• Israël renonce à 21 ans d’intox sur la prétendue bombe iranienne

    Réseau Voltaire | 26 avril 2012

    Dans un entretien accordé au quotidien Haaretz, à l’occasion de l’anniversaire de l’auto-proclamation de l’État d’Israël, le général Benny Gantz a admis que l’Iran ne cherche pas à fabriquer la bombe atomique.

    C’est au détour d’une question que le chef d’état-major a déclaré : « L’Iran se dirige étape par étape vers le moment où il sera en mesure de décider de fabriquer une bombe nucléaire. Il n’a pas encore décidé s’il fallait franchir le pas. Aussi longtemps que ses installations ne sont pas l’épreuve des bombes, ce programme est trop vulnérable, du point de vue iranien. Si le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, le veut, il dirigera vers l’acquisition d’une bombe nucléaire, mais la décision doit d’abord être prise. Ce sera le cas si Khamenei estime qu’il est invulnérable à une réponse. Je crois qu’il ferait une énorme erreur, et je ne pense pas qu’il franchira le pas. Je pense que la direction iranienne est composée de gens très rationnels. Mais je suis d’accord qu’une telle capacité, dans les mains de fondamentalistes islamiques qui, à des moments particuliers pourraient faire des calculs différents, est dangereuse. » [1].

    Depuis 1991, Israël mène campagne dans la presse internationale pour alerter l’opinion publique sur l’acquisition imminente de la bombe atomique par la République islamique d’Iran. Cependant, en 21 ans, ce danger « imminent » ne s’est jamais concrétisé.

    Durant cette période, les dirigeants iraniens n’ont cessé de répéter qu’ils prohibaient l’usage, la menace, le stockage et la fabrication de l’arme nucléaire en vertu des principes énoncés par l’imam Rouhollah Khomeiny. Cette prohibition a pris force de loi avec un décret promulgué par l’ayatollah Ali Khamenei, le 9 août 2005.

    En outre, les dirigeants iraniens ont souligné que s’ils disposaient d’une telle arme, ils ne pourraient en faire usage contre leurs adversaires car en cas de bombardement de l’Arabie saoudite, ils se détruiraient aussi, et en cas de bombardement d’Israël, ils détruiraient aussi les Palestiniens.

    Les États-Unis et leurs alliés ont régulièrement accusé l’Iran de masquer un programme nucléaire militaire. Depuis 2006, ils ont obtenu diverses résolutions du Conseil de sécurité (1696, 1737, 1747, 1803, 1929) et ont imposé des sanctions unilatérales contre l’Iran [2]. Ils ont également utilisé cette intox pour masquer leurs véritables intentions belliqueuses, par exemple à propos du déploiement de missiles contre la Russie, sous couvert d’un système anti-missiles iraniens.

    Craignant que cette intox ne débouche sur une guerre, une faction de l’appareil d’État US a multiplié les démentis depuis 2007. Récemment, le 29 janvier 2012, le secrétaire à la Défense Léon Panetta a confirmé à 6o Minutes (CBS) que l’Iran n’avait pas décidé de se doter de la bombe [3]. Le 31 janvier 2012, le directeur national du Renseignement US, James Clapper, a réitéré cette affirmation par écrit devant la Commission du Renseignement du Sénat [4]. Pourtant, les négociations engagées par les Européens pour convaincre les Iraniens d’interrompre leur programme nucléaire militaire se poursuivent.

    Ainsi donc, alors que les multiples inspections de l’AIEA n’ont jamais trouvé le moindre indice de l’existence d’un programme nucléaire militaire iranien, et que plus aucune autorité compétente aux États-Unis et en Israël ne croit à cette intox, les Européens ont programmé une nouvelle réunion de négociation avec l’Iran, le 23 mai prochain à Bagdad.

    Documents joints

     
    Haaretz du 25 avril 2012
    (PDF - 7.3 Mo)

    [1] Citation originale : « Iran is going step by step to the place where it will be able to decide whether to manufacture a nuclear bomb. It hasn’t yet decided whether to go the extra mile.” As long as its facilities are not bomb-proof, “the program is too vulnerable, in Iran’s view. If the supreme religious leader Ayatollah Ali Khamenei wants, he will advance it to the acquisition of a nuclear bomb, but the decision must first be taken. It will happen if Khamenei judges that he is invulnerable to a response. I believe he would be making an enormous mistake, and I don’t think he will want to go the extra mile. I think the Iranian leadership is composed of very rational people. But I agree that such a capability, in the hands of Islamic fundamentalists who at particular moments could make different calculations, is dangerous. », in « IDF chief Benny Gantz to Haaretz : Pressure on Iran starting to bear fruit », par Amos Harel, Haaretz, 25 avril 2012.

    [2] Lire l’étude de Thierry Meyssan sur l’histoire de cette intox et ses mobiles : « Qui a peur du nucléaire civil iranien ? », Réseau Voltaire, 30 juin 2010.

    [3] Transcription du texte original.

    [4] Déclaration écrite et vidéo de l’audition.

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  • La chasse aux musulmans est ouverte

    jeudi 26 avril 2012, par Alain Gresh

    L’odeur de la défaite flotte sur la Sarkozie. Il faudrait un miracle pour sauver le « président des riches », celui dont le quinquennat a signifié plus de privilèges pour les privilégiés, plus de fardeau pour les plus faibles. Et il faut l’incroyable culot du président sortant pour faire écrire sur un tract électoral intitulé « Cinq raisons de voter pour Nicolas Sarkozy » : « Je ne veux pas d’une société où les élites confisquent le pouvoir. »

    Mais le chef de l’Etat s’accroche désormais à la seule bouée qui pourrait, pense-t-il, le sauver : la xénophobie, l’islamophobie, la haine des immigrés. La plupart de ses amis lui emboîtent le pas, certains avec un peu de gêne, d’autres — y compris des intellectuels — sans aucun état d’âme, comme Jean-Claude Casanova, directeur de la revueCommentaire et président de la Fondation nationale des sciences politiques, qui trouve normal que M. Sarkozy aille « là où sont les réserves de voix » (Libération, 26 avril).

    Le président-candidat était l’invité, le jeudi 26 avril, de la matinale de France Inter. Il s’est dépassé, surtout dans le mensonge. Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose.

    Ses attaques ont porté d’abord contre Tariq Ramadan, qui aurait appelé à voter François Hollande, puis sur l’appel de sept cents mosquées à soutenir le candidat socialiste.

    A propos de Tariq Ramadan (après lui avoir reproché les positions de son frère ! Un crime de parenté, sans doute), M. Sarkozy a évoqué la polémique sur la lapidation et lui a contesté le qualificatif d’intellectuel :« Je garderai ce terme pour des gens qui défendent d’autres idées. »Un intellectuel est donc quelqu’un qui défend les idées que Nicolas Sarkozy entérine... Notons que le commentateur Patrick Cohen lui en a donné acte : « Je vous l’accorde », on ne peut pas qualifier Ramadan d’intellectuel. Drôle de position pour le modérateur, qui n’oserait jamais s’attaquer au qualificatif d’intellectuel affublé à Bernard-Henri Lévy... Rappelons à Patrick Cohen que Tariq Ramadan a été nommé à une chaire d’études islamiques contemporaines à l’Oriental Faculty de l’université d’Oxford et enseigne également au Saint Antony’s College de cette même université. Il est professeur de sciences islamiques contemporaines au département des sciences islamiques de la faculté du Qatar (rattaché à la Qatar Foundation) et chercheur (Senior Fellow)à l’université de Doshisha (Kyoto, Japon). Excusez du peu.

    Selon M. Sarkozy, le 11 mars à Lyon, dans le cadre d’une dynamique intitulée Le printemps des quartiers, Tariq Ramadan, Marwan Muhammad, porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), et Youssef Brakni, responsable du Parti des indigènes de la république (PIR), auraient « appelé publiquement les personnes présentes ainsi que leur entourage à voter pour François Hollande ou pour un parti politique qui serve l’islam ».

    Interrogé sur ses sources et sur le fait qu’aucun média n’avait relayé ce soi-disant appel, le président a répondu : « Le vote communautaire ne s’étale pas dans les colonnes de la presse mais s’étale dans les réseaux communautaires. » C’est bien connu, ces gens-là agissent dans l’ombre... Cela ne vous rappelle rien — le complot juif par exemple ?

    Il faut le dire : M. Sarkozy ment et il sait qu’il ment.

    Nul ne doute que Claude Guéant et ses policiers suivent depuis longtemps les activités de ces groupes dangereux dont le président-candidat parle. Ils savent bien que ni Le printemps des quartiers, ni le CCIF et encore moins le PIR, dont les critiques à l’égard du Parti socialiste mais aussi de Jean-Luc Mélenchon ont souvent été vives, n’ont aucune chance d’avoir appelé à voter François Hollande.

    Mais écoutons, au-delà des démentis de Tariq Ramadan lui-même [1], ce que disent les deux autres personnes et organisations incriminées :

    Youssef Brakni, du PIR : « Cette déclaration témoigne soit d’une volonté caractérisée de mentir aux électeurs, soit que les services de renseignement de Sarkozy ont les oreilles bien sales. En effet, le meeting de Lyon n’avait aucunement pour objet de donner des consignes de vote mais d’imposer une parole des quartiers dans un débat politique qui se déroule sans eux. »

    Marwan Muhammad, du CCIF, dénonce dans un communiqué « les propos honteux et mensongers » de M. Sarkozy et affirme que jamais le CCIF, « dans aucune de ses interventions, publiques comme privées », n’a appelé à soutenir François Hollande.

    Ajout du 27 avril

    A la revue de presse de ce matin 27 avril, sur France Inter, le journaliste signait que le site (de droite) Atlantico publiait une note policière internequi confirmait les accusations de Sarkozy. Mais l’enregistrement dit le contraire, pourquoi France Inter ne le dit pas ? « Radio Paris ment, radio paris ment, radio paris est allemand » (slogan de la résistance dans les années 1940)... Pourquoi ne pas aussi s’interroger sur le rôle des services de police dans la lutte contre les musulmans.

    Fin de l’ajout

    Comme un seul mensonge ne suffit pas, Nicolas Sarkozy a relayé l’information de Marianne2.fr affirmant que 700 imams allaient appeler à voter pour M. Hollande (« Des recteurs de mosquées vont appeler à voter pour François Hollande, 25 avril »). Le moins qu’on puisse dire est que l’article est maladroit (et faux) et les tentatives de l’hebdomadaire de le justifier ne sont guère convaincantes (« Polémique des mosquées : pourquoi Sarkozy manipule », 26 avril.)

    En fait, dès ce matin, Le Figaro publiait un article, « Polémique sur des appels de mosquées à voter Hollande », chef d’œuvre de désinformation et dont l’argumentation est exactement la même que celle du président de la République : l’information est fausse, mais elle aurait pu être vraie et elle reflète une dérive communautaire.

    Quand on fait remarquer au chef de l’Etat que l’information est erronée et démentie, il déclare alors : « Vous voyez, j’ai bien fait d’en parler. »Puis il s’empresse de passer à la burqa, aux horaires des piscines, etc. Et l’animateur n’insiste pas sur le mensonge flagrant... Et, dans le feu du débat, Sarkozy a déjà expliqué que la fille ne ressemble pas au père...

    Mais, si la droite a désormais ouvert la chasse aux musulmans, on ne peut absoudre les médias et la gauche, y compris intellectuelle, pour la manière dont ils ont préparé le terrain depuis de longues années, en rejoignant les thèmes de l’extrême droite, au nom d’un soi-disant combat pour la laïcité, cache-sexe d’une xénophobie qui n’ose dire son nom.

    Un florilège de quelques incidents :

     En janvier 2012, la nouvelle majorité de gauche au Sénat trouve une première action d’éclat à faire : interdire aux femmes qui portent le foulard de garder des enfants chez elles (sauf autorisation expresse des parents !). Qui est encore visé ? les femmes bien évidemment.

     En mars 2011, des lycéennes musulmanes convoquées par la directrice d’un lycée qui trouve leurs jupes… trop longues.

     A l’automne 2010, exclusion d’une femme qui travaille dans une crèche parce qu’elle porte le foulard. Une grande partie de la gauche intellectuelle se mobilise contre... la femme.

     En juin 2010, les autorités envisageaient sérieusement de déchoir un citoyen musulman, certes peu recommandable, de sa nationalité. Ce n’était hélas, pas possible... Retour aux lois de Vichy sur les juifs ?

     En septembre 2009, un livre, Aristote au Mont Saint-Michel, promu par le chroniqueur du Mondecherche à démontrer que l’Europe ne doit rien à l’islam.

     En juin 2009, l’Assemblée nationale ne trouve rien de mieux à faire, en pleine crise économique, que de créer une commission sur la burqa.

     En septembre 2008, un « bobard » relayé par tous les médias, dontLibération, explique qu’un tribunal n’a pas tenu session pour cause de… ramadan.

     L’Express consacre sa « Une » (12-18 juin 2006) à « Islam, les vérités qui dérangent », avec trois sous-titres, « Le Coran et la violence », « Le sort des femmes », « La modernité impossible ? ».

    On pourrait continuer longtemps... « Unes » racoleuses, incidents mineurs montés en épingle, déclarations indignées, etc., ont alimenté l’idée du « on n’est plus chez nous ». La droite comme la gauche ont largement capitulé devant l’extrême droite. Le problème n’est pas seulement le score du Front national, c’est aussi que les idées xénophobes du FN polluent désormais le débat politique.

    Amnesty International vient de publier un rapport sur les discriminations religieuses en Europe et en France (Europe : les musulmans victimes de discrimination parce qu’ils expriment leur foi). Souhaitons que le futur président les lise et prenne au sérieux les recommandations, plutôt que d’écouter les vents mauvais de la xénophobie portés par le FN.

    Source : http://blog.mondediplo.net/2012-04-26-La-chasse-aux-musulmans-est-ouverte

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