• L’Algérie ou la tentation d’un splendide isolement

    L’Algérie ou la tentation d’un splendide isolement

    En Hommage à Larbi Ben Mhidi, Ali La Pointe et Franz Fanon (1).

    الـفـتـن الـتـي تـتخـفى وراء قـنـاع الـدين تـجـارة رائـجة جـداً فـي عـصـور التـراجـع الـفـكـري لـلمـجـتـمـعـات »
    اإبـن خـلـدون

    Le complot qui vise la dissension et qui se cache derrière le masque de la religion est un commerce qui s’épanouit en période de régression de la pensée dans les sociétés. (Ibn Khaldoun 27 Mai 1332-19 Mars 1406, père de la sociologie moderne).

    • Image : 6 chefs historiques, fondateurs du F.L.N. Photo prise juste avant le déclenchement de la révolution du 1er novembre 1954.
      (Debout, de gauche à droite: Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaid, Mourad Didouche et Mohamad Boudiaf. Assis: Krim Belkacem, à gauche, et Larbi Ben M’Hidi, à droite.)

    L’Algérie ou la tentation d’un splendide isolement ;
    Les œillères de la facilité

    Paris – Dernier survivant de l’ancien Front du refus arabe, qui regroupait les pays du champ de bataille face à Israël et leur hinterland stratégique, l’Algérie parait happée par la tentation d’un splendide isolement, l’ombre d’elle-même, aux antipodes de la prodigieuse décennie de la diplomatie multilatérale qu’elle avait initiée dans la période 1970-1980 à en juger par le profil bas qu’elle adopte depuis la fin de la «noire décennie» de la guerre intestine (1990-2000).
    Mais pour légitime qu’elle puisse être, cette tentation ne saurait tenir lieu de ligne de conduite viable, et, en ce qui concerne l’Algérie, crédible, par sa contradiction avec la tradition historique de ce pays militant, depuis son indépendance il y a cinquante ans.

    Aucun être n’est réductible à un seul aspect de sa personnalité, à une seule instance de référence. L’être est pluriel. Algérien, certes, Maghrébin, Méditerranéen, ou, si l’on veut, selon la définition chère au sénégalais Léopold Sedar Senghor, «arabo berbère ou négro africain», selon le hasard de la naissance et de la généalogie.
    Et, dans le cas d’espèce de l’Algérie, francophone, francophile ou francophobe, selon le degré des souvenirs et la vivacité des ressentiments accumulés par 132 ans de présence coloniale. Mais en tout état de cause relevant de la sphère culturelle et religieuse arabo musulmane.

    L’interactivité entre les éléments constitutifs de l’histoire nationale est un fait prégnant. La guerre d’indépendance de l’Algérie en témoigne avec l’interaction entre Machreq et Maghreb, matérialisée par le soutien multiforme de l’égyptien Gamal Abdel Nasser aux maquisards algériens, la prestation réplique de l’algérien Houari Boumediene à Anouar el Sadate lors de la destruction de la Ligne Bar Lev, en 1973.
    Ou encore avec la dynamique de changement impulsée par l’immolation de Mohamad Bouazizi en Tunisie, en décembre 2011, dupliquée, dans la foulée, Place Tahrir, au Caire, avec l’assassinat du jeune activiste égyptien Khaled Saïd, un enchevêtrement de faits qui a abouti à la destitution de deux dictateurs, Zine El Abidine Ben Ali (Tunisie) et Hosni Moubarak (Egypte), en moins d’un mois sur les deux versants du monde arabe.
    Dans l’histoire contemporaine, les exemples abondent de l’interactivité et de la conjonction des faits et des hommes.

    Un être qui se vit exclusivement Algérien, sans une vision panoptique de la conjoncture, sans une approche systémique des faits, est un être hémiplégique qui ne saurait appréhender véritablement le réel. Il ne saurait participer lucidement au combat des valeurs et des idées. Au combat universel pour l’indépendance des peuples colonisés, longtemps la marque de fabrique de l’Algérie, aux côtés de ses compagnons de route du calibre de Frantz Fanon, originaire des Antilles françaises, désigné pour représenter l’Algérie… au Ghana en tant qu’ambassadeur plénipotentiaire.

    Le Monde viendra à elle quand bien même l’Algérie ne va pas à sa rencontre. Pour s’en convaincre, il suffit de revenir à l’année charnière de l’histoire contemporaine, 1989. Cette année-là voit l’implosion de l’empire soviétique avec la fin de la guerre anti soviétique d’Afghanistan et la fin de la guerre irako iranienne, c’est à dire la fin des deux guerres de fixation des pays de contestation de l’hégémonie occidentale, l’URSS et l’Iran et le début de la déstabilisation de l’Algérie, leur allié sur le ponant du Monde arabe.

    La défaite de l’URSS, sur le plan régional, a intronisé les Talibans pro wahhabites, galvanisés par leur victoire sur l’athéisme, en maîtres d’œuvre d’un Afghanistan sunnite frontalier d’un Iran chiite, dans le prolongement d’un Irak sunnite sous la houlette baasiste de Saddam Hussein contenant le flanc sud de l’Iran sur le golfe arabo persique.

    L’Irak Khomeyniste tentera d’en desserrer l’étau par une sorte de dépassement par le haut, en contournant le sunnisme non sur le plan théologique mais sur le plan de l’idéologie révolutionnaire.
    La Fatwa anti Salmane Rushdie, condamnant à mort l’écrivain indo britannique pour apostasie pour avoir ironisé sur l’une des épouses du prophète, s’est inscrite dans cette perspective. Elle a eu valeur symbolique en ce qu’elle démontrait le souci des Chiites, la branche minoritaire de l’Islam, de faire respecter les dogmes religieux avec la même vigueur que leurs rivaux sunnites.

    Au besoin en les suppléant. Comme ce fut le cas lors de la vague de colère suscitée dans le Monde musulman après la projection d’e l’extrait d’un film «L’Innocence de l’Islam» dénigrant le prophète, en septembre 2012.
    D’une manière sous-jacente, de démontrer que le zèle de l’Imam Ruhollah Khomeiny, le guide de la Révolution Islamique, l’habilitait, sur le plan spirituel, à être l’alter ego du Roi d’Arabie saoudite, le gardien sunnite des Lieux saints de l’Islam.

    Talibans / Al Qaida ;
    L’idéologisation de la guerre sur une base religieuse

    La Fatwa anti Salmane Rushdie a constitué, sur le plan théologique, la réplique stratégique iranienne à une idéologisation de la guerre sur une base religieuse, telle qu’elle s’est déroulée en Afghanistan.
    Ce faisant, le clergé iranien se plaçait ainsi à l’avant-garde de la défense des valeurs de l’authenticité et de la lutte contre l’occidentalisation de la société musulmane, au moment où les Talibans, fer de lance anti soviétique, étaient conduits à se concentrer sur leur base territoriale nationale, l’Afghanistan, cédant ainsi la place à «Al Qaida» pour le leadership du combat à l’échelle planétaire.

    Symbole de la coopération saoudo américaine dans la sphère arabo musulmane à l’apogée de la guerre froide soviéto-américaine, le mouvement d’Oussama Ben Laden avait vocation à une dimension planétaire, à l’échelle de l’Islam, à la mesure des capacités financières du Royaume d’Arabie.

    Le Djihad a pris une dimension planétaire conforme à la dimension d‘une économie mondialisée par substitution des pétromonarchies aux caïds de la drogue dans le financement de la contre révolution mondiale. Dans la décennie 1990 -2000, comme dans la décennie 2010 pour contrer le printemps arabe.
    Si la Guerre du Vietnam (1955-1975), la contre-révolution en Amérique latine, notamment la répression anti castriste, de même que la guerre anti soviétique d’Afghanistan (1980-1989) ont pu être largement financés par le trafic de drogue, l’irruption des islamistes sur la scène politique algérienne signera la première concrétisation du financement pétro monarchique de la contestation populaire de grande ampleur dans les pays arabes.

    Dommage collatéral de ce rapports de puissance, l’Algérie en paiera le prix en ce que ce pays révolutionnaire, allié de l’Iran et de la Syrie, le noyau central du front de refus arabe, évoluait en électron libre de la diplomatie arabe du fait de la neutralisation de l’Egypte par son traité de paix avec Israël et la fixation de la Syrie dans la guerre du Liban.

    Les Islamistes algériens joueront toutefois de la malchance en ce que le déploiement de troupes occidentales, -dont soixante mille soldats juifs américains-, à proximité des Lieux Saints de l’Islam, dans la région occidentale du royaume, à l’occasion de la première guerre anti irakienne du Golfe, en 1990, les placera en porte à faux avec leurs bailleurs de fonds, contraignant leur chef Abassi Madani à prendre ses distances avec les Saoudiens. Au titre de dommage collatéral, le débarquement des «forces impies» sur la terre de la prophétie constituera le motif de rupture entre Oussama Ben Laden et la dynastie wahhabite.

    L’instrumentalisation de l’Islam comme arme de combat politique, en tant qu’anti dote au nationalisme arabe anti américain, dans la foulée de l’incendie de la Mosquée d’Al Asa (1969), a entrainé un basculement du centre de gravité du Monde arabe de la rive méditerranéenne vers le golfe, c’est-à-dire des pays du champ de bataille vers la zone pétrolifère sous protectorat anglo-américaine.

    Avec pour conséquence, la substitution du mot d’ordre de solidarité islamique à celui mobilisateur d’unité arabe ainsi que le dévoiement de la cause arabe, particulièrement la question palestinienne, vers des combats périphériques (guerre d’Afghanistan, guerre des contras du Nicaragua contre les sandinistes), à des milliers de km de la Palestine, et dans l’époque contemporaine à des guerres contre les pays arabes eux-mêmes (Libye, Syrie) ou des pays africains (Nord Mali).

    La déstabilisation de l’Algérie a figuré, à nouveau, à l’ordre du jour du «printemps arabe des pays occidentaux» en ce qu’elle était prévue dans la foulée de la mainmise occidentale sur la Libye, à en juger par les prédictions de Nicolas Sarkozy, avant son trépassement politique, s’exclamant par répétition ponctuée de sauts de cabri «dans un an l’Algérie, et dans trois ans l‘Iran».

    L’Algérie, tout comme l’Iran et la Syrie, figurent dans le nouvel axe du mal profilé par les stratèges occidentaux pour maintenir sous pression les pays émergents, situés hors de l’orbite occidentale.
    Le voyage en Israël des dirigeants du fantomatique gouvernement kabyle en exil, Ferhat Mehenni (président) et Lyazid Abid (ministre des affaires étrangères), dans la foulée du voyage d’intellectuels du Maghreb, Boualem Sansal (Algérie), Hassan Chalghoumi (Tunisie) et Nadia El Fanni (Tunisie), ne relève pas du hasard.
    Sous couvert de «dialogue des religions», il participe d’une opération de débauchage de personnalités médiatiques en vue d’en faire des relais potentiels dans la guerre psychologique que mène clandestinement Israël dans la déstabilisation de cette zone, en pleine turbulence politique.

    Entretien avec Jean-Pierre Lledo / Partie_1. Jean-Pierre Lledo ? from Ambassade Tel Aviv on Vimeo.

                                                                      
                                                                                                                                                                    

    Le démantèlement d’un important réseau israélien en Tunisie, en 2012, relève de cette stratégie, dont L’objectif à terme est d’aménager la principale base opérationnelle du Mossad au Maghreb, dans ce pays en pleine transition politique, à la charnière de l’Afrique et de l’Europe, jadis chasse gardée occidentale.

    Collecte des informations à travers les voyageurs tunisiens en Algérie et Algériens en Tunisie. Action de déstabilisation et guerre psychologique. Action de sabotage et de terrorisme, imputable à AQMI ou à toute autre organisation fantoche figurent parmi les objectifs de la plateforme disposant de deux autres antennes, dont l’une à l’Ile de Djerba, à proximité de la Libye.

    Dans cette optique, la formule de formule de Nicolas Sarkozy, le plus philo sioniste et anti arabe président de France - »Dans un an l’Algérie, dans trois ans l’Iran »-, loin de relever du vœu pieux ou du hasard, prend rétrospectivement toute sa signification.

    Pour le lecteur arabophone, Cf.; La Tunisie, plateforme du Mossad au Maghreb du journal libanais « Al Akhbar».

    http://www.al-akhbar.com/node/166000

    A suivre sur :http://www.renenaba.com/lalgerie-ou-la-tentation-dun-splendide-isolement/#comment-3132

    Note perso :on peut ajouter sur la liste Idir ,le chanteur embrassant Enrico Macias (félicité par un diplome de Tsahal) chez Drucker , El Gusto, J Pierre LLedo (voyage en Israel) ...

    « Guangzhou 2012/CHINAMission Apollo 11 »
    Partager via Gmail Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    Tags Tags : , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :