• Scandale Khalifa au Bénin

     

    L'audace démocratique et la maturité politique du peuple béninois

                Bénin, Togo, ces deux pays partagent des frontières communes et même des peuples.  Ainsi ils devraient se ressembler aussi sur le plan comportements. Mais le Bénin et le Togo, c'est le jour et la nuit en matière de démocratie. La comparaison ne tient plus depuis quelques temps. Le voisin béninois est devenu une vitrine, un modèle de démocratie dont devraient s'inspirer les autres pays du continent africain. Et de jour en jour le fossé se creuse davantage avec le Togo.

    Les suites du scandale ICC Services qui a éclaté au Bénin depuis un moment l'illustrent assez bien.

    En effet cette société de placement est en cessation d'activités et se retrouve avec plus de 100 milliards à payer aux épargnants, un pactole qu'elle a collecté auprès des populations. Dans la masse des épargnants, c'est la désolation totale. C'est toute l'économie du pays qui est menacée. ICC Services aurait-elle atteint un tel niveau de prospérité, si elle n'avait pas bénéficié de soutiens de la part des gouvernants béninois ? Telle est la question qui se pose. Déjà dès l'éclatement de l'affaire, des têtes sont tombées.

    A part les Responsables de ICC Services, le ministre de l'Intérieur Armand Zinzindohoué et le Procureur général près la Cour d'appel de Cotonou ont été écroués. Même la Présidence de la République n'est pas épargnée.

                Yayi Boni est accusé d'avoir servi de parrain à cette société de placement. Le Président béninois est critiqué de s'être affiché à maintes reprises avec les responsables de ICC Services. La Première dame est aussi chargée d'être la marraine de la société. Si au début ce n'étaient que des critiques tous azimuts sans grande incidence, aujourd'hui le dossier connaît de sérieux rebondissements et pourrait coûter la présidence à l'ancien patron de la Banque ouest africaine de développement (Boad).

                Un groupe de cinquante (50) députés sur un total de quatre-vingt trois (83) que compte le parlement béninois demande l'inculpation de Yayi Boni pour « forfaiture et parjure » dans l'affaire des sociétés illégales de placement d'argent. Ces parlementaires ont saisi vendredi à cet effet  le Président de l'Assemblée nationale  à travers une lettre et exigent que le Chef de l'Etat soit traduit devant la Haute cour de justice. La lettre relève certaines actions dont a bénéficié la Présidence béninoise de la part des responsables d'ICC Services. On  parle de « don à la Brigade de Klouekamé d'un véhicule, la réalisation de forages». La société aurait également financé à la Présidence de la République «les activités politiques des partis et organisations de la mouvance présidentielle » et fabriqué « du matériel de propagande à l'effigie du Président de la République ».

    « En laissant les responsables de ICC Services servir... le Président de la République, économiste et banquier de profession, a trahi son serment de défendre le peuple béninois et la nation », fustigent les députés, et d'inviter, conformément aux dispositions des articles 136 et 137 de la Constitution et aux articles 2 et 151 de la loi organique sur la Haute Cour de Justice, l'Assemblée nationale «  à engager les poursuites à l'encontre du Président de la République, chef du Gouvernement pour forfaiture et parjure ». Quelle culture de démocratie au Bénin!          

    Toute âme acquise à l'idéal de démocratie ne peut qu'être admirative devant une telle initiative. On est enchanté, pas à l'idée de voir écrouer Yayi Boni, mais devant le « culot démocratique » des députés béninois. Notre admiration est davantage forte d'autant que ce groupe n'est pas composé que de parlementaires de l'opposition. Il compte aussi des députés dissidents de la mouvance présidentielle. C'est beau et séduisant quand on peut en arriver là ! Il s'agit de l'intérêt supérieur du peuple et ces députés n'ont pas fait dans les sentiments.

    Yayi Boni avait axé son programme, lors de son élection en mars 2006 avec plus de 70% des votes, sur la restauration des valeurs républicaines et particulièrement la lutte contre la corruption qui gangrénait l'administration béninoise, et c'est du devoir de ces députés de le lui signifier quand il flanche. Les élus béninois prouvent par là un degré de maturité politique et démocratique certaine. Cette civilisation devait faire des émules chez leurs confrères togolais.

                Le jour où l'on assisterait à des initiatives pareilles de députés du Rassemblement du peuple togolais (Rpt) contre l'«Esprit nouveau », ce serait l'eldorado. Au Togo il n'est pas permis à un produit du pouvoir de critiquer le système ou le parti. Qui s'y frotte s'y pique. Dahuku Péré et Agbéyomé Kodjo qui ont juste souhaité des réformes au sein du parti l'ont appris à leurs dépens, et aujourd'hui ce sont des misères qui leur sont faites. L'ancien ministre de l'Intérieur,  François Akila-Esso Boko qui a voulu pour une fois se désolidariser du mal en jetant l'éponge le 22 avril 2005, à 48 heures de l'élection qui devrait porter Faure Gnassingbé au pouvoir, est devenu l'ennemi à abattre. Il a été exfiltré de  justesse du territoire béninois la semaine dernière pour échapper aux griffes de ses détracteurs. Au Togo, on est solidaire dans le mal. Les députés Rpt ont été témoins de l'arrestation arbitraire de leur confrère  Kpatcha Gnassingbé en avril 2009 et de son incarcération sans levée de son immunité parlementaire. Le pauvre a passé déjà plus de quinze (15) mois en prison, et ses droits sont bafoués. Mais aucun des 49 autres députés du Rpt n'a levé le petit doigt pour protester.

                Le sosie de cette affaire ICC Services au Togo, c'est le dossier ReDéMaRe. Cette société est née et a prospéré presque dans les mêmes conditions que sa collègue béninoise. Elle a bel et bien reçu des soutiens des pontes du pouvoir. Mais c'est le Directeur  général Sama Essohamlon seul qui a été appréhendé, puis relâché, et aussi il a fallu le tollé de la presse. Il y a également le dossier IDH. Kwasi Klutsè se la coule douce malgré la désolation qu'il a créée au sein des épargnants. Ç'aurait été au Bénin que les choses auraient été autrement. Qu'ils sont adorables, ces voisins de l'Est ! Ce peuple prouve une grande maturité politique, une culture démocratique élevée. Et cela donne tout simplement envie d'être ... Béninois !!!

    Tino Kossi

    SOURCE: LIBERTE HEBDO TOGO

    Note perso : Cette affaire ressemble étrangement à l'affaire Khalifa  (Algerie) . Qui a inspiré l'autre ? Les sosies comme les clones font des petits partout dans ce bas -ou tiers-monde ! Nous sommes tombés de haut ,hélas .

    Ces affaires trainent chez nous des points de suspension qui finissent leurs jours dans les comptes suisses .

    « Montréal pour un enfantRiche Haiti , pauvres haitiens »
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