• https://www.interpol.int/fr/%C3%80-propos-d'INTERPOL/Pr%C3%A9sentation

     

    Historique

     

    1914

    Premier Congrès international de police judiciaire à Monaco. Des policiers, des juristes et des magistrats de 24 pays se réunissent pour débattre des procédures d’arrestation, des techniques d’identification, d’un fichier central international des antécédents judiciaires et des procédures d'extradition.

     

    1923

    Création de la Commission internationale de police criminelle (C.I.P.C.), dont le siège est fixé à Vienne (Autriche), à l’initiative de Johannes Schober, chef de la police de Vienne.

    Publication des premières notices relatives à des personnes recherchées dans la revue Sûreté publique internationale de la Commission.

     

    1926

    L’Assemblée générale, réunie à Berlin, propose que chaque pays mette en place un point de contact central au sein de sa police nationale, ancêtre du Bureau central national (B.C.N.).

     

    1927

    Adoption d’une résolution portant création des B.C.N.

     

    1930

    Des services spécialisés sont créés pour traiter le faux monnayage, les dossiers criminels et les faux passeports.

     

    1932

    À la mort de M. Schober, de nouveaux statuts sont adoptés créant le poste de Secrétaire Général. Le premier Secrétaire Général est le Directeur général de la police autrichienne, Oskar Dressler.

     

    1935

    Mise en service du réseau radio international d’INTERPOL.

     

    1938

    Les Nazis prennent la direction de la C.I.P.C. après avoir destitué le Président Skubl de ses fonctions. La plupart des pays mettent fin à leur participation et la C.I.P.C. cesse d’exister en tant qu’organisation internationale.

     

    1942

    La C.I.P.C. tombe entièrement aux mains des Allemands et s’installe à Berlin.

     

    1946

    La Belgique entreprend la reconstruction de l’Organisation au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Le nouveau siège est établi à Paris, et « INTERPOL » est choisi comme adresse télégraphique. Un mode d’élection démocratique du Président et du Comité exécutif est institué.

    Le système actuel des notices d’INTERPOL – chaque type correspondant à une couleur – est mis en place et les premières notices rouges (relatives à des personnes recherchées) diffusées au niveau international.

     

     

    1949

    Les Nations Unies octroient à INTERPOL le statut consultatif en tant qu’organisation non gouvernementale.

     

    1956

    S’étant dotée d’un statut plus moderne, la C.I.P.C. devient l’Organisation internationale de police criminelle-INTERPOL, et, en abrégé, O.I.P.C.-INTERPOL ou simplement INTERPOL. L’Organisation devient autonome en recueillant des contributions auprès de ses pays membres et en recourant à l’investissement comme principal moyen de subsistance.

     

    1958

    Révision des contributions des pays membres et adoption du règlement financier.

     

    1963

    Première conférence régionale, à Monrovia (Libéria).

     

    1965

    L’Assemblée générale définit des règles de fonctionnement pour les B.C.N.

     

    1971

    Les Nations Unies reconnaissent INTERPOL en tant qu’organisation intergouvernementale.

     

    1972

    Un accord de siège conclu avec la France reconnaît à INTERPOL le statut d’organisation internationale.

     

    1982

    Création d’un organe indépendant chargé de veiller au respect de la réglementation d’INTERPOL relative à la protection des données. Cet organe deviendra la Commission de contrôle des fichiers d’INTERPOL en 2003

     

    1989

    Le Secrétariat général d’INTERPOL est transféré à Lyon (France).

     

    1990

    Déploiement du système de communication X.400, qui permet aux B.C.N.  d’échanger directement des messages électroniques et d’en envoyer au Secrétariat général.

     

    1992

    Mise en service d’un système de recherche automatique pour la consultation à distance des bases de données d’INTERPOL.

     

    1995

    Dans le cadre d’un programme de régionalisation, l’Assemblée générale adopte des directives relatives à la création et au fonctionnement des Bureaux régionaux.

     

    1998

    Création du Système de documentation criminelle d’INTERPOL (ICIS).

     

    2002

    Le système de communication I-24/7, fondé sur les technologies Web, est mis en œuvre, améliorant considérablement l’accès des B.C.N. aux bases de données et services d’INTERPOL. Le Canada est le premier pays à être raccordé au système.

    Lancement de la base de données sur les documents de voyage volés ou perdus.

     

    2003

    Un Centre de commandement et de coordination est mis en place au Secrétariat général, permettant à l’Organisation de fonctionner 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

     

    2004

    Inauguration d’un bureau de liaison d’INTERPOL au siège des Nations Unies à New York, et nomination du premier Représentant spécial.

     

    2005

    Publication des premières Notices spéciales INTERPOL - Nations Unies relatives à des individus faisant l’objet des sanctions imposées par l’ONU à l’encontre d’Al-Qaida et des Taliban.

    Les technologies MIND et FIND permettent aux agents de première ligne de se connecter directement aux systèmes d’INTERPOL.

     

    2009

    Ouverture officielle du Bureau du Représentant spécial d’INTERPOL auprès de l’Union européenne, à Bruxelles.

    2015

    Official inauguration of the INTERPOL Global Complex for Innovation in Singapore. It works to combat cybercrime and help police around the world address emerging threats through innovation and training

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  • Mehmet II le Conquérant (1432-1481)

    Par Tatiana Pignon

    Connu dans le monde entier pour avoir été le sultan de la conquête de Constantinople, (Istanbul) événement si bouleversant qu’il est traditionnellement choisi pour marquer le début des Temps Modernes, Mehmet II n’y parvint pas par hasard. Si l’Occident du quinzième siècle le considère comme « la Terreur de l’Europe » et craint sa puissance, et si les Turcs le vénèrent au contraire comme le plus grand sultan qu’ait connu l’Empire ottoman, c’est bien parce qu’il fut un dirigeant hors pair, aux compétences militaires et stratégiques brillantes, mais aussi un grand protecteur des arts et un réorganisateur bienvenu de l’organisation ottomane. Monté sur le trône très tôt, à l’âge de douze ans, Mehmet doit gérer un Empire en crise, confronté notamment à une nouvelle croisade lancée par le roi de Hongrie. C’est à la fois par le développement de la force militaire impériale et par une habileté diplomatique non moins efficace que Mehmet II parvient ensuite à lancer ses grandes expéditions, dont la première aboutit à la chute de Constantinople et, avec elle, de l’Empire byzantin, dernière force chrétienne en Orient. Il ne cessera dès lors d’étendre ses conquêtes, assurant pour longtemps la solidité de ce qui devient alors le cœur de l’Empire ottoman, à savoir l’Anatolie et les Balkans – tout en réorganisant l’administration de l’Empire et en favorisant son rayonnement artistique et culturel.

    Une accession au trône précoce et mouvementée

    Fils du sultan Murad II (1404-1451), Mehmet II est né le 30 mars 1432 à Édirne [1], en Thrace, qui était alors la capitale de l’Empire ottoman. Devenu gouverneur d’Amasya – ville natale de son père – à l’âge de onze ans, selon la coutume ottomane qui considérait cette promotion comme une préparation à la charge héréditaire de sultan, Mehmet dispose également d’un grand nombre de professeurs qui lui dispensent un enseignement approfondi, notamment en matière de sciences religieuses. De cette formation, il conservera deux éléments principaux : un grand attachement à la charia ou loi islamique, d’une part, et de l’autre, la notion de jihâd ou guerre sainte, qui signifie très vite pour lui la guerre contre l’Empire byzantin, dernière puissance chrétienne d’Orient. La même année de son envoi à Amasya, en 1444, son père abdique en sa faveur, probablement en raison de son grand chagrin face à la mort de son fils préféré, Aladdin, et se retire en Anatolie pour y mener une vie contemplative. À douze ans, le jeune Mehmet se retrouve donc à la tête d’un Empire très vite mis en danger : en effet, profitant de la jeunesse et de l’inexpérience supposée du nouveau sultan, le roi de Hongrie, Ulaszlo Ier, rompt la paix dite « de Szeged » conclue en août 1444 avec Murad II et lance, avec l’appui du pape de Rome, une nouvelle croisade contre l’Empire ottoman. Lorsque les armées chrétiennes traversent le Danube et viennent assiéger Varna (ville de Bulgarie sous la coupe ottomane), Mehmet demande à son père de reprendre le pouvoir, et, face à son refus, use de son autorité de sultan pour lui ordonner de venir commander les armées, ce qui lui permet d’emporter la victoire à la bataille de Varna, en novembre 1444. À la suite de cet épisode, une révolte des janissaires [2] encouragée par le grand vizir de l’époque, Çandarlı Halil Pacha, grand rival du précepteur de Mehmet et donc opposé à son pouvoir, ramène Murad II sur le trône en 1446, tandis que Mehmet se retire à Amasya. Ce n’est qu’à la mort de son père en 1451 qu’il accède définitivement au pouvoir, à l’âge de dix-neuf ans.

    Mehmet le Conquérant et l’expansion d’un Empire intercontinental

    À ce moment, Mehmet II est un jeune homme accompli, formé à l’art de la guerre aussi bien qu’aux sciences religieuses et de l’esprit. Son père ayant vaincu les principaux ennemis immédiats de l’Empire ottoman, les Hongrois à l’Ouest et les Karamanides [3] à l’Est, c’est vers l’Empire byzantin que se tourne Mehmet, qui conserve présente à l’esprit la théorie de la guerre sainte à mener contre les infidèles et pour la gloire de l’islam. Son but affiché est dès l’abord Constantinople, qui, malgré plusieurs tentatives de la part des pouvoirs islamiques (en 674-678, en 717-718, puis en 1395 et en 1422), n’avait jamais pu être prise aux Byzantins. Dans cette optique, il s’emploie à renforcer l’armée et d’abord la marine ottomane, et passe des accords avec la Hongrie et la République de Venise afin de s’assurer de leur neutralité ; en 1452, il fait construire la forteresse de Rumeli Hisarı sur la rive européenne du Bosphore, qui vient compléter celle d’Anadolu Hisarı construite à la fin du XIVe siècle par Bayezid Ier et lui assure le contrôle absolu du Bosphore. Il développe enfin la puissance de frappe de son armée, en construisant une flotte de 31 galères ainsi que des canons particulièrement performants pour l’époque. Au terme de ces deux ans de préparatifs, Mehmet II commence le siège de Constantinople le 6 avril 1453 en tant que commandant en chef des armées ottomanes, et prend la ville en moins de deux mois, faisant par la même occasion tomber un Empire byzantin déjà largement affaibli ; dès lors, il lance des travaux de restauration de grande ampleur, pour en faire sa capitale sous le nom nouveau d’Istanbul, marquant la rupture avec l’époque byzantine.

    Si la chute de Constantinople, qui date la fin du plus grand empire chrétien jusqu’alors existant – présent en Orient depuis quinze siècles – est un véritable traumatisme en Europe, Mehmet II ne s’arrête pas là et, fort de cette réussite, étend de plus en plus les frontières ottomanes. Digne de son surnom de « Fatih », « le Conquérant », il s’assure le contrôle de la Serbie en 1459, de Lesbos en 1462, de la Bosnie l’année suivante, de l’Albanie en 1479 et enfin de la Moldavie, ainsi que des comptoirs commerciaux génois de la mer Égée – notamment celle de Galata, qui donne son nom à un quartier d’Istanbul ; il lance également plusieurs expéditions en Hongrie, en Valachie, à Rhodes et jusqu’à la ville d’Italie du Sud d’Otrante en 1480. À l’Est, il assure pour longtemps la domination ottomane sur une Anatolie réunifiée en vainquant d’abord l’Empire de Trébizonde, dernier vestige de l’Empire Romain d’Orient, en 1461, puis le chef des Moutons Blancs Turcomans [4], Uzun Hasan, en 1473, et enfin les Karamanides en 1474. C’est d’ailleurs en Anatolie qu’il meurt empoisonné, en 1481.

    Un « sultan éclairé »

    Outre ses fameuses conquêtes militaires, Mehmet II fut aussi un sultan éclairé, grand bâtisseur, administrateur et promoteur des arts. Dès sa prise de Constantinople, il lance des travaux de restauration de grande ampleur, transformant notamment la cathédrale Sainte-Sophie en mosquée et établissant un don régulier de 14 000 ducats par an pour son entretien. De plus, ayant agrandi la ville par ses conquêtes sur les Grecs et les Génois, il impulse une politique de repopulation de la cité : il rend ainsi leurs habitations aux commerçants grecs et génois de Galata et garantit leur sécurité, tandis que des musulmans et des chrétiens des régions environnantes sont forcés de s’installer dans la nouvelle Istanbul ottomane. Dès 1454, pour attirer les populations et faire de sa capitale une ville cosmopolite, il rétablit à Istanbul le patriarche de l’Église grecque-orthodoxe, nomme un grand rabbin et installe également un patriarche arménien ; c’est lui qui instaure les millet, ces trois communautés confessionnelles (grecque-orthodoxe ou « rûm », juive, et arménienne) officiellement reconnues et disposant, en échange d’obligations sérieuses, de la protection de l’État et du droit de pratiquer leur culte librement. Il demande même au patriarche de Constantinople de rédiger un exposé de la foi chrétienne qu’il fait traduire en turc, et émet en 1463 un firman (décret) garantissant aux Franciscains bosniens une complète liberté de religion et de mouvement au sein de l’Empire. Il assure également le développement économique d’Istanbul en fondant des commerces dans les principaux quartiers. À la cour ottomane sont aussi amenés des érudits grecs, des humanistes italiens, des poètes, des artistes d’horizons divers – la décoration de son palais est ainsi confiée au Vénitien Gentile Bellini à qui il commande également un portrait, et il y installe une immense bibliothèque ; la plupart des œuvres littéraires de l’époque étant écrites en latin ou en grec, il en fait traduire un certain nombre en turc, et encourage les mathématiques et l’astronomie aussi bien que la théologie. Il fait aussi construire une grande mosquée – celle qui porte encore aujourd’hui son nom –, érigée entre 1463 et 1470 sur les ruines de l’ancienne Église des Apôtres, où étaient enterrés les empereurs byzantins. Toutes ces politiques sont d’une efficacité remarquable, puisque dès le tournant du XVIe siècle, Istanbul s’impose comme la plus grande ville d’Europe.
    Mehmet II est aussi un grand gestionnaire de l’État, qui réorganise l’administration ottomane et introduit pour la première fois une codification écrite : ces deux textes qu’il rédige, un code organisant la législation civile et pénale et une Constitution, forment le noyau dur de toute la législation ottomane ultérieure. Il s’inspire de l’organisation byzantine pour améliorer l’efficacité de l’administration, et est le premier à introduire le mot « politique » en arabe, sous le terme de « siyâsah » qui signifie aussi « gouvernement ». Enfin, il consolide l’armée en s’appuyant sur le système déjà utilisé par ses prédécesseurs d’enlèvement de jeunes gens dans les provinces conquises, convertis à l’islam et formés à Istanbul pour devenir des soldats ottomans.

    Le sultan Mehmet II est donc bien plus que le seul conquérant de Constantinople ; victorieux en Europe comme en Asie sur de larges territoires, il anéantit bien plus d’une puissance étrangère au cours de son règne et en met plusieurs autres – comme la Hongrie ou les cités italiennes – en péril. Mais il mérite aussi pleinement le titre de « sultan éclairé », non seulement en raison de sa propre éducation, mais parce qu’il parvient à modeler ce vaste territoire en un véritable Empire organisé et efficace. Faisant d’Istanbul la première ville d’Europe, il parvient par une politique habile d’alliances à relancer l’économie ottomane, et est le premier à promouvoir un modèle socio-politique original pour l’Empire ottoman, à travers notamment la création des millet qui garantissent la liberté religieuse sous l’égide du sultan et l’élaboration d’une codification qui servira de repère législatif jusqu’au XIXe siècle au moins.

    Bibliographie :
    - Franz Babinger, Mehmed the Conqueror and His Time, Princeton, Princeton University Press, 1992, 572 pages.
    - Roger Crowley, 1453 : The Holy War for Constantinople and the Clash of Islam and the West, Hyperion, 2006, 336 pages.
    - John Freely, The Grand Turk : Sultan Mehmet II – Conqueror of Constantinople and Master of an Empire, Overlook TP, 2010, 265 pages.
    - Jason Goodwin, Lords of the Horizons : A History of the Ottoman Empire, Picador, 2003, 368 pages.
    - Robert Mantran (dir.), Histoire de l’Empire ottoman, Paris, Fayard, 1989, 810 pages.
    - Steven Runciman, The Fall of Constantinople : 1453, Cambridge, Cambridge University Press, 1990, 270 pages.
    - Stanford Jay Staw, Histoire de l’Empire ottoman et de la Turquie, tome 1, Roanne, Éditions Horvath, 1983, 427 pages.

    Notes :

    [1La ville d’Édirne, autrefois Andrinople ou Adrianople, fut fondée par l’empereur romain Hadrien en 125, d’où son nom grec de Hadrianoupolis. Elle devint la capitale de l’Empire ottoman sous le règne de Murad Ier (1326-1389).

    [2Corps de soldats d’élite très puissants, les janissaires sont des esclaves chrétiens recrutés en pays conquis à l’adolescence et envoyés à Istanbul où une solide formation à la fois militaire et religieuse les transforme en Turcs musulmans experts de la guerre. Ils sont à l’origine recrutés pour suppléer au manque de fantassins dans une armée ottomane surtout performante par sa cavalerie, et formeront ensuite la garde personnelle du sultan.

    [3Dynastie de beys d’origine turkmène, les Karamanides tirent leur nom des montagnes du Karamân situées au sud de l’Anatolie centrale, où ils règnent entre 1250 et 1483.

    [4Les Moutons Blancs Turcomans ou Aq Qoyunlu sont une confédération tribale turkmène qui régna sur l’Est de l’Anatolie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Nord de l’Irak et l’Ouest de l’Iran entre la fin du XIVe siècle et 1508.

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  • Le confessionnalisme est un système de gouvernement qui distribue de jure le pouvoir politique d'une façon proportionnelle entre différentes communautés religieuses. Les postes du gouvernement, ainsi que les sièges des institutions législatives, sont distribués d'une façon assez proportionnelle, par rapport au poids démographique de chaque confession dans la population totale.

    Aujourd'hui, ce système prédomine au Liban (ainsi qu'en Irak depuis 2004), avec qui il est d'ailleurs la plupart du temps associé1

    Les partisans de ce système politique avancent que c'est une bonne manière de maintenir la paix entre différentes communautés religieuses, en leur offrant à chacune un pouvoir proportionnel à leur importance démographique.

     

    Cependant, les critiques argüent qu'un tel système ne peut, au long terme, qu'entrainer dans le conflit les différentes communautés. En effet, ils avancent le fait que le groupe qui va avoir le plus de pouvoir politique, va être enclin à l'utiliser pour favoriser les membres de son propre groupe. Cela peut même aller jusqu'à l'oppression des groupes les plus faiblement représentés. En outre, du fait de l'évolution constante de la démographie, au long terme, un tel système doit constamment être remis en cause.

     

    Par ailleurs, le confessionnalisme privilégie l'appartenance au groupe religieux au détriment de l'appartenance au pays ou à la nation, qu'il affaiblit.

    Cas libanais

    Dès2 son indépendance en 1943, le Liban a cru bon d'utiliser un système confessionnaliste, afin d'assurer sa stabilité en évitant des troubles entre chrétiens et musulmans, à cette époque un peu moins nombreux que les chrétiens. Ainsi l'État libanais reconnaît-il institutionnellement les confessions religieuses et abandonne-t-il le droit privé et le statut personnel à leurs juridictions respectives.

     

    Mais avec le temps, les critiques faites au confessionnalisme se sont développées. En effet,

     

    • Les chrétiens étaient accusées par les musulmans d'utiliser leur force politique afin de se favoriser économiquement, au détriment des sunnites et surtout des chiites, qui représentent encore la frange la plus pauvre de la population.
    • L'évolution démographique a fait que dès les années 1970, avec une forte émigration chrétienne, l'afflux massif de palestiniens musulmans et un taux de natalité des musulmans plus élevé que celui des chrétiens, la balance démographique des confessions s'est inversée au profit des musulmans, sans que rien change en ce qui concerne la distribution du pouvoir. Ce fut une des raisons de l'explosion du pays en 1975.

    La constitution du Liban évoque la sortie du système confessionnaliste dans son préambule3 : La suppression du confessionnalisme politique constitue un but national essentiel pour la réalisation duquel il est nécessaire d'œuvrer suivant un plan par étapes

    Source : extrait Wikipedia

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  • Mahdi Amil (1936-1987)

    Par Mathilde Rouxel

    Mahdi Amil, intellectuel libanais, fut l’un des penseurs marxistes et des activistes politiques les plus importants de son époque. Il est parfois considéré comme étant l’Antonio Gramsci du monde arabe (1) et influença durablement l’idéologie communiste au Moyen-Orient. Il fut un membre influent du comité central du Parti Communiste libanais et s’engagea toute sa vie aux côtés des minorités opprimées.

    Vie et activité

    Mahdi Amil était un pseudonyme pour Hassan Hamdan. Il s’agissait d’un hommage à la Jabal Amil, une montagne peuplée de chiites située au sud du Liban. Né en 1936 à Harouf, un village proche de Nabatieh dans le sud du Liban, il déménagea, enfant avec sa famille, à Beyrouth. Il alla au lycée Al-Maqasid à Beyrouth, puis poursuivit ses études à Paris dès 1956. Il obtint son doctorat de philosophie à l’université de Lyon (2), alors que se développaient dans le monde arabe tant la pensée nationaliste que le communisme. Hassan Hamdan rejoignit d’ailleurs en France un groupe clandestin de communistes arabes, et prit position contre la France alors que la guerre d’Algérie battait son plein (3). Il devint membre du comité central du Parti Communiste libanais à son retour au Liban en 1960 et en 1963, il décida de partir en Algérie, où lui et son épouse, Évelyne Brun, s’attelèrent à la construction d’un nouvel État indépendant. Il travailla en tant que professeur d’Al-Qusantiniyah et écrivit plusieurs articles pour le magazine algérien « La Révolution africaine » (4), notamment sur Frantz Fanon (5).

    C’est l’agitation politique qui s’emparait du Liban qui incita Hassan Hamdan à rentrer au pays. Le deuxième congrès du Parti Communiste libanais se tint en 1968, sous l’égide de Kamal Joumblatt. La ligne du parti fut alors affirmée, en rupture avec la perception soviétique de la question palestinienne au profit d’une résistance et de la construction d’un mouvement nationaliste arabe. A partir de 1970, les grèves se multiplièrent dans le pays ; on retient surtout aujourd’hui la grève de la faim des travailleurs de l’usine Ghandour en 1972 ou encore la grève menée au sud du Liban par l’union des cultivateurs de tabac. C’est d’ailleurs à ce moment-là, par solidarité, que Hassan Hamdan pris son nom de plume – les montagnes de l’Amil étant des régions plongées dans une misère profonde (6). Durant cette grande grève, celui qui devint Mahdi Amil voyagea de ferme en ferme pour expliquer le marxisme et la lutte des classes.

    La guerre éclata au Liban en 1975. Mahdi Amil était alors professeur au lycée pour filles de Saïda, avant de devenir professeur à l’université libanaise à l’institut des sciences sociales, où il enseignait la philosophie, les sciences politiques et la méthodologie. C’est également à ce moment-là qu’il commença à travailler pour le magazine Al-Tareeq, pour lequel il écrivait sous son nom de plume.

    Mahdi Amil fut assassiné en pleine guerre à Beyrouth, en 1987, par des extrémistes issus de sa communauté (chiite), comme le rappelle Georges Labica dans la préface à l’édition française de son ouvrage principal, L’État confessionnel. Le cas libanais (7). Il fut victime des luttes menées par les islamistes contre les communistes – athées – pendant la guerre civile libanaise. Il avait 51 ans.

    Œuvre phare : L’État confessionnel. Le cas libanais (1986)

    Le confessionnalisme est une question qui se trouve au cœur du travail de Mahdi Amil. Il la pose particulièrement dans son ouvrage L’État confessionnel. Le cas libanais (publié initialement en 1986), bâti sur une démarche althusserienne, discutant l’aspect crucial de la « lutte des classes » dans la dynamique des conflits qui déchiraient son pays dès le milieu des années 1970. Comme l’écrivait en 1997 Georges Corm, Mahdi Amil avec cet ouvrage « a tenté de penser le dépassement du système communautaire, décrit comme un mode libanais d’exploitation du pays par sa bourgeoisie » (8). Mahdi Amil tente en effet dans son étude de donner la signification du confessionnalisme en cette période de déchirement, précisant que, selon lui, le confessionnalisme apparaissait comme une « menace [pour] les libertés religieuses en confirmant le caractère politique des communautés confessionnelles » (9). Obstacle à la conception d’une société unifiée, le confessionnalisme appelle selon l’auteur à être réformé. Il s’oppose, par ces idées, à une certaine branche du marxisme, qui voyait dans le pluralisme politique libanais (président de la république chrétien maronite, Premier ministre sunnite, président de l’assemblée chiite) une réponse au racisme : selon Mahdi Amil, c’est cette conception de confessionnalisme qui a amené aux dangereuses dérives qui menèrent à la guerre civile que l’on connaît. Il refuse pourtant également la désignation par d’autres groupes marxistes des chrétiens comme responsables de la guerre – là encore, il s’agirait d’une analyse confessionnelle que Mahdi Amil rejette, lui-même souhaitant conceptualiser la confession comme rapport politique. En ces termes, la confession ne peut être comparée à la classe, qui entretient avant toute chose un concept économique. Ainsi, écrit-il, « l’analyse de classe n’a pas de préférence pour une confession » (10). Comme le note le chercheur Kais Firro, chez Mahdi Amil, les communautés et les confessions doivent être pensées en dehors du medium de l’État : il appelle donc à la séparation des conceptions religieuses et politiques de l’État confessionnel en place au Liban afin de pouvoir retrouver une lecture marxiste de la société libanaise – la domination économique de la bourgeoisie, et le système politique, idéologique et constitutionnel qui permet à la bourgeoisie de conserver sa domination (11). Cette conception gramscienne d’une lutte contre le régime confessionnel comme point de départ d’une transformation socialiste du Liban, relativement nouvelle et loin des lectures orientalistes de la situation libanaise, a fait tout le succès de cet ouvrage.

    Mahdi Amil écrit également de très nombreux articles et ouvrages critiques de conception marxiste. En 1974, dans Conflit de civilisation arabe ou conflit de bourgeoisie arabe ?, il écrivait ainsi que la Nahda (mouvement de « renaissance » intellectuelle dans le monde arabe à partir des années 1930) avait échoué en raison du fait qu’elle a été construite et guidée par une bourgeoisie ayant pris le pouvoir pendant le colonialisme. Selon lui, une culture d’une nouvelle forme ne pourra naître que d’une révolution prolétarienne. Il entre en débat avec le philosophe Edward Saïd sur la question marxiste dans un ouvrage intitulé Marx et L’orientalisme d’Edward Saïd : intelligence pour l’Ouest et passion pour l’Est ? (1985). Sur une centaine de pages, Amil pointe quelques problèmes dans l’interprétation de la philosophie marxiste par Edward Saïd dans son ouvrage phare. Il lui reproche notamment de définir l’« Ouest » sans prendre en compte les distinctions de classe – et donc de ne pas considérer la perception de l’Orient par les classes paupérisées ou illettrées (12). Ce livre témoigne de l’importance capitale de Mahdi Amil dans le débat intellectuelle de son époque, et dans la pensée marxiste, dont il défend la méthodologie dans chacun de ses écrits.
    Par-delà les essais, Mahdi Amil écrit également deux recueils de poésie en langue arabe, qu’il signe sous son vrai nom, Hassan Hamdan.

    Ses livres, rédigés en langue arabe, sont encore édités et largement diffusés de nos jours. Son influence est encore aujourd’hui considérable – en témoigne le choix des jeunes révolutionnaires tunisiens, en 2011, de représenter son portrait sur les murs de Tunis, comme un hommage aux luttes passées.

    Bibliographie selective (13) :

    - Introduction théorique à l’étude de l’influence du socialisme sur le mouvement national de libération (1972).
    - Conflit de civilisation arabe ou conflit de bourgeoisie arabe ? (1974).
    - Théorie dans la pratique politique : recherche sur les causes de la guerre civile libanaise (1979).
    - Introduction à une critique du confessionnalisme : la cause palestinienne dans l’idéologie de la bourgeoisie libanaise (1980).
    - Marx dans L’Orientalisme d’Edward Saïd : intelligence pour l’Ouest et passion pour l’Est ? (1985).
    - Le processus de l’école de pensée d’Ibn Khaldoun (1985).
    - L’État confessionnel. Le cas libanais (1986).

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