• Révoltes arabes :le point .

     

    Où en sont les révoltes arabes ?

    Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 18/03/2011 à 18:20

     Où en sont les révoltes arabes ?

    Des manifestations ont eu lieu dans différentes villes d'Irak, en soutien aux opposants bahreïnites.  

    REUTERS/Atef Hassan

    La crise libyenne domine l'actualité dans le monde arabe, mais au Yémen, à Bahreïn, en Egypte, en Syrie, en Algérie, au Maroc, en Jordanie et en Irak, la contestation se poursuit. Passage en revue.

     

    Yémen

    Ce vendredi, plus de 40 personnes ont été tuées et au moins 200 autres blessées par des tirs contre une manifestation réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh à Sanaa. 

    L'opposition a accusé le régime d'avoir commis "un massacre". "Cette tuerie ne va pas contribuer à maintenir Ali Abdallah Saleh au pouvoir", a indiqué, dans une déclaration à la chaîne al-Arabiya, le porte-parole de l'opposition parlementaire, Mohamed al-Sabri. 

    A la suite de cette répression sanglante, le président a décrété l'état d'urgence, mais a déclaré "regretter" les morts tombés sous les balles. 

    Où en sont les révoltes arabes ?

    Plus de 40 personnes ont été tuées, et plus de cent blessées, lors d'un rassemblement d'opposants vendredi à Sanaa (capitale).  

    REUTERS/Khaled Abdullah

    Bahreïn

    L'opposition bahreïnie a bravé l'interdiction de manifester et des milliers de personnes se sont rassemblées près de Manama. Des appels avaient été lancés pour des rassemblements après la grande prière du vendredi. Ces démonstrations sont intervenues au lendemain d'un appel de l'opposition dominée par les chiites à poursuivre la contestation de la dynastie sunnite des Al-Khalifa, au pouvoir depuis plus de 200 ans dans ce petit pays, allié des Etats-Unis qui maintiennent le commandement de leur Vème flotte dans le pays. 

    Les autorités bahreïnies ont décrété l'état d'urgence mardi, interdisant notamment les rassemblements, après des semaines de contestation dans ce petit royaume. Le lundi 14 mars, le Conseil de coopération du Golfe a envoyédes troupes, venant notamment d'Arabie Saoudite, pour "contribuer à préserver l'ordre et la stabilité" dans ce pays voisin. Le lendemain, les forces de sécurité ont chassé les manifestants antigouvernementaux de la place de la Perle, épicentre de la contestation à Manama, au cours d'une violente attaque qui a fait au moins trois tués et plusieurs dizaines de blessés. Ce vendredi, les autorités ont annoncé avoir détruit le monument qui se trouve sur la place de la Perle. 

    Où en sont les révoltes arabes ?

    Le monument au centre de la place de la Perle, à Manama, a été détruit par les autorités. Cette place était devenue l'emblême des opposants bahreïnites.  

    REUTERS/Hamad I Mohammed

    Egypte

    Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi au Caire sur la place Tahrir, haut lieu de la contestation qui a renversé le président Hosni Moubarak, pour dire "non" aux amendements à la Constitution sur lesquels les Egyptiens se prononcent samedi lors d'un référendum. 

    De jeunes militants avaient appelé à une manifestation pour exprimer leur rejet des amendements et exiger une nouvelle loi fondamentale, en estimant que "rapiécer" la Constitution n'était pas suffisant. Les appels à voter "non" se sont multipliés ces derniers jours, notamment de la part des candidats déclarés à la présidence Amr Moussa et Mohamed ElBaradei. La puissante confrérie des Frères musulmans, elle, a appelé à voter "oui" en jugeant que les amendements permettraient de "passer d'une période de transition à une période de stabilité". 

    Arabie Saoudite

    Le roi Abdallah a assuré dans un discours télévisé que les forces de sécurité étaient prêtes à faire face à "tous ceux qui envisageraient de porter atteinte" au royaume. Parrallèlement, pour apaiser les tensions, des mesures sociales ont été annoncées en faveur des fonctionnaires, des chômeurs, du logement et celui de la santé. 60 000 postes supplémentaires seront créés dans le domaine de la sécurité. 

    Une première évaluation des chiffres annoncés établit à plus de 70 milliards de dollars le coût de ce plan de subventions, qui intervient moins d'un mois après un premier train de mesures d'un montant de plus de 36 milliards de dollars annoncé par le roi à son retour d'une longue absence pour raison de santé. 

    Les forces de sécurité s'étaient déployées en masse le 11 mars à Ryad et dans d'autres villes saoudiennes pour prévenir toute manifestation après un appel lancé sur facebook. Ce vendredi, des manifestations ont été organisées dans l'Est du pays, à Qatif, Axamiya, Omran, Safwa et Al-Rabiya. Un nouvel appel a été lancé sur Facebook pour une journée de protestation le 20 mars. 

    Syrie

    Où en sont les révoltes arabes ?

    L'affiche appelant à une manifestation le 15 mars en Syrie, publiée sur Facebook.  

    Capture d'écran Facebook

    Quatre manifestants ont été tués vendredi par les forces de l'ordre et des centaines d'autres blessés lors d'une manifestation à Deraa, dans le sud du pays, a indiqué à l'AFP un militant des droits de l'Homme sur place.  

    A Damas, 35 manifestants au moins ont été emmenés par les agents de sécurité ce vendredi, alors que le pays connait sa troisième manifestation en faveur des libertés cette semaine. 

    Les forces de l'ordre syriennes ont dispersé une petite manifestation devant la Mosquée des Omeyyades au coeur du vieux Damas. Une page Facebook intitulée "la révolution syrienne contre Bachar al-Assad 2011", qui comptait vendredi plus de 49.000 soutiens, avait appelé à des manifestations pour "le vendredi de la dignité le 18 mars" près des Mosquées de toutes les régions syriennes. Un rassemblement a eu lieu également dans la ville de Banias, dans le nord ouest de la Syrie, sans que des incidents soient signalés, selon l'agence officielle syrienne Sana. 

    Jordanie

    Plus d'un millier de personnes ont manifesté dans le centre d'Amman pour réclamer des réformes constitutionnelles et la dissolution du Parlement. Le Front de l'action islamique (FAI), branche politique des Frères musulmans et principal parti d'opposition en Jordanie, ainsi que d'autres groupes réclament d'importantes réformes, y compris une nouvelle loi électorale. Les islamistes ont boycotté les législatives de novembre pour protester contre cette loi, demandant une nouvelle loi électorale et des amendements à la Constitution pour permettre au chef de la majorité parlementaire de former le gouvernement aujourd'hui désigné par le roi. 

    Irak

    Des milliers de partisans du chef radical chiite irakien Moqtada Sadr ont manifesté dans tout le pays, pour soutenir l'opposition chiite bahreïnie et mettre en garde les gouvernements arabes qui aident la répression menée par la monarchie sunnite dans l'archipel du Golfe. 

    A Sadr City, leur bastion à Bagdad, des foules de manifestants se sont dit prêtes à voler au secours des Bahreïnis, deux jours après l'assaut meurtrier lancé contre les protestataires dans le centre de Manama, capitale de Bahreïn. 

    L'agitation touche aussi d'autres villes du pays ce vendredi. Quinze manifestants ont été blessés à Fallouja, à 60 km à l'ouest de Bagdad, quand l'armée irakienne a dispersé un rassemblement contre le manque de services et l'inefficacité des autorités, a-t-on appris auprès de témoins et d'un médecin. 

    Dans les provinces multiconfessionnelles au nord de Bagdad, des manifestations ont rassemblé près de 3 000 personnes à Jadidat al-Chat, 2 000 à Khalis et 500 autres à Baqouba et Kirkouk. 

    Algérie

    Loin de désarmer, la contestation en Algérie s'étend avec des grèves, des sit-in parfois violents et deux manifestations prévues samedi et dimanche à Alger, maintenant la pression de la rue pour le changement. Ainsi le 49e anniversaire du cessez-le-feu qui a mené à l'indépendance le 19 mars sera marqué par une marche des jeunes devant la Grande Poste d'Alger, suivie le lendemain par une autre du Comité national des chômeurs, créé le 6 février, pour faire entendre ses revendications. L'appel à manifester samedi a été lancé sur Facebook par "des jeunes Algériens" au début du mois sans que ses initiateurs se soient initialement identifiés. Samedi, le tout nouveau Comité national des chômeurs, créé le 6 février, tentera une marche depuis la place du 1er Mai pour réclamer un travail décent, une allocation chômage à hauteur de 50% du salaire minimum garanti, la pérennisation des contractuels et une protection contre le travail précaire. 

    Mercredi, une quinzaine de chômeurs ont été blessés par des gendarmes lors d'une manifestation contre la corruption, dans un bureau d'emploi de la sous-préfecture du site pétrolier de Hassi Messaoud (800 km au sud d'Alger), selon le Comité et un chômeur témoin. Jeudi, ce sont des centaines de membres de la protection civile, rattachée au ministère de l'Intérieur, qui ont manifesté à Alger pour demander la liberté syndicale sur le lieu de travail, la réintégration de personnels licenciés abusivement et une amélioration de leur statut. 

    Maroc

    Le Maroc doit connaître dimanche une nouvelle journée de manifestations pour réclamer des changements démocratiques, un test important pour le pouvoir quelques jours après le discours du roi Mohammed VI annonçant de profondes réformes politiques. Le mouvement, lancé à l'origine par de jeunes Marocains sur Facebook, a maintenu son mot d'ordre pour dimanche, malgré un discours royal reprochant aux autorités la répression d'une manifestation qui a fait des blessés dimanche dernier à Casablanca. 

    Les jeunes de l'association Justice et Bienfaisance, considérée comme le principal mouvement islamiste au Maroc, ont annoncé leur participation aux rassemblements, de même que des ONG comme l'Association marocaine des droits humains (AMDH). 

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