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    ENQUETE - La grande mafia des césariennes 

     

    La césarienne, mode d'accouchement d'exception, prend, de nos jours, une place de plus en plus importante dans les hôpitaux et autres cliniques de Dakar. Sur quatre femmes, qui entrent en salle d'accouchement, au moins une passe sur la table d'intervention chirurgicale. Enquête sur une mafia organisée. 

    Le nombre de femmes qui accouchent par césarienne a atteint, aujourd'hui, des proportions alarmantes à Dakar. Une fréquence trop élevée pour ne pas inquiéter. Sur quatre femmes qui entrent en salle d'accouchement, une passe sur la table d'intervention chirurgicale.

    Autrefois, considérée comme le dernier recours pour sauver la mère et son bébé, la césarienne est désormais pratiquée si souvent que beaucoup la perçoivent comme une opération de routine. C'est comme si l'on ne donnait plus aux femmes le temps d'accoucher.Parallèlement, la mortalité maternelle subit une hausse vertigineuse malgré les progrès réalisés.

    En fait, le système sanitaire de la reproduction est en crise.L'indice le plus inquiétant concerne les naissances prématurées et les grossesses multiples qui sont en hausse. Ce qui entraîne la recrudescence des césariennes dans les hôpitaux et surtout dans les cliniques privées. Trois (3) femmes sur dix (10) donnent naissance à leur bébé par cette voie opératoire. Dans les cliniques privées, les chiffres sont encore plus élevés, Selon des statistiques fiables. 

    Un taux de 25% de césariennes

    Selon des enquêtes menées en 1992, 1996 et en 2001 par la Division de la Santé et de la Reproduction, les cas de chirurgie obstétricale ont atteint successivement et progressivement le pourcentage de 0,5%, 0,6% et 1,7%. Ce taux a atteint aujourd'hui 25%. Pourtant, la norme de l'Organisation mondiale de la santé (Oms) stipule que le taux de césarienne dans une population donnée ne devrait pas être inférieur à 5% ni supérieur à 15%. À Dakar, ce taux a été largement dépassé, surtout dans les Centres hospitaliers universitaires (Chu) de Dakar.

    À l'Institut d'hygiène sociale, communément appelé Polyclinique, le taux de césarienne a atteint 19%, bien au-dessus de la limite indiquée par l'Oms. L'Hôpital Principal de Dakar enregistre un taux de 25% de césariennes. Ce qui correspond à la moyenne nationale. Dans les cliniques privées, le nombre de césariennes est tellement important que les responsables de ces structures sanitaires refusent de donner des chiffres. Et garde l'Omerta sur cette pratique.

    Un million pour une césarienne

    C'est que la césarienne rapporte beaucoup d'argent. Elle est plus rentable qu'un accouchement normal pour les cliniques privées. Le recours à cette technique obstétricale varie considérablement suivant les maternités. Certains recourent à la césarienne pour fuir la douleur d'avant accouchement. D'autres le font pour des raisons économiques. D'ailleurs, les césariennes sont le plus souvent effectuées dans les cliniques privées où le coût avoisine le million de FCfa. Coût qui est moins important dans les structures sanitaires publiques. Le coût d'une césarienne y est estimé à quelques centaines de mille de FCfa. On tend même vers la gratuité.

    Si, pour certaines femmes, la césarienne ne pose aucun problème, pour d'autres, cette voie de naissance est plus difficile à vivre, car elles peuvent ressentir un sentiment de frustration ou un sentiment d'échec persistant parfois pendant de longues années. C'est, en effet, un mot que beaucoup de femmes ne préfèrent pas entendre lorsqu'elles attendent un enfant. La césarienne est perçue comme un rouleau compresseur qui leur passe dessus. Les femmes ont souvent conscience que la césarienne représente une coupure dans leur existence.

    Pour Kantoumé Bodian, une césarisée et mère de deux filles, ses deux accouchements ont un goût d'inachevé. «Mon premier bébé était en siège. J'ai repoussé plusieurs fois l'opération pour accoucher par voie basse, mais je n'ai perdu les eaux qu'au moment de partir au bloc (opératoire). Aujourd'hui, trois mois après la naissance de mon enfant, j'ai encore beaucoup de mal à accepter cette naissance bâclée (sic !). Pour moi, ma grossesse est inachevée, je me sens vide. Et je ne me sens pas réellement maman», se plaint-elle. 

    Pour Codou Sarr, une autre césarisée, malgré le fait qu'elle éprouve le bonheur d'être maman, elle regrette de n'avoir pas pu lui donner la vie par elle-même. «Je n'ai fait que m'allonger et on me l'a sorti du ventre. C'est mon premier bébé et si jamais un jour je dois avoir un autre enfant, je sais déjà que je ne passerais pas une grossesse sereine. Je serais morte de peur à l'idée d'être à nouveau césarisée», dit-elle.

    C'est que Codou Sarr ignore qu'une césarienne n'empêche pas un accouchement ultérieur par voie naturelle. Il peut, certes, s'avérer nécessaire, dans certains cas, d'opter une nouvelle fois pour la césarienne. Mais il n'en demeure pas moins qu'accoucher par voie naturelle après une césarienne est possible. La règle «césarienne une fois, césarienne toujours» est donc fausse. Toutefois, il est conseillé à une femme césarisée d'attendre au moins trois ans avant de contracter une autre grossesse. Aussi, un maximum de quatre accouchements lui est autorisé. Un nombre qui peut varier suivant l'âge de la patiente.

    Césarienne par convenance, un effet de mode

    Les césariennes dites de convenance, sans indication médicales, rentrent petit à petit dans les mœurs sénégalaises. Si certaines femmes redoutent cette opération et ont une peur bleue de la césarienne, d'autres, en revanche, semblent en faire du «life style» moderne, si elles en ont les moyens financiers. Une certaine image corporelle et un idéal de beauté féminine ainsi que la crainte d'abîmer les voies génitales par l'accouchement par voie naturelle sont à l'origine de ce phénomène très en vogue dans les milieux favorisés. Pour Racky Fall, enseignante de profession, son choix pour la césarienne est justifié. «J'ai peur des contractions. C'est une chose que je n'imagine pas supporter. Surtout, après tout ce que j'ai entendu. C'est pourquoi, j'ai toujours décidé d'accoucher par césarienne», explique-t-elle.

    D'autres adeptes de cet effet de mode veulent éviter de souffrir ou souhaitent préserver leur étroitesse vaginale. Les conséquences, elles n'en ont cure.  

    Conséquences après l'accouchement

    Pourtant la césarienne a des conséquences. La fatigue occasionnée par l'opération s'ajoute à celle de l'accouchement. La montée de lait peut être un peu plus tardive du fait de cette fatigue supplémentaire. La cicatrisation peut être douloureuse, surtout à l'occasion des contractions de l'après-accouchement. Des douleurs abdominales peuvent accompagner la reprise du transit intestinal. Dans ces cas, un régime spécial peut être envisagé. Le préjudice esthétique est très faible, car l'incision sera cachée par les poils pubiens. Il conviendra, cependant, de ne pas l'exposer au soleil avant plusieurs mois.

    Si pour le bébé, l'accouchement par césarienne est moins dangereux que l'accouchement naturel, c'est l'inverse qui se produit pour la mère. En effet, les complications infectieuses sont trois fois plus fréquentes que lors d'un accouchement naturel. Des risques de phlébite (formation d'un caillot sanguin qui bloque complètement ou partiellement la circulation sanguine dans une veine), d'embolie pulmonaire et d'hémorragies tardives, bien qu'exceptionnelles, peuvent apparaître.

    En outre, le recours à la césarienne peut handicaper les premiers stades émotionnels de la relation entre la mère et l'enfant. Enfin, bien que très faible, le taux de mortalité des femmes pendant l'accouchement avec césarienne serait de quatre à cinq fois plus important que lors d'un accouchement par voie naturelle.

    Ainsi, il convient de limiter l'utilisation d'une telle opération à des accouchements pathologiques. Aussi, si la césarienne est moins douloureuse qu'un accouchement par voie basse, les jours qui suivent sont moins faciles. La douleur est toujours présente et vous empêche de bien bouger durant des jours. En effet, on prend un peu plus de temps à se relever d'une césarienne que d'un accouchement par voie basse.

    Menace sur le corps des sages-femmes 

    Autre conséquence non moins négligeable, avec les césariennes, les sages-femmes perdent de plus en plus du travail. Dans la mesure où l'accouchement par voie basse a tendance à disparaître. Les gynécologues-obstétriciens leur ravissent la vedette. Ainsi, les sages-femmes en appellent à un retour à l'accouchement par voie naturelle.

    Selon Marème Fall, présidente de l'Association des sages-femmes du Sénégal, c'est le ministère de la Santé et de la Prévention qui doit régir les normes en ce qui concerne les deux corps de métiers que sont les sages-femmes et les gynécologues-obstétriciens que l'on appelle «les accoucheurs». 

    La médecine traditionnelle à la rescousse 

    Pendant ce temps, d'autres femmes se tournent vers les accoucheuses traditionnelles du quartier du fait de la fréquence des césariennes et des coûts élevés qui en découlent. Ces prêtresses ont la réputation de pouvoir aider l'enfant à bien se positionner dans le ventre de sa mère pour éviter les risques d'intervention chirurgicale. A en croire Dianké Sané, habitant aux Parcelles Assainies de Dakar, c'est par des incantations, dont elle a eu connaissance par le biais de sa mère, qu'elle arrive à aider les femmes enceintes. Elle explique que ces séances se font au coucher du Soleil. Et pas mal de femmes s'en sont sorties grâce à ses prières.

    Quand doit-on avoir recours à une césarienne ?

    En principe, la césarienne doit être pratiquée pour assurer la sécurité de la mère et de l'enfant. Généralement, elle intervient lorsqu'il y a impossibilité pour une mère d'accoucher par voie basse, c'est-à-dire par les voies naturelles. C'est le cas lorsqu'il y a disproportion entre le bassin et la taille de l'enfant. C'est aussi le cas si les dimensions du bassin de la mère sont insuffisantes ou si l'enfant présente un volume trop important. Ou encore si le bébé se présente dans une mauvaise position (présentation du front ou posture transversale, voire, dans certains cas, présentation du siège entraînant trop de complications). Une femme doit également être césarisée si elle accouche d'un enfant prématuré (d'un poids trop faible appelé hypotrophie) qui souffrirait d'un accouchement par voie naturelle. Si le col de l'utérus reste insuffisamment dilaté malgré l'augmentation des contractions et l'emploi de médicaments dilatateurs ou si la mère présente un fibrome, un kyste ovarien ou un placenta praevia (placenta recouvrant interdisant le passage du fœtus par voie basse), la mère doit aussi être césarisée. 

    Donc, plusieurs raisons font qu'une césarienne est indiquée. Certaines sont évidentes avant l'accouchement et d'autres ne sont décidées qu'en urgence pendant le travail. Dans tous les cas, lorsqu'une césarienne est décidée, c'est qu'elle est nécessaire, selon le professeur Djibril Diallo de la clinique Raby.  

    Tel César

    La césarienne a une histoire bien spécifique. Selon la légende, le mot «césarienne» renvoie à la naissance de l'empereur romain Jules César autour de l'année 100 avant J.C avec l'ouverture du ventre de sa mère. Plus généralement, la mythologie en a fait le mode de naissance des dieux pour souligner le caractère exceptionnel de leur venue au monde.

    Auteur: FATOU BINTOU K. NDIAYE    

    Source / http://www.seneweb.com

    Note perso : Une enquete sur ce genre d'abus en Algérie serait édifiante ,voire scandaleuse . 

    Le temps use l'erreur et polit la vérité.

    « Cabanons légendaires Une Conférence magistrale sur l'Altermondialisation »
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