• Le vrai probleme de La Casbah.Entretien accordé par Madame Khalida Toumi, Ministre de la Communication et de la Culture, à ‘la dépêche de Kabylie’, le 4 fevrier 2004.

    Merci a l auteur de cette interessante photo.

    Question n° 3 Le patrimoine culturel vient de bénéficier d'un soutien financier dans le cadre de la loi 98-04 portant protection du patrimoine culturel. Quelles sont vos priorités?

    Réponse

    Le patrimoine culturel algérien est une totalité significative qui renvoie à la Mémoire et à l'Histoire d'un peuple et de sa culture. Il est irréductible et insécable. C'est cette dimension totale et intégrale du patrimoine culturel qui est introduite dans la 98-04 portant protection du patrimoine culturel. Cette loi élimine toute forme de catégorisation périodique ou géographique qui ramènerait à la priorisation d'une catégorie du patrimoine par rapport à une autre.

    La seule priorité repose, aujourd'hui, sur les caractères de fragilité, de vulnérabilité et de rareté du patrimoine culturel. Il s'agit notamment des constructions en terre, médinas et ksours, et des structures altérables par le fait de la nature et la menace de l'urbanisation anarchique.

    S'agissant du soutien financier auquel vous faites référence, il est à préciser que les incidences financières induites par la nouvelle loi 98-04 sont prises en compte dans le cadre d'un fonds national du patrimoine prévu par la loi 98-04 (art. 87). Ce fonds est destiné à financer toutes les opérations de sauvegarde, de conservation, de protection, de restauration, de réhabilitation et de mise en valeur des biens culturels immobiliers et mobiliers et des biens culturels immatériels.

    La création de ce fonds et l'accès aux différentes formes de financement d'aides directes ou indirectes pour toutes catégories de bien culturels sont prévus dans le cadre de la loi des finances. Or, les lois de finances successives, n'ont pas prévu à ce jour la création de ce fonds. Nous espérons que la prochaine loi des finances prendra en charge cette question. Nous sommes très optimistes car Monsieur le Chef du Gouvernement a, dans un discours brillant adressé aux cadres du patrimoine lors des assises nationales du 29 décembre 2003, pris l'engagement d'ouvrir et d'alimenter le fonds du patrimoine.

    Question n°4 La casbah d'Alger plus précisément connaît une détérioration considérable due à des effets climatiques et humains. D'ici quelques années, si rien n'est fait, ce patrimoine classé universel risque de disparaître. L'urgence est dans sa réhabilitation. Qu'en est-il au juste ?

     

     

     

    Réponse

    Parler aujourd'hui de la Casbah d'un point de vue du patrimoine culturel, c'est aborder la grande question des secteurs sauvegardés, et de tout ce qui s'y rapporte, dans la perspective d'une conciliation entre les impératifs de la conservation d'un bien culturel périssable et non renouvelable, et les exigences d'un développement socio-économique adapté à des réalités mouvantes. Cette question, celle des secteurs sauvegardés, n'a pu être soulevée qu'à partir de l'année 1998, date de promulgation de la loi 98-04 portant protection du patrimoine culturel.

    Cela veut dire que les casbahs, les ksours, les mechtas, les villages et autres formes d'architectures en terres ne pouvaient être appréhendés que sous le prisme des sites et monuments, en fait sous la condition de ce qu'il est convenu d'appeler la décontextualisation et l'extraterritorialisation du patrimoine culturel.

    Tout ce que nous avons fait pendant 30 ans, y compris à travers les classements opérés, c'était d'intervenir par rapport à un ancrage juridique qui portait en lui même les éléments de sa propre contradiction: nous étions obligés par respect de ces lois, de recourir aux moyens qui s'imposaient, à savoir l'évacuation, le relogement et la démolition.

    Une véritable idéologie s'est s'instaurée autour de ce mécanisme démolition-évacuation et relogement, et a nourri des ambitions multiformes que je n'oserai pas citer ici.

    C'est ce bilan que nous faisons aujourd'hui. La Casbah peut être comparée a un tissu qui a été démaillé il y a longtemps, bien longtemps, et l'état très avancé de sa dégradation aujourd'hui est le produit du processus de démaillage qui s'entretient par sa propre logique.

    Le bilan que nous faisons aujourd'hui est que la Casbah n'est pas un monument ou une somme de monuments : c'est un véritable organisme vivant qui respire et qui est mis en scène quotidiennement par ses habitants.

    C'est cette logique qui est introduite dans la loi 98-04, celle du centre historique ou plus génériquement du secteur sauvegardé, avec l'article 41 qui énonce :" Sont érigés en secteur sauvegardés, les ensembles immobiliers urbains ou ruraux tels que les casbahs, médinas, ksours, villages et agglomérations traditionnels caractérisés par leur prédominance de zone d'habitat, et qui, par leur homogénéité et leur unité architecturale, artistique ou traditionnel de nature à justifier la protection, la restauration, la réhabilitation et la mise en valeur".  

    La Casbah d'Alger vient justement d'être érigée en secteur sauvegardé, dans la perspective de réappropriation et de revivification du patrimoine culturel.

    « TigreClair de lune sur le Mekong »
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