• Filles du roi, mères de la nation québécoise

    par Sionneau, Yoann

     

    Défilé des bénévoles incarnant les Filles du roi, Fêtes de la Nouvelle-France, édition 2013, à Québec

    Défilé des bénévoles incarnant les Filles du roi, Fêtes de la Nouvelle-France, édition 2013, à Québec

     

     Méconnues, les Filles du roi qui ont immigré en Nouvelle-France entre 1663 et 1673 souffrent encore de la mauvaise réputation qu’on leur a faite injustement. En effet, certains commentateurs ont pris plaisir à les qualifier de « filles de joie », malgré la fausseté maintenant démontrée de cette affirmation. Les commémorations du 350e anniversaire de l’arrivée des premières d’entre elles, qui se sont déroulées tant en France qu’au Québec en 2013, avaient pour but de rappeler leur inestimable contribution au développement de la fragile colonie qu’était alors la Nouvelle-France. Ces célébrations ont aussi mis en valeur leur rôle de « mères de la nation québécoise », titre bien mérité puisqu’elles sont à l’origine d’une grande partie de la population du Québec contemporain. 

    Qui sont les Filles du roi?

    Les Filles du roi sont des célibataires recrutées en France pour combler les besoins de femmes à marier en Nouvelle-France, où le déséquilibre des sexes était une grave menace à la survie de la jeune colonie. Le terme est apparu vers 1697 sous la plume de Marguerite Bourgeoys, fondatrice de la Congrégation Notre-Dame, qui les comparait aux « enfants du roi », terme qui désignait alors les orphelins élevés grâce à l'aide du roi (NOTE 1). La comparaison était juste puisque ces Filles venues en Canada entre 1663 et 1673 ont bénéficié d’une modeste aide financière du roi de France, afin de couvrir leurs frais de voyage et d’établissement.

    Ces vagues d'immigration annuelles ont été variables. C'est de 1669 à 1671 que l'on enregistre les plus forts contingents, avec 132, 120 et 115 filles débarquées. Cette affluence survient juste après qu'environ 400 soldats et officiers démobilisés du régiment de Carignan-Salière se soient installés dans la colonie. Certaines années, comme en 1663, 1664, 1666 et 1672, les contingents sont moins nombreux, notamment en 1663 avec seulement 36 Filles. Au total, 770 femmes célibataires se sont établies de façon certaine au Canada grâce à l’aide du roi pendant ces dix années (NOTE 2).

     

    L’origine sociale des Filles du roi

     

    Les bénévoles personnifiant les Filles du roi signent une toile souvenir lors de leur passage à Québec

    Les bénévoles personnifiant les Filles du roi signent une toile souvenir lors de leur passage à Québec

    La principale raison qui amène ces Filles dans le Nouveau Monde est la pauvreté. Sur les 176 Filles qui ont déclaré la profession de leur père, la plupart sont issues de milieux humbles : artisanat et  paysannerie. Seul 12 % d’entre elles proviennent de la bourgeoisie ou de la petite noblesse. Pour la majorité d’entre elles, l'avenir en France s’annonçait sombre et la perspective de fonder un foyer outre Atlantique constituait une alternative suffisamment attirante pour effectuer cet important changement de vie. Comme elles étaient en général trop pauvres pour défrayer les coûts de la traversée, le roi a décidé d’y pourvoir. Cinquante livres devaient être alloués aux filles issues de milieux humbles et 100 livres à celles provenant de milieux plus aisés. Dans bien des cas cependant, elles furent pourvues en nature pour une somme équivalente, tels qu’outils, grains ou vaches. Seulement 41% des contrats de mariage mentionnent une dot royale en argent.

     

    Une autre caractéristique de ces Filles est qu’elles sont souvent orphelines : 56% le sont de père, 19% de mère et 11% des deux. Certaines ont déjà connaissance de la colonie, puisque une sur dix a déjà de la famille en Canada à son arrivée. Trente pour cent d’entre elles sont apparentées et voyagent donc « en famille ». À l’exception des Parisiennes, qui sont plus scolarisées (à l'époque, les trois-quarts des Parisiens sont alphabétisés), seulement 20% des Filles sont en mesure de signer leur contrat de mariage (NOTE 3).

     

    D'où viennent ces immigrantes?

     

    Plaque en hommage aux Filles du roi parties de la Salpêtrière, à Paris

    Plaque en hommage aux Filles du roi parties de la Salpêtrière, à Paris

     

    Un grand nombre de Filles du Roi provient de l'Ouest et du Nord-Ouest de la France, notamment de Normandie (127 Filles), tout comme la majorité de la population de la colonie. La présence de ports entretenant des liens directs avec la Nouvelle-France, ainsi que des pressions politiques favorisant le recrutement dans ces régions, explique cette situation. Fait inusité pour la Nouvelle-France, près de la moitié des Filles du roi sont originaires de la région parisienne et de ses alentours, soit 327 au total. L'hôpital général de Paris, appelé la Pitié Salpêtrière, a fourni la plus grosse part de ces migrantes. Cet établissement rassemblait des orphelins, des vagabonds, des femmes abandonlnées, des mères célibataires et des enfants. D’autres Filles, en plus petit nombre, proviennent de régions diverses, comme la Loire, la Bretagne, et autres.

     

    Il ressort de l’analyse des lieux d’origine que plus des deux-tiers d’entre elles sont issues d'un milieu citadin, alors que la proportion de la population citadine en France à cette époque n’est que d'environ 15% (NOTE 4).  Les autorités métropolitaines et coloniales vont insister à plusieurs reprises pour qu’on recrute plus de paysannes, mieux adaptées à leur nouvelle vie dans une Nouvelle-France encore peu développée, où une grande partie des terres était partiellement défrichée et où les villes n’étaient encore que de gros villages. En vain cependant. Pour un grand nombre de femmes, cette rude transition s'est ajoutée aux nombreux défis qu’elles ont dû relever en Amérique. 

     

    Se marier en Canada

    Les Filles se mariaient peu de temps après leur arrivée, sous la pression des autorités, comme le signale cet arrêt émis en 1670 et prolongé en 1671 : « Tous compagnons volontaires et autres personnes qui sont en âge d'entrer dans le mariage de se marier quinze jours après l'arrivée des navires qui apportent les filles sous peine d'être privés de la liberté de toute sorte de chasse pêche et traite avec les sauvages. »(NOTE 5)

    En grande majorité, les unions se sont opérées en moins de 5 mois, et même en moins de 2 mois dans quatre cas sur dix. Très peu de filles sont restées seules ou sont retournées en France. La nature des unions est également surprenante pour l’époque, car très peu de mariages ont été célébrés entre personnes de même origine géographiques ou sociale, et des différences d'âge significatives entre les conjoints sont fréquentes. Tout cela est lié à la précipitation avec laquelle on se marie. L’attente des hommes est grande dans la colonie où l’on ne trouve qu’une femme pour six hommes, car jusque là, l'immigration était principalement masculine afin de combler les besoins en construction, défrichage, traite des fourrures et défense. Bien que ces Filles soient préparées à ces unions rapides, puisqu’on les envoie pour cette raison dans la colonie, cette précipitation a tout de même comme conséquence de fréquentes ruptures de promesses de mariage. Marie de l'Incarnation décrit ainsi ces circonstances exceptionnelles :

    «  Les vaisseaux ne sont pas plus tôt arrivés que les jeunes hommes y vont chercher des femmes, et dans le plus grand nombre des uns et des autres on les marie par trentaines. Les plus avisés commencent à faire une habitation un an devant que de se marier, parce que ceux qui ont une habitation trouvent un meilleur parti ; c'est la première chose dont les filles s'informent, et elles le font sagement, parce que ceux qui ne sont point établis souffrent beaucoup avant que d'être à leur aise. »(NOTE 6)

    Des femmes de tous âges ont incarné les Filles du roi en 2013

    Des femmes de tous âges ont incarné les Filles du roi en 2013

     

    Le taux de  fécondité des Filles du roi est élevé, moins que celui des Canadiennes, c’est-à-dire des femmes nées dans la colonie, mais plus élevé que celui des Françaises. La moyenne est de 5 à 6 enfants par Fille; dans les cas exceptionnels, on compte jusqu'à 18 enfants par famille ! En moyenne, l'intervalle entre les naissances est de 2,15 ans et les unions durent autour de 23 ans. La quasi totalité de ces naissances ont lieu dans le cadre du mariage. Le nombre de naissances illégitimes ou de conceptions prénuptiales est peu élevé, avec 1/18 des Filles qui sont enceintes lors du mariage. Ce taux de fécondité dénote une bonne santé et démontre que ces Filles n’étaient pas des prostituées, qui avaient un taux de fécondité bien moindre à cause des fréquentes maladies vénériennes les affligeant(NOTE 7). Les Filles du roi étaient donc des femmes fortes qui se sont bien adaptées à la vie éprouvante de la Nouvelle-France alors en construction.

     

    Un legs patrimonial important

    Les Filles du roi représentent la moitié des femmes qui ont immigré en Nouvelle-France, et ce, tôt dans l’histoire de la colonie. C’est pourquoi elles ont joué un rôle crucial. Avant 1663, le Canada ne comptait que 3 000 habitants. À la fin de cette vague d’immigration féminine – en 1673 – elle aura presque triplée. Il en est de même pour le taux d'accroissement de la population qui passe de 5% à 9% après leur arrivée. Vers la fin des années 1670, en bonne partie grâce à elles, la population née en Canada dépasse la population d'origine française. Leur place dans le patrimoine génétique du Québec est donc très importante, au point où l’on retrouve dans l’ascendance de bien des Québécois d’aujourd’hui une ou des Filles du roi. C’est aussi pourquoi il est légitime de les qualifier de « mères » du peuple québécois, bien qu’elles ne soient pas les seules Françaises à avoir émigré en Canada.

    Les Filles du roi rassemblées au Moulin Petit-Canton de St-Vallier de Bellechasse

    Les Filles du roi rassemblées au Moulin Petit-Canton de St-Vallier de Bellechasse

    Un autre héritage marquant de ces Filles est l’adoption et l'homogénéisation rapides de la langue française dans la colonie. En 1660, dans le royaume de France qui comptait environ 20 millions d'habitants, moins de deux millions parlaient « le français du Roy ». Au Canada, 47% des migrants viennent des provinces périphériques, où l'usage du patois est prédominant, surtout que 68% des premiers colons sont issus des couches populaires qui ont moins de contact avec le français. L'usage de patois était donc une réalité à l'intérieur des familles de Nouvelle-France, bien qu'à petite échelle, au sein de petites communautés. L’arrivée de centaines de Filles du roi originaires de la région parisienne va répandre l’usage du français comme langue commune, un phénomène amplifié par le mélange des origines favorisant l’usage du français même entre conjoints et entre voisins. En effet, 58% des Filles du roi sont francisantes, 26% semi patoisantes et 16% seulement patoisantes(NOTE 8). L’arrivée massive de ces femmes majoritairement francisantes va donc contribuer à l’adoption du français comme langue maternelle commune dans la colonie, une exception qui contraste avec la situation en France à la même époque.

     

    Les commémorations de 2013 : un point tournant?

    La mauvaise image des Filles du roi provient de leurs contemporains. Marie de l'Incarnation et les jésuites y ont contribué, mais le plus connu de leurs détracteurs est le baron de Lahontan, arrivé au Canada en 1683, soit dix ans après le dernier contingent des Filles du roi(NOTE 9). Il n’est donc pas un témoin direct de leur supposée « mauvaise vie » puisque ces Filles étaient alors mariées et mères de famille. Malheureusement pour elles, ces femmes dont nous connaissons aujourd’hui le courage, l’ardeur au travail et la fécondité sont prisonnières depuis 300 ans de l'association Filles du Roi / filles de joie, même si les cas de prostitution sont en réalité très rares, comme le démontrent les études récentes qui leur ont été consacrées (NOTE 10).

    Les Filles du roi saluent la foule venue les attendre au port de Québec, le 7 août 2013

    Les Filles du roi saluent la foule venue les attendre au port de Québec, le 7 août 2013

     

    Les commémorations de l’été 2013 sont à cet égard un premier effort d’envergure pour rétablir la vérité historique à leur sujet. Québécois et Français ont d’abord uni leurs efforts pour souligner le départ des Filles du roi dans quatre lieux particulièrement significatifs de la France, soit Paris, Rouen, Dieppe et La Rochelle. Trente-six femmes bénévoles incarnant le contingent des 36 Filles du roi de 1663 ont participé à ces commémorations et à quelques autres activités de même nature dans le Perche, le Poitou et la Normandie, avant de revenir au Québec, où le point d'orgue des commémorations fut leur arrivée à Québec lors de l'ouverture des Fêtes de la Nouvelle-France, à bord du navire L'Aigle d'Or, qui les conduira ensuite à Montréal pour le Bal des prétendants organisé à la Maison Saint-Gabriel.

     

    La Maison Saint-Gabriel était la maison de ferme de la Congrégation Notre-Dame, où l’on avait hébergé et formé des Filles du roi au temps de la Nouvelle-France. Trente-six comédiens incarnant leur prétendant ont accueillies ces Filles à leur arrivée à Montréal, puis les ont accompagnées en calèche jusqu’à la Maison où musique, danses et repas d’époque ont réjoui 350 convives réunis en leur honneur. La Maison Saint-Gabriel a aussi tenu une exposition sur ces Filles dans ses murs(NOTE 11) et planté 36 hémérocalles dans ses jardins historiques en souvenir de leur passage.

     

    Les Filles du roi se préparent à débarquer sur les quais de Québec, au milieu d'une foule enthousiaste

    Les Filles du roi se préparent à débarquer sur les quais de Québec, au milieu d'une foule enthousiaste

    Quelques jours plus tôt, à Québec, ces 36 femmes incarnant les 36 Filles du roi de 1663 s’étaient retrouvées au cœur de l’édition 2013 des Fêtes de la Nouvelle-France dont le thème était « Les héroïnes de la Nouvelle-France ». Leur arrivée au bassin Louise à bord de L’Aigle d’or a attiré des milliers de personnes. Après leur passage au couvent des ursulines, ou celles qu’elles incarnaient s'étaient arrêtées 350 ans plus tôt, elles participèrent à un grand défilé à travers le Vieux-Québec, pour inaugurer les Fêtes. D'autres activités en leur honneur eurent lieu chaque soir au Vieux-Séminaire de Québec, relatant des évènements de l'année 1663. Le parcours des petits secrets invitait aussi la population à découvrir à travers le Vieux-Québec quelques épisodes de la vie de certaines Filles du roi. La Société historique des Filles du roi animait un kiosque à la Place Royale et le ministre de la Culture et des Communications du Québec profita de la fête pour annoncer l'inscription de l’Arrivée des Filles du roi au Répertoire du patrimoine culturel du Québec.

    Il est aussi prévu, dans les neuf années à venir, que de semblables jumelages entre des femmes contemporaines incarnant des Filles du roi du XVIIe siècle se rendront en France pour animer les localités qui désireront commémorer leurs liens historiques avec la Nouvelle-France et le Québec. Ainsi, les Filles du roi, mères de la nation québécoise, sortiront encore davantage de l’ombre et se feront connaître et reconnaître pour les bonnes raisons.

     

     

    Yoann Sionneau

    Université François Rabelais

    En collaboration avec Martin Fournier

    Université Laval

     Source: http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-734/Filles_du_roi,_m%C3%A8res_de_la_nation_qu%C3%A9b%C3%A9coise.html#.Wvij8pqQipphttp://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-734/Filles_du_roi,_m%C3%A8res_de_la_nation_qu%C3%A9b%C3%A9coise.html#.Wvij8pqQipp

     


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  • La presse sicilienne vient de rapporter (01) que le parquet et notamment la municipalité d’Augusta conduite par Madame Cettina Di Pietro qui, selon toute vraisemblance, s’est dite complètement étonnée  de la précipitation de l’équipe de Sonatrach pour l’acquisition de cette raffinerie vieille de 70 ans pour un montant pareil.

    Le bourgmestre a confirmé avoir averti les représentants de Sonatrach avec, à leur tête Ould Kaddour personnellement.

    Selon les évaluations faites par les experts désignés par le parquet d’Augusta, une réhabilitation environnementale impérative sous peine de fermeture est estimée à plus d’un demi-milliards d’euros.

    Ces travaux ne concernent en fait que la dépollution sans compter celle technique qui pourrait atteindre le triple pour qu’elle puisse être fonctionnelle. Il existe en plus un contentieux avec l’ancien propriétaire qui doit s’acquitter de lourdes amendes que l’acheteur prendra en charge.

    De nombreux experts, spécialistes s’étonnent de précipitation d’acquisition d’une raffinerie dans cette endroit spécialement très connu par la connivence de la  mafia sicilienne avec les syndicats qui ont déjà fait pression sur le propriétaire de n’accepter cette cession que lorsque l’acheteur aura pris en charge voire ne licencie aucune personne de l’effectif de 660 agents et Sonatrach a accepté le deal  tête baissée.

    Selon des sources proches de l’aval, cet achat n’a pas été examiné sur la base d’un rapport d’évaluation crédible par le conseil d’administration de Sonatrach qui, pour rappel est propriété de l’Etat algérien à 100% de ses actions.

    Sur le plan statutaire, le redéploiement de Sonatrach est une affaire d’organisation sur laquelle le PDG ne dispose d’aucun pouvoir de prise de décision sans l’aval de conseil d’administration qui lui soumet le projet au gouvernement. Cela a été le cas pour le contrat de processing avec le trader suisse Vitol qui a été déjà signé.

    On aura donc 120 000 tonnes par mois soit 1 444 000 tonnes par année de brut qui devra être envoyé en Italie pour donner au plus 576 000 tonnes de carburant qui seront en complément à cette nouvelle acquisition. On peut se demander avec une capacité de raffinage installée de 24 millions de tonnes et face à une baisse de production chronique, d’où Sonatrach ramènera-t-elle les 9 millions de tonnes pour alimenter cette raffinerie en matière première.

    Plus grave, penser stratégiquement que Sonatrach pourrait s’intégrer dans la vente des produits pétroliers en Europe face à un déclin mondial de cette activité, n’est qu’un leurre. La logique même nous dicte qu’on n'achète jamais des équipements de raffinage lorsque les prix se redressent. Le raffineur par définition est content lorsque les prix sont bas.

    Qu’attend donc le ministre, représentant de l’Etat pour s’exprimer sur le sujet ou alors de qui Ould Kaddour reçoit-il ses instructions d’ailleurs ?

    R. R.

    Source : http://www.lematindalgerie.com/achat-de-la-raffinerie-daugusta-par-sonatrach-larnaque-commence-devoiler-ses-dessous

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  •  16 Avril 2018

    Un conflit qui dure depuis seize mois et qui aurait fait des milliers de morts selon une comptabilité tenue soigneusement par les médias des pays occidentaux qui attribuent insidieusement les morts uniquement au régime de Damas et non aussi aux insurgés armés lourdement par les Occidentaux avec l’argent des roitelets du Golfe.

     

    Les chrétiens ont peur de servir de variables d’ajustement d’un conflit qui les dépasse. Ce conflit, un siècle après les accords de Sykes-Picot, met en jeu les mêmes acteurs avec en plus, les Etats-Unis, la Russie et la Chine et…Israël. Les dépouilles sont toujours les mêmes, les dirigeants arabes faibles, lâches qui continuent à s’étriper pour le plus grand bien de l’Empire et de ses vassaux. Avec cette fois-ci, un coup d’arrêt à la tentation d’Empire, de la part de puissances asiatiques qui s’affirment.

    Que se passe t-il réellement, et pourquoi Assad ne tombe pas malgré les communiqués triomphalistes présentant des personnalités qui ont lâché le pouvoir, le général Tlass, l’ambassadeur de Syrie en Irak qui s’enfuit au Qatar… Un autre round de négociations sur le règlement pacifique en Syrie s’est tenu dernièrement à Moscou

    Cette fois, le ministère des Affaires étrangères de Russie a invité le président du Conseil national syrien (CNS) Abdel Basset Sayda. Mais il n’y a pas eu de rapprochement de positions. D’autre part, l’émissaire international Kofi Annan, qui poursuit sa tournée en Iran, a rencontré Bachar el-Assad en Syrie pour tenter de trouver une issue au conflit dans le pays. Il a annoncé lundi 9 juillet 2012 être tombé d’accord avec le président Bachar el-Assad sur une « approche » qu’il soumettra aux rebelles syriens.

     

     

    La diabolisation des médias occidentaux

     

    Et si la version matraquée tous les jours par les médias français n’était pas la bonne ? C’est en tout cas l’avis du politologue Gérard Chalian, sur le plateau de « C dans l’air » du 14 juin 2012, sur France 5 : ce qu’il dit c’est que ce n’est pas uniquement un méchant contre des gentils et que la volonté d’intervention et les hésitations des Occidentaux ne sont pas forcément liées à des sentiments purement humanistes. Il dit qu’une intervention impliquerait beaucoup de conséquences géopolitiques.

    Pour lui, ce qui se passe en Syrie est avant tout une affaire politique et non humanitaire. C’est en fait, l’exacerbation du conflit artificiel sunnite /chiite avec d’un côté pour les sunnites l’Arabie Saoudite, le Qatar, l’Union européenne, les Etats-Unis et Israël et de l’autre, les chiites, c’est-à -dire les Alaouites aidés par l’Iran. Le but de la manipulation est de casser l’Iran et de réduire le Hezbollah.

     

    Nous verrons qu’il existe aussi l’argument énergétique. Le témoignage d’une Française, épouse d’un Franco-Syrien, qui a séjourné en Syrie du 19 mai au 12 juin 2012, est édifiant : « Alors que ce pays offrait une totale sécurité, les « Amis de la Syrie » y ont semé la violence. A Alep, des bandes armées ont fait leur apparition dans le 2e semestre 2011 : kidnapping, demandes de rançons… Une mafia très lucrative. Nous avons eu connaissance de nombreux récits d’enlèvements à toute heure et à tout endroit à Alep à un rythme quasi quotidien.

     

    Les enfants ont pris l’habitude de téléphoner à leurs parents dès leur arrivée et départ de l’école. Les militaires et policiers sont les cibles privilégiées pour ceux qui sont payés pour tuer. Ainsi, un commandant de 35 ans a été abattu de 2 balles dans la tête un matin à 8 h 30 alors qu’il achetait du pain. Les commerçants ferment sur ordre d’hommes armés qui menacent de brûler leur boutique. Ainsi, le 2 juin, à la Médine (anciens souks) tout était fermé. Les médias français parlent alors de grève générale anti-régime. Lors de manifestations pro Bachar, des hommes armés s’infiltrent et se mettent à tirer dès que la foule est dense.

    Ceci est filmé et envoyé aux chaînes de télévision. Le pouvoir conseille de ne pas faire de manifestations de soutien pour éviter ces tueries. La population, qui est confrontée aux kidnappings, bombes, asphyxie des commerces, connaît des difficultés d’approvisionnement en fuel, essence et gaz. Il n’y a pas pénurie en Syrie, mais les véhicules de transport sont attaqués et brûlés sur les routes. » (1)

     

    « Pour ceux qui à l’étranger souhaitent apporter leur aide, il est impossible de virer de l’argent et impossible d’en retirer sur place (d’un compte en France par exemple). A Damas, tout semble comme avant, vie diurne et nocturne, malgré la menace des bombes. Cependant, beaucoup d’hôtels ont fermé, le tourisme est inexistant. A Homs, un seul quartier reste occupé par les rebelles. Les habitants se sont réfugiés dans les villages alentour chez la famille ou des amis.

     

    Sur les grands axes routiers, l’ASL effectue des contrôles et abat sur le champ un militaire présent. (…) Il n’y a pas de guerre civile en Syrie, les communautés continuent de vivre en harmonie. Il y a des actes de barbarie et de violence de la part de mercenaires et de l’ASL contre des minorités pour provoquer une guerre civile. (…) Monsieur Sarkozy a en son temps exprimé au patriarche maronite venu le rencontrer que les chrétiens d’Orient devaient laisser leur pays aux musulmans et que leur avenir était en Europe. L’Occident applique en Syrie le même scénario qu’en Irak et en Libye. (…) L’opposition en Syrie participe de façon légale au changement. Les gens sont écoeurés par le manque d’objectivité des médias français. La seule source, l’Osdh, basée à Londres, est animée par un Frère musulman, payé par les services secrets britanniques. »(1)

     

    L’argument énergétique

     

    Le professeur Imad Fawzi Shueibi analyse les causes et les conséquences de la récente position de la Russie au Conseil de Sécurité de l’ONU. Le soutien de Moscou à Damas n’est pas une posture héritée de la Guerre froide, mais le résultat d’une analyse en profondeur de l’évolution des rapports de force mondiaux. La crise actuelle va cristalliser une nouvelle configuration internationale, qui d’un modèle unipolaire issu de la chute de l’Union Soviétique, va évoluer progressivement vers un autre type de système qui reste à définir. Inévitablement, cette transition va plonger le monde dans une période de turbulences géopolitiques.

    L’attaque médiatique et militaire à l’encontre de la Syrie est directement liée à la compétition mondiale pour l’énergie, ainsi que l’explique le professeur Imad Shuebi : la Syrie, centre de la guerre du gaz au Proche-Orient. C’est ainsi que Imad Fawzi Shueibi analyse la situation actuelle. Il écrit : L’attaque médiatique et militaire à l’encontre de la Syrie est directement liée à la compétition mondiale pour l’énergie, ainsi que l’explique le professeur Imad Shuebi. (2)

    « Avec la chute de l’Union soviétique, les Russes ont réalisé que la course à l’armement les avait épuisés, surtout en l’absence des approvisionnements d’énergie nécessaires à tout pays industrialisé. Au contraire, les USA avaient pu se développer et décider de la politique internationale sans trop de difficultés grâce à leur présence dans les zones pétrolières depuis des décennies. C’est la raison pour laquelle les Russes décidèrent à leur tour de se positionner sur les sources d’énergie, aussi bien pétrole que gaz. (…) Moscou misa sur le gaz, sa production, son transport et sa commercialisation à grande échelle. Le coup d’envoi fut donné en 1995, lorsque Vladimir Poutine mis en place la stratégie de Gazprom. (…) Il est certain que les projets Nord Stream et South Stream témoigneront devant l’Histoire du mérite et des efforts de Vladimir Poutine pour ramener la Russie dans l’arène internationale et peser sur l’économie européenne puisqu’elle dépendra, durant des décennies à venir, du gaz comme alternative ou complément du pétrole, avec cependant, une nette priorité pour le gaz. A partir de là , il devenait urgent pour Washington de créer le projet concurrent Nabucco, pour rivaliser avec les projets russes et espérer jouer un rôle dans ce qui va déterminer la stratégie et la politique pour les cent prochaines années. Le fait est que le gaz sera la principale source d’énergie du XXIe siècle, à la fois comme alternative à la baisse des réserves mondiales de pétrole, et comme source d’énergie propre.(…) Moscou s’est hâté de travailler sur deux axes stratégiques : le premier est la mise en place d’un projet sino-russe à long terme s’appuyant sur la croissance économique du Bloc de Shanghai ; le deuxième visant à contrôler les ressources de gaz. C’est ainsi que furent jetées les bases des projets South Stream et Nord Stream, faisant face au projet états-unien Nabucco, soutenu par l’Union européenne, qui visait le gaz de la mer Noire et de l’Azerbaïdjan. S’ensuivit entre ces deux initiatives une course stratégique pour le contrôle de l’Europe et des ressources en gaz.

     

    Le projet Nord Stream relie directement la Russie à l’Allemagne en passant à travers la mer Baltique jusqu’à Weinberg et Sassnitz, sans passer par la Biélorussie. Le projet South Stream commence en Russie, passe à travers la mer Noire jusqu’à la Bulgarie et se divise entre la Grèce et le sud de l’Italie d’une part, et la Hongrie et l’Autriche d’autre part. »(2)

     

    « Pour les États-Unis, poursuit le professeur Imad, le projet Nabucco part d’Asie centrale et des environs de la mer Noire, passe par la Turquie et devait à l’origine passer en Grèce, mais cette idée avait été abandonnée sous la pression turque. Ce projet, écrit le professeur Imad, bat de l’aile. A partir de là , écrit-il, la bataille du gaz a tourné en faveur du projet russe. En juillet 2011, l’Iran a signé divers accords concernant le transport de son gaz via l’Irak et la Syrie. Par conséquent, c’est désormais la Syrie qui devient le principal centre de stockage et de production, en liaison avec les réserves du Liban. C’est alors un tout nouvel espace géographique, stratégique et énergétique qui s’ouvre, comprenant l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban. Les entraves que ce projet subit depuis plus d’un an donnent un aperçu du niveau d’intensité de la lutte qui se joue pour le contrôle de la Syrie et du Liban.

    Elles éclairent du même coup le rôle joué par la France, qui considère la Méditerranée orientale comme sa zone d’influence historique, devant éternellement servir ses intérêts, et où il lui faut rattraper son absence depuis la Seconde Guerre mondiale. En d’autres termes, la France veut jouer un rôle dans le monde du gaz où elle a acquis en quelque sorte une « assurance maladie » en Libye et veut désormais une « assurance-vie » à travers la Syrie et le Liban. (…) L’empressement de la coalition Otan-Etats-Unis-France à mettre fin aux obstacles qui s’élevaient contre ses intérêts gaziers au Proche-Orient, en particulier en Syrie et au Liban, réside dans le fait qu’il est nécessaire de s’assurer la stabilité et la bienveillance de l’environnement lorsqu’il est question d’infrastructures et d’investissement gaziers. La réponse syrienne fût de signer un contrat pour transférer vers son territoire le gaz iranien en passant par l’Irak. Ainsi, c’est bien sur le gaz syrien et libanais que se focalise la bataille, alimentera-t-il. » (2)

    « De plus, poursuit le professeur Imad, la coopération sino-russe dans le domaine énergétique est le moteur du partenariat stratégique entre les deux géants. Il s’agit, selon les experts, de la « base » de leur double veto réitéré en faveur de la Syrie. Parallèlement, Moscou affiche sa souplesse concernant le prix du gaz, sous réserve d’être autorisé à accéder au très profitable marché intérieur chinois. (…) En conséquence, les préoccupations des deux pays se croisent au moment où Washington relance sa stratégie en Asie centrale, c’est-à -dire, sur la Route de la soie. (…) Cet aperçu des mécanismes de la lutte internationale actuelle permet de se faire une idée du processus de formation du nouvel ordre international, fondé sur la lutte pour la suprématie militaire et dont la clé de voûte est l’énergie, et en premier lieu le gaz. La « révolution syrienne » est un paravent médiatique masquant l’intervention militaire occidentale à la conquête du gaz. Quand Israël a entrepris l’extraction de pétrole et de gaz à partir de 2009, il était clair que le Bassin méditerranéen était entré dans le jeu et que, soit la Syrie serait attaquée, soit toute la région pourrait bénéficier de la paix, puisque le XXIe siècle est supposé être celui de l’énergie propre. Selon le Washington Institute for Near East Policy (Winep, le think tank de l’Aipac), le Bassin méditerranéen renferme les plus grandes réserves de gaz et c’est en Syrie qu’il y aurait les plus importantes. La révélation du secret du gaz syrien fait prendre conscience de l’énormité de l’enjeu à son sujet. Qui contrôle la Syrie pourrait contrôler le Proche-Orient. » (2)

    L’argument religieux : sunnite versus chiite

    Un autre argument de basse intensité est le conflit artificiel sunnite-chiite. Le conflit en Syrie est devenu, écrit Bernard Haykel spécialiste du Moyen-Orient à l’université Princeton, une guerre par procuration entre Riyadh et Téhéran. Pendant de longues années, le salafisme a été le vecteur d’influence de l’Arabie Saoudite. Mais cette doctrine a créé des monstres, notamment Al-Qaîda, qui se sont retournés contre le régime des Al Saoud. Aujourd’hui, l’anti-chiisme et le discours contre l’Iran sont utilisés par la monarchie pour que les Saoudiens, à 90% sunnites, fassent bloc derrière le régime. Cela pourrait devenir aussi la nouvelle base des relations avec les États-Unis. Il a montré comment le régime saoudien tente de tirer son épingle du jeu dans le grand chambardement du printemps arabe. » (3)

    « Mais c’est la Syrie qui est au centre de l’attention de l’Arabie Saoudite. Le roi s’est prononcé contre le régime de Bachar Al Assad. Il a rappelé son ambassadeur à Damas. Les Saoudiens estiment que l’Iran est aujourd’hui une menace réelle pour leur pays. Ils jugent que si Bachar Al Assad est renversé, ce sera un revers important pour l’influence de l’Iran dans la région. Il y a donc un flot d’argent saoudien qui vise à radicaliser les sunnites syriens, comme en 2006-2007 au Liban quand il s’agissait de radicaliser les sunnites locaux contre le Hezbollah. Riyadh ne considère plus qu’un changement dans la région est mauvais. « Enfin, elle tente de promouvoir cette approche à Washington. » L’Arabie Saoudite est sous protection militaire des Etats-Unis », conclut Bernard Haykel. » « Ces deux pays entretiennent aussi des relations commerciales fortes, dominées par les hydrocarbures et les ventes d’armes. » (3)

    Le résultat de cette anomie

    Quels sont les perdants et quels sont les gagnants ? Le grand perdant est d’abord et avant tout le peuple syrien qui paie le prix fort d’une guerre qui le dépasse. Il devient clair que la clé de la réussite économique et de la domination politique réside principalement dans le contrôle de l’énergie du XXIe siècle : le gaz. C’est parce qu’elle se trouve au coeur de la plus colossale réserve de gaz de la planète que la Syrie est sur une plaque tectonique énergétique. Une nouvelle ère commence, celle des guerres de l’énergie. Le grand gagnant dans tous les cas est Israël qui réussit – sans y participer – à affaiblir ses adversaires, l’Iran, les pays arabes qui ne comptent plus et le Hezbollah. On l’aura compris, la paix en Syrie n’est pas pour demain. Hélas !

    Chems Eddine Chitour

    1. http://www.afrique-asie.fr/nous-ecrire/27-actualite32/3216-desinformation-mais-que-se-passe-t-il-en-syrie.html3/07/12

     

     

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