• Ibn Jubayr, grand Voyageur Maritime en 1185

     

    Ibn Jubayr, grand Voyageur Maritime en 1185

    par THIERRY BRESSOL

    Ibn Jobaïr, Ibn Djubayr, ou Ibn Jubayr, n'était pas un Marin mais un Grand Voyageur de son époque. On prenait alors moins l'avion et plus souvent le bateau pour aller loin. D'autre part malgré les difficultés, les gens de "ce temps" voyageaient plus qu'on ne le pense aujourd'hui. C'est dire que quelques épisodes maritimes de ses voyages méritent d'être évoqués ici. 
    - Souvenirs de Mer en effet, ne raconte pas que les miens :

    (Vendredi le 13 Mai 2005, réparé et corrigé le 5 Mars 2009)

    En effet au-delà de mes propres souvenirs de mer, j'aime aussi faire part de ceux des autres, à commencer par celles et ceux qui n'écrivent pas ou qui le font rarement. D'autre part existent aussi une mémoire de mer plus ancienne, celle qui est moins souvent lue que les navigateurs de notre temps, Tabarly ou les épisodes plus récents comme la mésaventure de Yann Héliès. 
    - Seul en mer et se blesser (le 21 Déc. 2008)Heureusement Ibn Jubaïr écrivait beaucoup et nous a donné un livre rare, "Voyage" ou "Rihla", qu'il faut absolument lire mais qu'on ne trouve pas très facilement, trop rarement ré-édité depuis les années lointaines 1190... C'est pourquoi je le relance à mon bord. 
    - Pour information "Voyage" ou "Rihla" fut traduit par Gaudefroy-Demombynes et deux autres littéraires nommés Amar et Hemdane pour paraître en Français au Maroc en 1949 et 1958. Mais il existe aussi "Travel" en Anglais, et c'est plus récent.

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    La couverture d'une édition récente de "Rihla" en anglais

    Qui était Ibn Jubaïr ? Il "était une fois" un "fonctionnaire" et intellectuel fin lettré au service du Prince Musulman de Grenade en Espagne dans les années 1180. Ibn Jubaïr était un "Hispano-Mauresque" dit un traducteur de son livre. A l'époque, l'Espagne n'avait pas encore effectuée sa "Reconquista" catholique. C'était à l'époque peu après les secondes croisades. Tout ça "date" donc un peu effectivement ! Mais ses récit restent très modernes au sens positif du terme. 
    - Hélas pour nous autres pauvres Européens du Nord, souvent ignares de la culture Arabe ou Méditerranéenne, nous connaissons fort peu ce personnage très haut en couleur. C'est donc par un livre ancien acheté par hasard au Maroc lors de mes voyages.

    J'ai parfois rêvé de le rencontrer lors de mes voyages, où je n'ai fatalement pas su voir exactement la même chose. Bien que, parfois... 
    - Si vous trouvez un exemplaire de "Rihla" chez un "bouquiniste de précision", emparez vous de lui et dévorez-le ! Un de mes grands regrets littéraires est d'avoir perdu ce livre en ayant trop souvent déménagé depuis que je ne suis plus navigateur.

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    Les voyages d'Ibn Jubayr

    Ibn Jobaïr fut amené à faire un pèlerinage à La Mecque à la suite d'une mésaventure stupide survenue dans l'exercice de ses fonctions et d'un désaccord avec son "patron", le Prince Musulman de Grenade. Puis cet excellent témoins de son temps raconta ensuite son voyage qui dura 2 ans et demi. Naturellement il raconta aussi le suivant. 
    - Cet homme très fin et plein d'humour était très observateur et il notait tout, absolument tout. C'est fou tout ce qu'on sait de cette époque grâce à lui et toutes ses notes de voyage. Il s'y trouve raconté avec talent des tas de choses fort peu ou mal connues maintenant, à propos de l'ambiance d'une époque où on voyageait beaucoup, ce qui se sait mal aujourd'hui. Pourtant, les conditions de voyage de ce temps étaient plus difficiles que maintenant.

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    L'Espagne Hispano-mauresque d'Ibn Jubayr 1185

    A l'époque, contrairement à ce qui s'apprend dans les écoles ici en Europe à propos des Croisades, les relations entre Chrétiens et Musulmans étaient plus que nuancées. On nous en a fait plus de "jolies" fables que de sérieux exposés montrant les faits du temps car en lisant la prose d'Ibn Jubaïr, nous apprenons que tout le monde à l'époque ne passait pas le temps à "s'entre-massacrer", toujours et partout, bien loin de là...

    Il existait par exemple une tradition tacite en Méditerranée selon laquelle on n'attaquait pasles navires transportant des pèlerins en route vers la Palestine, la Mecque et ailleurs, ni à leur retour. C'était vrai autant pour les navires portant des Musulmans que ceux transportant des Chrétiens vers leurs lieux de pèlerinage. 
    - Même les pirates s'y tenaient, au moins la plupart d'entre eux.

    On avait des vrais principes à l'époque et la religion était prise au sérieux d'une façon fort différente d'aujourd'hui. Dans les années 2000, on nous parle de spiritualité nouvelle, mais c'est surtout pour retrouver d'excellents et nouveaux prétextes pour s'entretuer... 
    - D'autre part gare aux navires qui essayaient de tricher avec ça ! Non seulement ils n'écoulaient pas leur butins et mais ils ne trouvaient plus grâce nulle part après un tel forfait...

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    La forteresse d'Akka

    Plus surprenant encore, il est peu connu qu'une grande partie du transport des pèlerins Musulmans du Magreb, de l'Espagne et de Sicile vers Alexandrie ou vers Tyr, était assuré par des navires appartenant à des Chrétiens, le plus souvent ils des armateurs Génois. Il arrivait d'autre part souvent que des Chrétiens et des Musulmans voyagent ensemble et en parfait accord, "à chacun son pèlerinage" et sa destination finale.

    La description d'Alexandrie et de ses tracasseries douanières par Ibn Jubaïr fut un modèle du genre. Les douaniers de l'époque peuvent être rassurés, ils ne seraient surement pas déçus de savoir que la relève reste assurée pleinement en Egypte aujourd'hui dont les douaniers d'aujourd'hui en effet, sont parfois aussi tordus que leurs Grands Anciens...

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    La Palestine des croisades

    La liste des anecdotes marrantes est si longue que j'en ai oublié les 4/5. Je n'ai plus ce livre et les éditeurs Francophones devraient d'urgence récidiver pour le plus grand plaisir des amateurs de récits de voyages en Europe. Cela dit Ibn Jubaïr reste bien connu au Magreb. On trouve aujourd'hui plus ou moins facilement sur Internet quelques intéressants extraits de "Rihla" en Français aussi, c'est heureux car c'est lisible par les ignares que nous sommes lorsqu'on ne lit pas l'arabe.

    Le parallélisme avec nôtre époque est parfois tout à fait amusant. Son pèlerinage dura plus de deux ans. On savait prendre le temps de vivre à cette époque en 1180... 


    - A suivre Quand Ibn Jubayr fait naufrage près de Messine.

    Source:http://souvenirs-de-mer.blogdns.net/

     

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