• Parenté à plaisanterie : Un ciment social au Burkina

    Au Burkіnа Fаso, lа pаrenté à plаіsаnterіe est une prаtіque légendаіre quі exіste entre les ethnіes, les clаns et les іndіvіdus de générаtіons dіfférentes. Le corps d’un défunt peut être un sujet de rаіllerіe, pаr le bіаіs des аllіаnces. Aussі, cette prаtіque trаdіtіonnelle permet de cаlmer les tensіons аu seіn des communаutés.

    « A lа mort d’un Sаn, un Moаgа rentre dаns lа tombe. Les gens meurtrіs croyаіent qu’іl аllаіt аttrаper le corps pour le coucher pаr terre. On le luі donnа, mаіs іl le repoussа. Le mаnège durа sі longtemps que celа provoquа une іrrіtаtіon аu seіn de lа foule. Mаіs le Moаgа étаіt venu de Ouаgаdougou аvec les fіls et fіlles du défunt, c’est eux quі donnèrent de l’аrgent en explіquаnt à lа foule qu’іl étаіt un аllіé à plаіsаnterіe.

    Aіnsі іl sortіt de lа tombe et lаіssа contіnuer lа cérémonіe d’enterrement. En remettаnt l’аrgent аu Moаgа, les fіls du défunt luі dіrent : C’est pour couvrіr les frаіs de cаrburаnt. » Ce temoіgnаge extrаіt de l’ouvrаge du chercheur burkіnаbè, Joseph Alаіn Sіssаo, « Allіаnce et pаrenté à plаіsаnterіe аu Burkіnа Fаso » explіque en pаrtіe l’аncrаge de ces prаtіques dаns les socіétés trаdіtіonnelles аu Burkіnа Fаso.

    Le sаmedі,10 juіn 2000 lors des funérаіlles nаtіonаles du Cаrdіnаl Pаul Zoungrаnа les Sаns(pаrents à plаіsаnterіe des Mossé) ont іnvestі lа tombe du défunt,à lа cаthédrаle de Ouаgаdougou,essаyаnt d’empêcher le corps d’être enterré. C’est аprès de rudes négocіаtіons que le Cаrdіnаl а été conduіt à sа dernіère demeure.

    Chez les mossé, le Rаkіré( lа pаrenté à plаіsаnterіe) se fаіt égаlement à l’іntérіeur du clаn. Lorsqu’une vіelle personne décède dаns une fаmіlle, les membres de lа fаmіlle аllіée tourne en dérіsіon lа sіtuаtіon de deuіl pаr une pаrodіe de réjouіssаnce.

    Elle vа jusqu’à souhаіter à lа fаmіlle éplorée que sіtuаtіons sіmіlаіres se produіsent tous les jours, аfіn qu’elle puіsse dаnser le Wаrbа( dаnse trаdіonnelle Moаgа). Pour le professeur, Albert Ouédrаogo de l’Unіversіté de Ouаgаdougou, cette fаçon de célébrer le deuіl contrіbue à dédrаmаtіser lа mort ; « Il fаut fаіre en sorte que lа fаmіlle ne sombre pаs dаns ce qu’on аppelle le deuіl pаthologіque.

    Un іndіvіdu est mort, mаіs fаіte en sorte que sа dіspаrіtіon ne tue pаs le groupe. Et c’est аux pаrent à plаіsаnterіe d’аssumer ce rôle ». Au Burkіnа Fаso, ces joutes trаdіtіonnelles ne sont pаs l’аpаnаge des seuls Mossé et des Sаns .Toutes les ethnіes prаtіquent ces rіtes trаdіtіonnels à l’occаsіon du décès d’un pаrent à plаіsаnterіe.

    Chez certаіns clаns « l’enlèvement du cаdаvre contre rаnçon » est аutorіsé. D’аutres vont jusqu’à аccuser leurs pаrents à plаіsаnterіe d’être des sorcіers et d’аvoіr « dévoré » leur propre enfаnt. Chez les Kаssenа,Gourounsі du Nаhourі,entre les Tіétembou et les Gomgnіmbou, les expressіons du genres :« Vous аvez encore tué,vrаіment,vous êtes très forts de ce côté là, bon sі c’est аіnsі donnez-nous un morceаu » sont le plus souvent employées lors des décès.

    Lа pаrenté à plаіsаnterіe vа аu delà des ethnіes et des clаns. Elle est аussі іntergénérаtіonnelle. Il exіste des аllіаnces entre l’oncle et le neveu et entre les grаnds-pаrents et leurs petіts fіls. Lorsqu’un vіeux meurt, ces dernіers ne doіvent pаs pleurer. Ils sont аutorіsés à user de tous les strаtèges pour empêcher retаrder l’enterrement. Ils peuvent s’аsseoіr sur le cercueіl, bloquer lа porte d’аccès аu corps, encercler lа tombe.

    Ils ne permettront lа mіse en terre qu’аprès аvoіr reçu des présents. Un Bobo а confіé dаns l’œuvre de Joseph Alаіn.Sіssаo « Quаnd mon grаnd-père est décédé, je me suіs mіs à pleurer et mа mère m’а demаndé pourquoі je pleurаіs. Pour elle, je ne devаіs pаs pleurer, c’étаіt plutôt elle quі devаіt pleurer. C’étаіt une mаnіère de me consoler pаrce qu’entre le grаnd-père et le petіt-fіls, іl y а lа plаіsаnterіe ».

    Dаns les grаndes vіlles аu Burkіnа Fаso ces prаtіques se font de plus en plus rаres. A Ouаgаdougou pаr exemple, les pаrents à plаіsаnterіe font de moіns en moіns ces mіses en scène pour détendre l’аtmosphère lors des décès ou des funérаіlles.

    Le vіeux Abdoul Sаlаm Zoungrаnа (67 аns) se souvіent аvec nostаlgіe : « lorsque nous étіons encore jeunes, on аssіstаіt аux décès et аux funérаіlles des vіelles personnes аvec une certаіne ferveur. Même sі on étаіt mаlheureux à lа perte d’un proche, les membres des fаmіlles аllіées venаіent dérіder lа sіtuаtіon et on fіnіssаіt pаr oublіer un peu son chаgrіn. Ces pаrents à plаіsаnterіe vous аssіstent en réаlіté pendаnt longtemps ». Il regrette que de nos jours ces prаtіques se fаssent rаres en vіlle. Après les enterrements, les fаmіlles аfflіgées sont très vіte oublіées pаr les « аmіs ».

    « En 1966, le Burkіnа Fаso а échаppé à une crіse grâce à lа pаrenté à plаіsаnterіe »

    Les bіenfаіts de lа pаrenté à plаіsаnterіe sont nombreux. Elle pаrtіcіpe d’une fаçon ou d’une аutre à аpаіser les tensіons dаns les fаmіlles, et entre les dіfférents clаns de lа socіété. Selon le professeur, Albert Ouédrаogo, le Burkіnа Fаso, à l’époque Hаute-Voltа, а connu une rupture іnstіtutіonnelle sаns effusіon de sаng аux premіères heures de son іndépendаnce à cаuse de lа pаrenté à plаіsаnterіe. « En 1966, le Burkіnа Fаso а échаppé à une crіse grâce à lа pаrenté à plаіsаnterіe », а dіt M.Ouédrаogo. Le soulèvement populаіre du 3 jаnvіer 1966 а conduіt le Présіdent Mаurіce Yаméogo à аbаndonner les reіnes du pouvoіr.

    « Un mossі аllаіt perdre le pouvoіr sur un espаce mаjorіtаіrement moаgа. Et quі l’а remplаcé ? C’est un Sаn, Sаngoulé Lаmіzаnа, un pаrent à plаіsаnterіe .De fаçon іnconscіente lа pаrenté а аpаіsé les esprіt sаns que les gens ne s’en rendent compte », explіque le professeur Ouédrаogo. Dаns l’exercіce de lа pаrenté іl est іnterdіt de proférer des іnjures à l’endroіt de son аllіé ou de verser son sаng.

    Cette prаtіque socіаle ne peut être sіtuée dаns le temps. Plusіeurs mythes entourent son exіstence dаns lа trаdіtіon burkіnаbè. Selon, Albert Ouédrаogo tous les pаrents à plаіsаnterіe аu Burkіnа Fаso ont d’аbord entretenu des relаtіons conflіctuelles аvаnt de nouer des аllіаnces.

    Ozіаs Kіemtoré

    Quelques ethnіes аvec leurs pаrents à plаіsаnterіe.
    Bіsа : Gourounsі, Sаn, Yаrsé
    Bіrіfor : Turkа, Gouіn, Cermа, Kаrаboro
    Bаmbаrа : Koulіbаly, Ouаttаrа, Trаoré, Koné, Peul
    Bobo : Koné, Peul, Bаmbаrа
    Bobo Dіoulа : Peul, Semblа, Dаfіng
    Bolon : Dаgаrі
    Bwаbа : Peul, Coulіbаly
    Mаrkа : Sénoufo, Peul, Bаmbаrа, Bobo, Dіoulа, Bwаbа
    Dаgаrі : Turkа, Gouіn, Kаrаboro
    Fulfuldé : Bobo, Yаrsé, forgeron de toute ethnіe, Nіonіosé, Hаusа, Nunumа(Gourounsі)
    Gourmаntché : Yаdsé, Peul, Hаusа, Kotokolі, Djermа, Lyélé(Gourounsі), Bellа
    Lobі : Gouіn, Bіrіfor, Toussіаn, Kаrаboro, Turkа, Sіаmu
    Gourousі : Bіsа, Peul, Gourmаntché, Djermа
    Sénoufo : Dаfіng
    Mossі : Sаn (Nаyаlа, Sourou), Sаmogo (kénédougou), Dаgаrа
    Semblа : Toussіаn, Bobo-Dіoulа, Bwаbа, Sénoufo
    Vіgué : Peul, Bwаbа
    Wаrа : Dаgаrі
    Sonrhаі : Djermа, Gourounsі, Dogon, Touré
    Hаusа : Gourounsі, Djermа
    Pugulі : Dаgаrі, Lobі, Gouіn, Peul, Bwаbа, Turkа, Sénoufo, Bobo
    Toussіаn : Semblа, Lobі,
    Source : « Allіаnce et pаrenté à plаіsаnterіe аu Burkіnа Fаso », Alаіn Joseph Sіssаo.

    Cаrrefour Afrіcаіn

    Source : http://humour.fasoblog.net/

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  • Le Qatar rêve de football

    La remarquable école de football du Qatar, pays hôte de la Coupe du monde de football en 2022, est-elle un projet humanitaire, ou un moyen d'acquérir les meilleurs joueurs d'Afrique?

    Aspire, une académie du sport qatari, a envoyé en 2007 des milliers d'observateurs en Afrique pour y dénicher les espoirs les plus prometteurs du football. Les meilleurs de ces joueurs, tous nés en 1994, ont constitué la première promotion d'un projet appelé "Football Dreams". En juillet dernier, ce même groupe a participé à la Milk Cup irlandaise, qui compte parmi les plus prestigieux tournois pour jeunes footballeurs; un tournoi qui a servi de terrain d'essai à nombre de prodiges en herbe (David Beckham, Wayne Rooney et Ryan Giggs peuvent en attester). L'équipe d'«Aspire» a vaincu les jeunes  joueurs de Manchester United en finale; cinq buts à zéro.

    Difficile de comprendre comment une équipe sans affiliation professionnelle, en provenance d'un lointain désert, a pu écraser les jeunes stars de la principale pépinière de talents du football mondial au point de les faire passer pour des... eh bien, pour des petits garçons. Un cas de figure sans précédent. Inimaginable. Impossible! Et pourtant, la chose est arrivée. Et ce n'est pas la première fois: «Aspire» avait déjà vaincu Manchester United lors de la Milk Cup de l'an dernier (la catégorie d'âge étant certes inférieure).

    L'incroyable succès d'Aspire semble indiquer que les Qataris ont percé les secrets de l'entraînement des joueurs d'élite. Le projet doit son succès à l'argent, au partage des connaissances et au nombre incalculable d'observateurs envoyés sur le terrain. Mais pourquoi le Qatar est-il si déterminé à bâtir un empire du football junior?

    Aspire a été créé en 2004 par Hamad bin Jassim bin Jaber Al Thani, premier ministre de cet émirat du Moyen-Orient. Il voulait en faire un centre de développement pour athlètes et universitaires. Le centre compte aujourd'hui environ 200 étudiants, de la cinquième à la terminale; ces derniers suivent une formation sportive toute l'année (les disciplines sont nombreuses). Le campus fait partie de l'Aspire Zone de Doha, un immense complexe, qui comprend des zone commerciales, des hôtels, un hôpital spécialisé en orthopédie et en médecine du sport, ainsi que l'Aspire Dome - le plus grand stade couvert au monde.

    600.000 candidats, originaires de 15 pays, évalués en 2010

    Officiellement, Football Dreams est un projet humanitaire géré par l’Aspire Academy. Il a officiellement pour objectif de permettre aux petits génies africains parmi les plus démunis de faire carrière dans le football professionnel. La plupart des joueurs sélectionnés par «Football Dreams» ne passent certes que peu temps au Qatar; ils sont redirigés vers une version un peu moins chic du complexe qatari, en Afrique de l'Ouest: Aspire Senegal. Mais le fait de décrocher une bourse d'études «Aspire» demeure une chance des plus rares. Un joueur doit surmonter bien des obstacles pour être retenu par le processus de sélection particulièrement exigeant de l'école. L'académie déclare avoir évalué 600 000 candidats (originaires de 15 pays) en 2010; le programme de sélection le plus important de l'histoire du football.

    Aspire se distingue des clubs européens par sa capacité à attirer des joueurs relativement jeunes (la plupart des recrues sont âgées de quatorze ans). En Europe, le recrutement des joueurs étrangers est plus réglementé. C'est tout particulièrement vrai en Angleterre, où les ressortissants de pays n'appartenant pas à l'Union européenne doivent avoir au moins dix-huit ans et disposer d'un permis de travail pour rejoindre une équipe. A l'inverse, les Qataris peuvent recruter n'importe quel joueur africain. Leur seule limite demeure la taille de leur compte en banque. Et elle semble, pour l'heure, ne pas avoir de limite.

    Une chose est sûre: les techniques de recrutement d'Aspire dépassent de très loin celles qui sont généralement employées sur le continent. Comme le rapportait Der Spiegel l'année dernière, en Europe, un quart des joueurs étrangers de haut niveau sont des Africains. Dénicher un joueur africain de talent rapporte gros, et ces recrutements font l'objet d'un florissant marché noir.

    Les prodiges (qui peuvent être très jeunes; sept ans dans certains cas, selon un article du Guardian) sont contactés par des observateurs, des agents ou des écoles délabrées, qui ne sont parfois que des lopins de terre sur le bord d'une route, sans terrain convenable, voire sans buts. Leurs contrats sont vendus et rachetés au cours de leur formation, et leurs entraîneurs empochent la majeure partie des bénéfices. Un système pour le moins douteux, proche de celui du monde du baseball junior en République dominicaine, où les buscones revendiquent la propriété des joueurs prometteurs - et où les jeunes espoirs ne sont souvent payés qu'en promesses.

    La jeunesse est une marchandise

    Dans l'univers du sport professionnel, la jeunesse est une marchandise, et les dénicheurs de talents d'Afrique et de République dominicaine ont souvent tendance à modifier à la baisse l'âge de leurs recrues - en faisant passer un joueur moyen âgé de vingt ans pour un joueur d'élite qui en aurait dix-sept, ils font grimper d'autant leurs marges de bénéfice. En visionnant les moments marquants de la Milk Cup 2011, il est difficile de ne pas douter de l'âge annoncé des joueurs d'Aspire. On les voit distancer les meilleurs joueurs de Manchester United avec un peu trop d'aisance; la finesse de leur jeu et leur vivacité d'esprit semblent bien précoces. Sans parler d'Ibrahima Drame, l'avant sénégalais, qui a marqué trois buts dans la première mi-temps. Il serait né en 1994; on est en droit d'en douter.

    Si le seul but d'Aspire était de gagner quelques matchs et de tirer des enfants prodiges de la pauvreté, l'âge de ses joueurs ne nous intéresserait guère. Mais si l'objectif réel du projet Football Dreams est de recruter les meilleurs joueurs possibles dans l'équipe nationale du Qatar, la chose devient un peu plus problématique. Le Qatar accueillera la Coupe du Monde de football de 2022, et en vertu du règlement de la Fifa, l'équipe du pays organisateur est automatiquement qualifiée. L'équipe du Qatar, qui pointe actuellement à la 88ème place du classement de la Fifa, n'est jusqu'ici jamais parvenue à participer à la Coupe. En recrutant des joueurs dans l'ensemble de l'Afrique, l'émirat pourrait bientôt offrir de meilleures perspectives d'avenir à son équipe. Football Dreams est peut-être avant tout destiné à lui épargner l’humiliation d’une cuisante défaite.

    Le Qatar nie vouloir intégrer les joueurs de Football Dreams à son équipe de la Coupe du monde, et rappelle qu’il collabore étroitement avec les fédérations des pays dont sont originaires les jeunes footballeurs. Plus de 30 athlètes de Football Dreams ont joué pour leur équipe nationale, et pour l’heure, aucun joueur n’a représenté le Qatar. Mais l’émirat a déjà payé des athlètes (d'autres disciplines) pour les inciter à abandonner leur pays d'origine. Il n’a jusqu'ici jamais fait l'acquisition de footballeurs, mais la taille et l’envergure de l’Aspire Academy laisse penser que les premiers acomptes ont déjà été versés.

    Quel est le but réel de ce  projet d’entraînement sportif?

    Le Qatar compte générer de la croissance et gagner une reconnaissance internationale grâce au sport; et Football Dreams est dans la droite ligne de cette volonté politique. Les victoires de l’équipe d’Aspire et l’histoire de Football Dreams l’ont certes déjà rendu célèbre dans le monde entier - mais l’émirat pourrait élaborer un projet humanitaire plus efficace sur le plan financier. Et si son seul but était de promouvoir le football africain, mieux vaudrait investir pour offrir des terrains, des programmes d’entraînement et de l’équipement sportif aux équipes du continent plutôt que d’envoyer une poignée de joueurs dans une école spécialisée.

    Pour l’heure, le Qatar réserve ses ressources à un petit groupe de privilégiés. Les recrues affrontent des équipes d’élite tous les week-ends pendant l’année scolaire, et participent chaque été à des tournois internationaux pour jeunes footballeurs. L’équipe de Manchester United savait sans doute ce qui l’attendait lors de la Milk Cup; elle affronte les jeunes joueurs du Qatar assez régulièrement.

    Il arrive même que l’équipe première d’United fasse le déplacement; dans de telles occasions, les superstars mancuniennes participent à la formation des protégés d’Aspire. L’école n’étant liée à aucune équipe professionnelle, les meilleurs centres de formation du monde sont disposés à leur enseigner leurs techniques d’entraînement et à leur dispenser des conseils tactiques. Par ailleurs, Aspire dispose d’assez de fonds pour s’offrir les services des grands théoriciens du ballon rond. Outre Manchester, les équipes du FC Barcelone et du Milan AC se sont déjà rendues à Doha.

    Les premiers élèves du projet Football Dreams n’ont pas encore achevé leur scolarité, mais les joueurs d’Aspire s’intègrent peu à peu à la scène du football international. Ibrahima Drame a récemment défendu les couleurs du Sénégal dans l’équipe des moins de dix-sept ans, mais il ne rejoindra pas les Lions avant d’avoir fait ses preuves dans l’équipe première d’un club.

    La qualification du Qatar à la Coupe du monde 2014 est loin d’être assurée; si l’émirat proposait à Ibrahim Drame de devenir citoyen qatari, il renforcerait sans doute le jeu de la ligne avant de sa nouvelle équipe. Décidera-t-il de rester au Sénégal, ou de tout faire pour intégrer l’équipe du Qatar? Lorsque son choix sera fait, nous saurons quel est le but réel du projet d’entraînement sportif le plus ambitieux de la planète.

    Brian K. Blickenstaff

    Ecrivain freelance et géographe

    Source :http://www.slate.fr

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  • Le chef de l'État sénégalais, Abdoulaye Wade vise un troisième mandat à l'élection présidentielle de février prochain, plaçant le pays sous haute tension. Le Conseil constitutionnel doit se prononcer sur la validité de sa candidature avant la fin de la semaine. Son obstination, envers et contre tout, est à l'image de ses douze années de pouvoir. La volonté de réformes est indéniable, la méthode à marche forcée plus critiquable.

    Dans vingt ans, que restera-t-il d'Abdoulaye Wade ? Le monument de la Renaissance africaine, raillent ses opposants. C'est une blague, mais elle est loin d'être innocente. À bien des égards, l'édifice inauguré en grande pompe en avril 2010 en présence du gratin continental symbolise les deux faces de l'ère « Gorgui » : des idées et du volontarisme, l'ambition de laisser des traces, des rêves de grandeur, la quête de nouveaux bailleurs... Mais aussi une totale opacité sur le financement, une réalisation qui ne profite, pour l'heure, en rien aux Sénégalais, et un culte de la personnalité qui frise parfois le ridicule.

    Cette statue de bronze mettant en scène un homme, une femme et un enfant regardant vers la lointaine Amérique du Nord est, selon la légende, sortie tout droit de l'imagination de Wade. C'est lui qui a trouvé un mode de financement original (et décrié) et qui s'est tourné vers un pays jusque-là ignoré (la peu recommandable Corée du Nord) pour la construire. Mais aujourd'hui, elle ne cesse d'alimenter la polémique. Les touristes l'ignorent. Les Dakarois, au mieux, s'en moquent, au pire, la vomissent. « N'y avait-il pas mieux à faire dans un pays où l'on manque de tout ? » se désole Yayah Manè, un vendeur d'objets d'art qui la contemple chaque jour depuis son étal situé dans le quartier de Ouakam. La rumeur parle de malfaçons. Elle ignore en revanche que dans la boutique située au pied de la statue, en bas des 198 marches, les futurs visiteurs pourront se procurer un livre vendu 30 euros :Les Mathématiques de l'analyse économique moderne, signé Abdoulaye Wade... « Nous avons là l'exemple parfait de la mégalomanie de Wade », persifle l'un de ses principaux opposants, celui qui fut le premier de ses six Premiers ministres, Moustapha Niasse.

    Il jouit d'une certaine popularité dans les campagnes, mais polarise les critiques à Dakar.

    S'arrêter sur ce seul symbole serait réducteur. En douze ans, Wade a considérablement modifié le visage du Sénégal. Les chiffres parlent pour lui : entre 2000 et 2010, le taux de croissance (+ 4 %) a été supérieur à celui de la décennie précédente, l'inflation a été maîtrisée, les recettes budgétaires ont augmenté... Des milliers d'écoles ont été construites. Le pays comptait 220 collèges et 48 lycées en 2000, il y en a respectivement 749 et 134 aujourd'hui. De nombreux dispensaires ont également été ouverts, le taux de mortalité infantile a baissé, l'accès à l'eau potable augmenté. Le pays a diversifié ses partenaires financiers. En précurseur, Wade s'est tourné vers les nouveaux riches arabes et asiatiques. Il a également fait de l'agriculture une priorité, via la Grande Offensive agricole pour la nourriture et l'abondance (Goana).

    Au pinacle en 2000

    Et il y a tous ces grands travaux censés faire passer le pays dans le troisième millénaire : la corniche à Dakar et les hôtels de luxe qui vont avec, le port de Dakar façonné à la sauce Dubaï, l'aéroport Blaise-Diagne, l'autoroute, les nombreuses routes secondaires... Incontestablement - et même ses opposants en conviennent -, Wade s'est donné les moyens de faire du Sénégal un hub régional. « C'est un visionnaire et un homme de conviction », dit de lui un de ses anciens collaborateurs passé à l'opposition.

    Mais à Dakar comme ailleurs en Afrique, c'est toujours le même refrain : « Le bitume, ça ne se mange pas. » Si dans les campagnes Wade jouit encore d'une certaine popularité, dans la capitale (plus de 3 millions d'habitants, le quart de la population du pays) il polarise la déception. Le chômage reste élevé et la débrouille constitue toujours la règle. Ceux qui l'avaient porté au pinacle en 2000 étaient pour la plupart de jeunes électeurs en quête d'espoir... et de travail. Beaucoup sont restés à quai. Les innombrables délestages n'ont fait qu'exacerber la colère. Aujourd'hui, Wade ne peut plus se présenter comme le candidat du Sopi (« changement », en wolof). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la coalition de partis qui le soutient a, en septembre dernier, troqué le nom d'Alliance Sopi pour toujours (AST) pour celui, moins romantique, de Forces alliées 2012 (FAL)...

    Mais le principal grief est ailleurs : « Wade a sapé les fondements de la République. » Ce n'est pas n'importe quel adversaire politique qui s'exprime. Il s'agit d'Aminata Tall, 62 ans, dont trente passés aux côtés de « Gorgui ». Celle qui fut plusieurs fois ministre puis secrétaire générale de la présidence a rompu avec fracas en avril 2011. Aujourd'hui, à l'instar des Idrissa SeckMacky Sall et autres cadres d'un Parti démocratique sénégalais (PDS) en pleine déliquescence, elle ne reconnaît plus l'opposant qui l'avait séduite. C'était alors « un homme ouvert au dialogue, à l'écoute de ses collaborateurs, qui avait une haute idée de l'être humain et était soucieux d'une justice ». Mais le pouvoir « l'a grisé », accuse-t-elle. « Il n'écoute plus que ceux qui vont dans son sens. Pour lui, l'homme est devenu une chose à manipuler » et la politique « un art de la ruse ».

    Scandales

    Au Palais, on ne compte plus les intrigues, les disgrâces, alors que les « cadeaux » quotidiens offerts aux visiteurs alimentent la gazette. « Wade, accuse un proche, pense que tout s'achète. Il dit que les Sénégalais ne croient en rien si ce n'est à l'argent. » Aujourd'hui, il incarne ce Sénégal coupé en deux : d'un côté la corniche, ses villas, ses milliardaires ; de l'autre la banlieue et ses habitants, qui peinent à survivre entre insécurité et inondations. Mais il n'est pas seul responsable.

    « Il a hérité d'une situation dramatique après quarante ans de socialisme », plaide Amadou Sall, son porte-parole. Certes, mais les électeurs ont du mal à se souvenir de ce qu'était le pays il y a douze ans. Et ne retiennent que les scandales à répétition. Tout le monde se rappelle par exemple l'affaire Segura, du nom de ce représentant du Fonds monétaire international (FMI) qui s'était vu remettre, le jour de son départ, une somme rondelette (87 millions de F CFA, environ 132 700 euros) dans une mystérieuse valise. Comme du temps d'Abdou Diouf, la justice a été utilisée à des fins politiques - les magistrats s'en plaignent régulièrement. Les institutions ont été ébranlées, dénonce le juriste Babacar Gueye (lire interview). En changeant de ministres aussi souvent que de chemise et en faisant de la réforme constitutionnelle un exercice semestriel, le président a contribué à désacraliser sa fonction. Pour nombre d'observateurs, la candidature du chanteur Youssou Ndour est l'expression de ce phénomène - « Tout le monde se croit capable de diriger le pays », regrette le journaliste Cheikh Fadel Barro, leader du mouvement de jeunes Y'en a marre.

    Si le scrutin conduit à des affrontements, son bilan définitivement entaché.

    Sa supposée volonté de transmettre le pouvoir en héritage à son fils a été plus mal perçue encore. Si son entourage (à commencer par le principal intéressé, Karim Wade) nie ce projet de « dévolution monarchique du pouvoir », tous ceux qui l'ont quitté ces derniers temps, Cheikh Tidiane Gadio, son ministre des Affaires étrangères de 2000 à 2009, et Aminata Tall en tête, en sont convaincus. « Wade se croit supérieur. Et le seul à même de continuer son oeuvre, à ses yeux, est son fils », regrette un de ses collaborateurs.

    « Un battant »

    Les Américains le présentent, dans leurs câbles diplomatiques (révélés par WikiLeaks), en véritable mégalo. Ils ne sont pas les seuls. « Tout doit tourner autour de sa personne », peste Moustapha Niasse. « Wade est hanté par Senghor. Son objectif absolu, c'est de rester dans l'Histoire », analyse le politologue Babacar Justin Ndiaye. Il « se considère comme étant de la même race que les grands chefs d'État africains tels que Julius Nyerere ou Nelson Mandela », jugeait un diplomate américain en avril 2008. Son plus grand rêve ? Obtenir le prix Nobel de la paix...

    Casamance, un échec retentissant

    C'est l'échec le plus cuisant, et Wade le reconnaît lui-même : le processus de paix en Casamance reste au point mort. « J'avais dit à l'époque qu'il y en avait pour quelques mois pour résoudre le problème. Je le croyais. Malheureusement, ça n'a pas été le cas », a-t-il admis sur RFI début janvier, avant d'attribuer la responsabilité de l'échec à Salif Sadio, un des chefs de la branche armée de la rébellion. Mais pour nombre d'acteurs de ce conflit vieux de vingt-neuf ans, le président porte lui aussi une part de responsabilité. La stratégie adoptée en 2000 - diviser le mouvement en envoyant des émissaires afin de mener des négociations en coulisses, et écarter les pays voisins, la Gambie et la Guinée-Bissau, des pourparlers - est un échec. Les attaques mortelles contre les postes militaires se multiplient (plus de 20 soldats ont été tués entre décembre 2010 et mars 2011), les pillages aussi, et le marasme économique perdure. Face à la recrudescence des violences, Wade a dû se résoudre à demander l'aide des voisins bissau-guinéen et gambien. Un peu tard. R.C.

    Les Américains l'ont dépeint comme un Machiavel des temps modernes, un homme qui « use de tous les moyens possibles pour rester en place », comme l'a montré sa tentative (avortée) de changer le mode d'élection en juin dernier. « Diouf était un technocrate froid. Wade, c'est l'indigène qui accède au pouvoir : il se fiche des institutions. C'est un voyou, un voyou génial », assène en écho un observateur de la vie politique qui l'a régulièrement côtoyé ces dernières années. À ce titre, le PDS lui ressemble furieusement : c'est un parti prêt à tout pour gagner. Un de ses cadres le reconnaît sans vergogne : « S'il n'y avait pas de contrôle, évidemment que nous bourrerions les urnes. »

    Wade n'a que faire de ces critiques. Au contraire, elles le font avancer. « C'est un battant », dit de lui Cheikh Diallo, qui s'occupa de sa communication lors de sa campagne victorieuse en 2007 et se dit aujourd'hui impressionné par l'énergie qu'il dépense, à bientôt 86 ans. « Il adore être en campagne. » Est-ce pour vivre une dernière montée d'adrénaline qu'il a décidé de se représenter, après avoir juré le contraire ? Ou ne fait-il que céder aux pressions de ces proches qui, selon plusieurs habitués du Palais, craignent de voir s'envoler leurs privilèges en cas d'alternance ou, pis, d'avoir affaire à la justice ? Malgré les discours rassurants de son entourage, selon lequel « le Sénégal ne peut pas tomber dans la guerre civile », il n'ignore pourtant pas les risques. « Sa candidature est un danger pour le pays, tous les signes avant-coureurs de la Côte d'Ivoire sont réunis. Quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel [sur la validité de sa candidature, NDLR], elle risque de plonger le pays dans la crise : si la candidature est invalidée, la majorité présidentielle se retrouve sans candidat ; si elle est validée, les risques d'affrontements sont réels », répète Gadio à travers le monde depuis plusieurs mois.

    S'il ne se trompe pas, alors le bilan de Wade sera définitivement entaché. Les succès engrangés ces douze dernières années pourraient s'envoler en fumée en quelques jours. Tout dépend, à vrai dire, de la validation ou non de sa candidature par le Conseil constitutionnel - verdict attendu fin janvier ; des heurts qui pourraient en découler de part et d'autre ; de la transparence du scrutin présidentiel, dont le premier tour est fixé au 26 février. Bref, de l'état dans lequel il laissera la démocratie, cette fierté sénégalaise dont il a hérité il y a douze ans après sa victoire triomphale sur Abdou Diouf. C'était le temps de l'espoir.



    Source: Jeuneafrique.com

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    Un endroit "hot" qui risque d'etre une vraie poudrière pour un futur très proche .Israel vient de signer un accord important qui englobe une "protection militaire" qui déplait au plus haut point la Turquie .

    Voir cet extrait du site israelite MENA :

    Des avions israéliens basés à Chypre ? (info # 011901/12)

    jeudi, 19 janvier 2012

     Par Jean Tsadik

    Le 16 février prochain, le 1er ministre israélien, M. Benyamin Netanyahu, se rendra en visite officielle dans la République de Chypre, à l’invitation du Président Dimîtris Khristòfias. Ce sera la première visite d’un premier ministre israélien sur l’île d’Aphrodite ; elle fait suite à celle du Président Pérès, à l’automne dernier, venu y parapher des accords de coopération dans les domaines de l’énergie, de la recherche et du développement industriel, des télécommunications, ainsi que de l’archéologie.

    S’ensuivit, le 9 janvier dernier, la venue importante à Jérusalem du ministre cypriote de la Défense, M. Demetris Eliades, qui signa deux traités avec Ehud Barak, dans les domaines de la défense et de l’échange d’informations sensibles.

    Jusqu’à présent, l’Etat hébreu gardait ses distances avec le pays de l’UE le plus proche de ses frontières afin de ne pas indisposer les Turcs, qui entretiennent un différend ouvert avec Nicosie depuis de très nombreuses années.

    Deux facteurs ont principalement contribué au rapprochement entre les deux Etats : la rupture de l’alliance stratégique Ankara-Jérusalem, voulue par le 1er ministre islamiste Tayyip Erdogan, d’une part, et la découverte d’importants gisements sous-marins de gaz naturel, dans la portion de Méditerranée située entre Chypre et l’Etat hébreu, de l’autre.

    Ces réserves, donnant lieu à d’importants forages, sont situées dans les Zones d’Exclusivité Economique, ZEE, appartenant aux deux Etats, et qu’ils explorent en étroite collaboration, scientifique, technique et sécuritaire. 

    Selon les estimations fiables, leur exploitation va rapporter annuellement des dizaines de milliards de dollars aux deux économies, des sommes à même de les modifier en profondeur. Personne, d’ailleurs, n’en fait mystère, à l’image de Demetris Eliades, qui a déclaré, lors de son récent séjour parmi nous, que "l’existence de gaz dans les ZEE des deux pays ouvre un nouveau chapitre dans les relations entre Chypre et Israël".

    Un point de vue largement partagé par Ehud Barak, qui lui a ajouté une dimension stratégique, annonçant une "coopération pour la paix dans une région plus étendue", le ministre de la Défense précisant que "2012 serait une année historique au niveau des décisions stratégiques".

    A ce propos, des confrères cypriotes, d’habitude très bien renseignés, nous ont informés que la visite de Netanyahu aurait pour objectif pratique de finaliser un nouvel accord secret, aux conséquences capitales, au sujet de la protection des sites de forages en mer, ainsi que du stationnement permanent d’avions de guerre frappés de l’étoile de David dans des aéroports cypriotes.

    Un autre accord, économique celui-ci, prévoirait la coopération de Chypre pour la livraison, à des clients européens, du gaz israélien pompé en Méditerranée. Même ce volet de la coopération Nicosie-Jérusalem a le don d’irriter Erdogan au plus haut point, en ce qu’il contournera le pipeline Nabucco, sensé relier l’Azerbaïdjan et d’autres puits de la même région, au Vieux continent, en traversant la Turquie.

    Officiellement, Ankara soutient le programme Nabucco, mais, dans les faits, elle traîne les pieds, faisant le jeu du géant russe Gazprom, bien décidé à conserver et à amplifier sa mainmise sur la vente de gaz naturel à l’Europe par pipeline. Le projet Nabucco comptabilise ainsi déjà plusieurs années de retard, et sa réalisation même est remise en question.

    Quant au projet d’installer des appareils israéliens sur l’île, il viendrait contrecarrer les nombreuses menaces brandies par Erdogan contre Chypre, Israël, et même la Grèce, partie prenante par proxys des tous les traités entre Jérusalem et Nicosie. Les Turcs contestent, en particulier, la délimitation de la ZEE de la République cypriote ; à plusieurs reprises, des navires de guerre ainsi que des chasseurs-bombardiers ottomans se sont dangereusement approchés des plateformes plantées dans l’est du bassin méditerranéen.

    Depuis ces provocations, la marine israélienne assure la protection permanente des installations de forage, qu’elles soient domestiques ou cypriotes.

    On sait Ankara terriblement sensible aux efforts entrepris par Nicosie pour renforcer les capacités de sa petite armée, forte d’environ dix mille hommes ; c’est ainsi que, lorsque les Cypriotes envisagèrent de déployer des missiles antiaériens, ou d’acquérir des avions de chasse, la Turquie réagit de manière extrêmement musclée, menaçant le régime du sud de l’île d’une intervention militaire.

    C’est à l’aune de ces incidents passés, qu’il convient d’évaluer l’impact du dessein de baser une escadrille de la Kh’el Avir (probablement) sur l’aéroport de Paphos. A la différence de taille, que si l’armée turque pouvait, jusqu’alors, aisément écraser dans l’œuf les velléités des Cypriotes grecs de se renforcer, toute opération lancée contre les aviateurs hébreux se solderait, pour l’agresseur, par une débâcle annoncée par avance.

     Tayyip Erdogan ne se contente pas de menacer les plateformes de forage, il vitupère également, en montrant le poing, contre le fait, qu’en juillet prochain, ce sera la République de Chypre qui assurera la présidence de l’Union Européenne.

    Les relations entre les insulaires grecs et les Hébreux sont, en revanche, au beau fixe. Comme en témoigne la décision du Président Khristòfias d’interdire aux flottilles anti-blocus d’appareiller en direction de Gaza à partir de son territoire. Des flottilles largement financées et organisées par Ankara, comme de bien entendu.

     Sur l’île d’Aphrodite, les responsables politiques, les confrères et les simples citoyens que nous avons interpelés se montrent euphoriques à l’idée du stationnement des F-16 hébreux chez eux. Eux qui, en juillet 74, avaient fait les frais de l’agression turque, baptisée Attila, qui allait amputer leur territoire de 40% de sa surface, sans que la garnison britannique, cantonnée dans deux bases représentant 10% de l’île, n’intervienne aux côtés des victimes.

     La grande sœur grecque, à l’époque, ne se jugeant pas de taille à affronter les Ottomans, s’abstint également d’intervenir, ce qui, d’ailleurs, précipita la fin du régime des colonels à Athènes.

     "Tout le monde saisit, à Chypre comme dans toute la Grèce", me confie l’un des analystes stratégiques cypriotes les plus connus, "qu’une alliance stratégique avec vous inverse le rapport de force [face à la Turquie] en notre faveur, et garantit notre indépendance et notre liberté une fois pour toutes. Dans ces conditions", me demande Agis, "pourquoi voudriez-vous que nous ne soyons pas contents ?".

    Mon confrère et ami partage mon opinion, selon laquelle le déploiement d’appareils israéliens à Chypre constituerait, de facto, un pacte militaire obligeant Israël à intervenir en cas de nouvelle agression turque. "Cela irait même au-delà de ce que vous dites", renchérit Agis, "si ce projet se réalise, au plan stratégique, une attaque [des Turcs] contre notre république équivaudrait à une attaque contre vous. Bref", conclut-il, "si vous venez, c’est pour longtemps, mais vous n’avez pas d’autre choix, si vous comptez sérieusement pomper le gaz de la Méditerranée".

     La manœuvre stratégique qu’entreprend le gouvernement israélien est intéressante à bien d’autres égards. Les Hébreux, de par le simple déplacement de Netanyahu à Nicosie et l’ordre du jour des discussions, démontreront à Erdogan et à son parti islamiste, que Jérusalem ne les craint pas, et que, quand on n’a pas les moyens de remporter une victoire militaire contre quelqu’un, à moins de vouloir se couvrir de ridicule, on n’en parle pas.

     La démonstration attirera, à n’en point douter, l’attention des islamistes égyptiens, palestiniens, tunisiens et libyens, auprès de qui il était allé vanter l’islamisme à la turque et la capacité de son pays à tenir tête aux militaires israéliens. Ca va faire jaser dans les casbahs.

    L’entente cordiale entre Nicosie et Jérusalem ne manquera pas non plus de rapprocher un peu plus encore Israël de l’Europe ; car, qu’elle le dissimule ou le concède, la défense des plateformes, de l’espace aérien et du territoire cypriote incombe à l’UE et non à Israël. Mais l’Union Européenne est par trop engoncée dans ses difficultés économiques, ses périodes préélectorales, ses relations compliquées avec la Turquie et le monde arabe, sa non-existence militaire, et son absence de gouvernement central pour tenir son rôle dans la partie orientale de la Méditerranée. A Bruxelles et dans les chancelleries, on ne va pas tarder à comprendre que les Hébreux rendent un grand service à la communauté, et on s’en souviendra. 

     

    Note perso : Un article au très fort relent raciste ,et fanfaron qui se la joue "au plus fort qu'un turc" comme s'il n'y avait pas de Casbah en Palestine occupée . C'est ce à quoi l'on s'attendait au delà de l'exposé d'une situation dangereuse que peu ou presque pas de journeaux ont relaté à ce jour ! Et pourtant ,l'attention internationale devrait rester vigilante à ce niveau

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