• Al-Banna Hassan ibn Ahmad ibn ‘Abd al-Rahman

    Al-Banna Hassan ibn Ahmad ibn ‘Abd al-Rahman (1906- 1949)

    Né en 1906, à Mahmudiyya, non loin d’Alexandrie et ayant étudié à l’école primaire de Dar al- ‘ulum, Hassan al- Banna, devenu instituteur à la petite ville d’Ismaïliyya, est l’un des prédicateurs les plus influents de son pays, en particulier à la fin du règne du roi Farouk. En 1928, il fonde et anime une association qui deviendra célèbre, celle des Frères musulmans, dont le but est de réveiller le sentiment religieux largement estompé depuis des lustres, et se battre contre les superstitions, les croyances populaires et toutes sortes de pratiques perçues comme déviantes.

    Muté au Caire, il fait déménager le bureau de l’association qui commence d’ailleurs à avoir de nombreux représentants dans tous les gouvernorats du pays. Parmi les lignes directrices du mouvement, il faut signaler celui de la nonséparation du politique et du religieux, ainsi que la constante sociale du mouvement (khayriyya), son volontarisme en direction des jeunes et des couches les plus démunies. Plus tard, le mouvement s’intéressera de près à toute la colonne éducative du pays : écoles de garçons et de filles, instituts, universités, mais aussi hôpitaux et mosquées. Le même principe sera généralisé dans tous les pays où les Frères musulmans auront des adeptes et des relais selon une tactique d’occupation douce et de rayonnement concentrique, même en Europe, où ils échoueront cependant face à la pugnacité des autres prédicateurs. Son slogan se résume dans cette formule : « Dieu est notre but, le Prophète notre chef, le Coran notre Constitution, le Jihad notre voie, la mort pour Dieu notre désir le plus cher. » Ainsi que l’énonce le cinquième principe du credo de l’association, « Je crois que le musulman a le devoir de faire revivre l’islam par la renaissance de ses différents peuples, par le retour de sa législation propre, et que la bannière de l’islam doit couvrir le genre humain et que chaque musulman a pour mission d’éduquer le monde selon les principes de l’islam. Et je promets de combattre pour accomplir cette mission tant que je vivrai et de sacrifier pour cela tout ce que je possède » (in O. Carré et G. Michaud, Les Frères musulmans, p. 26).

    Le succès de l’association des Frères musulmans est tel qu’elle peut se permettre d’envoyer une légion de volontaires lors de la guerre israélo- arabe de 1948 : cette démonstration de force militaire est perçue comme une menace pour le pouvoir du roi Farouk, qui la fait interdire le 8 décembre 1948 avant de faire assassiner Hassan al- Banna dans un guet- apens le 2 février 1949. Nasser s’appuie sur eux pour pousser Farouk vers la sortie en 1952 ; mais très vite, notamment pour s’allier les services de la grande mosquée Al- Azhar, il décide de combattre les Frères musulmans, dispersant une partie de leurs membres, en exilant d’autres et emprisonnant les éléments restants. L’association se radicalise alors, notamment sous la direction de Sayyid Qutb*, sans doute le plus infl uent théoricien du jihadisme mondial ; alors qu’elle renonce progressivement à la lutte armée à partir des années 1970, elle donne naissance à des mouvements plus extrémistes qu’elle, comme la Jama’a al-islamiyya, à qui l’on attribuera l’assassinat du président Sadate en 1981 (quoiqu’on ait également accusé les services du roi déchu, voire Moubarak, d’avoir été à la manœuvre).

    Enfin, depuis les élections qui ont suivi le Printemps arabe en Tunisie et en Egypte, les Frères musulmans ou des organisations proches, comme le parti Ennahda, parviennent au pouvoir dans ces pays.

    Le premier souci de Hassan al- Banna n’est pas de transformer l’islam en vue d’affronter les problèmes qui se dressent devant lui mais, dans la ligne de Rashid Rida*, de chercher dans l’islam des premiers califes des réponses théologiques à la crise existentielle que traverse alors tout le monde musulman.

    Les Frères musulmans préconisent une fusion totale entre politique et religion : l’islam est pour eux tout à la fois une adoration, un commandement, un Coran et une épée, et nul ne saurait les démêler. Ils n’hésitent pas, le cas échéant, à jeter l’anathème sur des associations rivales, laïques ou étrangères, toujours suspectes à leurs yeux d’impiété et de collusion avec « les ennemis du véritable islam » qu’ils entendent seuls représenter.

    On peut suivre la pensée d’Hassan al- Banna dans sa correspondance, mais aussi dans les nombreux travaux récapitulatifs qui lui ont été consacrés depuis sa mort. Son cheminement vers le radicalisme est bien décrit dans les écrits de son frère, Gamal al- Banna (né en 1920), lequel, tout en étant aux antipodes au plan doctrinal, parle régulièrement de son grand frère, dont il était très fier.


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