• Le Guetrane

    El Guetrane, un produit de la pharmacopée séculaire auréssienne

    Utilisée depuis toujours à des fins domestiques courantes comme en médecines traditionnelles humaine et vétérinaire, l'huile de cade ou miel de cèdre (aassal bignoune) ou encore el guetrane demeure un produit d'actualité à travers le massif des Aurès.

    Son extraction artisanale bien que très limitée persiste à travers les forets les plus inaccessibles de Batna et surtout de Khenchela. Et la présence de cette panacée dans les échoppes des marchés populaires d'épices à l'instar d'Errahba à Batna en prouve la pérennité. Cette pérennité est entretenue par une bonne cote d'el guetrane sur ces marchés où le petit flacon de 125 ml est cédé à 100 DA, soit 800 DA le litre.

    Selon le service de protection de la conservation des forêts de Batna, les extracteurs de l'huile de cade ont pratiquement disparu du parc national de Belezma qui renferme quelque 26 000 ha de très rares cédraies mais restent actifs bien qu'à faible échelle dans les forets reculées de Khenchela.

    Marzouka, une sexagénaire vendeuse de plantes médicinales au très vieux marché populaire Errahba de la capitale des Aurès, est bien au fait des vertus de cette essence naturelle noirâtre pour avoir été, elle même, une ancienne artisane distillatrice de cette huile de Merouana.

    La technique d'extraction de aassal bignoune (littéralement miel de cèdre) recourt à un grand couscoussier, jadis en terre cuite, qui est rempli de bûchettes bien rouges de cèdre puis hermétiquement fermé et renversé sur sa passoire avec en dessous un récipient pour recueillir la précieuse huile.
    Le couscoussier est ensuite réchauffé lentement au feu de bois, des heures durant, explique Marzouka qui se contente aujourd'hui de revendre El Guetrane de forets de Maâfa. La multiplicité des noms donnés à cette substance traduit une diversité effective des produits nommés n'ayant en commun que la couleur noirâtre et une méthode d'extraction similaire.
    Ainsi l'huile de cade extraite du genévrier oxycèdre (Juniperius oxycedrus) n'aurait pour équivalent que el guetrane tiré de Taga, nom donné localement à cette même espèce de genévrier méditerranéen. Aassal bignoune est extrait de la pyrogénation du bois de cèdre de l'Atlas (cedrus atlantica) alors que Taguendel est l'extrait du bois de pin (pinus halepensis), explique savamment Marzouka. C'est el guetrane qui, appliqué en enduit aux parois intérieurs d'une outre en peau de chèvre ou autre récipient en terre et même en PET, confère à son eau le goût âcre mais si rafraîchissant encore largement apprécié des Auréssiens surtout en été. Aassal Bignoune serait réservé aux usages médicinaux pour le traitement de certaines infections parasitaires cutanées. Avicenne dans son traité de médecine le préconisait pour le traitement des vers parasitant le tube digestif. Pour les bergers, il demeure, comme El Guetrane, même de nos jours un remède d'actualité contre la gale du mouton, de la chèvre et du chien. En sparterie, el guetrane sert d'enduit pour souder les fissures de certains ustensiles utilisés en cuisine.
    En cas d'angine infantile, presque toutes les grandes-mamans auréssiennes y recourent en appliquant d'infimes quantités de aassal bignoune sur les amygdales de l'enfant malade.

    La médecine moderne a confirmé aujourd'hui l'efficacité parasiticide de cet extrait naturelle séculaire et les dermatologues lui reconnaissent des vertus curatives certaines contre plusieurs infections de la peau. En cosmétique, il est préconisé surtout pour le raffermissement du cuir chevelu et pour la lutte contre la chute des cheveux, affirment les spécialistes du domaine.

    La Nouvelle Réepublique du 23 aout 2005

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