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    Nations unies - Reste-t-il un rôle pour le Canada?

    Michel Duval - Président de l'Observatoire sur les missions de paix et les opérations humanitaires de la Chaire Raoul-Dandurand et ancien ambassadeur aux Affaires étrangères du Canada  18 novembre 2011  Canada

    À retenir

      La Chaire Raoul-Dandurand organise une série d'événements sur le thème «Le Canada dans le monde». La prochaine conférence aura lieu le 28 novembre à l'UQAM, où une table ronde des ambassadeurs réunira les diplomates Louise Fréchette et Robert Fowler. Ils discuteront des enjeux liés à l'évolution de l'environnement de sécurité et la politique étrangère canadienne.
    Le monde a certes changé en 2011; nous retrouvons le Canada impliqué militairement en Afghanistan et en Libye. Dans les deux cas, il est sur la ligne de feu en compagnie de pays qui furent jadis nos compagnons du maintien de la paix, les Pays-Bas et la Norvège.

    Ces pays qui avaient partagé nos luttes lors de la négociation du traité de Rome sur la Cour pénale internationale, de la Convention d'interdiction des mines antipersonnel, ainsi que la campagne visant à instituer une «responsabilité de protéger», versent maintenant dans l'intervention militaire. Que peut-il s'être passé?

    Imposer la paix par la force

    La tentation du rétablissement de la paix par la force est apparue lorsque les opérations de maintien de la paix de l'ONU ont mal tourné au début de la décennie 90. Pensons à la Somalie, la Bosnie Herzégovine, au Rwanda et au Zaïre oriental. Ces événements ont pesé lourd dans la balance. Dès 1999, le Canada a renoncé aux opérations de maintien de la paix de l'ONU et il est intervenu au Kosovo sans résolution du Conseil de sécurité, sous le principe de la responsabilité de protéger, dans une coalition menée par l'OTAN.

    Le déploiement en Éthiopie-Érythrée (2000) marqua la dernière mission de maintien de la paix du Canada, avant qu'il s'engage fermement dans des coalitions menées sous la direction de l'OTAN. Ce faisant, il a dévié de sa politique traditionnelle. Son engagement dans une opération de «stabilisation de la paix» en Afghanistan a entraîné le rééquipement de l'armée et de l'aviation pour des missions de combat. Les tactiques de contre-insurrection sont devenues le cadre d'intervention privilégié par l'OTAN et les pays occidentaux qui combattent en Afghanistan.

    Mandats de l'ONU outrepassés


    Même si le Canada s'est engagé en Afghanistan et en Libye sous le couvert de résolutions du Conseil de sécurité, force est de constater que le mandat a ensuite été élargi, voire outrepassé. Le recours au Conseil n'est devenu qu'une étape pour aller chercher une licence d'intervention. La dimension politique et la diplomatie sont évacuées complètement du règlement du conflit, il ne reste qu'un ennemi à réduire à merci ou à détruire. Le cas de la Libye est éclairant sur ce point: le mandat du Conseil a vite été outrepassé, la force de protection est devenue un instrument de combat et les intérêts politiques des intervenants ont pris le pas sur la résolution pacifique des différends.

    Ces interventions minent la crédibilité des Nations unies, transformant l'organisation en cible. Cela a mis en péril la vie de Casques bleus et du personnel de l'ONU en Irak, en Afghanistan, au Soudan, au Congo et en Algérie.

    Un monde en mutation


    Après la réunification de l'Allemagne en 1990, puis la fin de la guerre froide en 1991, l'attaque terroriste contre les tours du World Trade Center de New York en 2001 allait subitement chambouler notre relation bilatérale avec les États-Unis en plaçant la question de la sécurité intérieure au coeur des débats avec les Américains. L'effet cumulatif de ces changements est venu bouleverser la politique étrangère «pearsonnienne», qui accordait à la dimension multilatérale une importance centrale. Cette politique avait donné au Canada sur la scène internationale un rôle de médiateur, qui dépassait notre poids économique et militaire.

    Le cheminement qui nous a menés à faire fi de la diplomatie et à recourir à la force armée n'est pas le fait d'un seul parti politique, et ce, même si le Parti conservateur en fait un usage plus «à l'américaine» que dans la tradition de la politique étrangère canadienne. C'est sous les libéraux que s'est amorcée l'approche interventionniste en Afghanistan. Le refus courageux du gouvernement Chrétien de se joindre à la croisade en Irak ne doit pas faire illusion, nous nous sommes rachetés en Afghanistan en choisissant de nous déployer dans la province de Kandahar.

    Parallèlement, la contribution canadienne aux Casques bleus a diminué radicalement. En ce moment, à peine une cinquantaine de soldats canadiens sont engagés dans les missions de paix. Alors que le poids relatif des États-Unis diminue mondialement, il augmente dans la politique canadienne. Ce paradoxe explique que notre signature internationale ait changé. Notre capacité d'agir internationalement par la diplomatie multilatérale s'est émoussée et notre diplomatie est réduite à un rôle accessoire en dehors de la relation avec les États-Unis.

    Quel rôle pour le Canada?


    La crédibilité du Canada sur la scène internationale reposait sur son rôle de médiateur dans les règlements des différends. Nous avons maintenant quitté cette position plus nuancée et nous avons choisi notre camp, plus proche de «la politique du meilleur ami des États-Unis» que du «recul pearsonnien». Dans le conflit israélo-palestinien, comme dans plusieurs autres questions discutées à l'ONU, notre rôle ne dépasse plus celui de la figuration.

    Notre position internationale s'est affaiblie, mais rien n'empêche que le Canada puisse reprendre et tenir une place utile aux Nations unies, où sont réunis les 193 pays de la planète. La Chine et les pays émergents (Brésil, Inde, Afrique du Sud et Nigéria), qui siègent présentement au Conseil de sécurité, s'affirment et font entendre une voix discordante quant aux interventions et à la gouverne américaine du monde. Il incombe au premier ministre de doter le Canada d'un rôle d'influence aux Nations unies. Certes, Bismarck a dit que «la diplomatie sans les armes, c'est de la musique sans les instruments», mais le corollaire est aussi vrai: les armes sans la diplomatie, c'est un orchestre sans partition.

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    Michel Duval - Président de l'Observatoire sur les missions de paix et les opérations humanitaires de la Chaire Raoul-Dandurand et ancien ambassadeur aux Affaires étrangères du Canada
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  • Photo: Renu (back) and NM (front) at the command at XRCF at the Marshall Space Flight Center, Huntsville, Alabama. Source :http://www.creosa.desu.edu/about/news/marshall.html


    NOURREDINE MELIKECHI, MEMBRE DE L'ÉQUIPE DE LA NASA QUI A LANCÉ HIER LA SONDE CURIOSITY VERS MARS :
    «Que la science et la technologie prennent leur place dans notre société»

    Le récité lent, pesé, recherché en français se heurte parfois à des éloignements compensés par un parler anglais parfait mais serein, calme et rempli de sagesse que seuls les scientifiques aguerris en maîtrisent le maniement. D'un verbe bienveillant, qui laisse exprimer la rigueur dans l'accomplissement de sa mission, le scientifique algérien qui a su s'imposer, et avec brio, au sein de la prestigieuse Agence spatiale NASA et faire ainsi partie de la mission scientifique «ChemCam on Mars» dont la sonde spatiale a été lancée, hier, 25 novembre . Nourredine Melikechi, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a bien voulu répondre à nos questions et ainsi remémorer son enfance, sa ville natale, sa scolarité en Algérie et son exceptionnel parcours scientifique au pays de l'oncle Sam. Écoutons-le…

    Le Courrier d'Algérie :
    Tout d'abord qui est Nouredine Melikechi en quelques lignes ?
    Je suis né et j’ai grandi dans la petite ville de Thenia dans la wilaya de Boumerdès.
    Comme bon nombre de jeunes de mon âge, à Thenia, j'ai eu la chance et le bonheur de poursuivre mes études primaires et secondaires dans un cadre très agréable et enrichissant à la fois.
    Nous, enfants que nous étions, pouvions créer nous-mêmes nos jeux et nos loisirs, ce que, avec du recul, je considère comme les premiers pas pour beaucoup d'enfants dans le domaine de l'innovation.
    Puis dés l'âge de 15 ans, j'ai quitté Thenia pour rejoindre les bancs du Lycée Abbane Ramdane a El- Harrach, parce qu’ à l'époque il n'y avait pas de lycée à Thenia.
    Je garde un excellent souvenir de mon passage à Abbane Ramdane où j'ai décroché mon baccalauréat en séries mathématiques avant de rejoindre l'université des sciences et de la technologie de Bab Ezzouar pour poursuivre des études de physique.
    Durant ces années j'ai non seulement beaucoup appris mais aussi acquis une expérience très enrichissante sur le plan scientifique et humain.
    J'ai eu la chance d'avoir des professeurs qui sont non seulement très compétents, mais aussi dévoués à leur travail et au développement scientifique et technologique du pays.
    J'ai de plus connu des personnes qui sont devenus des amis pour la vie.
    A travers votre journal, je tiens à les saluer et à les remercier.
    Thenia, le lycée Abbane Ramdane, l'universite de Bab Ezzouar, font pour toujours, partie intégrante de ma personne.
    Et depuis, vous vous êtes installé aux États-Unis d'Amérique ?
    Je suis installé aux USA depuis déjà plus de vingt ans.
    Je vis dans l'État du Delaware qui est connu pour être le premier état à ratifier la Constitution des Étas-Unis avec son système de justice très respecté, ses plages, ses universités, et aussi son nombre très élevé de compagnies de haute technologie surtout dans le domaine de la chimie, la biotechnologie, et les sciences médicales.
    De plus l'État attire beaucoup de personnes et d'investisseurs car il est situé entre Washington et New York et à uniquement une heure de Philadelphie.
    J'y vis avec ma femme et mes deux enfants.
    En fait je suis venu aux USA après avoir terminé mon PH.
    D en physique que j'ai décroché à l'université de Sussex en Angleterre.
    De retour au pays, j'ai effectué mon service national à Mouilah, près de Djelfa, puis à l'université de Bab Ezzouar avec le titre d'enseignant chercheur.
    L'appel du large et le désir de s'affirmer davantage, de connaître d'autres sensations me transportent aux Etats- Unis au début des années 1990.
    Une fois aux USA, j'ai travaille avec le Professeur Eyler, qui travaille actuellement à l'université du Connecticut, sur le développement des mesures optiques de très haute précision.
    Par la suite, j'ai développé mon propre axe de recherches en recevant des financements de la Fondation Nationale de la Science (NSF), la NASA et le National Institutes of Health (NIH) et d'autres agences fédérales, de compagnies de haute technologie, et de l'État du Delaware.


    Nous avons appris que vous avez été choisi dans l'équipe de ChemCam on Mars ?
    Effectivement je fais partie de l'équipe ChemCam qui est une des dix expériences qui font partie de la Mars Science Laboratory (MSL) rover Curiosity.
    Curiosity est programmée afin d'être lancée de Cape Canaveral en Floride le 26 novembre a 10:02 EST pour atteindre la planète Mars, si tout va comme prévu, le 6 août 2012.
    L'objectif fondamental de Curiosity est de savoir si la planète rouge est ou était habitable.
    Habitabilité est un concept assez complexe mais disons qu'un des critères nécessaire à l'habitabilité est la présence d'eau liquide.
    Un de mes axes de recherches touche les détections de biomarqueurs pour la détection de cancer.
    Pour ce faire, nous développons des méthodes optiques et des modèles mathématiques qui nous permettent de déceler très tôt des signes de cancer par des méthodes non invasives.
    Une des méthodes que nous utilisons pour ce travail consiste à exciter un échantillon biomédical par le biais d'un laser suivant une technique appelée Libs (laser Induced Breakdown Spectroscopie).
    Cette approche est une combinaison de techniques laser, et spectroscopiques dans des milieux très complexes avec de nouvelles méthodes mathématiques de classification et d'identification s'avère très prometteur pour la recherche de signaux spectroscopiques dans un environnement aussi complexe et extrême que la planète Mars.
    En particulier, il y a un instrument Libs qui sera du voyage sur Mars.
    Du coup, je suis impliqué en tant que physicien dans l'équipe ChemCam.
    Qu'est-ce que, au juste, ChemCam on Mars ?
    ChemCam consiste en deux instruments Libs et un micro imageur à distance (Remote Micro Imager).
    Libs est une technique laser qui permet avec un faisceau très bref (5-10 milliardièmes de seconde) de générer sur des roches (et sur presque tout autre échantillon) une matière qui contient des atomes, des ions, des électrons libres à très haute température qu'on appelle plasma.
    Ce plasma en se refroidissant va émettre de la lumière caractéristique de la composition physique et chimique de la roche.
    Ainsi et après analyse nous pourrions avoir une idée de la constitution des roches sur Mars.
    De plus, comme la surface de Mars est recouverte de poussière, ChemCam utilisera Libs pour dégager cette poussière avant de faire des mesures aussi bien en surface qu'en petite profondeur.
    Ceci n'a jamais été fait auparavant car jusqu'à présent, il n'y a que des images de surface de la planète rouge.
    Je pense que cela révélera des informations cruciales sur la planète rouge.
    ChemCam a la possibilité de faire des mesures jusqu'à des distances de 7 métres.
    Curiosity est une mission sans voyageur (umanned) sur Mars.
    Les résultats des mesures nous seront communiqués pour analyse dès que Curiosity atteindra la région choisie, le cratère Gale.
    En tant que physicien en quoi, consiste votre tâche à la mission ChemCam on Mars?
    Ma tâche consiste à analyser les données LIBS qui seront collectées de la planète rouge.
    Pour cela, nous avons construit dans mon laboratoire une chambre expérimentale qui reproduit les conditions thermiques, de pression et autres qui existent sur la planète Mars.
    Comme je l'ai dit précédemment, Libs crée un plasma qui émet des lumières à caractériser.
    Cette lumière provient d'un plasma qui se trouve lui même dans des conditions extrêmes.
    Mon rôle est d'essayer de comprendre ce que les mesures nous disent.
    Pour cela, il va falloir analyser les données des mesures que l'on fait en laboratoire avec celles de la planète Mars tout en continuant de développer des méthodes mathématiques et de classification.
    Evidemment ceci se fera en collaboration avec de nombreux chercheurs dont des géophysiciens, des géochimistes et bien sûr d'autres physiciens.


    Peut-on dire qu'en tant que spécialiste dans la physique des lasers votre travail sur la spectroscopie laser, y compris dans la biomédicale sera d'un apport considérable pour ChemCam, qui utilise un système laser unique et qui est, en mesure d'effectuer des tâches rapides sans avoir à être en contact avec la roche sur Mars ?
    Oui, du moins je l'espère.
    Maintenant pour dire qu'il sera d'un apport considérable, cela reste à prouver.
    Il peut sembler, à première vue, permettre de travailler sur des sujets qui sont distincts les uns des autres.
    Cependant, entre la recherche de signes de l'existence d'eau liquide ou d'amino acides sur la planète Mars et celle de la détection de signes précurseurs de cancer, qui est le numéro un de mes sujets de recherche, il y a un fil commun: les méthodes optiques et l'analyse mathématique que nous développons et utilisons au sein de mon laboratoire depuis déjà quelques années.
    Grâce à l'instrument Libs, ChemCam pourra faire des mesures rapides sur des roches de la planète Mars à des distances qui peuvent aller jusqu'à 7 mètres.
    La même technique est utilisée dans mon laboratoire pour rechercher dans des fluides biomédicaux des nanoparticules bien particulières car elles permettent une analyse spectroscopique de ces fluides et aussi pour la classification d'échantillons divers.
    Y'a-t-il d'autres projets dont vous avez la charge dans cet aspect de recherche?
    Non, ceci est plus que suffisant.
    Je collabore avec d'autres scientifiques sur ChemCam qui est un des dix instruments qui sera envoyé dans moins d'une semaine sur Mars.
    En fait, nous avons un puzzle à compléter et chacun de nous doit travailler en étroite collaboration avec les autres.
    Si tout va comme prévu, les données commenceront à arriver sur terre en août 2012.
    Mon groupe de recherches devrait être prêt à analyser les résultats.
    Nous serons prêts.
    Par contre, à partir de là, je ne sais pas ce qui se passera ni ce que les résultats des mesures sur la planète Mars vont nous apprendre.
    Nous ferons tout ce qu'il y a à faire pour apprendre autant que possible et aussi vite que possible.
    Ceci n'exclut pas le fait que, peut être, que nous aurons à nous poser de nouvelles questions.
    Ce sera excitant.
    Restez à l'écoute.


    En tant que scientifique algérien, avez-vous trouvé des difficultés à intégrer la plus prestigieuse agence spatiale (Nasa) ?
    Pour répondre a votre question, il faut d'abord savoir que les USA sont un pays d'émigration par excellence.
    Un grand pourcentage de scientifiques exerçant aux USA sont d’origine étrangère.
    Ce réservoir de talents scientifiques et technologiques venu de divers horizons est très apprécié pour plusieurs raisons dont le fat qu'il apporte un plus au pays.
    Il n'est, par conséquent, pas rare de voir des compétences ayant terminé leurs études dans des pays autres que les USA contribuer à divers niveaux au développement scientifique, technologique et économique des USA.
    Pour ma part, et pour répondre directement à votre question, je n'ai eu aucune difficulté à travailler sur des sujets de recherche d'importance pour la Nasa.
    Je suis directeur d'un centre de recherche de la Nasa implanté au sein de mon Université.
    Ce centre est spécialisé dans le domaine de l'optique spatial.
    Nous développons des technologies de navigation spatiale et d'exploration planétaire tout en formant les futures scientifiques qui intégreront les divers laboratoires de recherches de la NASA.
    Il y a de cela quelques années, j'ai travaillé sur le développement de lasers à l'état solide qui répondent à des normes très sévères pour l'étude de l'ozone.
    J'ai été appellé a évaluer des projets de recherches et des missions importantes pour la Nasa.
    Jamais mes origines, ma culture, ma religion n'ont été un facteur dans mon travail et par conséquent jamais cela ne m'a créé des difficultés ou a été jugé comme un handicap.
    J'ai eu la chance et le privilège de travailler avec des personnes de grande valeur humaine et scientifique qui m'ont beaucoup appris.
    Je me permets d'ajouter qu'a mon humble avis, ce qui est vrai pour moi, l'est aussi pour beaucoup de personnes d'origines diverses.
    À mon avis, aux USA, le pragmatisme et la soif de mieux faire sont tels qu'ils dépassent les limites d'un nationalisme de premier ordre.


    Vous êtes également Doyen de la Faculté à l'université du Delaware aux États-Unis, peut-on dire que le scientifique algérien arrive commodément à démontrer ses compétences ?
    Seul le travail compte et paie.
    En ce qui concerne le scientifique algérien, je suis persuadé que, comme tout scientifique des autres pays, lorsqu'il ou elle se retrouve dans un environnement qui lui permet de s'exprimer et d'innover sans avoir à se soucier de problèmes qui, tout compte fait, sont mineurs mais le bloquent dans sa vie de tous les jours, ce scientifique peut alors faire des choses merveilleuses.
    Il est nécessaire de le laisser travailler en acceptant le fait que l'échec n'est pas une fin en soi mais peut faire partie du succès car s'il est bien assimilé, il constitue un investissement.
    Ne l'oublions pas, il existe dans notre culture une certaine curiosité qui ne demande qu'à être bien gérée.
    La science et la technologie avancent car on se pose des questions.
    Cela doit se faire dans un cadre clair, avec des ressources bien définies qui reflètent les objectifs que l'on veut d'atteindre.
    Ceci s’entend bien sur ce qu'une vision de la recherche existe pour le pays et qu'une stratégie est discutée, développée, et communiquée.
    Pour que le scientifique, algérien ou d'un autre pays, puisse démontrer ses compétences, il faut l'encourager concrètement, tous les jours et sans hésitation aucune.
    Le scientifique algérien, qu'il ou qu'elle soit en Algérie ou ailleurs, démontrera alors encore plus ce qu'il est possible de faire, comme le font déjà des scientifiques de plusieurs pays.
    Revenons à la mission ChemCam on Mars, qui va être lancé dans quelques jours, est ce que le rêve de l'humanité est devenu réalité grâce à la science ?
    Rêve de l'humanité, je n'en sais rien.
    Je ne sais pas s'il y a un rêve commun à toute l'humanité.
    Par contre, la planète Mars a depuis longtemps attiré, et peut être même fait rêver, des hommes et des femmes.
    Depuis la nuit des temps, scientifiques, philosophes, mathématiciens, et ne l'oublions pas, des enfants se posent des questions sur divers planètes.
    Aller sur Mars, l'explorer comme jamais cela n'a été possible est à présent réalisable et deviendra, Inch'Allah, réalité le jour de l'atterrissage de la “Rover Curiosity” prévu dans la région Gale de la planète Mars.
    Cette mission est possible parce que des scientifiques et ingénieurs y ont cru, y ont consacré beaucoup d'énergie, et ont graduellement et méthodiquement résolu bon nombre de problèmes.
    D'une probabilité de faisabilité pratiquement nulle il y a de cela quelques années, nous sommes à présent à une probabilité de faisabilité assez élevée.
    Pour arriver à faire cela, il faut une passion inébranlable et un système et une organisation qui restent à l'écoute de grandes idées qui non seulement font rêver, mais qui ont aussi un impact certain sur le développement humain, scientifique, et économique des pays engagés dans cette merveilleuse mission.
    Dans quelques mois, nous aurons la possibilité d'explorer Mars sans aucune présence humaine sur la planète, ce qui constitue déjà une nouvelle démonstration de la grandeur de la pensée humaine et de la capacité de l'être humain à innover et à faire les rêves les plus fous des réalités.
    Cette participation à la mission ChemCam on Mars est-elle une consécration scientifique suprême pour le scientifique Nouredine Melikechi ?
    Pas du tout.
    Suprême mission qu'on atteint un point où, à mon avis, nous n'avons plus d'espaces à explorer, ni de questions à se poser.
    Ceci est loin d'être le cas.
    En fait, bien que cette mission soit extrêmement importante du point de vue scientifique et technologique, elle permettra surtout à notre génération et à celles qui arrivent, de répondre à plusieurs questions dont celle-ci “est-ceque la planète rouge est ou était à un certain moment habitable?
    ” Je pense que nous aurons la réponse à cette question dans les 10-20 prochaines années.
    J'invite les jeunes qui sont aujourd'hui sur les bancs des lycées et même les plus jeunes à s'y intéresser.


    Un message à transmettre en ce sens aux scientifiques algériens, en Algérie et un peu partout à travers la planète,Terre bien sûr ?
    Je tiens encore une fois à remercier les professeurs que j'ai eus aussi bien dans le secondaire, au lycée qu'à l'université de Bab Ezzouar.
    Bon nombre d'entre eux m'ont permis d'apprendre les fondements des mathématiques, de la physique et surtout de me doter d'un bagage scientifique qui m'a permis d'explorer de nouveaux horizons.
    Je dis aux scientifiques algériens dont je fais partie, que par le travail, tout est possible à condition que l'environnement soit tel que la science et la technologie prennent la place qui est la leur au sein de notre société.
    Les scientifiques algériens, tout comme les scientifiques des autres pays, font partie de la grande famille scientifique mondiale.
    Croyons en nousmêmes, explorons et n'ayons pas peur de faire des fautes.
    Le 21éme siècle est celui de l'innovation, des sciences et de la technologie, nous avons notre place dans cet espace.
    Notre région a une place et un rôle à jouer.
    Le talent scientifique est présent en Algérie et un peu partout dans le monde.
    Il faut surtout l'encourager à s'exprimer et lui donner les moyens d'inventer le futur de notre cher pays.
    Je reste convaincu que notre futur n'en sera que meilleur.
    Il serait bénéfique d'impliquer d'une manière soutenue et transparente des scientifiques, des ingénieurs, des professionnels de l'éducation, des innovateurs, des entrepreneurs et bien d'autres experts.
    À mon humble avis, il est grand temps que l'on encourage encore plus l'intégration de la recherché et de l'éducation, la recherche au développement économique, social de notre pays.
    Je finirai par dire que la mission scientifique sur Mars va inspirer un grand nombre de jeunes à poursuivre des études en sciences.
    J'espère que beaucoup peuvent s'imprégner de l'atmosphère de recherche de Curiosity et s'y inspirer.
    Ces jeunes sont les potentiels futurs scientifiques et les ambassadeurs de Curiosity auprès de leur communauté.
    Nous devons les encourager.
    J'ajouterai deux points qui sont à mon avis révélateurs.
    Premièrement, le nom “Curiosity” a été proposé par une jeune qui avait 12 ans quand elle l'a fait.
    Deuxièmement, des lycées ont participé à certains travaux de ChemCam.


    Honorable monsieur Nouredine Melikechi, merci de nous avoir accordé un peu de votre précieux temps et voulez-vous bien clore ce bref entretien Je remercie votre journal pour cet entretien et surtout pour l'intérêt que vous portez pour les sciences.
    Je suis convaincu que bon nombre d'enfants à travers le monde vont être marqués par cette mission comme leurs parents ou grands parents l'ont été par les missions Appolo et/ou Soyouz.
    J'espère que cela permettra à des enfants algériens et algériennes à être inspirés par les sciences, à croire en leurs rêves, leur capacité.
    Cette mission pourrait avoir des retombées bénéfiques sur notre société pour peu que l'on s'y intéresse.
    Le fait que je fasse partie de cette mission et d'une certaine manière un signal, à mon avis très fort, pour ces enfants qui grandissent en Algérie.
    Nos enfants peuvent en travaillant dur non seulement faire la même chose mais encore mieux et plus.
    Il faut pour cela que nous, adultes, croyons en ces enfants.
    C'est à eux d'inventer leur futur.
    Donnons-leur les moyens.
    Le jour du lancement de Curiosity, je serai à Cap Canaveral, j'aurai une pensée pour ces enfants.

    Interview exclusive réalisée par : Khalil HEDNA

    Source: http://www.lecourrier-dalgerie.com/papiers/actualite.html#

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  • La lutte contre les médicaments contrefaits    
    Écrit par NTD   
    24-11-2011
    Selon les autorités chinoises, les médicaments contrefaits sont souvent vendus sur Internet ou dans des pharmacies ou des cliniques illégales. Ces médicaments peuvent contenir des composants interdits ou présenter de faux documents de conformité. (NTD)
    La contrefaçon de médicaments est devenue une industrie pesant plusieurs milliards d'euros en Chine, un problème d'envergure auquel les autorités chinoises sont prêtes à se confronter. La semaine dernière, lors d'une rafle nationale, la police a confisqué pour plus de 230 milliards d'euros de faux médicaments et leurs emballages. Plus de 1700 suspects ont également été arrêtés.

    Depuis l’année 2011, la production de médicaments contrefaits est considérée comme criminelle, mais certains experts s’attendent à ce que cette industrie continue de s'étendre. Un observateur politique a expliqué la nécessité d'un plan global pour éradiquer ce problème, mais qu’il serait difficile de l'appliquer.

    M. Caoan, observateur politique, a expliqué: «Depuis l'ouverture du régime chinois, les médicaments contrefaits apparaissent fréquemment. De nombreuses entreprises d'Etat sont impliquées. Lors des rafles, beaucoup de médicaments sont découverts. Cela montre un problème dans le système de contrôle de l'état. Le contrôle n'est pas constant toute l'année, car des fonctionnaires d'état sont mêlés avec les fabricants de contrefaçons. Ils doivent couvrir leurs intérêts».

    En 2007, l’ancien directeur de l’Administration alimentaire et pharmaceutique avait été exécuté pour avoir accepté des pots-de-vin et avoir autorisé des médicaments dangereux.

    Un avocat de Pékin explique pourquoi il est difficile de combattre la contrefaçon des médicaments.

    M. Li, Avocat de Pékin, a précisé: «Demander aux institutions de travailler dans l’intérêt du grand public... Les organes de contrôle ne peuvent pas faire cela. Le public n’a rien à dire sur la gestion des services et des agences ou sur la promotion des responsables. Les autorités n’ont pas de compte à rendre au public, ils ne voient aucun intérêt à travailler pour le bien public».

    Selon les autorités chinoises, les médicaments contrefaits sont souvent vendus sur Internet ou dans des pharmacies ou des cliniques illégales. Ces médicaments peuvent contenir des composants interdits ou présenter de faux documents de conformité.

    Les Nations Unies ont estimé que plus de 2,2 milliards d'euros de médicaments et produits de santé contrefaits avaient été vendus en Chine l'an dernier, dont 40% ont été exportés. 


    Source : http://www.lagrandeepoque.com/

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  • Un ministre japonais renonce à son salaire après une bêtise d’un fonctionnaire

    Le ministre japonais de l’Environnement a annoncé vendredi qu’il renonçait à son salaire mensuel de quelque 15.000 euros après que des employés de son ministère eurent jeté sur un terrain vague de la terre contaminée envoyée par un habitant de Fukushima pour qu’elle soit testée.

     

    Goshi Hosono, étoile montante du Parti Démocrate du Japon (au pouvoir), a précisé qu’il ne toucherait plus son salaire pendant toute la durée de son mandat afin d’assumer la faute de ses subordonnés.

    Le ministre, qui est également chargé de la gestion de l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima, pourra toutefois continuer à recevoir ses indemnités de parlementaire, qui se montent à près de 13.000 euros par mois.

    « J’ai une lourde responsabilité en tant que chef de ce ministère« , a-t-il déclaré, au lendemain de l’annonce de la bêtise commise par un fonctionnaire.

    Un habitant de la ville de Fukushima, située à une soixantaine de kilomètres de la centrale nucléaire accidentée Fukushima Daiichi, a adressé la semaine dernière au ministère de l’Environnement un colis contenant de la terre prélevée dans son jardin, afin qu’elle soit analysée.

    Les prélèvements effectués ont révélé un taux de radiation de 0,18 microsievert par heure, soit à peu près le même que celui testé dans les environs de Tokyo.

    Après discussion pour savoir que faire du colis, un employé a proposé de décharger le contenu sur un terrain vague près de son domicile dans la préfecture de Saitama, au nord-est de la capitale.

    La terre a depuis été récupérée et les employés impliqués, ainsi que leurs supérieurs, ont reçu des sanctions disciplinaires, incluant des réductions de salaire temporaires, des mutations et des avertissements, a indiqué M. Hosono.

     Source: AFP

     

     Heureusement qu'il existe encore des gens qui ont des principes ! Certain de nos ministres devraient s'inspirer de ce Monsieur avec un M majuscule !

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