• Qui est Banksy ?

    Personnage mythique de la scène graffiti ...

    Introduction

    Personnage mythique de la scène graffiti, Banksy est identifié comme étant un troubadour des temps modernes. Illustre artiste revendicateur, aucun fait social ne sait lui résister tant il est incisif et décoiffant dans son art. Banksy possède aujourd'hui sa place parmi les grands de ce monde par ses innombrables actes répréhensibles mais ô combien subversifs.

    Il adore provoquer, choquer voire perturber la société et c'est ce qui fait toute l'importance de son oeuvre. Malgré sa capacité à transgresser les règles, il demeure à ce jour un vrai mystère puisque sa vraie identité n'a jamais été dévoilée. Selon toute vraisemblance, Banksy serait un artiste du Street art (Graffiti) originaire de Bristol, en Angleterre. Philanthrope, anti-guerre et révolutionnaire, l'artiste prends son art comme médium de communication pour scander haut et fort son mécontentement envers certains faits de société, certaines situations politiques ou carrément, certaines décisions adoptées par les leaders mondiaux. Né en principe en 1974, ce n'est qu'au cours des années 1980 qu'il commence à manier la bombe, après avoir complété une formation de boucher. Mais c'est entre 1992 et 1994 qu'il devient véritablement artiste graff, au seins d'un groupe appelé le Bristol's DrybreadZ Crew (DBZ), assistant ses collègues Kato et Tes .

    Depuis les débuts de sa carrière, il utilise une combinaison originale de pochoirs et d'écrits, spécifiant apparemment lui-même qu'il n'est pas à son meilleur avec la bombe aérosol habituelle. Ce n'est cependant qu'en 2000 qu'il fait l'utilisation de pochoirs plus élaborés. Il aurait expliqué que l'idée lui était venue après avoir échappé à une poursuite policière, alors qu'il s'était caché sous un wagon de train.

    Selon certaines sources, son vrai nom serait Robin ou Robert Banks mais, encore une fois, rien n'est certain. Banksy tient mordicus à garder l'anonymat, tout comme l'esprit du graffiti, qui consiste en la réalisation d'oeuvres dans le plus pur secret. Son art est un mélange d'ironie, d'irrévérence, d'humour et comporte très souvent des messages très clairs, dans l'optique où ils ne sont pas interprétés au premier degré.

    Le Parlement . Bansky

    Les techniques qu'il emploi semblent relativement diversifiées. Bien sûr, il élabore lui-même des pochoirs très détaillés, ce qui nous permet de croire qu'il fait fréquemment usage de l'informatique pour y parvenir. Par ailleurs, dans le cadre de certaines oeuvres, il semble y avoir transposition d'images, peinture à main levée et bien sûr, une partie peinte à l'aérosol. Enfant chéri de monde artistique de par le monde et cauchemar des autorités policières, Banksy porte aussi le nom de terroriste de l'art (art terrorist) en Grande-Bretagne. Sa capacité de se faufiler en douce dans les musées et centres d'attractions publics, tout en gardant l'anonymat, en est la cause.

    L'artiste bouleverse le cours normal des choses en les enjolivant, en les exagérant, en donnant à ses oeuvres une profondeur et une perspective comme nul autre n'a réussi à le faire à ce jour, à sa propre façon bien sûr. C'est intelligemment qu'il assure la gestion de son produit, c'est de manière fascinante qu'il émeut et provoque tout à la fois son public, qui en veut toujours d'avantage.

    Un petit voyage au sein de son univers s'impose, question d'en apprendre un peu plus sur le personnage, le fascinateur qu'il est. Et dire que Banksy ne fait que commencer à titiller notre curiosité.

    Source : http://www.banksy-art.com/

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  • Un intellectuel musulman prône un "islam protestant" .

    Publié par Jean-Laurent Turbet sur 8 Juillet 2006, 22:57pm

    Catégories : #Religions

    Le chercheur franco-syrien Bassam Tahhan, titulaire de la chaire supérieure des Lettres arabes au lycée Henri IV de Paris, est spécialiste des différentes versions du Coran. Dans ses conférences et interviews

     il prône un "islam protestant", défini comme un islam de la libre pensée qui remet en question la Sunna, et consent à abroger les hadiths non fondés sur le Coran. Il prône en outre la réinterprétation du Coran à la lumière des valeurs modernes. Au Maroc, il est récemment intervenu à la Chaire UNESCO des droits de l'Homme et a été interviewé par le quotidien marocain indépendant TelQuel. Voici l'entretien: [1]

    Vous vous présentez comme un relecteur rationaliste du Coran, qu'entendez-vous par là ?

    Un lecteur rationaliste du Coran c'est quelqu'un qui admet que le Coran est un texte ouvert, soumis à la polysémie (i.e. porteur de plusieurs sens.) La tradition en matière de lecture du Coran est unidimensionnelle, figée. Du coup, elle sort de la rationalité. Etre rationaliste, c'est accepter que chaque époque, avec son appareillage méthodologique, ses découvertes, propose sa propre lecture du Coran et ce jusqu'à la fin des temps. Etre rationaliste, c'est reconnaître que la démarche orthodoxe est faussée dès le départ puisqu'elle n'admet pas la pluralité des lectures.
     
    Vous êtes l'un des rares spécialistes mondiaux des variantes du Coran. Comment contracte-t-on une telle passion ?
     
    Permettez-moi de vous rappeler une donnée historique avérée qui fait consensus. Le Coran a été figé en l'an (non béni pour les musulmans !) 901 par un certain Ibn Moujahid, cadi de son état. Avant cette date, plusieurs variantes du Coran circulaient. Et cela n'offusquait pas les bons musulmans ! Aujourd'hui, la pensée islamique évolue dans un cadre très strict, celui de la charia. Je me réfère, quant à moi, au texte sacré. Seulement, je m'octroie le droit de puiser à même les différents “ textes sacrés ” parce qu'il existe plusieurs variantes du Coran. C'est un fait attesté. Pour s'en convaincre, il suffit de consulter le chapitre Kotob al masahif (les livres du Coran) dans l'ouvrage signé Ibn Nadim qui a pour titre El Fihrist. Ibn Nadim recense de nombreux Corans non validés par les kholafas [califes]. Il parle sans détour de Moshaf al rassoul (le Coran du prophète)! ! (Rappelons que nous nous référons à Mushaf Uthman depuis que le Coran est figé). Vous pouvez vous référer également à l'ouvrage de l'orientaliste allemand, Theodor Noeldeke, ouvrage en plusieurs tomes qui retrace l'histoire des Corans, aujourd'hui disponible en arabe et circulant sous le manteau. Les juifs et les chrétiens acceptent de bonne grâce l'existence de plusieurs variantes de leur livre sacré, pourquoi pas nous ? Se pencher sur ces variantes, en multipliant les angles d'attaque: sociologique, philosophique, juridique, sémantique... c'est révéler l'immense étendue du potentiel de significations du Coran, c'est lui rendre sa vivacité au lieu de le fossiliser ad vitam æternam !!

    Vous comprenez qu'il soit difficile aux croyants pour lesquels il y a une vérité unique, issue d'une révélation divine, consignée dans un livre unique, le Coran, de vous suivre dans votre quête…
     
    Je me donne le droit de chercher la vérité historique. Je me donne le droit et le devoir d'aller vérifier l'essence des choses à même les sources. Qui a décrété que le Coran est unique car la parole de Dieu est unique ? Pourquoi la parole de Dieu ne serait pas plurielle ? Qu'est-ce qui empêcherait le Coran d'être authentique dans ses différentes versions ? Dieu n'a jamais dérobé à l'homme la liberté de penser. Dieu a créé l'Histoire. Il la laisse se dérouler. Mais il n'a jamais retiré à l'homme la liberté de gérer ses affaires à travers cette Histoire. L'histoire arabo-musulmane, celle-là même qui ennuie nos enfants dans les écoles, est une histoire de palais, pas une histoire sociale. Quand notre élite se penchera sur l'histoire sociale de l'islam, personne ne trouvera incongru que des chercheurs se passionnent pour l'étude des différentes variantes du Coran !!

    Vous déplorez également le fait que l'islam soit réduit à la charia. Faut-il être musulman protestant pour s’en défaire ?
     
     En tant que protestant de l'islam, je vais plus loin que la remise en cause des abus de la charia. Je trouve qu'édifier l'islam autour de cinq piliers est réducteur. Je revendique plusieurs dimensions: la dimension juridique qui renvoie à l'éthique ; la dimension théologique qui renvoie à la philosophie et la dimension mystique qui renvoie à la sphère psychosociologique et spirituelle. Je souhaite que la formation des théologiens dans les pays musulmans tienne compte de ces multiples dimensions. Réduire l'enseignement religieux à la charia c'est l'appauvrir. Dans cette perspective, je soutiens à fond les réformes novatrices du ministre Ahmed Tawfik et notamment la restructuration moderniste de Dar al hadith al hassania...

    Pour beaucoup, islam et protestantisme sont deux concepts antinomiques. Qu'est-ce qui vous permet de les concilier ?
     
    Une nouvelle communauté devrait naître, celle des protestants de l'islam. Elle a déjà ses racines dans l'Histoire. Une communauté qui prônerait le retour à la parole de Dieu puisque de sérieux doutes, des suspicions entourent la masse écrasante des hadiths zaâma [soi-disant] prophétiques. Un protestant de l'Islam n'a qu'une quête: traquer la vérité à la source, qu'une discipline: ne jamais se complaire dans la quiétude d'une vérité dite révélée. La liberté de penser est un don de Dieu auquel les croyants doivent faire honneur.

    Vous vous insurgez souvent, en public, contre la mainmise des écoles rituelles sur la pratique islamique. Quelles dérives voyez-vous dans cette pratique ?
    Pourquoi telle école serait meilleure qu'une autre ?
     
    Prenons un exemple: Abou Hanifa reconnaît le témoignage de la musulmane alors que les autres écoles le réfutent tout comme elles réfutent le témoignage des juifs et des chrétiens (apostasiant du coup la musulmane ! !) Pourquoi Malek aurait raison et pas Abou Hanifa ? Pourquoi serais-je un moins bon musulman si je suivais les directives de Tabari (excellent exégète assassiné par les obscurantistes de l'époque) au lieu de suivre celle d'Abou Hanbal. Dieu m'a donné la liberté de penser et je compte bien en user !

    Pour vous, Chafii serait dangereux quand il abroge le Coran par la sunna. Qu'entendez-vous par là ?
     
     Il y a toujours eu une tendance à compléter le Coran par la Sunna, ce qui en soi est discutable car le Coran, tel qu'il se définit, est La sunna de Dieu et de son prophète ! Des raisons historiques diverses ont fait que, petit à petit, la sunna a acquis le statut de complément indispensable du Coran, allant jusqu'à l’abolir (Rappelons à cet égard qu' il n'est pas question dans le Coran de lapidation, mais de fouet, qu’il n'explicite pas la peine capitale pour le renégat (la ikraha fi dinn), que le Coran n'explicite pas l'interdiction totale du vin…) Chafii est dangereux dans la mesure où, dans son ouvrage Rissala, il justifie pourquoi on serait autorisé à mettre sur le même pied d'égalité la sunna et le Coran. Le danger de Chafii fut de créer une certaine ambiguïté, une bivalence du texte fondateur, à tel point que la sunna empiéterait sur la parole de Dieu. Malheureusement, au 21ème siècle, l'orthodoxie ne conteste toujours pas la position fragile de Chafii. La pluralité qu'on est en droit de réclamer dans la lecture du Coran, on la réclame aussi pour la jurisprudence. Il faut redéfinir sérieusement ce qu'on entend aujourd'hui par le sunnisme. Question: celui qui ne croit qu'au Coran serait-il exclu de la communauté des sunnites ?

    Vous prétendez que l'islam n'a pas aboli l'esclavage. Pourtant, c'est bien le contraire qu'on nous a appris à l'école…
     
    Dans plusieurs sourates, il est question d'esclaves, “abid”, “ma malakat aymanokom” (références explicite aux esclaves femmes prisonnières de guerre). L'islam est contre l'esclavage. Mais aucune sourate ne l'a interdit explicitement. On peut mesurer là la nécessité d'une relecture historique et sociologique du livre sacré. Et puisque vous me tendez la perche, j'en profite pour interpeller “les compétences autorisées”: Puisque nos théologiens orthodoxes s'octroient la liberté d'abroger le texte sacré, pourquoi ne vont-ils pas au bout du raisonnement et n'abrogent-ils pas dans le texte tout ce qui porte atteinte aux droits universels des femmes musulmanes ? Le hic, c'est que nos théologiens ont une seule ligne de conduite: la domination de la femme par l'homme, allant jusqu'à légiférer contre le point positif accordé aux musulmanes: l'autonomie financière, obligeant la femme âgée à renoncer à ses biens pour ne pas être répudiée ! ! La femme “nakissat akl wa din”, c'est une invention théologienne rétrograde dont on ne trouve pas trace dans le Coran mais qui est tellement galvaudée dans les prêches, que le musulman moyen croit que cette absurdité est inscrite dans le texte sacré alors qu'il s'agit d'une tradition faible…

    N'êtes-vous pas trop optimiste en affirmant que le Maroc abrite le grain du renouveau de l'islam et de l'amélioration de la condition féminine ?
     
    Je pense sincèrement que ce n'est pas un hasard si Mohammed VI a validé la nouvelle Moudawana. Vous avez là un descendant de Fatima, celle-là même que “les pro” Abbas ont dépouillé de ses biens, décrétant que la femme n'hérite pas, privant ainsi ses descendants d'accéder au califat... Un descendant de Fatima (et donc de la branche chiite), commandeur de croyants, à la tête d'une mouvance sunnite, qui rétablit la musulmane dans ses droits, moi j'y vois les prémices d'un islam protestant apte à dépoussiérer treize siècles d'immobilisme !  
     [1] (1) Telquel (Maroc), n° 229, juin 2006, http://www.telquel-online.com/229/maroc7_229.shtml Source : MEMRI
     

    Et c est parti pour la polemique !

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  • LA STRATÉGIE DU CHAOS

     Depuis la rentrée, les soubresauts nationaux s’enchainent à vitesse vertigineuse (lire la note Une rentrée de punk). Jour après jour, le malaise social croit, la colère populaire enfle, le fossé entre élites dominantes et peuple souverain se creuse.

     

    C’est une faille ! C’est un fossé ! C’est un gouffre ! Que dis-je c’est un gouffre ? C’est un trou noir…

     

     Point d’orgue de toutes les exaspérations : le phénomène gilets jaunes

     

    Bien plus qu’un mouvement de râleurs contre la hausse des prix à la pompe, c’est un véritable catalyseur de révolte nationale contre l’ensemble des injustices, des moqueries, des vols, des escroqueries, des brimades, des mensonges et des manipulations du gouvernement.
    Et pourtant, que fait-il, le gouvernement ? Il attise les rancœurs et souffle sur les braises de la déception. En jouant de provocations, de cynisme et d’orgueil mal placé, le président royaliste scie un peu plus la branche, l’arbre, carrément la forêt de citoyens sur laquelle il s’est assis, tel un trône.

     

    Alors que tout s’écroule autour de lui (même les immeubles à Marseille, sordide allégorie de l’état de la France…), le petit prince poursuit sa rêverie royale dans son monde d’ultra privilégiés. Serait-ce possible qu’il fût atteint de troubles mentaux, ou de lésions auditives graves suite aux raves de ses années folles de jeune loup banquier ? Non, me dites-vous ?

     Quelle est cette stratégie immorale du gouvernement ?

     À quel jeu macabre les élites jouent-elles pour être sourdes à ce point aux attentes d’une nation souveraine, démocrate et républicaine ? Quelle stratégie vise à pousser les gens à bout, à les écraser sous les ponctions fiscales continues, à les exciter comme on agite des foulards rouge-sang sous le nez du taureau dans une corrida ?

     

    En somme, quelle est l’ambition du pouvoir, qu’il soit à l’Élysée, à Bruxelles (ou à Bildeberg), à pousser les masses à commettre les fautes d’une révolte violente ? Qu’a-t-elle à y gagner en obtenant des émeutes : la loi martiale ? Les pleins pouvoirs ? La refonte de la constitution pour abolir les droits légaux, politiques, associatifs du citoyen ? Qu’est-ce qu’ils visent : le droit de manifester, le droit de s’informer autrement, de consommer, de manger autrement ?
    Quel agenda Emmanuel Macron poursuit-il, fils de la finance mondialisée et loin d’être stupide comme on aimerait le croire (n’oublions jamais qu’il n’est pas un serviteur de la nation, mais un serviteur du capital et des profits, un « Young Urban Professional » ayant fait ses armes dans les banques) ?

     

    Le chaos présent n’est pas un chaos né du hasard, ni des conjonctures mondiales, ni des fluctuations hypothétiques des cours de la Bourse, etc. Le chaos présent est orchestré, voulu, programmé et assumé par ceux qui nous dirigent.

     

    Et ce chaos, c’est exactement cela le « nouveau monde » que nous promettait l’équipe macronienne durant la campagne de 2016-2017. Le « nouveau monde » c’est celui de la duperie, du double langage (le « en même temps »), du discours positif en toute circonstance pour faire oublier l’horreur capitaliste et matérialiste, un monde sans âme. Bref : le monde du faux.

     

     

    À rester sourd aux attentes de la nation, le gouvernement s’en va au-devant de lourdes conséquences dont il aura la pleine et entière responsabilité.

     

    L’attente d’évolution va se transformer en révolution pure et simple du peuple contre les dirigeants, car là où il n’y a plus évolution, ni horizon ou destin collectif, c’est qu’il y a stagnation, donc régression.

     

    Et pour sortir du marasme, il faudra en passer par la case « révolution », une rotation complète, comme dans une centrifugeuse qui dégage les miasmes pour ne garder que l’essence (on pourrait tenter ici le jeu de mots « essence-gilets jaunes », un truc du genre. Mais non, je nous l’épargne !

     Le monde d’Emmanuel Macron est un trou noir, qui signe la fin de l’ancien monde :

     

    « Finalement, le processus se termine avec une explosion qui marque la disparition du trou noir » (Stephen Hawking)

    Tout est dit, et c’est de l’astrophysique ! Le véritable nouveau monde lui, émerge sûrement à la lumière du sursaut d’âme de la France, grâce aux citoyens qui sortent de leur silence pour faire entendre leurs voix et qui s’organisent « bio-logiquement », dans le respect du vivant, des humains et de la nature. C’est cela une civilisation des justes relations : une société organisée harmonieusement, sans disparités révoltantes et sans traitements différents pour une caste de privilégiés d’un côté et les autres, les… sans-dents.

     Souhaitons bonne continuation et courage aux gens de ce pays animés par la soif de justice et qui se mobilisent pour faire valoir leurs droits et les justes relations. Et enfin, ayons une pensée pour ceux qui persistent à servir un gouvernement inique, à rebours du Bien de l’Ensemble. Brutale sera la chute…

     

    Confucius, un dernier mot ?
    « Sous un bon gouvernement, la pauvreté est une honte ; sous un mauvais gouvernement, la richesse est aussi une honte ».

     

    Source : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-strategie-du-chaos-209939

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  • 1967. La Loi Neuwirth ou la révolution de la vie

    Alors que les Françaises semblent se défier de plus en plus de la pilule, on célèbre cette année les 50 ans de la loi Neuwirth. Le combat pour la maîtrise de la fécondité fut d'abord celui de scientifiques et de médecins désireux de changer la société.

    A l'heure où les médias se font l'écho du scandale sanitaire et des souffrances qu'infligerait aux femmes le recours à la pilule1, alors qu'on présente le retour aux méthodes ancestrales d'accouchement comme dispensateur des bienfaits d'une nature essentialisée, voici que l'on s'apprête à célébrer les 50 ans de la loi Neuwirth. Votée le 28 décembre 1967, en abrogation de la loi du 31 juillet 1920, elle donna aux femmes françaises, longtemps après certaines de leurs homologues européennes, la maîtrise de leur fécondité en autorisant tous les moyens de contraception.

    On oublie trop souvent que la loi Neuwirth vit le jour dans un contexte plus général : celui du renouvellement du concept de « vie », dont les conséquences se prolongent à travers ce que philosophes et scientifiques nomment aujourd'hui l'étude du « vivant »2. Une révolution qui a réuni, dans les années 1950, découvertes scientifiques, mutations politiques et engagement philosophique de ceux qui en furent les acteurs.

    Cette histoire « héroïque » rompt avec l'idée que les évolutions sociales trouveraient leur origine uniquement dans des mouvements de fond, aussi généraux qu'impersonnels. Les révolutions scientifiques sont aussi le fait d'esprits libres, qui, à un moment de leur parcours, offrent des solutions innovatrices aux problèmes légués par leurs prédécesseurs, même si elles ne font sentir leurs effets sur les sociétés que lorsqu'elles trouvent une traduction philosophique et politique.

    Redéfinir le vivant

    Tel fut le cas de la loi Neuwirth. Elle résulte de l'investissement d'un petit groupe de scientifiques désireux de changer la société. Le politique fut ici secondaire, jusqu'à ce que, dans les années 1970, le mouvement féministe et le MLF (Mouvement de libération des femmes) revendiquent une émancipation que leurs militantes devaient aussi à quelques hommes.

    Ce n'est pas un hasard si c'est juste après la Seconde Guerre mondiale et les persécutions qui l'accompagnèrent qu'émerge le nouveau paradigme de vie. Entendue sous les traits du « vivant », la notion de vie englobe désormais les aspects physiologique et spirituel de l'humanité, sans frontière étanche entre les deux. C'est concevoir la vie indépendamment de toute référence à un système théologique quelconque. Comme l'écrit Jacques Monod dans Le Hasard et la Nécessité, « l'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'univers d'où il a émergé par hasard ».

    Les scientifiques et les médecins français qui travaillent à cette redéfinition immanente de la vie partagent une histoire commune. Juifs (comme Boris Ephrussi, Eugène Wollman, François Jacob, Jean Dalsace, Pierre Simon, Pierre Velay) ou protestants (Jacques Monod), communistes pour certains (Monod ne rompra avec le Parti qu'au moment de l'affaire Lyssenko en 1948), pourchassés par les nazis et engagés dans la Résistance (François Jacob, parti pour Londres, dès 1940, sera fait plus tard compagnon de la Libération), ces hommes sortent de la guerre persuadés que les institutions ont failli dans leur mission : permettre à l'individu d'exprimer sa philanthropie.

    Les partis politiques comme les Églises se sont montrés incapables de protéger leurs semblables. Pis : ils se sont, pour la plupart, compromis dans une vision antihumaniste et totalitaire. Parce qu'ils voient en lui le plus sûr des garde-fous contre les destructions à venir, mais aussi en raison de la confiance qu'ils lui témoignent, ces savants décident qu'il revient désormais à l'homme de gérer son patrimoine génétique.

    Dans son autobiographie La Statue intérieure, le savant et biologiste, spécialiste de génétique François Jacob a rappelé le rôle joué par son milieu familial dans sa vocation de chercheur. Comme l'indique le titre, il fut très tôt habité par le sentiment selon lequel la vie se sculpte dans la manière dont elle se relie à son environnement et le modèle à son tour. C'est cette volonté de comprendre en même temps que d'agir sur ce qui leur paraît le plus fondamental - à savoir la vie - qui réunit ces savants et médecins.

    En 1967, au moment où il est reçu au Collège de France, à la chaire de biologie moléculaire, revenant sur le défi que représente pour l'homme la connaissance des mécanismes qui régissent l'existence des êtres vivants, Jacques Monod rappelle l'ambition de l'entreprise : appréhender la vie en étudiant la formation des organismes vivants, éclairer leur capacité à reproduire des structures complexes et à assurer la survie de l'espèce.

    C'est dit. L'origine de la vie ne doit rien à un processus divin, pas plus qu'on ne saurait réduire, à l'opposé, l'homme à de la simple matière animée. Le vivant répond aux informations contenues dans les gènes et la théorie du code génétique s'impose désormais comme « théorie générale des systèmes vivants ». L'essentiel a été trouvé, salué en 1965 par le prix Nobel de médecine attribué aux trois savants français François Jacob, André Lwoff et Jacques Monod.

    C'est ce que traduisent, chacun dans leur style, L'Ordre biologique paru en 1969, La Logique du vivant et Le Hasard et la Nécessité, publiés tous deux en 1970. La biologie moléculaire n'est plus considérée dans son seul cadre scientifique, mais du point de vue de ses conséquences sur l'organisation des sociétés humaines.

    Les savants français semblent ainsi fournir la caution de la science au renouvellement épistémologique engagé sous la conduite du philosophe Georges Canguilhem et faire écho aux tentatives de redéfinition du sujet menées sous l'impulsion du structuralisme, mais aussi de la philosophie de la « déconstruction » et des recherches de Michel Foucault. A la fin de Les Mots et les Choses, Foucault décrétait la mort de l'homme pour substituer au sujet une construction épistémologique. Cette même année 1970, il prononce au Collège de France sa leçon inaugurale L'Ordre du discours. Un an plus tard paraît le Rapport sur le comportement sexuel des Français, dit « rapport Simon », issu d'un long travail d'accoutumance des esprits aux questions de sexualité.

    Il faut donc souligner les effets d'écho qui se jouent entre les différentes disciplines, de la biosphère (l'évolution de la vie) à la noosphère (l'évolution de l'esprit). Car s'ils invalident les explications métaphysiques de la vie, les scientifiques demeurent conscients de la nécessité d'adosser le développement de la connaissance sur un système de valeurs, seul apte à fournir un sens à nos existences.

    Cette éthique de la connaissance à laquelle appellent les savants va surgir d'un domaine mitoyen de la recherche fondamentale : celui de la conception et du contrôle des naissances. L'impulsion vient là encore des découvertes scientifiques intervenues dans la mise au point de procédés contraceptifs. Contrairement à la recherche fondamentale, il ne suffit pourtant pas dans ce domaine de savoir que les techniques existent et qu'elles sont efficaces. Le plus difficile est de les faire accepter par le corps social, ce qui suppose à l'époque une révolution des esprits.

    Les médecins en ont conscience. La diffusion de la contraception après 1967 et la dépénalisation par la loi Veil, en janvier 1975, de l'interruption volontaire de grossesse passent par une révolution sociale. Celle-ci ne touche pas seulement au statut de la femme et à la maîtrise de son corps. Elle met à bas le vieux système patriarcal et ébranle la hiérarchie sociale. Plus profondément encore, elle ouvre la voie à la reconnaissance des droits de l'individu face au collectif. La modification de la fonction sexuelle ne se contente pas de bouleverser les relations entre les hommes et les femmes ; elle renouvelle la vision que les cultures ont d'elles-mêmes, à travers une conception neuve de la famille, des institutions, du pouvoir.

    C'est donc vers une nouvelle société que conduit la révolution contraceptive, trop souvent réduite au seul thème de la libération de la femme. C'est pourquoi la dimension politique va être d'emblée prise en considération. Non par le biais des institutions, réfractaires à tout changement de l'ordre social, mais d'un point de vue sociologique dans la manière dont elles régissent les rapports entre individus.

    Une discipline s'y prête : l'endocrinologie, la science des hormones, qui révèle combien la physiologie humaine est liée à son environnement. C'est elle qui amène le docteur Pierre Simon à la pratique de la gynécologie et de l'obstétrique. « A cette couture entre l'intime et l'universel, aux lisières du mental et du physiologique, on découvrit [...] dans les années de l'après-guerre qu'il était possible d'intervenir ». Intervenir c'est faire front contre les « nationalistes de la souffrance », permettre aux femmes d'échapper « à l'enfer quotidien » dans les maternités auquel les réduisent les fatalistes qui en appellent à la tradition et aux textes sacrés. C'est aussi permettre de donner la vie en traitant les stérilités involontaires.

    « Centres d'eugénique »

    Dans tous ces domaines, on va chercher des techniques pratiquées à l'étranger. Les procédés de l'accouchement sans douleur sont enseignés à l'institut Pavlov de Leningrad. En 1953, le docteur Nikolaïev initie Fernand Lamaze et Pierre Simon à la physiologie cérébrale qui aide les femmes à enfanter en inhibant la douleur et à prendre une part plus active dans un accouchement désormais mieux maîtrisé.

    Pierre Simon se rend ensuite en Chine, en 1957, à l'époque des « Cent Fleurs », pour y observer la mise en place par le pouvoir maoïste des campagnes anticonceptionnelles, reposant sur la description (souvent rudimentaire) des mécanismes de fécondation auprès des populations pour faire face à l'explosion démographique. Mais, en pleine guerre froide, l'origine socialiste de ces pratiques et le fait que l'accouchement sans douleur soit proposé dans le cadre de la clinique des Bluets à Paris tenue par la CGT vont les faire condamner par une majorité du corps médical et dans le débat public comme suppôts du communisme.

    Médecins et scientifiques trouvent alors des relais dans des cercles de pensée. Le groupe Littré, des médecins libres-penseurs, réunis à Genève en 1953, dont le but est de diffuser le fait contraceptif dans l'ensemble des pays francophones, est de ceux-là. Viennent plus tard, au moment de la préparation de la loi Neuwirth, les francs-maçons, la Grande Loge de France, notamment la loge mère de Pierre Simon, « La Nouvelle Jérusalem », où s'élabore la rédaction des attendus de la loi.

    Dans ces années 1950, leurs efforts rencontrent l'action de la gynécologue Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé que la pratique médicale a sensibilisée aux difficultés rencontrées par les couples durant le processus de maternité. Le 5 mars 1955, au cours d'une communication à l'Académie des sciences morales et politiques, elle propose la création de « centres d'eugénique » pour aider les jeunes couples à gérer leur fécondité. Elle a alors en tête l'exemple de la clinique de la Fédération américaine de parenté planifiée, créée illégalement par la militante anarchiste Margaret Sanders aux États-Unis en 1916.

    En 1956, elle fonde avec la sociologue Évelyne Sullerot la « Maternité heureuse » qui, fusionnant en 1960 avec le groupe Littré, prend le nom de « Mouvement français pour le planning familial » : c'est ce Mouvement qui, pendant sept ans, jusqu'au vote de la loi Neuwirth, s'emploie à construire, dans la clandestinité, les cadres d'une politique de fécondité choisie.

    Ces pionnières sont rejointes dès 1956 par Pierre Simon, qui prend la tête du collège médical, puis par Yvonne Dornès et Anne-Marie Dourlen-Rollier, la première apparentée à Jules Ferry, la seconde, petite-fille d'un ami de Clemenceau qui soigna les communards. Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé s'explique dans un ouvrage paru en 1960 sous le titre La Grand' Peur d'aimer. Journal d'une femme médecin sur la volonté de s'engager pour l'amélioration du sort des femmes, condamnées à souffrir ou à subir sous couvert de bien-pensance. Ensemble, ils entreprennent de former des médecins aux nouvelles techniques contraceptives, notamment à l'aide de produits, comme le contraceptif effervescent, que Pierre Simon rapporte illégalement d'Angleterre où il se rend chaque semaine.

    Pour permettre aux médecins de s'initier à l'emploi des moyens contraceptifs existants (diaphragme et cape), ils sollicitent des prostituées qu'ils rémunèrent pour tenir ce rôle. Ce sont au total près de 600 médecins qui, entre 1956 et 1962, reçoivent une formation clandestine au 2, rue des Colonnes, à Paris.

    Naissance du stérilet

    En 1964, revenu de Singapour où s'est tenue la réunion mondiale des spécialistes de la contraception, Pierre Simon, malgré les risques qu'il encourt, présente devant un aréopage de médecins un objet en forme de spirale mis au point par un médecin américain, Margulies, le intrauterine contraceptive device. Pierre Simon le rebaptise stérilet et le décrit comme « une sorte de crosse d'évêque ».

    Si la société commence à évoluer, les institutions et les partis demeurent cependant, à gauche comme à droite, des adversaires résolus de la contraception. Même si leurs motifs diffèrent, le Parti communiste, qui y voit une manière d'affaiblir numériquement l'armée des prolétaires, et l'Église s'y opposent. La cause des femmes reçoit pourtant l'appui de précieux alliés. Les médias d'abord, par le biais de Claudine Escoffier-Lambiotte, chroniqueuse médicale au Monde, de Jacques Derogy à Libération, et de Jean-Pierre Elkabbach à la télévision. Certains parlementaires ensuite, venus des rangs du parti radical-socialiste et de la SFIO ou de clubs de pensée, notamment le club des Jacobins.

    C'est la campagne pour l'élection présidentielle de 1965 qui va faire de la contraception un thème du débat public. Si le candidat socialiste François Mitterrand le place au coeur de son discours de Nevers (« Le droit de ne pas avoir d'enfants, vous devez l'avoir »), c'est pourtant des rangs gaullistes que surgit celui qui portera la future loi. Lucien Neuwirth est, lui aussi, modelé par le souvenir de la guerre. Il a rejoint Londres et les Forces françaises libres à l'âge de 17 ans. Fusillé par les Allemands, il est sauvé car son portefeuille laissé dans sa poche gauche arrête la balle qui allait droit au coeur. Lucien Neuwirth sait désormais le prix de la vie.

    Élu député gaulliste en 1958 mais déjà sensibilisé aux problèmes sociaux dans sa commune de Firminy, dans le Massif central, dont il est adjoint au maire, il prend dès son arrivée au Parlement contact avec les artisans du Planning familial. La suite de l'histoire est connue : la nomination en 1966 d'une commission parlementaire, dite « commission Neuwirth », la publication la même année chez Payot par Pierre Simon du Contrôle des naissances. Histoire, philosophie, morale, envoyé à chaque député, la proposition du Planning familial pour le prix Nobel de la paix à travers l'IPPF (International Planned Parenthood Federation) et le combat final de 1967. On se souvient peut-être moins que c'est finalement en fervent catholique, au nom d'un don de la vie défini comme « acte lucide », que le général de Gaulle donna son aval au projet de loi.

    Si les années sida (années 1980) ont mis à mal la révolution sexuelle, la révolution de la vie ne s'est pas interrompue. Elle constitue aujourd'hui un défi majeur pour nos sociétés, au moment où techniques contraceptives et médicalisation des actes gynécologiques sont mis en cause au sein même du gouvernement au prétexte d'un retour à la nature qui essentialise la femme. Qu'il s'agisse du génome, des techniques de procréation médicalement assistée (PMA), des soins palliatifs ou de l'euthanasie, on ne peut s'empêcher de voir, dans les pensées médicales et philosophiques qui entreprennent d'en redéfinir les contours, les héritières de ceux qui dès la fin de la guerre firent de la maîtrise de la vie le bien le plus précieux de l'homme.

    L'AUTEUR

    Directrice de recherche au CNRS, Perrine Simon-Nahum a notamment édité le Journal de Jules Michelet (Gallimard, « Folio classique », 2017).

    1. Cf. S. Debusquat, J'arrête la pilule, Les liens qui libèrent, 2017.

    2. François Jacob fut l'un des premiers à introduire ce terme dans le titre de son ouvrage La Logique du vivant, Gallimard, 1970.

     

    Source : https://www.lhistoire.fr/1967-la-loi-neuwirth-ou-la-r%C3%A9volution-de-la-vie

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