• Le scanner de la souveraineté

    Le scanner de la souveraineté par Abdou B.

    «Les princes n'ont d'autre moyen d'écarter les flatteurs, que de montrer que la vérité ne peut les offenser...» Machiavel

    La base traditionnelle n'écoute plus la centrale syndicale officielle, comme les adhérents et militants des syndicats autonomes les plus en vue, qui ne sont que tolérés. En psychanalyse, on dirait que c'est un déni de la réalité. «Cachez ce sein que je ne saurais voir», dirait un autre fin observateur des travers humains. Des milliers de salariés en colère ne suscitent aucune réaction du côté des partis de l'alliance présidentielle et ne provoquent aucun émoi dans les rangs du Parlement. Sous d'autres cieux, une centaine de travailleurs en grève mobilise tous les médias, les députés, le gouvernement, son porte-parole, les syndicats et les associations. Autres lieux, autres moeurs ! Des partis, des hommes politiques, pendant ce temps-là, n'avaient d'yeux que pour les sénatoriales dont la seule leçon à tirer est la quasi-absence de femmes et des moins de quarante ans durablement éloignés par les psalmodiens de cantiques, de chants patriotiques et de couplets sur la souveraineté nationale, qui ne savent plus, depuis 1962, que celle-ci coûte cher. La souveraineté d'un pays à l'intérieur de ses frontières ne se paye pas de mots, pas plus qu'elle ne peut s'imposer à l'extérieur avec des effets de manches qui n'impressionnent ni la Corée, ni la Chine, ni l'Europe, la Russie, les USA, l'Inde ou le Japon. Une nation dont le coeur ne bat qu'au rythme des bourses qui comptent, du marché des hydrocarbures, du coût des denrées alimentaires et des médicaments qu'elle ne produit pas, a une souveraineté très limitée, hautement surveillée et contrôlée par ceux qui lui donnent à manger et lui vendent tout ce dont elle a besoin. La souveraineté, c'est la force de frappe et la valeur d'une monnaie sur l'échiquier mondial et un courrier qui ne met pas deux semaines entre une région et une autre au plan interne. Chanter l'hymne national à tout-va, lors d'une réunion de cellule de quinze membres ou à l'ouverture d'un congrès d'un parti n'est pas un signe d'indépendance mais le manifeste d'une comédie qui ne fait rire personne. Des hommes qui ont l'air sains d'esprit se gargarisent devant des supporters acquis ou hautement intéressés de «constantes», de souveraineté et de personnalité nationales pour s'en aller rouler sur des autoroutes construites par des étrangers ou prendre l'avion inventé par d'autres dans des aéroports qu'ils ne savent ni bâtir ni gérer. Le marché national est arrosé par des vêtements venus d'ailleurs, vendus dans des boutiques qui poussent l'une à côté de l'autre et qui peuvent s'avérer être de l'argent blanchi dans le foncier et l'immobilier. Ce sont des pays souverains qui nous nourrissent, nous soignent, nous habillent et remplissent nos soirées avec des centaines de chaînes de radio et de TV. Le tout est payé bien entendu. Il suffit d'aller dans la majorité des services publics qui sont en contact permanent avec le public pour mesurer les retards et régressions générateurs de la mentalité qui consiste à «faire la queue», rechercher le parent ou l'ami d'un ami, «arroser», à être obséquieux avec le guichetier payé pour faire un travail, avoir peur de l'administration assimilée au pouvoir, à l'Etat... Des tonnes de papier sont chaque jour délivrées, demandées, «légalisées», périmées au profit d'une bureaucratie qui ignore les paiements autres que le cash et le sachet noir. Alors c'est quoi la souveraineté si elle ne commence pas par des citoyens libres qui n'ont pas à quémander, qui perdent du temps et de l'énergie pour un simple dossier d'une pièce d'identité face à une administration qui en est encore à travailler uniquement avec du papier et le stylo. Pourquoi exiger une photocopie légalisée par un vice-président d'APC qui passe ses journées à apposer deux, trois sinon quatre tympans sur une feuille qui peut être à l'origine un faux ? C'est la souveraineté du guichet sur le simple citoyen. De l'administration sur le citoyen qui la fait vivre. Le terrorisme en Algérie est effectivement très à la baisse, contenu dans de très grosses proportions, même s'il tue encore. Ces résultats indiscutables sont dus à une série de paramètres politique, social, au recul de l'islamisme radical replié dans des partis légaux, dans les cités et quartiers populaires et grâce à ceux qui le combattent sur le terrain, qui meurent dans l'anonymat, sans histoire personnelle, sans nom, sans famille. Le long et sanglant combat mené par l'Algérie contre la barbarie terroriste soutenue et financée par des pays qui continuent par la bande à manipuler et aider des sectes dont les membres ont les cerveaux évidés par des imams «hirsutes et menaçants» partout en terre d'islam, n'est pas totalement terminé. Les sacrifices énormes consentis par les Algériens, dans la solitude, sont salués à chaque visite officielle de responsables du monde entier. La guerre au terrorisme, comme le réchauffement de la terre, est devenu une cause planétaire et l'Algérie a été à l'avant-garde aux plans militaire et sécuritaire. Après un attentat manqué par un gosse de riche ascendance, médiatisé comme la fin du monde, l'Europe et les USA ont épinglé l'Algérie dans une black liste initiée par des administrations occidentales laxistes, qui en rajoutent après chacun de leur échec. Il est vrai que l'Amérique a inventé la liste noire pour casser des artistes progressistes et des écrivains à Hollywood. L'Amérique a eu ses «justes» comme Jules Dassin, H. Bogart, et la France les siens avec Sartre, Jeanson, René Vautier... En investissant lourdement dans des scanners qui vont déshabiller des passagers algériens, certains pays commettent l'ignoble acte raciste et humiliant. Mais il se trouve que dans les relations internationales, la réciprocité est une règle admise par tous. C'est donc le moment pour que les partis qui pensent diriger le pays fassent entendre leurs contingents qui étaient au mercato des sénatoriales pour imposer la réciprocité et tous les renseignements sur leurs ressortissants qui viennent en Algérie. Faute de coûteux scanners, il suffira de cabines discrètes pour les fouiller sans leurs vêtements. C'est en quelque sorte un scanner à visage humain, celui de la souveraineté.

    Source :le quotidien d'oran

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