• La Découverte Islamique des Amériques (3/3)

    La Découverte Islamique des Amériques (3/3)

    L’exploration musulmane la plus fascinante vers l’Amérique fut sans doute celle du sultan Malien Abu Bakr II, le frère de Mansa Moussa.

    En dépit des efforts acharnés des conquistadors pour détruire l’héritage islamique précolombien après la chute de l’Andalousie, de nombreux indices concordants ont survécu pour témoigner de l’ancienne présence des musulmans en Amérique. Les recherches avancées de l’historienne   Luisa de Toledo  en sont peut-être la plus grande démonstration.

    Du côté musulman, des livres historiques à partir du VIIe siècle témoignent déjà des explorations vers le Nouveau Monde. Cependant, l’exploration la plus fascinante fut sûrement celle du sultan Malien Abu Bakr II (1285-1312) qui délaissa son trône pour  répandre l’Islam dans le Nouveau Monde.

    QUAND MANSA MOUSSA PART AU HAJJ

    Au XIVe siècle, Mansa Kankou Moussa (1312-1337) fut le sultan de l’Empire Islamique du Mali qui couvrit toutes (ou certaines) parties de neuf pays africains contemporains; la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, la Guinée, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Nigéria et le Tchad.

     

    Mansa Moussa contrôlait plusieurs mines d’or en Afrique occidentale et sa nation gérait plus de la moitié de l’offre mondiale du sel et de l’or. Mais chez les historiens musulmans, Mansa Moussa est aussi connu pour avoir rapporté l’histoire d’une expédition atlantique effectuée par son frère Abu Bakr II, le neuvième sultan de la dynastie Keita1.

    En 1324, Mansa Moussa fait le Hajj avec 60 000 hommes et distribue des grandes quantités d’or au Caire, à Médine et à la Mecque.

    En 1324, Mansa Moussa entreprend un voyage pour accomplir le Hajj avec 60 000 hommes, 500 domestiques et un grand nombre de chameaux portant des masses dor. En route Mansa Moussa construit plusieurs mosquées et s’arrête en Égypte où il distribue d’énormes quantités d’or non seulement à la ville du Caire, mais aussi à tous les pauvres qu’il croise dans les rues. La générosité de Mansa va cependant dévaster l’économie locale des villes qu’il traverse (le Caire, Médine et la Mecque) en causant une inflation du prix des marchandises. L’afflux soudain et massif de son or dévalua le métal pour la décennie à venir alors que le cuivre devint plus cher que l’or. Il est intéressant de noter que Mansa Moussa fut nommé l’homme le plus riche de tous les temps par le magazine économique américain « Forbes » qui estime sa richesse personnelle à 400 milliards de dollars. Aujourd’hui, Bill Gates possède à peine 20% de la richesse de Mansa Moussa.

    2000 BATEAUX TRAVERSENT L’OCÉAN ATLANTIQUE

    En 1311, le Sultan Malien Abu Bakr II partit avec deux mille bateaux pour explorer le Nouveau Monde.

    En juillet 1324 au Caire, Mansa (alors en route pour le pèlerinage) rencontre al-Nâsir Mohammed, le sultan mamelouk d’Égypte ainsi que les savants de la cour du sultan, dont le célèbre historien Shihâb al-Din al-‘Umari (1300-1384). Durant leur discussion, les Égyptiens lui demandèrent comment il est arrivé au pouvoir. Le sultan Malien leur explique que son frère, le sultan Abu Bakr II (1285-1312) avait ordonné une première expédition pour traverser l’océan Atlantique en 1307. Lorsqu’en 1311, celui-ci apprit que ses navires avaient probablement coulé, il décide de partir lui-même en direction de la rive inconnue et abdique l’empire en faveur de son frère (Mansa Moussa) qui devint le nouveau sultan de l’Empire malien. 

    Al-‘Umari écouta attentivement le témoignage du sultan qu’il reprend dans son célèbre ouvrage « Masâlik al-Absâr fi Mamâlik al-Amsâr » où il présente une description détaillée de cette exploration géographique de l’Océan des Ténèbres. Il y explique entres autres qu’Abu Bakr II partit avec 2000 grands canoës pour tenter la traversée de l’Océan Atlantique. Al-‘Umari rapporte mot à mot les paroles du sultan Mansa Moussa :

    Shihâb al-Din al-‘Umari “« Masâlik al-Absâr fi Mamâlik al-Amsâr »
     

     Le dirigeant qui m’a précédé ne croyait pas qu’il fut impossible d’atteindre l’extrémité de l’océan qui entoure la terre (l’océan Atlantique). Il voulait atteindre l’autre bout et était déterminé à réaliser son objectif. Il a ainsi équipé deux cents bateaux remplis d’hommes, et d’autres encore remplis d’or, d’eau et de vivres pour plusieurs années. Il ordonna au capitaine de ne pas revenir avant d'avoir atteint l’autre bout de l’océan, ou jusqu’à ce qu’il n’ait plus de vivres et d’eau. Ils se sont alors mis en route et ils sont restés absents pendant une longue période. Finalement, un seul bateau est revenu. Quand il fut interrogé par le sultan, le capitaine répondit : “Ô Sultan, nous avons navigué durant une longue période, jusqu’à ce que nous voyons au milieu de l’océan un grand fleuve avec un courant très puissant... Mon bateau était le dernier et les autres étaient devant moi. Ils se sont noyés dans un grand tourbillon et n’en sont plus jamais sortis. J’ai ensuite navigué pour revenir en arrière afin d’échapper à ce courant.”, Mais le sultan refusa de le croire. Il ordonna que deux mille bateaux soient équipés pour lui et ses hommes, et mille autres pour l’eau et les vivres. Puis il me conféra le pouvoir pour la durée de son absence. Il partit avec ses hommes, pour ne plus revenir et sans jamais donner un signe de vie.  

    LES RÉCITS DES GRIOTS

    Illustration des Griots peuls de Sambala, roi de Médina, Mali en 1890.

    Mais l’histoire d’Abu Bakr II ne s’est pas arrêtée là. Il y a quelques années, des chercheurs britanniques qui étudient la tradition orale des tribus en Afrique de l’Ouest découvrirent que les récits de Griots2 divulguent plusieurs secrets du voyage d’Abu Bakr II. Les chercheurs estiment aujourd’hui que la flotte de 2000 canoës d’Abu Bakr partit de la côte de ce qui est aujourd’hui la Gambie et qu’elle contenait des provisions et du bétail. De nombreux explorateurs avaient même emmené leur femme avec eux. Les chercheurs ont rassemblé des preuves qui indiquent qu’Abu Bakr II parvint à atteindre le Brésil en 1312, dans un endroit qui se nomme aujourd’hui Recife et qui est aussi nommé Purnanbuco. Selon eux, le terme Purnanbuco est une altération de « Boure Bambouk », le nom mandé donné aux champs riches en or qui représentaient une grande partie de la richesse de l’Empire du Mali3.

    Ces recherches pourraient aujourd’hui corroborer le témoignage de l’Empereur Mansa Moussa qui soutenant que son frère était parti vers un nouveau monde que les explorateurs maliens nommèrent « Barazil » (Brésil), d’après le nom de la tribu berbère qui les accompagna durant le voyage4. Il s’agit d’un fait historique qui est reconnu par le célèbre ouvrage « General History of Africa »5 publié par l’UNESCO. Le professeur M.D.W. Jeffreys6 qui a participé à cette recherche conclut, entre autres, que le maïs du continent américain est originaire de l’Afrique occidentale et qu’il fut importé par les musulmans.

    LA RÉAPPROPRIATION DE L’HISTOIRE

    En Occident, le Mali est souvent dépeint comme un pays sans histoire que la France est venue civiliser lors de la colonisation. Or, le Mali fut déjà un gigantesque Empire avant même que les Français sachent ce qu’était une civilisation. Comme l’a très bien résumé l’historien amérindien R.A. Jairazbhoy :

    R. A. Jairazbhoy “Ancient Egyptians and Chinese in America.”
     

    Les Noirs ont commencé leur carrière en Amérique non pas comme des esclaves, mais comme des maitres.

    La distorsion de l’histoire a toujours été une des armes les plus efficaces exploitées par les nations occidentales afin d’effacer l’existence des nations affaiblies et d’abolir leur indépendance. En effet, lorsqu’un peuple perd sa mémoire historique, il perd sa gloire, son honneur et puis son identité.

    La distorsion de l’histoire a toujours été une des armes les plus efficaces exploitées par les nations occidentales

    En France, le système éducatif est conçu de manière à inculquer aux enfants musulmans les exploits de grands génocidaires tels que Christophe Colomb tout en faisant passer leur  Prophète  (sallallahu a'leyhi wa sallam) pour un personnage obscur et préhistorique.

    En quelque sorte, l’école laïque leur fait comprendre qu’ils n’ont pas vraiment d’histoire et cultive en eux un sentiment d’infériorité. Il s’agit d’une approche qui fait partie intégrante de  la politique d’acculturation française  visant à effacer l’identité des musulmans de France.

    L’étude et la réappropriation de l’histoire islamique reste pour cette raison et bien d’autres un défi majeur pour la communauté musulmane…

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