• Interpellé le vendredi 13 septembre, Ziane Bilel a été présenté avec 23 autres détenus devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed.

    Souffrance à la maison d’arrêt d’El Harrach. Arrêté lors de la 30e marche, Ziane Bilel est placé en détention préventive par le juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed. Atteint d’un cancer, le jeune originaire de Larbaâ (Blida) devait subir sa séance de chimiothérapie hier, mais les juges ont décidé de le garder en détention.

    «Ziane n’arrête pas de pleurer. Un détenu que j’ai rencontré hier à la prison d’El Harrach m’a assuré qu’il veut toujours quelqu’un à ses côtés. Il ne dort ni le jour ni la nuit. Il est très affecté», signale Me Yamina Alili, membre du collectif de défense des détenus. Interpellé le vendredi 13 septembre, Ziane a été présenté avec 23 autres détenus devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M’hamed. Le collectif avait espoir que le juge d’instruction, informé de son cas, le libère. Mais il n’en a rien été. «Il aurait pu le mettre sous contrôle judiciaire», s’offusque l’avocate.

    Les 24 détenus arrêtés avaient été séparés dans deux chambres : 17 prévenus dans la chambre 1, parmi lesquels Ziane, et 7 autres dans la chambre 10. Le juge d’instruction n’a pas fait dans la dentelle : il a ordonné la détention préventive à l’encontre de tous les détenus, y compris le jeune cancéreux de Larbaâ.

    Le collectif de défense a décidé de sortir de la salle d’audience et de rédiger une déclaration au vitriol sur le fonctionnement de la justice. «Moi qui d’habitude me retiens, j’étais sous le choc après la décision du juge de le mettre en détention préventive. Je m’attendais à ce qu’il bénéficie au moins de la comparution immédiate», s’indigne l’avocate.

    Source : https://www.elwatan.com/edition/actualite/je-sais-que-je-vais-mourir-mais-je-ne-veux-pas-mourir-en-prison-24-09-2019

     
    Partager via Gmail Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

    votre commentaire
  • Plaidoyer pour une réouverture des usines hydroélectriques de Darguina et de Kherrata et une gestion rigoureuse du barrage de Kherrata

    par Derguini Arezki Et Zerguini Rabah

    La fermeture de ces usines a constitué un véritable crime économique sur lequel la justice et le gouvernement ne devraient pas aujourd'hui fermer les yeux. Un tel dommage devrait être réparé rapidement avant qu'il ne devienne définitif et ne consacre une politique extractive et privative de l'eau.

    Au moment où l'Algérie doit prendre un plus grand soin de ses ressources matérielles et immatérielles pour satisfaire les besoins des Algériens en eau, gaz et électricité, au moment où la Sonelgaz ne peut plus prétendre produire toute son électricité par le moyen du gaz, nous invitons les autorités à revoir les décisions de fermeture des usines hydroélectriques de Darguina et de Kherrata, ainsi que celle attenante concernant la gestion du barrage de Kherrata.

    Leur réouverture permettra tout à la fois, étant donné les capacités du barrage, une économie de gaz, une électricité quasi gratuite et une meilleure mobilisation et valorisation de la ressource hydraulique et par conséquent la réalisation de l'objectif à l'origine de leur fermeture à savoir une plus grande sécurité pour l'approvisionnement en eau des hautes plaines sétifiennes. Leur fermeture est donc triplement dommageable. Une bonne gestion du barrage et donc un bon approvisionnement en eau pour l'irrigation et l'alimentation en eau potable n'excluent pas la production d'électricité, tout au contraire. Étant donné la croissance à venir des besoins en eau, gaz et électricité, il est urgent de mettre un terme à la politique extractive et privative qui consiste à prendre l'eau et sacrifier le reste1.

    L'agence Algérie Presse Service, citant une source auprès du ministère de l'Énergie2, affirmait que « le gouvernement a décidé de fermer à terme les centrales hydroélectriques du pays et de consacrer les barrages produisant de l'électricité à l'irrigation et à l'alimentation de la population en eau potable ». La décision de renoncer à produire de l'électricité par les centrales de Kherrata, de Darguinah, d'Irraguen et de Ziama Mansouriah aurait été motivée, selon la même source, par le fait que ces centrales contribuent très peu au bilan énergétique de l'Algérie au regard des besoins en eau de la population. Formidable raccourci : si l'on veut avoir de l'eau, il faut renoncer à l'électricité ! Ce qui est le contraire de la vérité pour le barrage de Kherrata. Pour garantir un bon approvisionnement en eau, il faut bien entretenir le barrage, ce que savent faire pertinemment et depuis longtemps les barragistes de la Sonelgaz ! L'on savait documents à l'appui que le barrage pouvait prendre en compte tout à la fois la production d'électricité et l'approvisionnement en eau de la région de Sétif étant donné ses capacités d'emmagasinement. En effet les besoins en pompage prévus s'élevaient à 120 millions de m3 alors que le barrage reçoit jusqu'à 360 millions de m3 par an. Et si l'on veut augmenter les capacités de pompage, cela sera une raison de plus, car cela ne pourra se faire qu'avec une bonne gestion du barrage et de son environnement.

    On fait semblant d'oublier que ce barrage a été conçu pour la production de l'électricité. En produisant de l'électricité, ce barrage a été géré conformément à ses règles de conception. Car étaient prises en compte la gestion des crues et l'accumulation des sédiments. Il a été prévu à cet effet, une batterie de vannes et vannettes de dévasement. L'existence même du barrage pouvant être menacée par son envasement accéléré étant donné son bassin versant de 652 km2 dénudé sous un climat semi-aride. En lui ôtant une telle fonction (gestion des crues et prévention de l'accumulation des sédiments) on ne saura plus gérer ce barrage, on menacera sa pérennité et on privera les populations locales et la société algérienne de ressources pérennes. En enlevant la gestion du barrage aux compétences avérées de la Sonelgaz et en se préoccupant seulement de pompage, on expose le barrage à un envasement et la population en aval à des inondations récurrentes. Pour construire la prise d'eau, l'entreprise de réalisation de la station de pompage (le groupe KouGC Kouninef) a descendu la côte du barrage au minimum et va laisser ouvertes les vannes de dévasement même en temps de crues, ce qui conduira à leur obstruction. En effet les couches d'envasement pouvant atteindre 25 m de hauteur à certains endroits leur affouillement par les eaux en crues vont finir par obstruer les vannes de dévasement, contraindre par conséquent le barrage à des déversements et soumettre les populations en aval à des inondations.

    De ce que l'on a pu savoir, j'en viens à soutenir en tant qu'ancien député le point de vue suivant : la presse a orchestré une campagne de désinformation. L'on peut se demander si une coalition occulte ne s'est pas formée pour profiter des opportunités libérées par le programme de transfert d'eau, si deux lobbies n'ont pas conspiré pour obtenir la fermeture de ces centrales hydroélectriques. On peut supposer, nos capacités d'enquête étant limitées, d'abord l'existence d'un lobby gazier qui viserait autour de la multinationale General Electric à créer un grand marché des turbines à gaz. Une preuve peut-être recherchée dans l'important programme de la Sonelgaz quant à la réalisation de centrales à gaz3. Ce dont nous sommes plus sûrs, car plus à notre portée, est que nous avons pu constater l'existence d'appétits privés envisageant de s'approprier les biens immobiliers de la Sonelgaz. En faisant miroiter la possibilité d'une cession des biens immobiliers au sein de l'encadrement technique et syndical de la Sonelgaz, on a empêché l'émergence de contrepouvoirs pouvant s'opposer à la destruction du patrimoine immatériel de la Sonelgaz et de ressources locales pérennes. On a animé des intérêts privés contre l'intérêt national. Cette opération diligentée par Ouyahia s'est prévalue d'une prétendue confusion dans l'environnement institutionnel et d'un défaut intersectoriel de coordination quant à la gestion du barrage. Si l'on ajoute une autre allotélie4 de l'action publique en ce qui concerne le programme de transfert d'eau, on peut se demander si la promesse d'alimentation et d'irrigation des hautes plaines et la dépense qu'elle occasionne n'ont pas été plus importantes que sa réalisation. On a donné carte blanche à une entreprise qui n'avait d'autre intérêt que son profit et celui de ses maîtres d'ouvrage. Cela n'est pas un hasard si c'est ici que se trouve impliqué le groupe KouGC Kouninef auquel a été confiée la réalisation de la station de pompage.

    Outre le fait que la transformation du barrage en tant qu'ouvrage hydro-électrique en simple retenue d'eau menace donc celui-ci d'envasement et son environnement des risques d'inondations, nous voulons souligner aujourd'hui qu'en même temps qu'elle met au rebut un patrimoine immatériel estimable, elle dessaisit des collectivités locales enclavées d'une ressource essentielle autour de laquelle elles devraient s'organiser et vivre5.

    Cette ressource constitue la richesse principale, la substance même de ces collectivités montagnardes et leur contribution spécifique sinon unique à la communauté nationale. Encore une fois c'est la production qui a été méprisée. Les conditions de production, de protection et de valorisation de la ressource hydraulique ont peu compté et ont été probablement sciemment dévalorisées. Les montagnes constituent nos réservoirs d'eau, si nous les livrons à la déforestation et à d'autres prédations, si nous ne leur accordons pas l'intérêt qu'elles méritent, c'est la ressource hydraulique que nous dissipons. L'État s'empresse aujourd'hui de satisfaire les besoins actuels de la population en eau, mais il sacrifie ses besoins futurs. Nous faisons avec l'eau ce que nous avons fait avec le pétrole et la terre. Au contraire de la politique extractive et privative qu'il a menée jusqu'à présent, il doit impliquer fortement les populations locales pour la mobilisation et la préservation de cette ressource vitale. Prendre soin de la montagne, c'est prendre soin de la ressource hydraulique dont dépendent notre agriculture et notre alimentation en eau potable. Ce n'est donc pas en réservant les barrages à l'irrigation et à l'alimentation en eau potable que l'on assurera la réalisation d'une telle fin, mais en renforçant l'attachement des populations locales à cette ressource. Dans notre cas et à cet effet, ce sont toutes les potentialités du barrage qu'il faut valoriser, c'est la valorisation de la ressource par toutes les parties prenantes et non par la seule partie extractrice. Car ni les intérêts de la partie productrice (le bassin versant et sa population, l'encadrement expérimenté) ni ceux de la partie consommatrice (agriculture et alimentation en eau potable) n'ont été réellement représentés, tout au contraire.

    Il va donc sans dire que différents intérêts particuliers antinationaux et antisociaux ont convergé pour fermer des usines hydroélectriques qui constituent un patrimoine immatériel ainsi qu'une ressource matérielle essentielle du point de vue local et irremplaçable du point de vue national. Irremplaçable, car en cas de black-out, d'effondrement du réseau électrique, l'énergie produite par une usine hydro-électrique est injectée dans le réseau national en cinq minutes, contrairement aux centrales thermiques dont leur énergie n'arrive au réseau qu'après cinq heures. Autre argument, la durée de vie des centrales thermiques est très réduite par rapport à celles hydrauliques. On pourrait ainsi conclure que les intérêts qui ont conduit à la fermeture des usines de Darguina et de Kherrata ne sont pas compatibles avec l'intérêt national.

    Nous espérons qu'en la période de vaches maigres qui vient, où la dissipation des ressources naturelles ne permettra plus d'entretenir la paix sociale, la lutte contre la corruption mettra un terme à la politique extractive et privative passée et permettra de nous engager dans une politique de préservation et de valorisation de la ressource hydraulique par toutes les parties intéressées. Dieu est témoin, que par ce témoignage nous avons accompli notre devoir de citoyen.

    DERGUINI AREZKI ancien député.

    ZERGUINI Rabah ancien cadre barragiste de la Sonelgaz.

    Notes

    1- Je reprends ici en partie l'article consacré à ces usines au moment où leur fermeture était envisagée. Voir https://www.huffpostmaghreb.com/arezki-derguini/prendre-leau-et-au-diable_1_b_5627322.html

    2- Algérie Presse Service, daté du mercredi 09 juillet 2014 et intitulé « Le gouvernement décide de fermer à terme les centrales hydroélectriques pour préserver l'eau » http://www.aps.dz/economie/8861-le-gouvernement-d%C3%A9cide-de-fermer-%C3%A0-terme-les-centrales-hydro%C3%A9lectriques-pour-pr%C3%A9server-l-eau

    3- Nous attendons avec impatience l'étude promise par l'ancien ministre des finances Abdellatif Benachenhou quant à la politique du gaz suivie par le gouvernement. En attendant on rappellera le lobbying d'Hillary Clinton auprès du président AbdelAziz Bouteflika en faveur de General Electric. Voir https://www.huffpostmaghreb.com/2015/04/26/clinton-general-electric-_n_7146102.html

    4- Du grec ancien ëëïò, allos (« autre ») et du grec ancien ôÝëïò, telos (« finalité »). Situation dans laquelle le but atteint est différent de celui qui était prévu. Wiktionnaire.

    5- Couper les liens de la société avec ses ressources, en les dévalorisant et en les livrant à la prédation, est la première étape qui conduit à une privatisation à laquelle la société ne voulait pas consentir.
    Partager via Gmail Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks Pin It

    votre commentaire