Sidah connaissait tout le monde à Saint eugene. Les histoires souterraines de X et Y lui étaient familières. Il adorait parler comme une sorte de - Colosse de Maroussi- à sa manière. Un vrai Zorba à qui manquait une Bouboulina ! Tous les sujets étaient bons à traiter à commencer par notre club de foot l'OMSE avec force détails sur son histoire quand il s'appelait ASSE .Une mémoire des gars du quartier tels que ; Oualiken, Khabattou,  Aouadj, Tahir,Tahar Moudjeb, les joueurs de l'équipe FLN quand la plupart de ses membres s'entrainaient la haut -au pt'it champ- sur un site extraordinaire aujourdh'ui occupé par une mosquée .Tu vois Notre Dame en haut ? c'est plus haut .T'imagines la vue ?Et la révolution Algérienne à Santodji avec ses traitres et ses héros.Rien ne lui échappait.

Souvent, Hocine A, Djaffar A,Hamid K mon frère de lait,  mettions notre argent dans la cagnote commune puis on atterrissait à l'hotel-resto -Le Sidi Thameur -ex La potinière. Décidés à boire et déguster du filet au poivre, flambé s'il vous plait, ou du Poisson frais, grillé sur charbon de bois. On y passait des heures à rire, à se foutre de la gueule du serveur  qui finissait toujours par nous souhaiter de passer une bonne nuit. Il faut dire que nos pourboires étaient bien dosés ! Le lendemain, nous devenions ce que nous étions : des pauvres qui jouaient aux riches .En  fait, nous haïssions les riches. Pour nous c'étaient tous des voleurs .En 1962 ; ils étaient tous pauvres et voila que, maintenant ils viennent se la jouer -fils de x ou fille de y .Fils de putes oui !

Sur le boulevard, on se plaisait à taquiner Tabelout ou bien le gardien des Voûtes (sous le boulevard) qu'on taxait de roi des putes alors que son surnom était -le roi des mers-.

On buvait en cachette de nos parents et de certains amis. Nous appelions cela du respect. Tabelout, ramdane pour nous était de la génération de Monsieur Koche ,un maitre d'école qui a marqué toute une génération ,si ce n'est plus. L'histoire, authentique, la plus conne qu'on se racontait  fut la suivante :

Monsieur Koche :-Tabelout au tableau

- Oui m'sieur

- 2 et 2 font combien

- 22 m'sieu !

- A la porte !

Et Tabelout rentrait chez lui, libéré de la dictature de son maître d'école. Cela le rendait hilare d'être aussi con pour finir dans un éternel chômage plus tard.

Des fois, on se plaisait à  La Villa D'este, chez Kader et son jeune frère Mabrouk. Cela se passait aux 2 moulins, près de l'intersection. Le dîner aux chandelles était la règle .Moi j'y allai pour sombrer dans la coûteuse goinfrerie de la Langouste thermidor ! Un plat divin pour lequel je sacrifierai bien un salaire ! Mes tableaux de peinture, une cinquantaine ornaient les murs du resto. Je me sentais chez moi. Durant la décennie noire, Kader loua son resto à un gars qui partit avec mes tableaux. Kader m'avait trahi. Mais j'y reviendrai un jour sur le sujet.

Je n'ai jamais voulu vendre quoi que ce soit chez lui. J'avais juste l'idée de lancer un mouvement de restos d'art à Alger. Mes amis me demandaient ce qui se passerait si nous allions à la mairie gueuler pour avoir un local.

On jouait au jeu d'échecs chez  Titif (Abdelatif) dans la soupente exigue du café. Des fois dans la rue, puis n'importe ou. Le jeu commençait à avoir de la popularité. On a joué même au hammam avec des litres de limonade glacée autour de nous. A moitié nus, transpirants à mort tout en discutant de nos joueurs préférés .Allant d'Alékhine à Capablanca ou Najdorf l'argentin ! Et comme tout algérien on gueulait quand nous n'avions pas raison !On joue souvent sur le moral des autres .On s'amusait de la réaction des gens .Et ces derniers devenaient nos complices .

A suivre

Extrait -Relevé psychiatrique d'un Anonyme-.Mohamed Aib