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    L'horloge de La Mecque six fois plus grande que Big Ben

    Publié le 13 avril 2010 par AJIB.fr

    La Mecque va se doter d'une horloge six fois plus grande que Big Ben

    Un hôtel, haut de 817 mètres, en construction près de la Grande mosquée de La Mecque,  sera surmonté d'une horloge six fois plus grande que Big Ben de Londres, ont annoncé mardi ses promoteurs.

    Makkah Clock Royal Tower ouvrira partiellement ses portes fin juin, et son horloge sera mise en service un mois plus tard, en prévision du ramadan, le mois de jeûne musulman, prévu vers le 10 août, a indiqué lors d'une conférence de presse à Dubaï son directeur général, Mohamed al-Arkobi.

    La tour sera la deuxième plus haute tour en construction au monde, après Burj Khalifa (828 m) de Dubaï.

    L'horloge, de 45 m de long et 43 m de large, sera l'icone d'un complexe de sept tours, en construction par le géant immobilier saoudien BinLaden Group et le groupe hôtelier Fairmont pour le compte du gouvernement saoudien, a-t-il ajouté.

    Présentée comme « la plus grande au monde », cette horloge, de fabrication allemande, sera visible à 17 km à la ronde le soir et 11 à 12 km le jour, a-t-il indiqué.

    L'objectif, a-t-il dit, c'est que les quelque 1,5 milliard de musulmans dans le monde se réfèrent désormais à l'Islamic Mean Time (IMT), plus qu'à la Greenwich Mean Time (GMT).

    Selon lui, l'hôtel est formé d'une structure en ciment de 662 mètres, montée d'une partie métallique de 155 m.

    La tour fait partie d'un complexe hôtelier de 3 milliards de dollars, baptisé Abraj al-Bait Towers, et comptant quelque 3.000 chambres et suites, dont la plupart ouvrent sur la Grande mosquée de La Mecque.

    Le complexe sera géré par Fairmont Hotels and Resorts et ses revenus seront versés sur un fond exclusivement consacré au développement et à l'entretien des Lieux saints de l'islam, selon lui.

    Source AFP

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  • La Casbah d'Alger

     Les ruelles étroites, les cafés maures, les odeurs fortes, les bordels, Jean Gabin dans " Pépé le Moko ", la bataille d'Alger... Au-delà des souvenirs exotiques et tragiques de la Casbah, il y a le dernier carré d'une ville corsaire. Tout ce qui reste d'Alger d'avant la conquête française.La Casbah d'Alger suscite des images contrastées, familières ou exotiques, scandaleuses ou tragiques. Ce sont les ruelles étroites aux odeurs fortes, les cafés maures avec leur jasmin et leur basilic, les bordels et Jean Gabin dans le rôle de " Pépé le Moko ", maquereau au grand coeur. C'est la " bataille d'Alger " en 1957, quand les paras du général Massu, pour empêcher les attentats urbains, s'acharnent, par la torture, à découvrir les caches du FLN (Front de libération nationale). La Casbah, qui paraissait impénétrable, fut alors un piège mortel pour Larbi ben Mehidi, Hassiba bent Bouali, Ali la Pointe...

    Mais la Casbah représente aussi un précieux patrimoinearchitectural, car ce quartier est tout ce qui reste de la cité d'avant la conquête française.
    Au reste, le terme de Casbah est impropre. Il ne devrait s'appliquer qu'au château qui domine l'agglomération. Les Français l'ont étendu à toute la ville " mauresque ", qu'ils ont considérablement mutilée. Des cinquante hectares qu'elle occupait, dix-huit seulement sont à peu près préservés. Ils forment le dernier lambeau d'un passé méconnu.
    Ce passé n'est pas très ancien. On peut égrener le chapelet des maîtres d'Alger - Carthaginois, Romains, dynasties berbères ou arabes - peu importe, car la ville a 'été modelée par deux armées : celle des Turcs qui se sont installés en 1529 pour trois siècles, et celle des Français qui sont arrivés en 1830 et partis, comme on sait, en 1962. La Casbah représente donc la ville de 1529 à 1830, entre la citadelle et la mer, largement rebâtie après le tremblement de terre de 1716.
    C'était le temps d'Alger " la blanche ", " la bien gardée ". Un joli coup d'œil : sur un rocher au bord de la mer, une dégringolade de maisons bien chaulées, cerclées d'un rempart rouge qui empêche les coups de main et recèle les prises des corsaires. Pas de faubourgs, mais des forts isolés et, clairsemées dans la verdure, des maisons de campagne. Alger est une ville de proie et elle ressemble, couleurs et lumière en plus, à d'autres ports qui jouent le même rôle, Saint-Malo par exemple.
    A la fin du XVIème siècle et au début du XVIIème, à son apogée, Alger a dû compter cent mille habitants. Pour la cinquantaine d'hectares de la Casbah au sens large, c'est beaucoup, et on comprend qu'elle ait fait l'impression d'une " pomme de pin bien unie " à l'Espagnol Haëdo qui la décrit à cette époque, tassée sur elle-même. L'espace y a toujours été rare. Trop souvent assiégé ou bombardé, 

     

     

    Alger ne courait pas le risque de s'étendre hors de ses murailles. Et agrandir l'enceinte, c'était renoncer à un site défensif excellent. Tout au long de la période turque, Alger était une ville retranchée. Aujourd'hui, les remparts ont disparu, mais la Casbah reste comprimée.

    La vieille ville n'a jamais comporté ni avenues, ni grandes places, ni rues larges et rectilignes. Aucune perspective nulle part mais, au fur et à mesure qu'on s'élève, les maisons jouissent d'une vue splendide sur la mer, qui culmine à la Casbah proprement dite (120 mètres). Coupées de marches, brisées par de nombreux décrochements, les rues sont très étroites (parfois moins d'un mètre, souvent entre deux et trois). Aucune n'est carrossable et tous les transports se font à dos d'homme (des portefaix venus de Laghouat) ou de bourricot. Le promeneur passe souvent sous des planchers ou des voûtes qui transforment certaines rues en tunnels ; ailleurs, l'avancée des étages supérieurs réduit le ciel à une mince bande bleue ; on y gagne en fraîcheur l'été, aujourd'hui encore, rue Sidi Abdallah ou rue de la Mer-Rouge.
    Cette ville, surtout dans sa partie haute, qui est la Casbah d'aujourd'hui, n'est pas faite pour être traversée. Les impasses y sont nombreuses et délimitent des ensembles de petits quartiers clos auxquels un seul passage donne accès ; on le ferme la nuit par une grille, derrière laquelle dort le gardien (originaire de Biskra). Une telle disposition n'est pas propre à la Méditerranée musulmane et on l'observe aussi bien en Sicile, à Syracuse, avec le système des " ronco ". Il suffit que l'un de ces quartiers soit habité exclusivement par des Juifs pour qu'un " mellah " se crée - et, ici comme ailleurs, les gens tendent à se regrouper par affinités religieuses, professionnelles, ethniques.
    A l'époque turque, la zone commerçante, celle des souks, se trouve au pied de la colline, entre Bab el Oued et Bab Azoun ; l'alimentation est dans la partie haute et l'artisanat en contrebas. De là, par la porte de la Marine (Bab el Djihad, " porte de la course "), on descend vers le port. C'est le quartier de la Marine, domaine des cafés, des consulats, des corsaires, et il est un peu moins resserré que le haut de la ville. Devant la résidence du dey, la Djenina, " petit jardin " ou " petit paradis ", une placette a été dégagée et la Djenina elle-même offre à ses hôtes un peu d'espace et de verdure. Les lieux de réunion sont les hammams et les mosquées pour les hommes ; les janissaires se retrouvent aussi dans leurs casernes, notamment celle qui est au bout de la digue du port, avec son café. Quant aux femmes, elles vont parfois au hammam mais surtout, elles ont les terrasses des maisons, qui communiquent souvent entre elles, laissant passage ainsi aux voleurs, voire aux galants...Barberousse
    Au total, les deux éléments essentiels du site d'Alger sont la citadelle (Casbah proprement dite) et le port. Le port est protégé par des îlots, el Djezair en arabe, devenu el Dzeïr d'où Alger. Ils sont aujourd'hui cachés par l'Amirauté. La jetée qui les relie à la terre a été construite par le fondateur de la puissance d'Alger, le grand marin Kheyr ed Din (Barberousse) en 1529. Barberousse a arraché Alger aux Arabes et aux Espagnols, et a imprimé son caractère à la ville. Il vaut donc la peine de s'arrêter un instant sur les circonstances de son arrivée à Alger.
    Au début du XVIe siècle, les Espagnols chrétiens viennent d'achever la Reconquête de leur péninsule (1492, prise de Grenade). Les populations musulmanes refluent vers l'Afrique du Nord. Ces Maures réfugiés lancent des expéditions de pillage depuis la côte africaine contre leur pays perdu. En représailles, les Espagnols débarquent à leur tour en Afrique. En 1511, le souverain arabe d'Alger est obligé de les laisser s'installer sur l'îlot qui commande le port ; ils y bâtissent une forteresse, le Peñon.&

     

     

    Comment chasser les Espagnols du Peñon ? Le maître d'Alger se tourne vers deux frères, Aroudj, l'aîné, et Kheyr ed Din, dit Barberousse. Ce sont les fils d'un potier de Mytilène, île grecque de la mer Égée conquise par les Ottomans à la fin du XVè siècle. Ils ont embrassé la profession de corsaire et ont fini par s'installer à Jijel (Djidjelli) en 1515, puis à Cherchel.
    En 1516, Aroudj répond à l'appel du souverain d'Alger. Il commence par lui prendre sa ville et l'étrangle peu après dans son bain.                                                                

                    Il de bat ensuite contre le sultan de Tunis, contre celui de Tlemcen, contre les Espagnols qui le tuent en 1518. L'année suivante, son frère Kheyr ed Din, après avoir repoussé un nouvel assaut des Espagnols, est vaincu par le souverain de Tunis et se replie vers Djidjelli. Il reconstitue ses forces grâce à la " course ", revient à Alger et arrache le Peñon aux Espagnols en 1529. C'est la conquête définitive.

     Aussitôt, il utilise la main-d'oeuvre des prisonniers pour démolir la forteresse et construire avec ses pierres un môle long de deux cents mètres, qui relie les îles à la terre ferme. Alger dispose désormais d'un port, étroit mais assez sûr.

      Les Espagnols restent une menace. De plus, en 1530 l'empereur Charles Quint installe à Malte, entre Tunisie et Sicile, à la charnière des deux grands bassins de la Méditerranée, les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem que les Turcs avaient délogés de Rhodes huit ans plus tôt. Le port de Malte, La Valette, sera, jusqu'à la Révolution française, un grand centre de piraterie chrétienne, le rival actif d'Alger. Mais, dès 1518, Barberousse avait fait hommage de sa conquête au sultan d'Istanbul. En 1533, ce dernier, qui est alors Soliman le Magnifique, le nomme grand amiral de la flotte ottomane et lui envoie des troupes. Une période brillante s'ouvre pour Alger, réputé imprenable. Charles Quint l'assiège et subit un échec cuisant (1541).

    " De Turc à More "
    La protection ottomane se traduit de manière concrète. Des janissaires envoyés par le sultan tiennent garnison à Alger. La ville est dominée à la fois par ses corsaires et par ses casernes. Elle abrite une société où richesses, honneurs, pouvoirs, sûretés sont associés et distribués de manière complètement différente de celle qui nous est familière.
    Qui sont les Algérois ? Au sommet de la hiérarchie, des étrangers, les janissaires. Ils viennent de Roumélie (Balkans), d'Albanie, de Morée (Péloponnèse) et surtout d'Anatolie. Les Maures appellent avec mépris ces paysans placides les " boeufs d'Anatolie ". Au XVIè siècle, ils sont recrutés par une levée autoritaire (devchirmè) d'enfants chrétiens convertis à l'Islam et éduqués manu militari. Plus tard, ce système tombe en désuétude, le corps s'ouvre aux Turcs de naissance, la discipline se relâche. Mais à Alger, les janissaires restent les maîtres de la ville et nul ne se risque à les offenser ouvertement. Cervantès, qui fut captif à Alger de 1574 à 1580, le dit dans Don Quichotte :
                                        "

    Les Mores ont une peur générale et presque naturelle des Turcs, surtout des soldats de cette nation, qui sont si insolents et exercent un tel empire sur les Mores leurs sujets qu'ils les traitent plus mal que s'ils étaient leurs esclaves. "
    Les janissaires vivent de leur paie, qui croît régulièrement avec les années, et surtout de multiples " affaires ". Ils tournent ainsi l'interdiction d'exercer un métier et, depuis 1558, peuvent s'associer à la course. Ce sont eux qui désignent un des leurs, le dey, pour gouverner Alger. Ils sont affiliés à l'ordre religieux fort peu orthodoxe des Bektachi et le titre de dey est en fait un titre religieux de cette secte. Astreints en principe au célibat, ils restent attachés à leurs casernes, qu'on appelle " foyers " (odjak) ; certaines subsistent encore, à la lisière de la Casbah.
    A côté des janissaires, le groupe restreint mais puissant des patrons corsaires, les reis. Les reis sont en général d'origine levantine, ou ce sont des renégats, c'est-à-dire des chrétiens convertis à l'Islam. L'un des plus célèbres fut un Calabrais, Ouloudj Ali, " moralement homme de bien ; il traitait avec beaucoup d'humanité ses captifs, dont le nombre s'éleva jusqu'à trois mille " (Cervantès). Un autre est Albanais ; plus tard, il y a un certain Solomon, de Marseille... Alger, à cette époque, exerce un attrait certain. Pour un pêcheur morisque de Valence, pour un paysan sicilien asservi, la liberté est de l'autre côté de la mer, sous le turban. Mais gare à eux s'ils sont repris par les chrétiens ! Souvent ils gardent des rapports avec leur patrie, leur famille, leurs amis, envoient de l'argent et veillent de loin à leurs intérêts " au pays " qui leur est désormais interdit.
    Il est exceptionnel que ces patrons corsaires soient d'origine algéroise. Ce sera pourtant le cas de l'un des derniers et des plus grands, Hamidou, fils d'un tailleur maure nommé Ali, qui avait débuté comme mousse, dans le dernier quart du XVIIIè siècle et fut tué en 1815 dans un combat naval contre une escadre américaine. Les reis " turcs ", de naissance ou par conversion, suivent le rite musulman hanéfite, celui des Turcs d'Anatolie. Cela veut dire qu'ils ont leur mosquée, la Mosquée Neuve (ou " de la Pêcherie "), où ils se retrouvent. On se doute qu'ils ne sont pas toujours des musulmans de stricte observance, en particulier face à l'interdit du vin. C'est dans leur quartier, près du port, que se trouve la " rue

     

    des sept Tavernes "(BASTION 23) .Ils donnent le ton, et les palais (ed dar) qu'ils se font construire sont le modèle de la demeure algéroise.

    Un troisième groupe forme le gros de la population. Ce sont les Maures, qui suivent, eux, le rite malékite commun au Maghreb. Leur mosquée principale est la Grande Mosquée, qui remonte au XIè siècle. On appelle Maures, les Arabes citadins dont une bonne part est venue d'Espagne, surtout après la révolte des Andalous en 1501 et après la grande expulsion de 1609. Ils sont " Andalous " ou " Tagarins ", c'est-à-dire Aragonais et, en 1612, les malheureux qu'on n'a pas voulu accueillir dans la Casbah donnent leur nom à un plateau au-dessus de celle-ci, le plateau des Tagarins. Ces Maures vivent un peu en retrait, dans la partie haute de la ville, mais profitent de la prospérité générale. Ils sont en particulier menuisiers, fontainiers, brodeurs d'habits.
    La présence des janissaires, qui n'ont pas le droit de se marier, ainsi que celle des marins explique l'importance de la prostitution et de la pédérastie, relevée par les observateurs. Certains janissaires épousent cependant des filles maures et en ont des enfants, les Kul oglu (Couloughlis), littéralement " fils d'esclaves ", - les janissaires étant, en effet, les " esclaves " du sultan ottoman. Ces Couloughlis, bien qu'en réalité " fils de maîtres ", ne sont pas vraiment des privilégiés : ils ne peuvent s'inscrire dans un " foyer " de janissaires. Éventuellement, ils vivent des rentes que leur laissent leurs pères et, au bout d'une ou deux générations, ils se fondent à nouveau dans la masse des Maures.

    Seul groupe urbain non musulman, les Juifs connaissent des fortunes très diverses selon les époques et selon leur origine. Tout en bas, les Juifs indigènes, les " porteurs de turban ", sont là de toute antiquité. Puis ceux qui viennent d'Espagne, Majorque (1287), Aragon (1391), Grenade (1492), " porteurs de capuche " ou " de béret ". Enfin, les derniers arrivés, ceux qui viennent de Livourne, port toscan, les El Gourniyan ou Ligournim. Ceux-là s'habillent à l'européenne ; ils sont riches, constituent de grandes familles marchandes - les Busnach, les Bacri -, qui conseillent les derniers deys et sont les intermédiaires du commerce avec l'Europe, donc les auxiliaires des reis tant que dure la course. La fin du régime turc, avant 1830, est une période d'oppression pour l'ensemble de la communauté et de grande richesse pour quelques-uns de ses membres. En 1788, un voyageur allemand signale qu'ils vivent dispersés un peu partout. Après les émeutes de 1805, les Juifs se regroupent, notamment à l'emplacement de la place des Martyrs, ex-place du Gouvernement. La grande synagogue, la Hara, est proche de Bab el Oued.

    Le commerce des captifs

    La ville fait place aussi à des étrangers, les berrani. Ce sont des immigrés, commerçants (bouchers) mozabites, marchands d'huile kabyles, portefaix et veilleurs de nuit " biskri ", Noirs libres qui exercent de petits métiers. On se méfie de certains d'entre eux, notamment des Kabyles dont une bonne part doit dormir hors les murs. Et il faut enfin compter avec les captifs chrétiens amenés par les corsaires (laissons de côté les esclaves noirs). Leur nombre est très variable. Lorsque la course est à son apogée, au tournant du XVIè siècle et du XVIIè, il y aurait à Alger 20 à 25.000 captifs. Le chiffre s'effondre au XVIIIè siècle ; ils sont environ 7.000 en 1749, 2.662 en 1767. Le début du XIXè voit la disparition de la course : 545 captifs en 1801 ; une brève reprise à la faveur des guerres napoléoniennes - ils sont 1.656 en 1813 -, mais, en 1830, les Français ne délivreront que 122 Grecs ou Italiens.
    Cette courbe est celle de la prospérité d'Alger, ville sans artisanat puissant (les bonnets qu'on y fabrique ne sauraient concurrencer ceux de Tunis) et sans relations fructueuses avec l'intérieur du pays. Alger vit du commerce des captifs chrétiens que l'on revend à leur pays d'origine. L'argent des rançons permet aux corsaires de se fournir, dans les mêmes pays chrétiens, en agrès, armes, munitions. Les cargaisons des navires, moins précieuses que les hommes, sont revendues elles aussi, et parfois à des compatriotes de la victime.
    " C'est une chose admirable que la diligence avec laquelle ces messieurs [les corsaires] déshabillent le monde. Mais ce qui me surprit davantage, c'est qu'ils nous mirent à tous le doigt dans un endroit où nous autres femmes nous ne nous laissons mettre d'ordinaire que des canules [...] J'appris bientôt que c'était pour voir si nous n'avions pas caché là quelques diamants : c'est un usage établi de temps immémorial parmi les nations policées qui courent sur mer. J'ai su que messieurs les religieux chevaliers de Malte n'y manquent jamais quand ils prennent des Turcs et des Turques ; c'est une loi du droit des gens à laquelle on n'a jamais dérogé. "
    On dépouille avec soin les prisonniers, et les jolies filles sont réservées aux reis ou aux dignitaires de la ville. Mais les brutalités physiques ne sont pas la règle. L'esclave est une marchandise qu'il ne faut pas abîmer. Une fois à Alger, les captifs sont enfermés pour la nuit dans des prisons qu'on appelle les " bains ", les bagnes. Ceux dont on escompte la rançon prochaine ne sont pas obligés de travailler. " On me mit une chaîne, plutôt en signe de rachat que pour me tenir en esclavage, et je passais ma vie dans ce bagne avec une foule d'hommes de qualité désignés aussi pour le rachat ", dit Cervantès. Ces bagnes sont en réalité des fondouks, des pièces autour d'une cour carrée, avec une seule porte sur l'extérieur. Ils disposent chacun d'une chapelle, car les propriétaires des captifs n'encouragent pas les conversions à l'Islam, qui empêchent le rachat.
    S'il y a supercherie commerciale, les choses se gâtent. En 1606, un janissaire nommé Youssouf avait libéré un prisonnier florentin, contre promesse d'envoyer 2.600 écus d'or de Florence et de faire libérer à son tour quatre prisonniers musulmans. Le Florentin n'a pas tenu parole. En 1624, Youssouf entre en possession d'un compatriote de ce " créancier " doublement infidèle ; il se venge et son malheureux captif séjourne plus de dix-huit mois dans une prison souterraine, enchaîné et plongé dans l'eau.
    Quant aux chrétiens libres, ils sont peu nombreux à Alger. Ce sont les consuls et les religieux venus effectuer les opérations de rachat, ou encore des techniciens, comme l'horloger du dey qui fut un Français de 1769 à 1810. On le voit, il y a beaucoup de disparates sous l'enveloppe " unie " de la pomme de pin dont parle Haedo. Les maisons blanches abritent des modes de vie et des conditions sociales fort éloignés les uns des autres. Hors les murs, il n'y a place que pour les gourbis des plus misérables et pour les maisons de campagne des plus riches.
    Quand ils veulent respirer, les Algérois aisés se rendent, en effet, à leur maison de campagne, dans la vallée de l'oued M'Kacel par exemple, le " Frais vallon " du temps de la colonisation. Des jardins exubérants sont enclos de haies de figuiers de Barbarie ; derrière, poussent orangers, citronniers, cédratiers. Les Maures de Grenade ont planté des vignes ; les Juifs aussi et ils en tirent un vin, paraît-il, de qualité. Ces villas embaumées de roses et de jasmins s'ouvrent sur l'extérieur plus librement que les maisons des villes. Il en subsiste quelques-unes, aujourd'hui noyées dans l'agglomération, à Mustapha (villa du Bardo), à El Biar, à Hydra (villa Peltzer, où est l'ambassade de France).

    Belles maisons de la Casbah
    En ville ou aux champs, le plan des habitations est tracé selon les mêmes principes. Un vestibule, la sqîfa, avec des banquettes de pierre où les visiteurs attendent. Sur un côté, et non pas (en règle générale) en face de l'entrée, une porte donne accès à la cour : on veut éviter une vue directe depuis la rue sur la cour.
    La cour est le centre de la maison ; on y fait souvent la cuisine, sur un brasero en terre, le qanoun, et on y roule le couscous sur de vastes plats en bois de buis. Elle est entourée par une colonnade à arcs outrepassés. A l'étage de cette galerie, les pièces d'habitation, allongées et fraîches, peu spécialisées car le mobilier est léger et se transporte facilement de l'une à l'autre. Au centre de la cour, dans les maisons aisées, un bassin avec jet d'eau ; les colonnes sont souvent ornées ; ce sont parfois des colonnes torses en marbre d'Italie ; le tour des arcs est en plâtre sculpté et les murs sont revêtus de carreaux de faïence, quelquefois importés de Delft, qui entretiennent la fraîcheur. Ces maisons se défendent bien contre le soleil et la chaleur, mais moins bien contre le froid et l'humidité, qui sont pourtant réels à Alger. On monte à l'étage supérieur par des escaliers étroits, aux marches courtes et hautes ; il est plus proprement réservé à la vie privée ; la terrasse joue un rôle important puisqu'on s'y installe les nuits de Ramadan, et qu'on y dort à la belle saison.

    Une telle maison n'a pratiquement pas d'ouvertures sur l'extérieur, et les lucarnes existantes sont protégées par une claire-voie


    La construction fait appel à un mortier spécial, mélange de terre rouge, de sable de carrière et de chaux grasse, et utilise abondamment - pour les plafonds, pour les appuis extérieurs des étages en avancées -, le bois de thuya, très solide et peu putrescible. Pour les parties plus précieuses, les portes, on utilise aussi le bois de cèdre, qui a les mêmes qualités, avec, en plus, un parfum caractéristique. La décoration mêle les éléments locaux ou andalous (plâtre sculpté, bois tourné) à ceux que la richesse des reis permet d'importer d'Europe.
    Enfin, l'eau, amenée par de multiples aqueducs bâtis tout au long de la période turque, distribuée par les fontaines, conservée dans les citernes des particuliers, joue un grand rôle. Elle est indispensable pour les ablutions des musulmans et aide à entretenir la ville et ses maisons.
    Tout change brutalement lorsque les Français arrivent en 1830. Ils contournent la ville, s'installent à Fort l'Empereur au-dessus de la Casbah et obtiennent la reddition de la cité organisée pour résister aux attaques venues de la mer et dont ni les défenses ni l'artillerie n'ont suivi les progrès de la technique militaire européenne.
    Alger conquis, c'est d'abord la désorganisation de la société traditionnelle : le dey s'embarque pour Naples, les janissaires sont expédiés à Smyrne et les clauses de la reddition restent lettre morte. Alger perd toute son administration avec ses anciens maîtres. Les conquérants s'appuient sur les deux groupes restants : les Juifs, qui voient avec enthousiasme leur émancipation, et, dans une moindre mesure, certains Maures. Mais il faut de la place aux nouveaux arrivants. La différence des civilisations en présence interdit la pratique des " billets de logement " pour la troupe, moindre mal en Europe. Les casernes existantes et le domaine beylical ne suffisent pas. L'armée s'empare donc de certaines mosquées et aussi des biens " habous ", ceux dont les propriétaires ont consacré le revenu à l'entretien d'une fondation pieuse (mosquée) ou d'intérêt public (fontaine).
    En réalité, il s'agissait surtout, pour les propriétaires, d'un subterfuge pour prévenir une confiscation de l'héritage par le gouvernement, la famille du fondateur jouissant du surplus, en général coquet, des revenus du domaine consacré. Mais indifférents à ces subtilités juridiques, les Français confisquent les biens " habous " et même les biens vacants ; or un tiers des Maures se serait enfui lors de la conquête.
    En même temps que l'entretien des édifices publics et des fontaines est interrompu, un domaine colonial se constitue aussitôt dans la Casbah. De manière symptomatique, il a pour premier effet de couper la ville arabe de la mer.
    Entre Bab el Oued et Bab Azoun, on détruit les souks. On trace des rues droites et carrossables. Avec les souks, disparaît aussi la belle mosquée de la Dame (es Saïda). Pour lutter contre le soleil qui frappe désormais la chaussée sans obstacle, on borde ces rues d'arcades. En 1832 et en 1835, le choléra ravage le quartier juif ; ses habitants sont déménagés, on rase leur quartier et on y crée la " place de Chartres ". Ces mêmes Juifs s'occidentalisent, d'un pas inégal. Tel qui s'enorgueillit déjà de sa salle à manger Henri II fait encore brandir au mariage de sa fille le drap taché de sang, preuve de la virginité de celle-ci. Les invitées saluent l'apparition de "you-you " enthousiastes, dans la nuit claire d'Alger.
    Les destructions ont lieu à la hâte. Les maisons tombent à la chaîne lorsqu'on en abat une car elles sont solidaires entre elles, et l'administration essaie d'empêcher les abus les plus criants. Lorsque les demeures des Maures ne se sont pas effondrées, elles se retrouvent entourées de maisons à l'européenne, plus hautes, munies de fenêtres d'où l'on a une vue plongeante sur les terrasses et les cours intérieures des musulmans, qui ne peuvent accepter cette situation et déménagent. Leurs anciennes résidences, réoccupées par des chrétiens, sont adaptées à des habitudes différentes et sont défigurées : fenêtres percées dans les murs extérieurs, cours sur lesquelles on jette un toit pour en faire des entrepôts... Au reste, après 1962, nombre de maisons françaises subiront des modifications analogues, mais en sens inverse... Dans les parties hautes de la Casbah, des Kabyles, immigrants du bled, s'entassent dans les anciennes demeures bourgeoises ; on procède à un nouveau découpage des pièces, ledécor se dégrade.
    De 1841 à 1847, une nouvelle enceinte, un peu plus vaste, est construite. L'ancienne est démolie de 1844 à 1846. C'est qu'Alger reste une ville militaire. En 1873 encore, le chef du Génie remarque : " Sur 49.000 habitants, il y a 15.000 étrangers, 10.000 indigènes, 8.000 naturalisés et tout au plus 16.000 Français. " En cas de coup dur, ce serait une " dangereuse illusion " de faire fond sur le patriotisme de, la population. Alger est toujours une ville à tenir, par la troupe française désormais comme par les janissaires auparavant, et la prostitution redouble. Elle est installée dans la rue de la Mer-Rouge et dans la Basse Casbah, rue Barberousse, rue Kataroudjil. Maupassant (La vie errante (1888)), la trouve " innombrable, joyeuse, naïvement hardie " et l'explique par " l'inconscience orientale " (sic). Mais les maisons qu'il évoque, avec leurs salons peints de fresques obscènes, abritaient surtout des prostituées d'origine européenne. Cinquante ans plus tard, on signale au contraire la réserve des prostituées arabes qui ne se déshabillent pas. " Qui n'a pas l'aiguillon rapide du taureau peut s'adresser ailleurs. " (L. Favre, Tout l'inconnu de la Casbah d'Alger, 1933) Les soirs de déprime, " pour se punir ", elles éteignent des cigarettes sur leur bras. Presque toutes portent ces marques à côté de leurs tatouages.
    Enfin, les innombrables petits cireurs de chaussures fournissent les recrues d'une prostitution homosexuelle dont les clients viennent parfois de fort loin. Masturbation dans les cinémas, nuits douteuses dans les bains maures ouverts aux hommes de 6 heures du soir à 10 heures du matin... La prostitution ceinture la Casbah, cette ville surpeuplée où s'entassent 40.000 personnes. Même si elle ne concerne qu'une partie très faible de ses habitants, c'est elle qui donne le ton et elle renvoie une image bien triste de l'ancienne ville des corsaires, quoi qu'en dise Maupassant. Après 1962, le régime s'est attaché à faire disparaître ces symboles de déchéance.
    La déchéance de la Casbah doit pourtant être comparée à celle des vieux quartiers des villes européennes à la même époque. Dans les deux cas, les percées rectilignes répondent à des préoccupations d'ordre et de police. Il s'agit de tenir, ici les ouvriers, là les " indigènes ". L'adaptation de la ville traditionnelle à l'économie capitaliste devait être réalisée, et elle ne pouvait l'être sans dommages pour le tissu ancien. A Paris, le XIXè siècle a vu disparaître à peu près tout ce qui restait de la ville médiévale, à part quelques églises. Et rappelons ce qui est arrivé à Istanbul, aux palais détruits ou défigurés au XIXè siècle, aux grands travaux réalisés dans les années 1950. Certes, le prix payé par Alger a été élevé : la mosquée es Saïda, la mosquée Mezzomorto, les tombeaux des Pachas, entre autres, ont été détruits ; il ne reste que deux bâtiments isolés de la Djenina, la mosquée des Ketchaoua a été refaite, la Casbah a souffert. Mais un changement de maîtres ne va pas sans violences, profanations, spoliations et destructions, comme on l'a vu, de nouveau, après l'indépendance de l'Algérie, en 1962. En 1830, la politique d'installation a finalement été beaucoup plus dure pour les gens que pour les bâtiments dont on a assez vite compris la valeur. Des visiteurs venus de Paris, comme Théophile Gautier ou 

     

    Chassériau, sont intervenus pour défendre ce qui subsistait de la ville arabe. Quelque jugement que l'on porte sur leur goût d'esthète et leur penchant pour un certain exotisme, ils ont contribué à préserver un patrimoine. Au début du XXè siècle devait même apparaître un style pastiche, " arabisant ", dans l'architecture européenne, auquel on doit la Grande Poste d'Alger (1913). Ce même style a parfois été poussé jusqu'à la caricature : ainsi, l'hôtel de ville de Sfax fut flanqué d'un minaret... Après la réaction des années 1930, Le Corbusier puis Fernand Pouillon ont médité les leçons d'architecture données par la ville des corsaires.
    Aujourd'hui, le problème est double. D'une part, il y a beaucoup à restaurer (les casernes de janissaires qui subsistent, les maisons des reis) et les délicats édifices de la Casbah sont difficiles à entretenir puisque les anciennes techniques se perdent et que le bois de thuya n'est plus guère disponible. Les murs revêtus de faïence n'étaient pas faits pour recevoir une plomberie à l'occidentale. Les occupants d'avant 1962 sont allés se relogerdans les quartiers européens, tandis que les nouveaux venus étaient étrangers à la culture urbaine et séculaire qui a présidé à l'aménagement de la Casbah. Maison après maison, il faudrait concilier les exigences d'un minimum de confort moderne et la préservation, ou la restitution, d'un cadre exquis. Entreprise énorme ! Et puis, une fois de plus, que faire de la population ? Certains palais sont devenus des édifices publics. On peut considérer qu'ils sont sauvés et que, s'ils ne sont pas restaurés, ils pourront l'être. Mais si l'on veut conserver l'ensemble de la Haute Casbah, la tâche est redoutable.
    Deuxième problème : comment maintenir en vie un centre historique sans détruire ce qui fait son caractère ? La solution n'a, semble-t-il, pas encore été trouvée. Les Français ont bâti au Maroc des villes nouvelles à côté, ou à une certaine distance, des villes indigènes ; le résultat le plus évident est une espèce de fossilisation de ces dernières. Ce n'est pas non plus maintenir un quartier en vie que d'en faire un centre touristique. Pour entretenir les belles maisons de la Casbah, il faudrait fixer sur place une population assez aisée et consciente de sa culture. La solution au problème passe par le développement de l'Algérie.

    Source :L'HISTOIRE N° 60, Octobre 1983
    Daniel Ferriol

     

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    ÉVOLUTION POLITIQUE ET MILITAIRE (1)

     

     

    L'installation de l'Armée de Libération Nationale à l'extérieur de l'Algérie est due initialement aux besoins en armement des rebelles de l'intérieur. Les bandes rebelles constituent en Tunisie et au Maroc des bases autonomes, plus ou moins inorganisées, rattachées aux wilayas quand cellesci se constituent. Ces bases acheminent vers l'intérieur près de 15 000 armes de guerre de 1956 à 1957 (2). Les succès de l'armée française en Algérie obligent les dirigeants de la rébellion à se replier en juin 1957 à Tunis. où ils s'efforcent d'organiser les unités extérieures et de les engager en Algérie, avec le soutien, et sous le contrôle, des autorités tunisiennes et marocaines. Des batailles meurtrières consacrent l'échec des tentatives de franchir les barrages installés par l'armée française. Cette défaite entraîne une série de crises internes et de complots des militaires contre les politiques. Ce n'est qu'en janvier 1960 que le commandement militaire est unifié et confié au colonel Boumediene, qui forge alors une armée régulière, bien équipée et entraînée, mais impuissante à franchir en force les barrages. Profondément politisée, cette armée de métier est aussi un instrument de conquête du pouvoir.

    Naissance des Bases de l'est et de l'ouest (1955-1956).

     

    Disposant le ler novembre 1954 de moins de 400 armes, les rebelles algériens s'efforcent d'obtenir des armements et des munitions dans les pays arabes. Dès le mois d'octobre, Boudiaf orientait ses recherches vers la Libye et les achats d'armes à l'étranger. Au Caire, Ben Bella, soutenu par les services secrets égyptiens, négocie avec les autres pays arabes et socialistes. Il établit des filières d'agents et de matériels par Tripoli vers Gafsa et par Tanger vers Nador et Oujda ; il envisage même des parachutages. Soi] adjoint Ahmed Mahsas s'installe à Tripoli puis à Tunis (3).

     

    Mais cet approvisionnement est lent à parvenir et les rebelles de l'intérieur sont tentés de se rendre en Tunisie et au Maroc pour y acquérir des ai-mes et de l'argent, soit auprès des rebelles tunisiens et marocains (fellaghas de Salali ben Youssef et Tahar Lassoued, armée de libération marocaine), soit par achat d'armes récupérées sur les belligérants de 1943, qui sont vendues de 13 000 à 20 000 anciens francs en Libye. Une lettre de Ben Bella du 28 novembre 1955 et un rapport de Khider au début de 1956 suggèrent de mises, sur les rebelles tunisiens, contre Bourguiba. C'est dans le but d'obtenir des armes que Mostefa ben Boula:id, chef de la wilaya de l'Aurès, part en Libye pour contacter Ben Bella (4) .

    Des bandes s'installent à cheval sur la frontière tunisienne. Dénommées d'abord wilaya de Sou Ahras, elles deviendront la Base de l'est. Fortes de 150 à 200 hommes à la fin de 1955, elles comptent 1 200 hommes en juillet 1956, dont 80 % sont implantées en Tunisie. En octobre 1956, le 2e bureau d'Alger estime que quatre bases sont constituées à l'est, deux àl'ouest et trois au sud du Maroc (5).

    A partir de 1956, l'armement arabe commence à arriver en Tunisie, entre les mains de Abdelha:i, étudiant originaire de l'Aurès. Un dépôt clandestin est découvert par les Tunisiens. Des clans rivaux de la wilaya 1 se disputent cet armement. "Une comission de contrôle composée de Ait Ahmed, Ahm ed Rouabhia et docteur Nekkache " élimine Abdellaï. Ce changement, selon Messaoud Maadad, ranime les dissensions. Ben Bella provoque alors en août une réunion à Tunis sous la présidence de ses représentants Ali Mahsas et Benaouda. Un compromis sur la répartition des armes est conclu. Cependant l'un des chaouia, Abbes Laghrour, se révolte et une fusillade éclate le 18 septembre dans la banlieue de Tunis. Ces incidents conduisent le président Bourguiba à intervenir. Lors de l'accord du 20 mars 1956 avec la France, il s'était engagé à cesser toute aide aux rebelles algériens. Il fait contacter le FLN et propose l'aide de la Tunisie, à condition que les contacts soient rompus avec Salah ben Youssef. Il accepte que les rebelles algériens, d'un effectif limité à 2300, s'implantent dans une bande de 40 km à l'est de la frontière. Le Service de santé tunisien impose le black-out sur ses activités (6).

    Trois cents armes sont alors acheminées chaque mois sur l'Algérie, et transférées vers la wilaya 1, la base de Souk Ahras et les Sahariens du Souf. A la fin de l'année 1956, Krim Belkacem, qui se trouve encore à Alger, intervient à son tour. Il envoie des troupes de la wilaya 3 (Kabylie) pour éliminer les partisans de Mahsas. C'est désormais Ouamrane, avec le soutien de la Tunisie, qui prend sa place et organise les ravitaillements vers les wilayas 1, 2 et 3. La wilaya de Souk Aliras compte alors 1 600 hommes, organisés en 3 à 4 failek (bataillons) et dispose de 30 FM et 1 300 armes de guerre (7).

    Au Maroc, les responsables du FLN et de la wilaya 5 s'installent en mars 1955 à Nador, où ils bénéficient du soutien de l'ALM. Ils reçoivent de l'armement égyptien débarqué des cargos Dina et Farouk. A l'été 1956, 500 armes par mois sont acheminées de Tanger vers Nador, Oujda et Figuig. La wilaya 5 bénéficie ensuite des armes de l'ALM, à mesure que cette dernière est intégrée dans l'armée royale.

    Le 19 septembre est créée à Oujda une commission FLN qui va mettre en place des cellules dans toutes les villes marocaines. Des hôpitaux et des centres de repos sont créés. Boussouf exerce un commandement dictatorial, qui suscite les critiques de Abane Ramdane. Il prend le contrôle de la wilaya 5, dont le PC reste à Oujda, ravitaille les wilayas 4, 5 et 6, et organise les transmissions et le renseignement, en particulier par les écoutes des réseaux français. Des officiers marocains, avec la bienveillance du prince Moulay Hassan, aident à la mise sur pied des unités de l'ALN (lettre de Hassan récupérée dans les bagages de Ben Bella, lors de sa capture le 22 octobre 1956) (8).

     

    Batailles aux frontières et dissensions internes (1957-1959).

     

     

    Contraint par les opérations de Massu de quitter Alger, Krim Belkacem traverse l'Algérie et constate le 20 mars que le premier convoi venant de Tunisie arrive en Kabylie. Il s'installe à Tunis à la fin de juin 1957 avec le CCE (Comité de coordination extérieur). Une des premières directives du CCE à l'été 1957 fait le point politique et militaire de la situation. "Lu bataille de l'armement est virtuellement gagnée, est-il écrit. Reste le gros problème de l'acheminement. Le CCE consacrera tous ses efforts pour faire parvenir les armes dans les wilayas. " En juillet, le commandant Idir, ancien du 5e RTA, essaie de créer un Front saharien dans la région de Touggourt, mais les méharistes, l'aviation française et les protestations de la Libye l'obligent à se replier (9).

    Chef du département de la Guerre, Krim Belkacem ne prend pas au sérieux les barrages qui sont en cours d'édification en 1957. Au Maroc, les dirigeants de la wilaya 5, qui en 1956 avaient fait arracher les premiers barbelés établis par l'armée française, s'attendaient à ce que la nouvelle ligne soit " similaire à la premièreIls ne savaient pas qu'elle allait présenter un grand danger au moyen de l'électricité, des explosifs et le nombre de fils de fer barbelés, écrit M. Guentari. Ils avaient laissé volontairement l'armée française établir cette ligne afin d'empêcher la population frontalière d'émigrer au Maroc. Cela afin que l'armée de libération ne manquât pas d'approvisionnement, de liaisons et de protection (en Algérie). Le commandement n'avait pas prévu que la zone frontalièire allait être zone interdite, et que la population serait concentrée dans des endroits étroitement surveillés. Même si le commandement de la révolution avait empêché les Français d'établir cette ligne, cela aurait coûté beaucoup de pertes humaines lors desattaques, car ceux qui effectuaient les travaaux etait des prisoniers civils et militaires (10) ".

    Au milieu de l'année 1957, les barrages en construction ne gênent pas encore J'acheminement des armes, dont 1 500 parviennent chaque mois en Algérie. Cependant les délais d'acheminement sont très longs, ils dépassent deux mois pour la wilaya 4. D'autre part, Amirouche, de passage en Tunisie, se plaint que les rebelles de l'Aurès récupèrent au passage l'armement des convois. Ouamrane achète des armes à Tripoli, où le PM vaut $50, ainsi qu'en Yougoslavie et en Allemagne. Boussouf prend contact à Tanger avec le trafiquant G. Puchert. Le PM acheté $40 est revendu $120. L'ALN extérieure continue donc à recevoir une masse d'armements modernes : mitrailleuses antiaériennes, bazookas, mortiers et canons sans recul, désormais livrés par des camions militaires tunisiens, et qui lui permettent de harceler les postes français aux frontières, de monter des embuscades et de tirer sur des avions d'observation (11). Un chantier est attaqué près du Kouif en septembre 1957. 24 avions sont successivement attaqués en janvier 1958. Le Il janvier, deux sections du 23e RI tombent dans une embuscade près de Sakiet-Sidi-Youssef. le 30 janvier, un avion T6 est abattu, ce qui entrocine le 7 février l'intervention des B26 sur Sa iet, et le recours aux bons offices des Anglo-Saxons (12).

     

     

    La Base de l'est, sous la direction de Laskri Amara, passe de 1 400 hommes en mai à 1 750 en décembre 1957, elle reçoit pour mission de ravitailler les wilayas 1, 2 et 3. Les volontaires affluent également dans les unités de Tunisie : 2 000 jeunes Kabyles. . par bandes de 50, se met tent enroute, mais tous n'arrivent pas an port, Lawilava 2 revendique un effectif de 4 000 djoundi stationnés enTunisie. Les bandes restent ainsi rattachées à leur wilaya d'origine, avec leurs chefs régionaux, et leurs personnels en transit. Il n'y a pas de commandement unifié, mais le CCE accorde son soutien à toutes ces bandes. Le budget de l'intendance en Tunisie passe de 5,5 à 50 millions d'anciens francs en 1957. Cette croissance incite les responsables à concevoir la réorganisation de l'armée. Deux thèses s'affrontent : les partisans de la guérilla souhaitent le maintien debandes autonomes, régionalisées. Bentobbal en revanche veut réorganiser l'armée, augmenter encore les effectifs et créer des écoles de cadres. Lecommandant Idir, au cabinet de Krim, propose l'unification du commandement et la formation d'une armée de 160 000 hommes, de 5 000 officiers, et de 16 000 sous-officiers

    Sous la férule de Boussouf et de son adjoint Boumediene, la situation de l'ALN Maroc est moins anarchique. Un commandement centralisé se met en place en juillet 1957, et un PC mixte avec l'ALM fonctionne au nord de Béchar. Prison, tortures et exécutions contribuent à la discipline. Boussouf, après avoir éliminé Abane Ramdane, crée six ateliers d'armement clandestins.Les franchissements restent encore possibles dans la partie sud de la frontière et permettent d'alimenter les wilayas 4, 5 et 6. A la fin de 1957, l'année française doit colmater une dizaine de brèches dans le barrage marocain (14).

    En avril 1958, Krim Belkacem tente d'unifier le commandement militaire. Conseillé par les ex-officiers français, il crée deux comités d'organisation miliaire (COM). Celui de l'ouest est confié à Boumédiene qui a pour adjoint le colonel Saddek, le colonel Lotfi prenant la tête de la wilaya 5. De passage à Tunis, Boumediene se rend compte que les ex-officiers français, qui viennent de déserter, sont mal acceptés par les cadres issus des maquis ou des anciens partis nationalistes. Avec opportunisme, il ernmène au Maroc Zerguini, Chabou et Ben Cherif, auxquels il confie la création et l'organisation des camps d'instruction.

    Le COM Est est attribué à Mohammedi Saïd, dit Naceur, ancien chef de la wilaya 3 et à ce titre responsable du massacre de Melouza. Ses adjoints sont Amouri et Benaouda, tandis que la Base de l'est reste confiéeà Amara dit Bouglez. Mais le COM Est ne parvient pas à unifier ses troupes ; après le bombardement de Sakiet, en février 1958, il lance des opérations de franchissement meurtrières les deux tiers des katibas de la la zone de Souk Ahras, et une grande partie des mintakas 15 et 16, qui sont interceptées par les unités françaises de réserve, et perdent 65 % de leurs moyens.Poursuivie jusqu'en mai, la bataille des frontières se traduit par 2 400 tués, 300 prisonniers, 3 000 armes individuelles et 350 armes collectives saisies.Alors qu'Ouamrane lance un cri d'alarme, et que certains officiers veulent entraver la construction des barrages, les chefs de guerre à l'est et à l'ouest laissent faire. Le colonel Zerguini estime que c'était une grave erreur tactique (15).

    Les difficultés avec les gouvernements tunisiens et marocain.

    Il faut dire que Kriin Belkacem, qui depuis la création du GPRA (9 septembre 1958), est devenu ministre des Forces armées, et Boussouf, le nouveau ministre des Liaisons et Communications, se trouvent confrontés à des rapports conflictuels avec les gouvernements tunisien et marocain, tandis que se développent les mouvements d'insubordination. Lors de la réunion ininistérielle du 3 octobre 1959, Krim déclare que la pression des Tunisiens est sans précédent. Ils Veulent coniaître nos effectifs, savoir ce qu'on mange... Chaque fois qu'on les a informés, les français le savaient aussitôt ...Mahmoud Cherif ajoute que les stocks d' armes sont sous Ia surveillance de la garde nationale tunisiene. 7 000 fussils, 2 000 PM, 10 millions de cartouches n'ont pas été vues ni contrôlées. Bourguiba déclare au GPRA : "Je ne peux pas me payer le luxe de 1aisser sur le territoire tunisien une armée de 15 000 homnes. Et vous ne tenez pas en main votre armée. " Les Tunisiens bloquent en effet l'acheminement des armes, et selon M. Harbi, saisissent 5 070 fusils, 2 037 FM, 20 bazookas, 45 mitrailleuses, 30 mortiers et 10 millions de cartouches. Ils renouvellent ces opérations en décembre 1958, en février et juin 1959, en exigeant, ce qu'ils obtiennent, la déclaration des dépôts, des camps et des effectifs.

    Dans le couloir de Figuig, en juin 1958, l'armée royale marocaine interdit le passage des rebelles en direction des wilayas 4, 5 et 6, et exige que le FLN reconnaisse la souveraineté marocaine sur le Touat, Gouraya et Tidikelt, situés en plein Sahara, à 500 km au sud de Béchar. Ainsi le Maroc et la Tunisie se sont donnés progressivement les moyens d'intervenir dans les affaires algériennes, et d'affirmer leur souveraineté(16).

    Les dissensions internes.

    Les premières dissensions internes avaient opposé les partisans de Ben Bella aux promoteurs du congrès de la Soummam. Elles avaient conduit àl'élimination de Mahsas et Abdelhaï. On sait que les décisions de la Soumman, sous l'impulsion d'Abane Ramdane, avaient consacré la primauté de l'intérieur sur l'extérieur et du politique sur le militaire, et négligé les bases islamiques du nationalisme algérien. Au i-ejet de ces conclusions par une partie des wilayas 1 et 2 s'couraient les oppositions traditionnelles entre l'Aurès, les Nenientcha et les Kabylie, le conflit entre bourguibistes-conciliateurs et nassériends-radicaux, et la compétition pour la possession des armements. On peut y voir aujourd'hui les prémisses de la lutte pour le pouvoir.

    Au Maroc, des pétitions circulent, condamnant la direction arbitraire de Boussouf-Boumediene. A l'automne 1958, le colonel Lamouri, commandant Lakhal, soutenus par le clan radical de la wilaya sent un putsch visant au renversement du GPRA et à la pér unités frontalières en Algérie. Ayant découvert le complot, les 3 B (Belkaceni, Boussouf, Bentobbal) font appel à Bourguiba qui fait encercler les insurgés par sa garde nationale. En novembre, un tribunal présidé par Boumediene prononce quatre condamnations à mort et la détention de nombrelix officiers,

    Du 6 au 12 décembre 1958, quatre chefs de wilayas se réunissent (la wilaya 5 est absente, et la wilaya 2 est présente sans participer) et font un bilan négatif de l'action ci[i GPRA "jugé incapable deremplir sa mission de ravitailleur en armes "Ils décident 11, que " un des colonels devrait pénetrer enTunisie, rassembler tous les contingents et lancer,et lancer une offensive générale sur le barrage, tandis qu'un second colonel attaquerait simultanément de l'intérieur ". La mort au combat d'Amirouche et Haoues (28 mars 1959) fit échouer ce projet (17).

    Au début de 1959, Mohammedi Saïd est rejeté par la Base de l'est, où il voulait s'installer. Le 21 mars, Ali Hambli, avec ses 150 djoundi, se rallie au 3e Régiment de Ilussards -, il accuse les responsables politiques de vivre dans le luxe alors queles.forceurs de barrage endurent les pires souffrances. Les chefs militaires, réunis pendant l'été 1959, refusent la présence du triumvirat Krim - Boussouf - Bentobbal et mettent Belkacem Krim en minorité. D'anciens officiers français complotent alors pour kidnapper trois colonels dont Boumediene (18).

    Le tableau suivant fait le point de l'armement, rebelle passé à travers les barrages

    Pendant le même été, l'insubordination se répand dans les bataillons de les barrages deTunisie, qui perdent cinq à six déserteurs par jour. Par compagnies entières,les soldats abandonnent leur casernement. L'édification de la ligne Challe 400 qui double le barrage principal crée un no man's land de 30 km. zone interdite où les djoundi ne trouvent ni relais ni refuge. La psychose des cadavres suspendus aux barbelés éléctrifiés ainplifie la baisse du moral. Lors d'une visite à Ghardimaou fin 1959. Krim Belkacem est hué aux cris de " vive la paix, de Gaulle". Le capitaine Boutella est rejeté par les cadres du 5ebataillon (19).

    quelques bilans en 1958-1959.

    Pendant tous ces mois, les unités de l'ALN ne sont pas restées inactives. On peut observer les actions suivantes

    - le 26 février 1958, une unité de " passeurs " réussit un franchissement à Dar Zerouk

    - dans la nuit du 13 au 14 juillet 1958, trois bataillons lancent une attaque massive contre le poste d'Aïn Zana

    - le 24 août 1958, Krim prescrit de " mettre tous les moyens pour attaquer les frontières " ;

    - en novembre 1958, un ordre d'attaque massive de Krim Belkacem se réduit à l'est à des tirs de mortier, tandisqu'à l'ouest, 1 400 hommes dont 800 moussebline lancent une attaque généralisée entre Sidi Aissa et la mer

    - en décembre 1958, deux katibas devant aller réduire la rébellion d'Adjoul Adjoul dans l'Aurès, se brisent sur le barrage près de Tébessa ;

    - en février 1959, franchissement réussi de 300 à 400 hommes;

    - les 22-24 juin 1959, franchissement de 54 djoundi qui sont anéatitis à 10 km au sud-est de Bône (20)

    - le 13 juillet 1959, embuscade meurtrière pour les Français à Ich

    - en novembre et décembre 1959, les opérations Didouche et Amirouche lancées par Krim Belkacem confirment l'imperi-néabilité des barrages, sur 2 500 soldats d' lite engagés, 800 atteignent le bai-rage et 15 le franchissent

    Le tableau suivant fait le point de l'armement, rebelle passé à travers les barrages

    Un calcul théorique montre que ce bilan serait sous-estimé de moitié. Diverses tactiques de franchissement ont en effet été expérimentées : les coupures du fil électrifié et les passages en un seul point étant détectés, on a essayé en avril 1958 de saturer la défense française en multipliant les points de passage. Ahmed Draia propose en août d'effectuer de larges brèches au moyen d'armes lourdes et de bengalores, tactique qui échoue en septembre octobre 1958, mais qui est reprise avec de gros moyens en août 1959, lors des opérations Zirout, Didouche et Amirouche.

     

    De l'ALN à l'Armée Nationale Populaire.

     

     

    Les sept colonels qui se réunissent pendant 110 jours à partir de juillet 1959 créent une commission militaire composée de Boussouf, Boumediene, Mohamedi et le commandant Slimane, chargée de repenser la stratégie de l'ALN. Du 31 août au 3 septembre, cette commission définit sept buts stratégiques, comprenant en particulier : la destruction des barrages, la création de bases à l'intérieur et l'implantation au Sahara. Les sept proposent également une nouvelle composition du CNRA, oÙ les militaires rentrent en majorité. Du 18 décembre 1959 au 18 janvier 1960, le nouveau CNRA décide de créer un État-Major Général (EMG) confié à Boumediene. C'est un revers pour Krim, qui devient ministre des Affaires étrangères et membre du Comité Interministériel de Guerre (CIG), aux côtés de Boussouf et Bentobbal. Cherif Mahmoud est soupçonné de trahison. Madani remplace le capitaine Bencherif au commandement des frontières (22).

    Le CNRA approuve à son tour la reprise des actions aux frontières et le retour des officiers supérieurs en Algérie. Les commandants Zbiri et Souhahi réussissent le franchissement, alors que le colonel Lotfi, les commandants M'Barek et Rejaï y trouvent la mort. Quatre officiers abandorment ce projet. Quant à l'EMG, il " renonce aux franchissements en force, qui se sont révélés coûteux en hommes, inefficaces et démoralisants. Le but est de fixer le maximum de troupes françaises sur les frontières par des harcèlements rapides mais violents, combinant l'utilisation de l'artillerie lourde et des fantassins ".Les blindés qui effectuent la " herse " seront également attaqués, ainsi que les avions. Deux commandements subordonnés sont institués en Tunisie : la zone d'opérations Nord dirigée par Bensalem, Chadli et Abdelghani ; la zone Sud confiée à Salah Soufi, Saïd Abid et Mohamed Alleg (23).

    Prenant la suite de Krim, Boumediene sait utiliser les compétences des anciens officiers français : Boutella, Zerguini, Hoffmann et Chabou. Ces officiers professionnels sont affectés au Bureau technique de l'EMG, d'autres sont en place à la Direction de l'Armement et dans les centres d'instruction, alors que Boumediene conserve comme adjoints directs ses fidèles : Mendjeli, Kaïd Ahmed et Azzedine. Accompagné de ses adjoints techniques il inspecte en février-mars 1960 toutes les unités frontalières, du nord au sud, désigne les commandants d'unité et fixe les dotations d'armement et de matériel (24).

    " Lentement mais sûrement, l'ALN extérieure perd son caractère initial de armée de partisans et évolue vers une armée cIassique. Composée de 23 000 hommes dont 8 000 au Maroc, elle dispose de tous les services :

     

    intendance, génie, sécurité militaire, transmissions, centre de transit et d'instruction, parc automobile, commissariat politique, etc. La surveillance de la Marine française empêche un approvisionnement en armes lourdes de l'ALN aux frontières marocaines. Aussi les unités cantonnées aux frontières tunisiennes sont l'objet de soins particuliers... Elles sont, avant l'heure, l'embryon de l'État futur et donneront à la future armée nationale populaire (ANP) la quasi-totalité de ses chefs. Aux,ft-ontièi-es tunisiennes, l'armée comprend 21 bataillons, 5 compagnies lourdes d'appui avec canons sans reculet 4 groupes autonomes de mortiers de 106 mm (25). " Fin 1962, elle recevra des canons de 85 mm.

    Des centaines de combattants et d'officiers planqués dans les villes sont renvoyés aux frontières. Les officiers emprisonnés sont libérés et retrouvent leurs unités d'origine, à la satisfaction de leurs soldats. "La discipline ne repose plus sur le libre consentement des combattants, mais sur la contrainte. Désormais les déserteurs seront punis de la peine de mort, au même titre que les homosexuels. La condition des combattants s'améliore, la strcite définition des rations alimentaires et le contrôle strict sur l'intendance met un terme au trafïc qui a enrichi plusieurs officiers. La gestion financière devient plus rigoureuse. En deux ans, l'état-major réalise de grandes économies.

     

    " L'analyse de l'encadrement à l'est permet de distinguer quatre figures de combattants : les officiers issus du mouvement nationaliste... ; les chefs partisans...; les militaires professionnels...; les jeunes officiers formés dans les académies arabes... Ces de catégories sont très marquées par le nationalisme et par le fanonisme (25) " [doctrine populiste et socialiste de Franz Fanon, s'appuyant sur la paysannerie].

    Ces efforts de réorganisation ne mettent pas l'ALN extérieure à l'abri des actions ennemies. Au début de 1960, la wilaya 5 perd 27 postes radios sur 30, que les services d'écoutes français suivaient depuis le Maroc. En octobre, une opération d'intoxication incite l'ALN de Tunisie à replier ses unités les plus avancées (26).

    Les armements destinés à l'ALN s'accuniulet t ainsi en Tunisie et dans les pays arabes. Un mémorandum français les estime en février 1960 à8 000 armes en Tunisie, plus 10 000 en stock, 1 000 au Maroc, 8 000 en Libye et 35 000 au Moyen-Orient (27). Le nombre d'an-nes acheminées en Algérie diminue fortement en 1960, et remonte en 1961. Mais les katibas de l'intérieur, contraintes à une tactique de guérilla, disparaissent peu à peu, et l'armement collectif (mortiers, LRAC, mitrailleuses) doit être stocké.

     

     

    L'état-major de l'ouest, jumelé à Oujda avec le commandement de la wilaya 5, achemine vers Figuig les groupes de djoundi qui transitent par le camp de Khemisset ou qui sont instruits au camp de Larache. Des dépôts d'armes sont implantés à Casablanca, Kenitra, Souk el Thata, des ateliers -d'armement près de Tiflet et Souissi, les directions de l'Armement et des Finances à l'ambassade de Rabat. Les colonels marocains Ben Miloudi et Ben Hamou contribuent au ravitaillement de l'ALN. Le 31 mai 1960, un protocole est signé par le prince Moulay Hassan et Ferhat Abbas. Le prince y réitère " sa vonlonté decontinuer à apporter au gouvernement d'Alger (sic) son appui constant et son aide matérielle...et à neutraliser les entreprises de la France au Maroc, ". En contrepartie, le GPRA s'engage "à ne rien entreprendre au Maroc qui puisse troubler l'ordre public ". Les articles de ce protocole précisent les modalités d'arrestation des Algériens délinquants et des déserteurs de l'armée française et de l'ALN, d'internement des opposants dans des centres de rééducation civique, d'élimination des agents des réseaux de renseignement français. de contrôle des Algériens aux frontières, et d'information du Maroc sur l'importation et l'acheminement des armes (28) En novembre 1960, Boumediene vient au Maroc procéder à la réorganisation des unités, comme il l'avait fait en Tunisie.

    C'est à l'été 1960 que les dirigeants algériens se préoccupent de réaliser l'objectif de destruction des barrages. Ils consultent à cet effet des experts soviétiques, chinois, yougoslaves et indonésiens. URSS et Chine proposent de former des spécialistes et, pour une durée limitée. de fournir des conseillers. Un projet égyptien envisage une attaque avec 6 000 hommes fortement encadrés par des officiers dont 30 ont reçu une formation spécialisec. Une expérimentation est même conduite en Chine, qui démontre qu'il faut des avions, de l'artillerie lourde et des effectifs importants. Or les pays du Maghreb refusent l'utilisation de leurs a rodromes, et contrôlent l'artillerie lourde (29).

    L'augmentation des effectifs est en cours de réalisation par incorporalion d'Algériens et de réfu iés résidant en Tunisie, au Maroc ou en France, qui ont été recensés et sont contrôlés par les cellules du FLN (-30). Selon M. Zerguini, on s'efforce de compléter le recrutement, rural à l'origine, paldes étudiants que l'on envoie se former au Moyen-Orient. Cependant, le gouvernement marocain s'oppose au recrutement d'Algériens servant dans son administration, et beaucoup d'Algériens résidents ne sont pas volontaires pour s'engager dans l'ALN. C'est alors que surgit l'idée de faire appel àdes volontaires internationaux. De sa prison, Aït Ahmed y voit la seule façon de détruire les barrages. mais la création d une brigade africaine se lielirte au refus de Bourguiba, et en août, la Ligue arabe réunie à Clitaura fait la même réponse négative (31).

    Les efforts d'organisation poursuivis avec persévérance par l'EMCi ii'enipêchent pas les querelles internes de se développer. Au Mai-oc, le colonel Ben Boulïiid échappe à un attentat. Le capitaine ZoLiibir quitte Tlemcen et avec une centaine de djoundi entre en dissidence contre la wilaya 5 : il attaque en janvier 1960 un détachement de L'ALN à la frontière, avant (l'être cerné, puis condamné à mort par un tribunal présidé pai- Boumediene. Le lieutenant Hamidi, fait prisonnier en mai lors d'une tentative (le franchissement près d'Ain Séfra, estime qu'il a été trahi. Le capitaine Moussa est l'auteur en septembre d'une nouvelle conjuration. Enfin, le colonel marccain Ben Miloud, en public, accuse les chefs du FLN de lâchet(,,. Les Marocains interrompent alors leur ravitaillement (32).

    Tandis que l'armée tunisienne s'oppose par la force aux infiltrations vers le sud, l'ALN de Tunisie n'est pas à l'abri des dissensions et des manifestations d'indiscipline. Les désertions d'un bataillon à l'autre et les absences irrégulières obligent Boumediene à menacer de réagir. Le 5 janvier 1962, le commandant Salah Smahli, accusé de détouniemeiit de fonds, est exécuté. Mais la principale opposition est celle de l'EMG contre le GPRA et le CIG. En août 1960, Ferhat Abbas dresse nu constat alarmiste de la fracture entre les maquis et le FLN extérieur. Au début de 1961, il se rend à deux reprises à Ghardimaou pour faire la leçon à Boumediene. Leur différend concerne la passivité de l'ALN, et surtout le commandement des wilayas, que le GPRA veut conserver, alors que l'EMG le revendique (33)

    L'état-major de l'ouest, jumelé à Oujda avec le commandement de la wilaya 5 achemine vers Figuig les groupes de djoundi qui transitent par le camp de Khemisset ou qui sont instruits au camp de Larache. Des dépots d'armes sont implantés à Cassablanca, Kenitra, Souk el Thata, des ateliers d'armement près de Tiflet et Souissi, les directions de l'Armement et des Finances à l'ambassade de Rabat. Les colonels marocain Ben Miloudi et Ben Hamou contribuent aur ravitaillement de l'ALN. Le 31 mai 1960, un protocole est signé par le prince Moulay Hassan et Fehart Abbas.

    Le GPRA, à la demande de Bourguiba, demande que l'EMG livre à la police tunisienne un pilote français abattu le 21 juin 1961. Boumediene s'incline avec difficulté, mais le 15 juillet l'EMG donne sa démission, et se constitue en direction parallèle. Le 19 août, 21 officiers votent une motion réclamant " le retour la Révolution " et la transformation de l'ALN en " armée de militants ". Le conflit ne fait que s'envenimer avec la désignation de Ben Khedda à la tête du GPRA, à la fin du mois d'août (34).

    Sur le plan militaire, l'année 1962 sera marquée par le harcèlement des postes de Gouared et Bordj Mraou en janvier, et du 6 au 13 mars, par une attaque massive, appuyée par l'artillerie de 85 mm et de 122 mm de Oum Teboul à El Ma el Abiod, avec effort de Lacroix à Sakiet. Le Journal de marche du 153e RI décompte 188 harcèlements et 231 djoundi tués. Boumediene s'efforce alors de prendre en main les wilayas 2 et 5, et d'introduire en Algérie des agents porteurs de ses directives, tandis que les Algériens de l'Exécutif provisoire rentrent avec des valises bourrées de PA et de PM 25 (35).

    Les représentants de l'état-major voteront contre les accords d'Évian en février, puis en mai 1962. L'ordre du jour de Boumediene du 26 mars affirme que " le cessez-le-feu n'est pas la paix... la lutte continue jusqu'à la Révolution ". Représentant de l'EMG, le capitaine Bouteflika se rend àAulnoye au début de décembre 1961 sous une identité marocaine, et rallie Ben Bella au camp des militaires. Le 30 juin, le GPRA destitue l'EMG, décision sans conséquence par le fait que l'Armée Nationale Populaire est derrière Boumediene (36).

    Dans les premiers jours de juillet, l'ANP rentre en Algérie. Cinq sousgroupements constitués à l'est sont implantés sur le territoire de la wilaya 2, soumise elle-même à des remous internes. A l'ouest, tous les bataillons rentrent par Oujda, à l'exception d'un sous-groupement chargé de surveiller la frontière marocaine entre Ain Séfra et Tindouf (37).


    L'ALN extérieure en chiffres.

     

     

     

    Les évaluations restent grossières, qu'elles émanent d'historiens algériens ou du 2e bureau français.

    - D'après Mohamed Teguia, dans L'Algérie en guerre, (Alger, 1981)

    p.312, en 1958 l'ALN extérieure comprend 15 000 à 20 000 hommes ; p.415, le 6 juillet 1962, Ben Bella évalue l'ALN à 40 000 hommes dont 35 000 à l'extérieur.

    - D'après Mohamed Harbiop. cit., p. 265 : (en 1960), l'ALN extérieure perd son caractère initial d'ai-riiée de partisans et évolue vers une année classique. Composée de 23 000 hommes, dont 8 000 an Maroc ci 15000 en Tunisie, elle dispose de tous les services... Aux frontières tuttisiennes, l'armée comprend 23 bataillons, 5 compagnies lourdes d'appui avec canons sans recul et 4 groupes autononies de mortiers de 106 mm.

    Dans Les feux du désespoir, Yves Courrière indique un effectif d'un peu plus de 12 000 hommes pour l'ALN Tunisie en janvier 1960.

    D'après le 2e bureau de l'EMI (archives du SHAT IH 1424, 1425, 1426, 1427, 1428, 1598, 1600, 1682, 1773, 1775), l'évolution est la suivante

     

    Les effectifs indiqués + sont des personnels en transit de wilayas

    Le recrutement de L'ALN extérieure.

    Selon M. Zerguini (adjoint du colonel Boumediene).

    Le recrutement était initialement rural ans rité, ce qui posait des problèmes car il était impossible (le trouver un comptable on un secrétaire. En 1 958, il a donc été demandé à la Fédération de France du FLN de susciter des vocations pour rejoindre l'ALN. parmi des jeunes ayant reçu une certaine éducation. L'effort a également porté, dans le même domaine, sur le recrutement de jeunes étudiants ou ayant un bon niveau en Belgique, en Allemagne, au Maroc et en Tunisie, parmi la diaspora algérienne. Très vite, des jeunes âgés parfois de 17 ans, sont envoyés en Syrie, en Égypte, en Irak pour y recevoir un complément de formation intellectuelle, puis militaire. En 1960, un nouvel effort de recrutement porte sur des étudiants algériens.

    Selon R.M. Boutella

     

    Le recrutement aux frontières (tunisiennes comme marocaines) s'etfectuait de trois manières différentes

    a) Auprès de tous les " insoumis " qui avaient fui le territoire algérien pour se " dispenser " des " rigueurs du climat " en Algérie.

    Regroupés dans des camps différents le long de la frontière tunisienne notamment, ils étaient tout d'abord pris en charge par des unités de formation qui les initiaient aux règles élémentaires du combat. puis constitués en unités, ils contribuaient au renflouement des unités à constituer.

    b) Les divers éléments qui arrivaient en Tunisie ou au Maroc par voie aérienne ou maritime, rejoignaient les camps de formation selon leurs origines géographiques.

    En Tunisie, en effet, les wilayas 1, 2, 3, et 6 et la Base de l'est étaient représentées. Leurs camps se distinguaient les uns des autres. Il n'était pas admis de voir un élément de la wilaya 3, par exemple, au sein des éléments de la wilaya 2.

    Tout au long de la frontière (tunisienne comme marocaine), les réfugiés algériens se rassemblaient autour d'un puits ou d'une source hydraulique pour pouvoir survivre.

    Leurs enfants ayant atteint l'âge de porter les armes étaient systématiquement pris en charge dans les camps de formation, après une visite niédicale décidant de leur aptitude à servir sous les armes. L'âge minimum requis était de 18 années révolues.

    (1) Voir aNnexe A 1 sur les sources bibliographiques et les archives de référence.Il faut y ajouter les amres prises à l'armée française : 628 en 1955, 3 633 en 1957. 1 851 en 1958, 1 892 en 1959, 1 873 en 1960, 2 344 en 1961. Un rapport Parlange d'octobre 1956 considère qu'il n'y a pas d'armement venant de l'extérieur dans les Aurès-Nementcha (C. PAILLAT, La Liquidtion, p. 282). El Moudjahid de novembre 1957 estime que 75 % , des armes sont prises à l'armée française.

    (2) Il faut y ajouter les armes prises à l'armée française : 628 en 1955, 3 633 en 1957, 1851 en 1958, 1892 en 1959, 1873 en 1960, 2 344 en 1961. Un rapport Parlange d'octobre 1956 considère qu'il n'y a pas d'armement venant de l'extérieur dans les Aures-Nementcha (C. PAILLAT, la liquidation, p. 282) El moudjahid de novembre 1957 estime que 75 % des armes sont prises à l'armée française.

    (3) M. HARBI, Le FLN, mirage et réalités, p. 199. C. PAILLIAT, La Liquidtion , pp. 126 et 324 . En février 1956, Nasser affirme au ministre C. Pineau qu'il ne participe ni à l'armement ni à l'entrainement des rebelles algériens. Mais selon LEBJAOUI, Vérités sur la révolution algériennep. 129, il fait remettre 80 000 livres à Ben Bella par la Ligue arabe.

    (4) A son retour, le 11 février 1955, Ben Boulaid est arrêté par la DST à la frontière algéro-tunisieiine. Réf. M. MAADAD,Guerre d'Algérie chrono et commentaires, p. 321.C. PAILLAT, Dossier secret n° 2 pp. 169, 173, 255 et La Liquidation, p. 305. M. LEBJAOUI, op. cit., p 129

    (5) IH 1425/1 - 1600/1.

    (6) M. MAADAD, op. cit., p. 67. M. HARBI, op. cit., p. 210. C. PAILLAT, Dossier secret n° 2 n. 2, pp. 268 à 280.

    (7) IH 1424-1425. M. HARBI, op. cit., pp. 204-216. M. GUENTARI, op. cit., pp. 105, 604,

    645. Y COURIÈRE, L'Heure des colonels, pp. 90 à 100, Les Feux du désespoir, pp. 395-399.

    (8) M. HARBI, Op. Cit., p. 199. Y. COURRIÈRE, L'Heure des colonels, pp. 104-230.C.PAILLAT, Dossiers secret n° 2, p. 292.

    (9) M. HARBI, Op.Cit., pp. 199-226. M. GUENTARI, Op. cit., p. 356. M. MAADAD, Op. cit., p. 231.

    (10) M. GUENTARl op. cit., p. 633.

    (11) 1 H ,1424-1425-1426-1682. M. HARBI, op. cit., pp. 212-220. C. PAILLAT, Dossiers secrets n° 2 p. 481.

    (12) Cette affaire de Sakiet est interprétée par P. Le GOYET comme un piège du FLN pour obtenir l'internationalisation du conflit (La Guerre d'Algérie, Perrin 1989. p.131 Pour MAADAD(op. cit., p 106) en revanche il sagit d'un acte prémédité par Algér, visant à punir les Tunisiens en raison de leur soutien à l'ALN. Sans se prononcer sur ces interprétations, on notera que l'affaire a été très habilement exploitée par Bourguiba, qui alerta les médias et gonfla les pertes tunisiennes. Aux journalistes, il fit croire que l'école, fermée depuis des mois,fonctionnait le 30 janvier.

    Autres références : M. HARBI, op. cit.,p p. 212-220

    (13) 1H 1600. M. HARBI, op. cit., p. 229. Y. COURRIÈRE, Le Temps des colonels, p. 90. C.PAILI,AT, Dossier sceret n° 2 p. 471.

    (14) M. HARBI, op. cit., p. 200. M. GUENTARI.op. cit., p. 608

    (15) 1H 1426/2 et témoignage de Zerguini. M. HARBI, op. cit., pp. 214-216. LE GOYET, op. cit., p. 93. M. MAADAD, op. cit.,p. 108. F. ABBAS, op. cit.,p. 256. Y COURRIÈRE, Le Temps des colonels, p. 362.

    (16) R. MAI-FK, L'Algérie à Évian, pp. 149-150. M. HARBI, op. cit., pp. 212-213.

    (17) M. MAADAD, .op.cit., pp. 69 et 124 M. HARBI, op.cit., pp. 214-220-226-245

    (18) C. PAILLAT. Dossier secrets n° 1, p. 192. M. HARBI, .op.cit., p. 243. Hamdani AMAR, Le lion djebels, Balland, 1973, p 214

    (19) sources personnelles : " Haut les mains. Nous n'avons plus besoin de toi " . Boutella demande le temps de faire ses bagages et part à pied dans la nuit. Cf. ausssi M. HARBI, op.cit., p 223.

    (20) Cette affaire est relattée par la presse et la radio arabes comme la prise de Bône.

    (21) M. TEGUIA, l'Agérie en guerre p.325. H.JACQUIN, La guerre secrète en Algérie,p.222.

     

     

    (22) R. MALEK, L'Algérie à Évian, p. 54. M. HARBI, op. cit., pp. 236 et 251. Seul le 7e objectif de ce plan : porter l'action en France, sera réalisé.

    (23) M. HARBI, op. cit., pp. 261 à 269 - M. MAADAD, opcit., pp.165 et 193. F. ABBAS, Autopsie d'une guerre, p. 281. C. PAILLAT, La Liquidation, p. 574. Contrairement à ce qu'aurait déclaré Krim Belkacem au général Jacquin, Bencherif a effectivement franchi le barrage (confirmé par Zerguini, M. Harbi et le 2e bureau : IH 1426/2). Selon Boutella, il aurait franchi par un tunnel dans la région de Sakiet.

    (24) Témoignage Zerguini. Les ex-officiers français ne seront pas admis au CNRA, à l'exception de Bencherif, qui a déserté en 1957 en égorgeant les soldats français et musulmans placés sous ses ordres.

    (25) M. HARBI, Op. cit., pp. 261 à 264. L'opinion de M. Harbi doit être nuancée.

    (26) H. JACQUIN, Op. cit., pp. 227 et 239.

    (27) Dossier n° 32 des Affaires étrangères.

    (28) Ce dernier article permettra ultérieurement au Maroc d'interdire l'utilisation par l'ALN des armes lourdes à l'exception des mitrailleuses de 12,7, des cannons de 20 Flack et des mortiers de 45 à 82. M GUENTARI, op. cit., pp. 437 et 607. C. PAILLAT, Dossier secret n° 1, p 408 1H 1775

    (29) R. MAIEK, op. cit., p. 60 M. MAADAD, op. cit., p. 142 1H 1426

    (30) Les renseignements relatifs aux réfugiés sont contradictoires. Issus des zones interdites créées le long des frontières, ils sont selon le FLN 145 000 en Tunisie et 205 000 au Maroc. Suivis par le Croissant-Rouge, ils sont nourris grâce à l'aide internationale, éduqués par des enseignants et des commissaires politiques. Selon le 2e bureau, la moitié de l'aide internationale est prélevée par les Tunisiens et ALN, ils vivent donc dans la pénurie et le froid, et n'ont pas le droit de se déplacer. En avril 1961, des manifestants s'opposent aux rafles du FLN au Maroc, où sur 220 000, 150 000 sont des permanents assimilés. Ref. 1H 1765/1, 1773/2. M GUENTARI, op. cit., pp. 645 à 659, 709 à 715.

    (31) IH 1773/2. R. MALEK, op. cit., p. 59. Ait AHMED, La Guerre et l'Après-guerre, p. 108

    (32) M. HARBI, op. cit. ., pp. 261-289. C. PAILLAT, Dossiers sercrets n°1, pp. 406-408 . Y COURRIERE, Les feux du désespoir, p. 542.

    (34) R. MALEKop.cit , P. 173. M. HARBI, op. cit., pp. 271-272.

    (33) M. HARBI, op. cit. ., pp. 269-275, F. ABBAS op. cit., pp.316-317, M. TEGUIA, op. cit., pp. 393_397

    (35) R. MALEK, op. cit., p. 250. JMO de la zone Est-Constantinois et du 153e RI. L'estimation des pertes par le 153e RI semble exagérée. M. HARBIop. cit., pp. 288-296-325. F.ABBAS, p. 321.

    (36) M. HARBI, op. cit., pp. 288-296-325. F. ABBAS, op. cit., p. 321. Y. COURRIÈRE, Les

     

    Feux du désespoir, p. 342. R. MALEK, op. cit., p.224

     

    (37) IH 1428/1.

    (38) Boutella Rabah Mohitmed est né à La Calle le 1er février 1915. Son père était commandant de spahis, il est incorporé le 10 décembre 1933. Sous-lieutenant en 1947, capitaine en 1957, sert en Indochine au 8e RSA. légion d'honneur (JO du 2 août 1954 ). Incarcéré à Fresnes en septembre 1957 dans le cadre de l'affaire Rahmani. Élargi en février- 1958, il déserte. Chargé de l'instruction des recrues en Tunisie en novembre 1958. des services financiers de l'ALN en mars 1959, adjoint du camp de Chambi en octobre 1959. Commandant le 5e bataillon de la Base de l'est en décembre, il en est rejeté par les cadres. Il devient conseiller de Boumediene. Après l'indépendance, commande le centre d'instruction de Bedeau, puis est commandant des blindés et de l'École des blindés. Attaché militaire à Paris en 1968, stagiaire à l'ESG-CSI en 1972. Attaché militaire à Pékin en 1979.

    Auteur :Général (CR) Maurice FAIVR

    Source :http://www.stratisc.org

    A suivre .

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  • COMMENT JOUER LA BOQALA EN MOIS DE RAMADAN (UNE DES TRADITIONS ALGERIENNES) 

    " Sous la pleine lune, sur les terrasses de la Casbah, des femmes récitent de courts poèmes espiègles et allusifs, magiques et divinatoires. Ces vers merveilleux qui parlent d'amour, de séparations, de souhaits, de désirs secrets, de la mort et du temps qui passe. Ils sont l'âme de la finesse spirituelle algéroise.
    Les poèmes de la Boqala sont déclamés, appris ou improvisés, lors d'un rituel nommé "Jeu de la Boqala".
    Il est exclusivement réservé aux femmes. La séance se déroule dans un salon, une chambre ou sur une terrasse, après la dernière prière, el i'icha."

    Pour le jeu de la Boqala :
    - Un pot de terre avec deux anses
    - Un brasero
    - Sept parfums : benjoin noir, benjoin blanc, résine d'élémi, bois d'aloès, coriandre, encens, styrax ou myrrhe composent les éléments du rituel.


    On procède à une fumigation pour éloigner les mauvais esprits et attirer les bons. La Boqala vide et retournée va être passée plusieurs fois au-dessus du feu pour être purifiée, puis on la remplie d'eau et on la couvre d'un foulard. Pendant cette opération l'officiante récite une invocation et le jeu rituel commence. L'officiante invite les participantes à mettre dans le récipient un objet personnel : broche, boucle d'oreille, bracelet, épingle à cheveux ...

    Deux jeunes assistantes soulèvent la Boqala. La maîtresse de cérémonie récite une autre invocation plus courte et demande aux assistantes de penser à une personne de leur choix et de faire un nœud dans leurs ceintures, foulards, mouchoirs pendant qu'elles pensent à cette personne.

    La maîtresse de cérémonie récite un poème*. L'une des jeunes assistantes plonge la main dans le pot, en retire un des objets et demande à qui il appartient. Dès que la personne s'annonce, l'officiante dit que le présage contenu dans le poème s'appliquera à elle. "


    Allez les filles faites un v(n)oeu, cette boqala* est pour vous :

    ياقايدن الشموع هاكو ا شمعة قيدوها بالاك الغايب يعود والفرحة نعاودها

    Ya kaydin achmoua'a hakou chama'a kidouha, balek el ghayeb aya'aoud wa alfarha ana'awdouha

    [ Vous qui tenez les chandelles, prenez une bougie, laissez-la brûler, celui qui est absent reviendra peut-être ; et lui et moi, revivrons la joie ].

    -voila quelques unes:

    1-kharjet badr el bodour
    talkete acha'aour
    zadet fi ajnani
    atmanit'ha at'koun fi dari
    tad'khol ou takhroj kadam a'adyani

    [ la plus belle des belles est sortie
    elle a lâché ses cheveux
    et a provoqué ma folie
    j'espérais la voir honorer mon logis
    par ses allers et venues
    devant mes ennemis ]

    2--ya chebban, yalli rakoum tal3in leldjbel, adouni m'3akoum, machi fi khaterkoum,rahou fi khater echab elli m'3akoum...
    -yemma yemma, djatni briya, ma djit enhalha...hatta salou edmou3 men 3iniya......le principe du jeu, c'est que tt le monde se reunis, avec chaqu'un un foulard dans la main, on designe une personne pour lire les boukalates...avant de les lire, les autres doivent faire un noeud, et dedier (ou penser tres fort) a une personne...une fois la boukala lue,on ouvre le noeud.

    3-qalbi mahmoum
    malkit limen nahkih
    ahkitou labnete
    a'ayrouni bih

    [ mon cœur est triste
    je n'ai trouvé personne
    à qui me confier
    j'ai fini par me fier
    aux filles
    elles ont divulgué
    ses secrets ]

    4-yadi fi yed khouya
    ou yed khouya bel henna
    wal youm sa'dou houwa
    ou ghadwa ana nat'henna

    [ je tiens la main de mon frère
    elle est décorée de henné
    aujourd'hui, c'est son jour
    de bonheur
    et demain, ce sera mon tour ]


    5-"hebatt lebhar, kherejli jen we jeniya
    galouli wech bik ya lebniya
    goltelhom hbibi ghab 3liya
    galouli matbkich ila majech essbah
    rah yji fel hchiya "
     

    A suivre .

    Source : http://www.flashsat-algerie.com/vb/showthread.php?t=29135

    Note perso : Saha Ramdankoume !

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    2 commentaires
  •  

    Le gouvernement veut lutter contre la délocalisation des centres d'appels

    Employés dans un centre d'appel à Paris

    Employés dans un centre d'appel à Paris (AFP Eric Piermont)

    • Le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, a annoncé lundi que le gouvernement organisera «des assises des centres d'appels» à la rentrée, avec la participation éventuelle de grandes entreprises et un arrêté pour imposer la transparence sur le lieu où sont implantés les centres d'appels.

    Parmi les probables participants, il a cité Gaz de France, rance Télécom, Bouygues Télécom... «EDF m'a dit aussi qu'ils étaient prêt à avancer», et«la SNCF fait partie aussi des (entreprises) responsables», a ajouté Laurent Wauquiez.

    Il a laissé entendre que ces assises s'accompagneraient d'un arrêté gouvernemental pour obliger les entreprises recourant à des centre d'appels à assurer une «transparence» sur son lieu d'implantation.

    «Ce qui est choquant, c'est que non seulement on ne vous dit pas où est situé le centre d'appel, mais on vous le cache, on demande à ceux qui vous répondent de changer leur nom», pour «faire croire qu'ils sont en France»,a-t-il dit.

    «Mon but est que l'arrêté soit opérationnel dès le début de l'automne», a-t-il résumé. «Il ne faut pas exclure d'ailleurs que les opérateurs aient d'autres propositions», a ajouté Laurent Wauquiez.

    Une prime à l'emploi

    Le gouvernement étudie un plan d'action contre la délocalisation des centres d'appel, afin d'inciter les entreprises à privilégier leur implantation sur le sol français, avait affirmé dimanche Le Parisien/Aujourd'hui en France.

    Laurent Wauquiez a confirmé la création d'une «prime symbolique» pour encourager la création de centres d'appels en France. «C'est un sujet qui pèse lourd, c'est 250.000 emplois en France» et «au cours des cinq dernières années, les emplois à l'étranger ont été multipliés par dix», a-t-il souligné.

    «Il y a cinq ans, (Jean-Louis) Borloo avait passé un accord avec le secteur des centre d'appel (qui) s'était engagé à créer 100.000 emplois. Ils en ont créé combien? Aucun», a déploré Laurent Wauquiez, invitant les consommateurs à mettre la «pression» sur les centres d'appels.

    Les syndicats satisfaits

    Estimant que «près de 60.000 emplois ont été délocalisés depuis 2004 dans les centres d'appels», la CFTC considère que les déclarations du secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez «permettraient de mettre de l'éthique dans les pratiques actuelles inacceptables».
     

    «Ce phénomène de délocalisation risque de s'amplifier avec le nouvel opérateur qui a pour pratique d'externaliser ses centres d'appels», a ajouté la centrale, dans une allusion à l'opérateur de téléphonie Free.

    De son côté, Maurad Rabhi, membre de la commission exécutive de la CGT, a estimé qu'«il faut imposer un cahier des charges sur des points très précis comme l'implantation obligatoire en France pendant un certain nombre d'années et la création d'emplois en CDI à ces entreprises qui utilisent beaucoup de CDD et de temps partiel».

    Soulignant que «les sociétés de centres d'appels prennent toutes les aides possibles, restent six mois-un an et après partent à l'étranger, notamment au Maroc, en Tunisie ou ailleurs encore» Maurad Rabhi propose de «les évaluer et les sanctionner si nécessaire au moins en récupérant les aides et exonérations accordées».

    (Source AFP)dans http://www.liberation.fr

    Note perso :Un combat perdu d'avance : Trop de sous en jeu !

    Un des effets pervers de la franco-phonie :)

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