de l humidite.

     

    Emplacement dePlaque commemorative d inauguration disparue

    Ici se trouve la place de la plaque (en fonte) commemorative du boulevard Pitolet,aujourdh'ui Emir Khaled .Elle a disparu;les predateurs ayant commis leur oeuvre!

    Notons qu'il nexiste aucune archive technique de ce boulevard au niveau communal ,du moins.Qui pourra nous le dire ?L'appel est lancé.

    Un embryon discret de que sera le futur garde fou du boulevard.Il est censé remplace le garde fou en fonte et se justifie par une puissante justification sécuritaire ! Pourtant ce materiel n'a jamais été importé mais fabriqué ici en Algérie avec des matériaux Algériens!

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  • Merci a l auteur de cette interessante photo.

    Question n° 3 Le patrimoine culturel vient de bénéficier d'un soutien financier dans le cadre de la loi 98-04 portant protection du patrimoine culturel. Quelles sont vos priorités?

    Réponse

    Le patrimoine culturel algérien est une totalité significative qui renvoie à la Mémoire et à l'Histoire d'un peuple et de sa culture. Il est irréductible et insécable. C'est cette dimension totale et intégrale du patrimoine culturel qui est introduite dans la 98-04 portant protection du patrimoine culturel. Cette loi élimine toute forme de catégorisation périodique ou géographique qui ramènerait à la priorisation d'une catégorie du patrimoine par rapport à une autre.

    La seule priorité repose, aujourd'hui, sur les caractères de fragilité, de vulnérabilité et de rareté du patrimoine culturel. Il s'agit notamment des constructions en terre, médinas et ksours, et des structures altérables par le fait de la nature et la menace de l'urbanisation anarchique.

    S'agissant du soutien financier auquel vous faites référence, il est à préciser que les incidences financières induites par la nouvelle loi 98-04 sont prises en compte dans le cadre d'un fonds national du patrimoine prévu par la loi 98-04 (art. 87). Ce fonds est destiné à financer toutes les opérations de sauvegarde, de conservation, de protection, de restauration, de réhabilitation et de mise en valeur des biens culturels immobiliers et mobiliers et des biens culturels immatériels.

    La création de ce fonds et l'accès aux différentes formes de financement d'aides directes ou indirectes pour toutes catégories de bien culturels sont prévus dans le cadre de la loi des finances. Or, les lois de finances successives, n'ont pas prévu à ce jour la création de ce fonds. Nous espérons que la prochaine loi des finances prendra en charge cette question. Nous sommes très optimistes car Monsieur le Chef du Gouvernement a, dans un discours brillant adressé aux cadres du patrimoine lors des assises nationales du 29 décembre 2003, pris l'engagement d'ouvrir et d'alimenter le fonds du patrimoine.

    Question n°4 La casbah d'Alger plus précisément connaît une détérioration considérable due à des effets climatiques et humains. D'ici quelques années, si rien n'est fait, ce patrimoine classé universel risque de disparaître. L'urgence est dans sa réhabilitation. Qu'en est-il au juste ?

     

     

     

    Réponse

    Parler aujourd'hui de la Casbah d'un point de vue du patrimoine culturel, c'est aborder la grande question des secteurs sauvegardés, et de tout ce qui s'y rapporte, dans la perspective d'une conciliation entre les impératifs de la conservation d'un bien culturel périssable et non renouvelable, et les exigences d'un développement socio-économique adapté à des réalités mouvantes. Cette question, celle des secteurs sauvegardés, n'a pu être soulevée qu'à partir de l'année 1998, date de promulgation de la loi 98-04 portant protection du patrimoine culturel.

    Cela veut dire que les casbahs, les ksours, les mechtas, les villages et autres formes d'architectures en terres ne pouvaient être appréhendés que sous le prisme des sites et monuments, en fait sous la condition de ce qu'il est convenu d'appeler la décontextualisation et l'extraterritorialisation du patrimoine culturel.

    Tout ce que nous avons fait pendant 30 ans, y compris à travers les classements opérés, c'était d'intervenir par rapport à un ancrage juridique qui portait en lui même les éléments de sa propre contradiction: nous étions obligés par respect de ces lois, de recourir aux moyens qui s'imposaient, à savoir l'évacuation, le relogement et la démolition.

    Une véritable idéologie s'est s'instaurée autour de ce mécanisme démolition-évacuation et relogement, et a nourri des ambitions multiformes que je n'oserai pas citer ici.

    C'est ce bilan que nous faisons aujourd'hui. La Casbah peut être comparée a un tissu qui a été démaillé il y a longtemps, bien longtemps, et l'état très avancé de sa dégradation aujourd'hui est le produit du processus de démaillage qui s'entretient par sa propre logique.

    Le bilan que nous faisons aujourd'hui est que la Casbah n'est pas un monument ou une somme de monuments : c'est un véritable organisme vivant qui respire et qui est mis en scène quotidiennement par ses habitants.

    C'est cette logique qui est introduite dans la loi 98-04, celle du centre historique ou plus génériquement du secteur sauvegardé, avec l'article 41 qui énonce :" Sont érigés en secteur sauvegardés, les ensembles immobiliers urbains ou ruraux tels que les casbahs, médinas, ksours, villages et agglomérations traditionnels caractérisés par leur prédominance de zone d'habitat, et qui, par leur homogénéité et leur unité architecturale, artistique ou traditionnel de nature à justifier la protection, la restauration, la réhabilitation et la mise en valeur".  

    La Casbah d'Alger vient justement d'être érigée en secteur sauvegardé, dans la perspective de réappropriation et de revivification du patrimoine culturel.

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  •  

    Par M.Tahar Khalfoune

    2/ Une propriété de personne

    En tant qu'institution dérivant de la chari'a islamique, le habous est indissociable de la conception que la première se fait du droit de propriété. Quand bien même des similitudes rapprochent la propriété privée dans l'islam de la conception romano-germanique de la propriété, la première n'est, cependant, pas clairement établie et ne dispose pas, non plus, de tous les attributs de la propriété, au sens du droit romain et du code civil français, en raison notamment de la précarité du statut des propriétaires[75]. Joseph Schacht saisit très bien ce phénomène d'incertitude du droit de propriété en islam lorsqu'il écrit : « Le droit islamique ne définit pas de façon stricte le bien de propriété comme une chose tangible (res) »[76].

    Même si le Coran est peu prolixe sur la question de la propriété, on sait que le  fondement de cette dernière dans l'islam est d'origine divine  ; elle appartient  ad vitam aeternam à Dieu, et c'est dans ce sens qu'il convient d'entendre les versets coraniques « À Allah appartiennent ciel et terre » et « La terre est à Allah et il en fait hériter qui il veut parmi ses serviteurs ». Les humains ne disposeraient donc que d'un droit de jouissance. Quant à la protection de la propriété, l'exhortation des musulmans à s'abstenir de toute attitude de nature à porter atteinte à la propriété d'autrui, relève plus d'un fondement moral que juridique[77], à l'image de tout le droit islamique qui reste largement imprégné de morale religieuse. 

    Or, la notion de propriété dans la conception occidentale est très affermie  ; d'abord par le droit romain, qui lui a donné une certaine pérennité, quel que soit l'usage que le possesseur en fait. C'est une situation fondée en droit qui reconnaît à son titulaire un vrai pouvoir,  c'est-à-dire la trilogie des attributs du droit de propriété (usus, fructus, abusus). Dans un contexte plus récent ensuite, la Déclaration des droits de l'Homme de 1789 a érigé la propriété en droit « inviolable et sacré ». Enfin, elle a été hissée par le code civil, dans son article 544, au rang de propriété absolue, c'est-à-dire un droit de jouir et de disposer de la manière la plus absolue. Autrement dit, la propriété n'est pas seulement le droit d'user ou de jouir d'une chose ; c'est aussi celui d'en disposer, de l'échanger contre une autre, bref de l'aliéner. Le Doyen Carbonnier pouvait dire en parlant de propriété que « ce fut l'une des idées forces de la révolution que de construire la propriété comme une garantie des libertés »[78]. La propriété en droit français, que ce soit d'ailleurs sur les meubles ou immeubles, revêt donc un caractère à la fois unitaire et absolutiste.

    Tout autre est le statut de la propriété en droit islamique qui présente cette particularité d'être précaire ; le droit de propriété n'existe, en réalité, que s'il s'agit d'une vivification d'une terre morte. Parfois même la mise en valeur d'une terre ne donne lieu qu'à une concession, moyennant paiement d'une rente fixe appelée « Djabr », quel que soit du reste le résultat de la récolte. Quant à la propriété collective, elle est considérée, notamment par le rite chafîîte[79], comme un patrimoine appartenant à la communauté musulmane et sur laquelle l'État ne dispose que d'un droit de conservation, et non de propriété. Néanmoins, la thèse de la précarité du droit de propriété privée n'est exacte qu'en ce qui concerne la terre, car un examen plus minutieux montre que les meubles sont soumis à une appropriation individuelle : il y aurait donc pluralité des types de propriété, selon l'objet auquel s'applique le droit.

    Mais là n'est pas la moindre des dissemblances que présente le habous ; quand on l'appréhende sous l'angle de sa finalité d'intérêt général, on peut se rendre vite compte qu'elle n'a pas en fait la rigueur de son énoncé initial. 

     

    C/ Le habous :

    Une utilisation détournée

     

    La raison d'être du habous est théoriquement la satisfaction d'un intérêt social. En réalité, l'intention du constituant n'est pas toujours celle qui est exprimée dans l'acte de constitution, c'est-à-dire un but pieux ou social : constitution de dotations qui permettent de secourir les pauvres et d'aider écoles et mosquées... Le recours au habous est parfois mû par d'autres considérations  ; il est utilisé par son fondateur, soit comme un moyen d'échapper à la confiscation de ses biens par le souverain (1), soit pour déshériter des membres de sa famille (2), notamment les filles.

     

    1/ Le habous :

    Procédé de contournement de la confiscation

     

    En effet, une analyse plus proche de l'observation empirique peut, sans peine, faire la démonstration que la finalité d'intérêt général, consubstantielle au habous, ne correspond pas, en fait, à ses apparences institutionnelles.

    Dans le premier cas, nombre de personnes y recourent dans la mesure où le habous garantit et protège les biens privés ainsi établis contre toute confiscation, puisqu'ils sont confiés à Dieu. L'essor qu'a connu le habous pendant la domination turque, en particulier, ne s'explique pas simplement par des considérations d'ordre religieux, de charité ou d'intérêt public  ; il s'agit surtout, pour de nombreux propriétaires, de mettre leurs biens à l'abri des confiscations et des aliénations arbitraires. Pour mettre un bien privé hors d'atteinte des convoitises des Turcs, souvent le propriétaire fait appel à l'institution du habous. Dans la mesure où le bien doté de ce statut est frappé, dès sa constitution, d'inaliénabilité, les Turcs se trouvent ainsi dans l'incapacité de s'en emparer[80]. Le statut juridique du habous protège donc les biens qui en bénéficient contre le risque d'une confiscation ou d'atteintes susceptibles d'être exercées par les Deys, les Beys et autres makhzéniens de l'État turc. Les pratiques néo-patrimoniales étaient, il est vrai, largement répandues sous la domination turque. L'accumulation des richesses dépendait alors étroitement, selon Lemnouer Merrouche, « de la détention d'un commandement politico-militaire. Ce lien entre pouvoir et grandes fortunes, précise-t-il, est un fait massif »[81]. Sous une apparence charitable, l'institution de certains immeubles en habous a ainsi obéi à une logique de préservation de ces derniers contre le risque de mainmise par l'État. C'est pour cela que le habous a connu à cette époque un net succès.

    Pour bien comprendre ce phénomène, un parallèle avec le Maroc est indispensable. Le habous au Maroc - pays appartenant à la même sphère culturelle que l'Algérie et la Tunisie -, n'a pourtant pas connu la même évolution. La raison tient précisément au fait que le premier n'a pas été soumis comme les seconds à l'empire Ottoman. Au Maroc, après avoir connu une période d'essor au 12e et 13e siècle au cours desquels plusieurs écoles, mosquées, hôpitaux, ponts, abreuvoirs... s'étaient édifiés grâce aux revenus du habous, celui-ci va connaître une longue période de reflux dont le point de départ fut, sans doute, l'avènement de la dynastie Saâdienne[82]. Suite à l'épuisement du négoce de l'or qui a entraîné un déficit net du budget, les biens habous faisaient clairement l'objet des convoitises de la monarchie[83]. En raison de la raréfaction des ressources, les biens habous étaient alors perçus comme une richesse patrimoniale à exploiter. Des droits de jouissance étaient ainsi accordés à des particuliers, sous forme de concessions immobilières, en échange de contributions versées au Beit-El-Mel (trésor public). Les utilisations privatives à des fins patrimoniales des biens habous ont pris dès lors largement le pas sur leur mission première d'intérêt public.

    La transformation du habous en espace marchand était fortement aggravée, semble-t-il, par la gestion des Nadhirs (administrateurs du habous) qui baissaient la valeur réelle des biens immobiliers. Selon Louis Milliot cette entreprise de déprédation du habous a entraîné son morcellement en raison des nombreux droits de jouissance concédés aux particuliers. Certains biens ont même fini par faire l'objet d'une appropriation par leurs bénéficiaires. Le habous s'était donc réduit en peau de chagrin, puisque la constitution de biens en habous public avait quasiment cessé[84]. La décadence de l'institution du habous était ainsi bien avancée  ; son  point d'orgue fut sans doute la vente, à la veille du protectorat français (1912), des biens habous en pleine propriété par les sultans Moulay Abdelaziz et Moulay Hafid pour procurer des fonds aux caisses de l'État[85]. Cette comparaison avec un pays voisin - le Maroc -  éclaire d'un jour nouveau comment le habous a été détourné de sa véritable finalité.

     

    2/ Le habous :

    Artifice pour l'EXHÉRÉDATION de la femme

     

    Sa constitution vise, dans le second cas, à soustraire le bien aux lois successorales ; le habous est souvent utilisé - pas seulement en Algérie mais dans tout le Maghreb - comme artifice juridique pour l'exhérédation de la femme,[86] en contournant légalement les prescriptions coraniques qui, au contraire, reconnaissent à la femme le droit à l'héritage dans certaines proportions, soit la moitié d'une part d'un mâle. C'est sans doute la raison pour laquelle Henri de Waël a considéré que le habous a été la cause de l'émergence de règles liées aux subterfuges juridiques[87]. La technique consiste souvent à constituer soit un bien immobilier, soit tout le patrimoine familial en biens habous au bénéfice d'une fondation pieuse (école, mosquée, zaouia...) à l'extinction du lignage. Les fondateurs du habous conservent pour eux-mêmes et leurs futurs descendants agnatiques (mâles) l'usufruit des biens habous. Ce processus entraîne à terme une exhérédation absolue de la femme.

    Mohamed El Hadi Chérif saisit, à son tour, très bien ce phénomène de détournement de finalité lorsqu'il précise que « Parfois les juristes du droit musulman ont recouru à certaines ruses pour exhéréder les femmes et protéger le patrimoine de l'émiettement et des intrusions étrangères au lignage patrilinéaire. C'est ainsi que la vulnérable institution du wakf a été détournée de sa finalité première en réservant l'usufruit du bien "haboussé" à la descendance mâle du fondateur »[88]. En effet, le rite hanéfite[89], contrairement au rite malékite[90], reconnaît au constituant le droit de se désigner lui-même, d'écarter les filles, etc. Or, bien que, dans les pays d'Afrique du Nord, le habous excluant les filles soit, en principe, prohibé, puisque c'est bien le rite malékite qui est majoritairement adopté, pour ce faire les constituants prennent le soin de se réclamer des règles du rite hanéfite.

    C'est ainsi qu'on aboutit à exhéréder les filles pour empêcher que les biens de la famille passent par héritage dans celle du mari[91]. D'après Charles Raymond, le habous est utilisé, en revanche, dans certaines régions (Kabylie) pour faire bénéficier les femmes de la succession et contourner ainsi le droit coutumier qui les exclut[92]. Sur cette question, le droit coutumier se distingue, en effet, du droit islamique en ce que ce dernier reconnaît à la femme le droit d'hériter ab intestat, c'est-à-dire sans testament, alors que le premier interdit à la femme d'hériter au nom du principe patriarcal selon lequel la vocation successorale est un droit exclusif des mâles[93]

    Selon Pierre Bourdieu, les tribus en Kabylie ont renoncé, depuis 1748, aux prescriptions de la loi coranique en matière d'héritage, pour adopter le droit coutumier qui exhérède les femmes[94].  Ainsi un habous privé peut être constitué au profit d'une femme  ; il s'agit en quelque sorte d'une donation d'usufruit, étant donné que le habous, qu'il soit privé ou public, demeure toujours inaliénable. À la mort de l'usufruitière, le habous privé revient aux héritiers mâles[95]. Aussi, Jean Paul Charnay pouvait-il remarquer en traitant du habous « qu'il est de plus en plus employé en Kabylie pour corriger la barbarie des coutumes qui déshéritent la femme...»[96]. C'est bien pourquoi, les habous privés sont plus répandus en Kabylie et dans les régions du sud et notamment dans le M'zab. Toutes proportions gardées, le habous n'est pas sans rappeler la fiducie[97], qui est, semble-t-il, utilisée en France parfois pour des raisons d'ordre fiscal  ; elle permet d'échapper à certains frais de transmission des patrimoines[98].

    Tout bien considéré, il ressort nettement de l'examen des deux cas suscités que l'écart qui sépare la finalité théorique du habous et l'usage qui en est fait concrètement est considérable.  Le concept de habous relève en définitive de l'artifice, étant donné que, souvent, il n'est sollicité que pour la protection d'un bien en éludant légalement les commandements du texte sacré. Il traduit ainsi une réalité qui singularise notamment le droit islamique où l'on a plutôt tendance à considérer le droit comme idéal. Autrement dit, si le droit s'entend en principe comme l'expression des structures et rapports sociaux prévalants dans une société,  en droit islamique c'est cette dernière qui est invitée instamment à se conformer aux principes à dominante théorique de la chari'a islamique.

             Mais si les deux institutions - le domaine public et le habous - sont si éloignées l'une de l'autre, n'est-on pas fondé à s'interroger sur les raisons de leur fusion ? En vérité, l'alliance entre le domaine public et le habous n'est pas fortuite  ; des motivations d'ordre historique, économique et culturel en sont à l'origine. 

             La raison historique d'abord. Si étrange que cela puisse paraître, c'est pourtant bien la France qui est l'artisan de l'annexion du habous par le domaine  ; le habous, en tant que mode d'organisation des biens publics, parmi bien d'autres modes, ne lui est pas étranger. C'est une institution qu'elle a explorée pendant la colonisation de l'Algérie, et que l'administration du domaine a annexée au début de XIXe siècle. C'est par un arrêté du 8 septembre 1830 du maréchal Clauzel, nous l'avons vu, que les biens habous publics, ainsi que d'autres biens publics, étaient déclarés réunis au domaine. De 1830 à 1870, les habous publics ont été peu à peu tous rangés dans le domaine de l'État, alors que l'inaliénabilité des habous privés a été abolie en 1851 et 1858, pour favoriser l'extension de la propriété coloniale[99]. Se posait alors la question de la prise en charge financière du culte qui était assurée jusque-là par les revenus du habous.

             Désormais, depuis le rattachement de ce dernier au domaine, ce fut l'État qui en assura les frais, même après la promulgation de la loi sur la laïcité qui sépare en principe le culte de l'État. En rattachant le habous public au domaine de l'État, l'arrêté du maréchal Clauzel peut être considéré comme le point de départ d'un processus ininterrompu de « domanialisation » du habous, puisqu'il dépendra dès lors régulièrement de la direction du domaine[100]. Même la loi du 20 septembre 1947 relative au statut de l'Algérie qui a pourtant bien prévu la restitution des biens habous aux Algériens n'a pas été suivie d'effet. À l'indépendance, l'Algérie n'a pas renoncé, non plus, à la politique de « domanialisation » du habous, comme on pouvait s'y attendre  ; elle sera au contraire prolongée, mais pour d'autres considérations qui seront ci-après évoquées.

    La raison économique ensuite. Au nom de l'idéal collectiviste et de l'ambitieux projet de développement économique de la double décennie soixante et soixante-dix, la doctrine officielle a fait de l'État et de la propriété étatique la base du développement économique et social[101]. Pour les besoins de ce projet en faveur duquel tous les moyens, toutes les énergies et potentialités du pays doivent être mobilisés, la propriété publique, protégée par les attributs de la domanialité publique, en est conçue comme le fer de lance. Dans les régimes socialistes, la propriété publique est l'une des pierres angulaires du développement économique. La domanialité publique, confondue avec propriété publique, s'étend ainsi sur une masse importante de biens en tous genres qui dépasse très largement la masse de biens qu'implique habituellement le régime de la domanialité publique[102]. C'est bien pourquoi, le habous a toujours constitué une dépendance du domaine public. Comme le fait observer à juste titre Philippe Godfrin, « un État libéral se contentera d'un domaine public restreint dans son étendue mais fortement protégé en raison de son affectation à l'usage de tous. Un État interventionniste fera de son domaine un instrument de développement économique, ce qui le conduira à l'accroître... »[103].

    La raison culturelle enfin. L'Algérie est marquée par un syncrétisme juridique[104] qui fusionne plusieurs éléments culturels hétérogènes (la chari'a islamique, le droit coutumier, le droit socialiste, le droit français...). La pratique législative et réglementaire combine parfois ces trois composantes, et l'accent est mis, selon les cas, sur les unes ou sur les autres[105]. Mais, si cette influence se traduit souvent en termes de zones ou de secteurs (statut personnel, droit économique, droit administratif, droit constitutionnel...) et que dans chaque zone intervient presque exclusivement, soit le droit français, soit le droit islamique ou le droit socialiste, l'impact des trois systèmes juridiques se répercute parfois à l'intérieur d'une même et seule notion. Cette hypothèse de travail se vérifie parfaitement en ce qui concerne le concept de domaine public qui subit l'influence de trois conceptions des biens publics.

    Le domaine public obéit donc à une construction syncrétique[106], parce qu'il est recueilli dans une société, un pays, une culture marqués tout à la fois par des éléments de droit français classique, des principes du droit socialiste, principalement soviétique et yougoslave autogestionnaire, et des principes du droit islamique malékite, mais sans qu'il y ait une articulation cohérente entre ces différents apports[107]. Recueilli au lendemain de l'indépendance,[108] le domaine public est réinterprété en fonction du contexte d'accueil en recouvrant un contenu nouveau. Il s'agit, pourrait-on dire, d'un concept classique, mais à portée nouvelle. C'est ainsi qu'il se construit, d'une part, sur la base des biens du domaine public traditionnel, (les voies publiques, les plages, les sites archéologiques, les halles...). D'autre part, il se reconstruit à la fois sur des biens économiques « ressources et richesses naturelles du sol et du sous-sol » et les biens habous.

    Autrement dit, il s'est emparé de l'armature du domaine public classique sans recouvrir tout à fait le même contenu. Il s'est transformé, pourrait-on dire, en un concept juridique un peu particulier, à cheval entre le domaine public traditionnel défini par l'affectation et soumis au droit de la domanialité classique, le domaine public des richesses et ressources naturelles, indissociable du projet de développement, est dominé par des éléments de la domanialité socialiste et, enfin, le domaine public des habous, d'intention pieuse, assujetti, quant à lui, totalement aux principes du droit islamique. C'est pourquoi, derrière la catégorie conceptuelle de domaine public d'une cohérence apparente se dissimule en réalité une pluralité de domaines. Par conséquent, on peut, sans forcer le trait, dire qu'il est davantage un contenant qu'un contenu ; il est en mesure d'intégrer toutes sortes de biens dont le lien avec la domanialité publique est parfois fort douteux. Il y a de la part du législateur une volonté d'embrasser une diversité insaisissable de biens dans une notion « unificatrice ». Or, on chercherait en vain une caractéristique commune intrinsèque à tous ces biens.

    Au vu de tout ce qui précède, même si le habous n'est pas si étranger qu'il ne paraît au droit français et, plus particulièrement, à la domanialité française, puisque, d'un côté, le premier a subi pendant plus d'un siècle la domination du second. Et, de l'autre, c'est bien la société des habous, fondée en 1917, qui est à l'origine de la construction de l'Institut Musulman de la grande mosquée de Paris en l'honneur des musulmans d'Afrique du nord tués durant la première guerre mondiale[109], il est difficilement assimilable au domaine public. Ce dernier, produit des systèmes romano-germaniques, est tout à fait étranger à la notion de habous. Les biens habous, qu'ils soient publics, c'est-à-dire affectés au fonctionnement d'une œuvre d'intérêt général (mosquée, hôpital, université... ), qu'ils soient privés, c'est-à-dire destinés à des bénéficiaires intermédiaires, personnes physiques, qui en jouiront leur vie durant, et qui seront ensuite mis à la disposition d'une œuvre pieuse, sont plus proches de la notion anglaise de « Trust » et, plus précisément, de celle des « charitable trusts ».

    Le trust, rappelons-le, est un concept propre au droit anglais, qui s'entend comme un bien confié par son propriétaire (Settlor) à une personne, appelée (trustee) pour que ce dernier assure sa gestion au profit d'une tierce personne qui est le bénéficiaire. Il peut, certes, être rapproché du habous, mais il ne peut être identifier à lui ; on ne saurait déduire des ressemblances la présence d'une quelconque synonymie tant les deux institutions sont le  produit de contextes culturels et de traditions juridiques forcément différents dont la formation est sous-tendue, à l'évidence, par un processus historique propre à chaque système juridique.  

    Tout d'abord, il existe un contraste saisissant entre le déclin que connaît le habous depuis longtemps en pays d'islam et le rayonnement du trust en Angleterre, et dont l'utilisation peut revêtir d'ailleurs une grande variété de formes. « Quiconque désire connaître l'Angleterre, avisait le grand historien du droit anglais F. W. Maitland, doit savoir quelque chose du trust »[110]. Malgré cette différence de taille en termes d'utilisation, le habous et le trust s'appuient quasiment sur un même fondement religieux : l'islam pour le premier et le christianisme pour le second. À l'instar du trust qui prend sa source dans la morale chrétienne commentée par les chanceliers qui étaient, dans une large mesure, des ecclésiastiques[111], le habous prend racine dans la religion musulmane et, plus précisément, tel que rappelé ci-dessus, dans un hadith du prophète.

    En tant qu'institution dérivant de l'Equity, la mise en œuvre du trust accorde au juge un rôle de premier rang ; de même que c'est le  cadi (juge) qui établit l'acte de constitution du habous et c'est lui qui est aussi chargé de le contrôler. Aussi, le trust, comme le habous ainsi qu'il a été mentionné plus haut, obéit-il à un régime de droit privé et il est également utilisé pour organiser la liquidation de la succession. En droit anglais, les biens de la femme sont affectés au patrimoine du mari  ; c'est grâce justement au trust, quand il est constitué, qu'elle acquiert finalement le droit de conserver les biens qui lui sont affectés. De même que le trust permet d'établir un testament sur un immeuble, alors qu'il était interdit par un principe remontant à l'époque féodale[112].

    Ensuite, à la différence du domaine public qui peut être aliéné par la personne publique propriétaire, la fonction du trustee, comme celle du Nadhir, se résume pour l'essentiel en une mission de conservation et de gestion du bien, sans possibilité de l'aliéner. Enfin, de la même manière que le habous, les charitable trusts sont en mesure de poursuivre plusieurs objectifs. Ainsi, ils peuvent avoir soit une finalité sociale lorsqu'ils sont conçus pour lutter contre la pauvreté ou mis à la disposition du public, soit une mission éducative quand ils sont constitués en vue d'encourager l'instruction, soit enfin un but pieux quand ils visent à servir la religion[113].

             Un tel régime n'est pas sans évoquer la fondation en droit français, bien que sa création soit soumise à des conditions draconiennes[114], sans commune mesure avec les conditions de constitution d'un habous ou d'un trust. La fondation se définit aussi comme une affectation irrévocable de biens, en vue de la réalisation d'une œuvre d'intérêt général et à but non lucratif[115] (hôpital, cité universitaire...). On trouve d'ailleurs l'ébauche d'une telle approche dans la Constitution algérienne de 1996 lorsqu'elle rapproche le wakf de la fondation « Les biens "wakf" et les fondations sont reconnus ; leur destination est protégée par la loi »[116]. Or la domanialité classique, et même la domanialité socialiste, n'est nullement une telle institution. Ce n'est donc pas sans raisons que la loi domaniale de 1990 a pris quelques distances avec la catégorie des biens habous. On peut cependant regretter que le législateur ne soit pas allé plus en avant dans cette direction en poussant cette logique jusqu'à provoquer une rupture définitive entre le domaine public et le habous. « Que chaque chose soit à sa place appropriée... », disait Georges Duhamel.

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  • Le concept de Habous ou de Waqf est apparu avec l'avènement de l'islam, l'Islam incitant les fidèles à affecter des biens pour les affecter à perpétuité à une oeuvre charitable. À travers l'histoire, ces propriétés ont toujours constitué une source intarissable de revenus qui permettait aux gérants de cette fortune (des théologiens) de garder une certaine autonomie vis-à-vis du pouvoir central. Des Idrissides aux Alaouites, les différentes dynasties qui se sont succédées au Maroc ont toujours composé avec la richesse des Habous. Ce n'est qu'en 1915 que les pouvoirs publics finissent par englober les revenus du Waqf. Ils sont ainsi centralisés par un vizirat des Habous créé par Lyautey et intégré après l'indépendance au ministère des Habous et des Affaires islamiques.

    En 2003 le ministère des Habous et des Affaires islamiques a lancé une enquête pour dénombrer son patrimoine. "Plusieurs commissions réunissant des architectes, des topographes et des cadres du ministères ont sillonné le pays pour réaliser cette étude", raconte une source proche du dossier. Un travail de recensement dont tout l'intérêt réside dans le fait qu'il est le premier du genre. "Le dernier recensement comparable remonte à l'époque de Lyautey au début du siècle, affirme notre source. Cette étude n'a pas coûté plus de 150.000 dirhams alors qu'une étude similaire réalisée par des auditeurs confirmés aurait nécessité entre 6 et 8 millions de dirhams"... L'étude, aussi peu approfondie soit-elle, lève le voile sur l'immense trésor que constitue le patrimoine des Habous : près de 50.000 habitations ou commerces, quelque 2438 parcelles rien qu'en zones urbaines et des terres agricoles d'une superficie totale estimée à 84.000 hectares. Bref, un patrimoine de quelque 100 milliards de dirhams.

    Mais l'étude montre surtout l'ampleur de la gabegie. Ces biens ne rapportent que 240 millions de dirhams alors que la rentabilité de ce patrimoine peut être facilement multipliée par deux. Mieux encore, ce recensement indique que la moitié des biens Habous est louée sans contrat. Et près de 75% des propriétés ne sont pas immatriculées à la conservation foncière. Cette performance peu honorable des Habous s'explique par un laxisme apparent. Pendant de longues années, le département n'a pas pris la peine de régulariser la situation juridique avec ses locataires. Les registres des "nadhirs" (comparables à ceux des "adouls") ont défié, au long des décennies, l'évolution technologique pour rester l'unique moyen de retracer les biens Habous. Quant aux procédures des opérations de cession (avec obligation de réinvestissement), elles sont d'une lourdeur incomparable. "La vente ou l'échange de n'importe quel bien doit faire l'objet d'un dahir royal", explique un ancien du département. Les procédures bureaucratiques et opaques ont rapidement fait des Habous la bête noire des aménageurs. "De nombreux terrains du ministère situés en milieu urbain sont souvent programmés comme des espaces verts dans les plans d'aménagement", confie notre source. Pour éviter le casse-tête des négociations avec des religieux peu doués en finances...

    Le lobbying et l'abus d'influence ont aussi fait des ravages dans ce patrimoine des Habous. "Les pressions viennent de toute part. Du simple coup de fil d'un parlementaire pour pistonner un locataire à bas prix, au ministre qui ordonne d'offrir un bien à une personnalité qui sert les intérêts de la nation, nous avons tout vécu", raconte un ancien du ministère. Même au niveau local, les pressions des détenteurs de pouvoir sur les gestionnaires des Habous sont légion. "Il a fallu défendre, au début des années 90, un dahir qui permet aux 'nadhirs' d'échapper à la tutelle des gouverneurs et ce, en leur accordant un statut similaire à celui des juges", raconte un ancien du département...

    Autre handicap à la bonne gestion des affaires : une frilosité en termes de choix d'instruments de placement. Les Habous ont l'immense responsabilité d'empêcher que ces legs des musulmans ne soient entachés par des profits usuraires ou provenant de placements contraires à l'esprit de la 'charia'. Pourtant, la limite a souvent été franchie. "Le ministère avait à un moment investi dans des actions cotées en Bourse", confie-t-on auprès de l'ancienne équipe dirigeante. "Sacrilège" encore plus grave : le ministère avait constitué des dépôts à terme et encaissé pendant de longues années des produits d'intérêt, pourtant considérés comme "hram". Autre exemple : le très religieux ministère des Habous était même actionnaire dans l'ex-Hyatt Regency Rabat (actuel Hilton) où l'alcool coule à flots. Malgré ces "égarements", souvent passés sous silence, la politique de placement reste très conservatrice quand il s'agit d'investissements financiers.

    Aujourd'hui pourtant, le département voudrait bien faire peau neuve. Ahmed Tawfik a bel et bien lancé une réforme pour séparer les affaires islamiques, confiées désormais aux délégations régionales pour libérer les "nadhirs", et les affaires financières. D'un autre côté, le nombre des 'nidharat' a largement été réduit passant de 43 à 16. Le ministère se veut aussi de plus en plus ouvert à la négociation. "Nous avons fait le tour des wilayas et des provinces pour sensibiliser les responsables quant à notre nouvelle approche de partenariat", explique une source du ministère. Le département a même songé à approcher des investisseurs privés pour réitérer l'expérience réussie du Bouregreg (mise à disposition de terrains en vue de récupérer, à terme, la contre-valeur sous forme de nouvelles propriétés) afin de valoriser son patrimoine. "80 projets semblables ont été instruits et n'attendaient que le feu vert du ministre. Ce dernier s'est montré néanmoins réticent vu que l'on ne peut jamais s'assurer de la fiabilité des promoteurs", justifie un ancien haut responsable des Habous.

    Ce manque d'audace, combiné à une gestion archaïque, a miné la confiance dans ce système. "Il n'y a pratiquement plus personne qui procède à des actes de Habous, explique un notaire. L'apparition d'ONG performantes d'une part et l'opacité du ministère de l'autre ont fait que même les plus croyants des musulmans ont perdu confiance dans le système". Les chiffres confirment cette tendance : près de 50% des propriétés Habous ont plus de 50 ans d'âge. Le système serait-il biologiquement condamné ?

    Le patrimoine des Habous est évalué à 100 milliards de dirhams : un montant qui donne le tournis. Il représente le tiers de la dette publique (intérieure comme extérieure), le quart du PIB. Et il y a de quoi financer 10 fois la fameuse INDH (Initiative nationale pour le développement humain) lancée en 2005. Le gros de ce trésor des Habous repose sur des terrains agricoles. Il s'agit de quelque 120.000 parcelles étendues sur 84.000 hectares. Une récente transaction pourrait servir d'étalon pour valoriser la superficie de ces terres. Le groupe immobilier Addoha avait acquis auprès du ministère 280 hectares pour le prix de 300 millions de dirhams, un prix jugé relativement correct par certains experts. Sur la base de cette moyenne, ces terrains agricoles pourraient valoir, à terme, quelque 90 milliards de dirhams. Et la richesse des Habous s'étend aussi au périmètre urbain. Le patrimoine qui y est géré par le département est estimé à 5,5 milliards de dirhams, selon le dernier recensement. "Et encore, cette estimation reste très conservatrice. Un étude approfondie permettrait facilement de doubler cette valorisation", confie un membre de la commission de recensement...

    Le département des Habous pourrait être transformé en un office autonome confié à des professionnels de la gestion de patrimoine sans état d'âme. Cette option a déjà été adoptée par plusieurs pays encore plus conservateurs que nous quand il s'agit de l'application de la charia. Et c'est certainement le meilleur moyen d'optimiser au mieux cette richesse colossale. Surtout que le pays n'a pas les moyens de s'en passer.

    Fahd Iraqi, Tel Quel, mars 2007

    Syndication : RIBH, l'Observatoire de la finance halal

    http://ribh.wordpress.com/2008/02/06/maroc-patrimoine-des-habous-gestion-archaique-d%E2%80%99une-fortune-colossale-estimee-a-quelque-100-milliards-de-dirhams/

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