• Aucun peuple ne peut accepter le règne de maquignons et de malfrats. Face à un Etat policier, la population n'a comme alternative que la révolte et l'explosion. C'est ce qui se passe aujourd'hui en Tunisie.»

    C'est là l'avis des avocats, écrivains et journalistes tunisiens qui ont, de tout temps, dénoncé la politique prônée par le président Ben Ali. D'aucuns pensent que les prémices d'une révolte étaient visibles dans ce pays assoiffé de liberté d'expression et où la corruption gangrène toutes les institutions étatiques. Nombreux sont les Tunisiens, notamment ceux de Sidi Bouzid, qui vivent un grand malaise social et économique. Si par le passé, les citoyens occupaient, difficilement, la rue pour exprimer leur ras-le bol, en 2010 ils tentent de s'immoler pour attirer l'attention des dirigeants. «Hormis l'immolation par le feu, les Tunisiens n'ont pas d'autre arme pour exprimer leur désarroi. Hier encore, dans une région située à 30 km de Sidi Bouzid, un autre jeune homme de 20 ans s'est immolé par le feu. C'est le désespoir qui pousse les gens au suicide», nous a révélé Radiah Nasraoui, avocate et militante des droits de l'homme.


    Faut-il rappeler qu'à l'origine des émeutes qui se sont déclenchées le 17 décembre, la tentative de suicide de Mohammed Bouazizi, un diplômé de 26 ans, vendeur ambulant de fruits et légumes, qui s'est fait confisquer sa marchandise par la police municipale car n'ayant pas d'autorisation pour l'exercice de cette activité. Le jeune homme, ne pouvant contenir sa colère, avait décidé de s'asperger d'essence pour s'immoler par le feu. Cet incident dramatique avait suscité un vif émoi parmi la population, qui est alors sortie dans la rue.
    Pour Toufik Ben Brik, journaliste et écrivain, la population s'est révoltée pour la liberté et non pas pour le pain. «Nous vivons dans un immense camp de concentration ; la révolte et l'insurrection demeurent l'unique solution pour s'opposer au régime en place. Ben Ali a muselé les Tunisiens ; il a coupé leur langue. Aujourd'hui, ces opprimés se sont révoltés. Il s'agit d'une révolution et non d'émeutes», dit un avocat, qui souligne que le peuple tunisien veut être «libre». Il revendique la justice sociale, la démocratie, la liberté d'expression... Il ne veut plus d'un régime qui écrase toute voix de contestation.

    Mais à ces cris de détresse, le régime tunisien réagit par la répression en sortant toute la panoplie du ministère de la Sécurité, comme il a fait appel à l'armée pour barricader toute les villes où il y a risque d'explosion. «Sidi Bouzid est aujourd'hui ville interdite. Aucun journaliste, ni étranger ne peuvent entrer dans cette région», note notre interlocuteur qui estime qu'il y a, certes, une prise de conscience chez le peuple tunisien, mais il ne peut rien faire contre un régime armé jusqu'aux dents et soutenu dans sa politique par l'Europe et les pays voisins.
    Les opposants au régime tunisien font remarquer que Sidi Bouzid est le gouvernorat le plus pauvre de Tunisie, alors qu'il est le fief des grandes tribunes : «Les habitants de Sidi Bouzid sont qualifiés de damnés de la terre. Ils se sont révoltés car ils ne veulent vivre dignement, comme des êtres humains qui se respectent», relève Radiah Nasraoui, qui revient sur les revendications sociales et politiques des manifestants : «Les jeunes demandent le droit au travail, dans certaines régions. Ils revendiquent le départ de Ben Ali et son épouse. Ils exigent le respect des libertés. En somme, c'est là l'échec de la politique du régime.»

    M. Cherbib, vice-président du comité de soutien à la population de Sidi Bouzid, note que la révolte de ces habitants est la constance de la fermeture totale, de l'absence de liberté d'expression ; c'est le mal qui ronge les sociétés maghrébines. «Après cinq ou six ans d'études, les diplômés se retrouvent sans aucune perspective d'emploi, au chômage alors qu'on parle dans les sondages d'embellie économique tunisienne. De cette façon, on pousse non seulement les jeunes à la révolte, mais carrément au suicide», observe M. Cherbib.

    Nabila Amir (Elwatan) 

    Note perso : J'attire votre attention que "Santodji" est un blog apolitique . Cette vidéo est là exceptionnelement devant tant d'injustices que subissent nos frères et soeurs  depuis longtemps .On ne peut rester indifférent . Leur patience est à saluer .D'aucuns ont parlé de lacheté pour espérer leur oter ,les décourager de toute initiative de nature à améliorer leur sort . C'est une manifestation non violente ,juste revendicatrice .C'est la réponse des autorités qui est révoltante par rapport aux valeurs qu'elle prétend défendre .lFermer les yeux c'est cautionner un régime policier , féroce qui est la honte de la Tunisie . Vive le peuple tunisien frère !!!

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  • L'assassinat de Michel Germaneau (78 ans), enlevé au Niger le
    19 avril dernier par des activistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), a suscité une évidente réprobation tout en soulevant nombre de questions. Les éditorialistes ont aussitôt
    rapproché cet acte barbare des attentats commis par les
    Shebab, aile dure de l'Union somalienne des tribunaux islamiques se réclamant d'Al-Qaïda. D'autres encore ont fait, tout
    aussi promptement, le lien entre les activistes sahéliens et
    somaliens avec les Taliban afghans et pakistanais, n'hésitant
    pas à parler d'un arc de menace continu allant des boîtes de
    nuit du Maroc à celles de Bali...
    Al-Qaïda renaissait des cendres des tours du World Trade
    Center de New York. Depuis le 11 septembre 2001, le label AlQaïda a subrepticement glissé de la désignation d'une bande
    de malfaiteurs, dont Ben Laden était le chef, à celle d'une
    organisation high-tech, puis enfin, à la qualification d'un
    réseau planétaire de type network. Al-Qaïda s'est CNNisée,
    comme la chaîne Al-Jazeera qui sert sa communication.
    Al-Qaïda est partout, donc nulle part. Tel l'imam caché, Ben
    Laden, à la fois mort et vivant, est derrière chaque explosion
    inexpliquée. Ouf ! Son organisation tentaculaire est là pour
    donner sens à toutes les menaces du monde. Oussama Ben
    Laden, le Grand mamamouchi du mal, est là au sommet de la
    pyramide de l'Orchestre vert, pour donner un visage à toutes
    nos peurs.
    Être ainsi confronté à une organisation qui procède du fantasme pyramidal est totalement rassurant. « La pyramide impose son ordre. L'efficacité naît de la hiérarchie. Ce schéma
    infiltre l'ensemble des structures sociales. Le modèle dominant marque de son sceau toute organisation. Il couvre de son
    ombre le champ organisationnel. Pyramide familiale, militaire,
    syndicale, politique. L'organigramme se coule dans le moule
    pyramidal. La pyramide assure sa survie en introduisant à travers les organisations un processus de dévoilement progressif. Pour et par l'organisation, rien n'est jamais accessible
    dans la totalité et l'immédiateté. Tout passe par l'initiation
    progressive »
    1
    Ainsi de la guerre sans fin contre la terreur, à .
    celles d'Irak et d'Afghanistan, le fantasme pyramidal justifie
    les ripostes globales et indifférenciées, pourtant inaptes à la
    complexité du phénomène terroriste.
    De l'Asie centrale à l'Afrique sahélienne en passant par la
    Corne de l'Afrique et l'Asie du Sud-est, les différents théâtres
    de violences terroristes mériteraient d'être explorés de maniè-
    re beaucoup plus serrée et approfondie que de faire l'objet
    d'une simple classification sur l'axe du mal
    . Ainsi pourraient
    apparaître les différences anthropologiques, sinon politiques,
    permettant trois remarques provisoires : Al-Qaïda n'existe pas
    en tant qu'organisation
    opérationnelle centrale
    mais coiffe de multiples
    réseaux plus ou moins
    directement connectés ;
    les ripostes militaires américaines ne sont pas adéquates à la
    menace ; l'arrogance technologique empêche toute analyse
    pertinente de cette menace composite et polymorphe.
    Adapté à la région sahélienne, ce constat permet de démystifier AQMI et de remonter à trois causes de la violence terroriste en cours :


    1) Des États défaillants et des armées mercenarisées, sans
    solde, qui se paient sur les populations locales qu'elles sont
    censées contrôler en instaurant un système payant de protection, de vente d'essence et de matériels. C'est le cas du nordest de la Mauritanie où sont intervenus les militaires français.


    2) AQMI recrute essentiellement des jeunes, artisans et étudiants en rupture de clan, sans perspective d'avenir sinon
    celle de la contrebande, du banditisme et des trafics locaux.
    Les tribus Touareg n'ont, a priori, pas la vocation de rejoindre
    ces groupes qu'elles côtoient en fonction de leurs besoins
    matériels en essence et en armes.


    3) Le Sahel est devenu la tête de pont des grands cartels
    colombiens de la drogue. Ces derniers ont installé différentes
    filiales locales reposant sur le système tribal et le banditisme
    local.
    Les aides financières aux madrassas locales dispensées par
    les banques et les ONG saoudiennes (notamment dans le nord
    du Nigéria à Kano) sont largement détournée pour financer
    les différentes composantes de l'AQMI.
    Ces trois causes nous ramènent invariablement au grand
    Crime organisé, allié à un banditisme local difficilement globalisable ! L'habillage « jihadiste » arrange tout le monde : les
    bandits qui blanchissent ainsi leurs razzias au nom d'une
    grande cause antioccidentale, les autorités locales qui en profitent pour « islamiser » et criminaliser leurs opposants, enfin,
    les pays occidentaux qui préfèrent accréditer le fantasme
    d'une menace globale à l'identification de déséquilibres politiques et économiques dans lesquels ils sont souvent impliqués directement.

    1/ Yves Stourdzé : Organisation, anti-organisation. Editions Mame,
    1973. 

    Source :http://www.cybel.fr/html/Communaute/defense/affiche_pdf.php?numero_revue=147&pdf=billet_147.pdf

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