• Le soir venait à peine de se glisser dans ma conscience . | 17 février 2009

    Acrylique sur toile. Mohamed Aib.2008


    Le soir venait à peine de se glisser dans ma conscience .Une sorte d'épice nouvelle en noces .La rue St Denis était fréquentée à cette hauteur par des cabinets d'avocats et de dentistes asiatiques aux yeux  de scalpel ! Il décida de rentrer à pied à la maison. Une vingtaine de kilomètres à se faire malmener par une volonté défaillante.

    - Marcher sans pitié pour vivre ma propre survie .Et la vie dans tout cela ? pas grand chose . Du papier doré de confiserie sitôt le bonbon avalé. Pierre était abasourdi .Il avait toujours vu Mo comme un gars indestructible .Sur qu'il dormait à cette heure-ci. Un frère, ce gars là. Un authentique.

    La route n'avait rien d'intéressant à offrir et les piétons étaient rares. Ouf ! un banc public ; repos ! C'est un ordre ! Les médecins étaient unanimes ; un mode de vie devait être remplacé au plus vite. Facile à dire ! S'arrêter de fumer, de pratiquer à vie un régime sans sel et sans sucre à la sauce aspirine pour nourrissons. Les trottoirs devenaient fatigants ; trop de sorties de garages .Le pire était la traversée du cimetière, près du métro fermé à  cette heure ci .Parfois, un cycliste livreur de drogue te dépasse en coup de vent. Les tourniquets distribuaient la fraîcheur de la nuit .De la verdure partout mais pas d'odeurs de jardins, de roses ou de musc, que sais-je ? Un environnement qui pue l'artificiel. Heureusement qu'il reste les oiseaux qui me consolent  . On pourrait ,j'imagine,remplacer toutes les pelouses par du plastique cousu main !Il n'y aura personne pour protester ,surtout si on les convainc que cela sauve de l'argent qui servira à financer un nouveau temple dédié à notre mémoire de la nature .Une sorte de biodôme ou jardin botanique .Il avait soif et cela devenait un supplice .Parfois des voitures rutilantes déposaient des femmes et leurs boucles de rire ,après une soirée de fun , comme ils disent .Tu n'a pas le droit de toucher ce qui est à la portée de la main,du désir. De temps à autre des effluves de marijuana traversent le boulevard. Des odeurs alléchantes de barbecue venaient l'agacer. Maintenant, il était de l'autre coté de la barrière. Il devenait spectateur de sa propre vie .L'acteur avait quitté la loge. Locataire nouveau des bancs publics. Cela s'est passé trop vite ! On est toujours surpris d'être parent, d'être adulte, de se marier, de trouver du travail .Tu peux tout prévoir, sauf la vie ! C'est de toute beauté. Mais alors pourquoi ce cœur, vieux grenadier fidèle veux t'il me lâcher ? Pas le goût de prendre du chocolat pour diabétique. Trop cher pour notre budget, chéri. Je l'entends d'ici me chicaner ; déjà le billet d'avion, les angoisses...sans compter les épuisantes prières surérogatoires .


    Mohamed Aib. extrait «Relevé psychiatrique d'un Anonyme» .

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